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Tsing / Le puits

Dans le document Le Livre des Transformations (Page 151-154)

En haut K'AN L'INSONDABLE, L'EAU

En bas SOUEN LE DOUX, LE VENT, LE BOIS

Au-dessous, le bois ; au-dessus, l'eau. Le bois s'enfonce dans la terre pour faire monter l'eau. C'est l'image des puits de l'ancienne Chine d'où l'on tirait l'eau à l'aide d'un seau suspendu à une perche. Le bois ne représente pas les seaux, qui étaient autrefois faits d'argile, mais les perches dont le mouvement permettait de tirer l'eau du puits. L'image s'applique également au monde des plantes qui font monter l'eau de la terre dans leurs fibres. Le puits où l'on trouve l'eau contient en outre l'idée de la nourriture prodiguée de façon inépuisable.

Le jugement

LE PUITS. On peut changer la ville mais on ne peut pas changer le puits.

Il ne diminue ni n'augmente.

Ils vont, viennent et puisent au puits.

Si l'on est presque arrivé à l'eau

mais que la corde ne soit pas encore entièrement descendue ou que la cruche se brise, cela apporte l'infortune.

Dans l'ancienne Chine les capitales étaient parfois transférées, soit parce qu'un nouvel emplacement paraissait plus favorable, soit parce que la dynastie avait changé. Le style des édifices s'est modifié au cours des siècles mais la forme du puits est demeurée la même depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos jours. Le puits se trouve ainsi être une image de l'organisation sociale de l'humanité dans ses nécessités vitales les plus primitives ; cette organisation est indépendante de toutes les formes politiques. Les formes politiques, les nations changent, mais la vie des hommes avec ses exigences demeure éternellement la même. Cela ne se laisse pas modifier. Cette vie est également inépuisable. Elle ne s'amoindrit ni n'augmente, et elle existe pour tous. Les générations vont et viennent, et toutes jouissent de la vie dans son abondance intarissable.

Toutefois, une bonne organisation politique et sociale requiert une double condition. On doit descendre jusqu'aux fondements même de la vie.

Toute attitude superficielle dans l'établissement des règles de vie, laissant insatisfaites les nécessités vitales, est aussi imparfaite que l'absence de toute tentative de réforme. Est également mauvaise la négligence qui fait que la cruche se casse. Si par exemple la défense militaire d'un Etat est portée à un tel excès qu'elle suscite la guerre et entraîne par là l'anéantissement de la puissance de l'État, cela équivaut à la cruche qui se brise. L'hexagramme s'applique tout aussi bien aux individus. Quelle que soit la diversité que les

dispositions et l'éducation font régner entre les hommes, la nature humaine dans son fond est la même chez tous. Et tout homme peut, au cours de sa formation, puiser à la fontaine intarissable de la nature divine qui est l'es-sence de l'homme. Mais là encore deux dangers menacent : le premier est que l'homme ne pénètre pas, au cours de sa formation, jusqu'aux vraies ra-cines de l'humanité, mais demeure pris dans les conventions – une forma-tion pareille est aussi mauvaise que l'absence de formaforma-tion – le second, que l'on ne s'effondre brusquement en abandonnant la formation de son être.

L'image

Au-dessus du bois est l'eau : image du PUITS.

Ainsi l'homme noble encourage le peuple au travail et l'exhorte à l'aide mutuelle.

En bas est le trigramme Souen, le bois ; en haut, le trigramme K'an, l'eau. Le bois aspire l'eau vers le haut. De même que le bois, en tant qu'or-ganisme, imite l'action du puits et procure le bien de toutes les parties de la plante, l'homme noble ordonne la société humaine de telle sorte que, tout comme dans un organisme végétal, ses membres coopèrent au bien de l'en-semble.

Les traits

Six au commencement signifie : La vase du puits n'est pas bue.

Aucun animal ne vient à un vieux puits.

Si quelqu'un erre dans les plaines marécageuses, sa vie s'enfonce dans la vase. Un tel homme ne signifie plus rien pour l'humanité. Celui qui se méprise lui-même ne voit plus les autres venir à lui. Finalement personne ne se soucie plus de lui.

Neuf à la deuxième place signifie :

Dans le creux du puits, on tire sur les poissons.

La cruche est brisée et fuit.

L'eau en elle-même est claire, mais elle n'est pas utilisée. C'est pour-quoi seuls les poissons vivent dans le puits, et si quelqu'un vient c'est seu-lement pour prendre du poisson ; mais la cruche est brisée, si bien qu'on ne peut pas y garder les prises. Ainsi est décrite une situation où quelqu'un do-té de bonnes qualido-tés les néglige. Personne ne se soucie de lui et par suite il se dégrade intérieurement. Il s'associe à des hommes inférieurs et ne peut plus accomplir d'oeuvre de valeur.

Neuf à la troisième place signifie :

Le puits est récuré, mais on ne boit pas de son eau.

C'est le chagrin de mon coeur car on pourrait y puiser.

Si le roi possédait la clarté, on jouirait ensemble du bonheur.

On se trouve ici en présence d'un homme de valeur. Il est semblable à un puits récuré ; on pourrait boire de son eau, mais on ne l'utilise pas. C'est le chagrin de l'homme qui le connaît. On émet le souhait que le prince s'en rende compte, car ce serait une source de bonheur pour tous ceux qui sont concernés.

Six à la quatrième place signifie : Le puits est maçonné. Pas de blâme.

Quand on maçonne un puits son eau ne peut pas être utilisée tant que durent les travaux, mais on n'a pas travaillé en vain car ainsi l'eau reste claire. Il est pareillement dans la vie des périodes où l'on doit mettre de l'ordre en soi-même. Sans doute on ne peut pendant ce temps rien faire pour les autres, mais ces moments sont cependant d'une grande richesse, car on intensifie sa force et ses capacités par le développement intérieur, si bien qu'on oeuvre mieux ensuite.

O Neuf à la cinquième place signifie :

Dans le puits est une source claire et fraîche où l'on peut boire.

C'est un excellent puits au fond duquel se trouve une source d'eau vive. Un homme qui possède de telles vertus est né pour libérer et guider ses semblables. Il possède de l'eau vive. Pourtant le caractère "fortune" fait dé-faut. L'essentiel pour un puits est que son eau soit puisée. Pour le rafraî-chissement des hommes, la meilleure des eaux demeure une simple possibi-lité tant qu'elle n'est pas tirée. De même, l'essentiel pour les guides des hommes est qu'on boive à leur source, qu'on traduise leurs paroles en vie.

Six en haut signifie :

On tire de l'eau du puits sans obstacle.

Il est sûr. Sublime fortune.

Le puits est là pour tout le monde. Aucune défense ne vient gêner ceux qui veulent y puiser. Si nombreux soient-ils à venir, ils trouvent ce dont ils ont besoin, car on peut compter sur le puits. Il possède une source et n'est jamais à sec ; c'est pourquoi il constitue une grande fortune pour le pays tout entier. Il en est de même de l'homme véritablement grand qui possède un trésor inépuisable d'excellence intérieure. Plus on y puise, plus son trésor s'accroît.

Dans le document Le Livre des Transformations (Page 151-154)