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T'ong Jen / Communauté avec les hommes En haut K'IEN LE CRÉATEUR, LE CIEL

Dans le document Le Livre des Transformations (Page 54-57)

En bas LI CE QUI S'ATTACHE, LA FLAMME

L'image du trigramme supérieur, K'ien, est le ciel, et celle du tri-gramme inférieur, Li, est la flamme. La nature du feu est de s'élever en flam-boyant vers le ciel. Ainsi est évoquée l'idée de communauté. C'est le second trait qui, grâce à sa nature centrale, réunit autour de lui les cinq lignes fortes. Cet hexagramme est l'opposé du 7ème, "l'armée". Là, péril audedans et obéissance au-dehors caractérisent la nature d'une armée martiale qui a besoin, pour être maintenue unie, de l'unique trait fort au milieu des traits faibles. Ici, clarté au-dedans et force au-dehors caractérisent la nature de l'union pacifique des hommes, qui a besoin, pour être maintenue, de l'unique trait faible parmi la multiplicité des traits forts.

Le jugement

COMMUNAUTÉ AVEC LES HOMMES au grand jour.

Succès.

Il est avantageux de traverser les grandes eaux.

Avantageuse est la persévérance de l'homme noble.

La vraie communauté avec les hommes doit s'établir sur la base d'un intérêt cosmique. Ce ne sont pas les objectifs égoïstes du moi, mais des des-seins concernant l'humanité qui produisent une communauté durable entre les hommes. C'est pourquoi il est dit : "Communauté avec les hommes au grand jour obtient du succès." Lorsque règne une pareille concorde, des en-treprises difficiles et dangereuses comme de traverser les grandes eaux peu-vent être menées à bien. Toutefois, pour réaliser une telle communauté, on a besoin d'un guide persévérant et éclairé dont les buts sont lumineux et sus-citent l'enthousiasme, et qui sait les poursuivre avec force. (Le trigramme intérieur a le sens de clarté, le trigramme extérieur, celui de force.)

L'image

Le ciel uni au feu :

image de la COMMUNAUTÉ AVEC LES HOMMES.

Ainsi l'homme noble réalise la division en familles, et établit des distinctions entre les choses.

Le ciel se meut dans la même direction que le feu et cependant il en est distinct. De même que les corps lumineux dans le ciel servent à la divi-sion et à la répartition du temps, la communauté humaine et toutes les choses qui s'y rapportent véritablement doivent être réparties organique-ment. La communauté ne sera pas un mélange des individus ou des choses – ce serait un chaos, non une communauté – mais, pour que l'ordre s'éta-blisse, elle requiert une multiplicité organisée.

Les traits

Neuf au commencement signifie :

Communauté avec les hommes à la porte. Pas de blâme.

Une réunion d'hommes doit commencer devant la porte. Tous sont également près les uns des autres. Il n'existe pas encore de buts divergents et l'on ne commet pas encore de fautes. Les fondements de toute union doi-vent être également accessibles à tous ses participants. Les arrangements secrets apportent l'infortune.

O Six à la deuxième place signifie :

Communauté avec les hommes dans le clan.

Humiliation.

Ici apparaît le danger d'une coterie fondée sur des intérêts personnels et égoïstes. De tels clans qui sont fermés et ne s'ouvrent pas à tous, qui doi-vent rejeter une partie des hommes pour pouvoir grouper le reste, naissent de motifs bas et, par suite, conduisent à la longue à l'humiliation.

Neuf à la troisième place signifie : Il cache des armes dans le fourré.

Il monte sur la haute colline d'en face.

Pendant trois ans il ne s'élève pas.

La communauté s'est ici changée en méfiance. On se méfie d'autrui, on dresse de secrètes embûches et, de loin, on guette les autres. On a affaire à un rude adversaire devant lequel il ne convient pas de manœuvrer de la sorte. L'oracle montre ici les obstacles qui se présentent sur le chemin de la communauté avec les autres. Le consultant a lui-même des arrièrepensées et il cherche, à l'occasion, à prendre les autres par surprise. Mais précisément une telle manière d'agir rend méfiant ; on soupçonne les mêmes ruses chez l'adversaire et l'on cherche à le surprendre. Par suite, on s'éloigne toujours davantage de la véritable communauté. Plus cette situation se prolonge et plus on s'éloigne.

Neuf à la quatrième place signifie :

Il monte sur son mur. Il ne peut pas attaquer. Fortune.

Ici la réconciliation après la désunion se rapproche. Sans doute il y a encore des murs de séparation sur lesquels les deux parties se tiennent face à face. Mais les difficultés sont trop grandes. On tombe dans une situation critique et l'on est ainsi ramené à la raison. On ne peut pas lutter, mais c'est précisément là-dessus que repose la fortune.

O Neuf à la cinquième place signifie :

Tout d'abord, les hommes unis en une communauté pleurent et se lamentent,

mais ensuite ils rient.

Après de grandes luttes, ils réussissent à se rencontrer.

Ce sont deux êtres séparés extérieurement, mais unis de coeur. Leur situation dans la vie les tient à l'écart l'un de l'autre. Il s'élève entre eux bien des obstacles et des empêchements qui les font pleurer. Mais ils ne se lais-sent séparer par aucun obstacle et demeurent fidèles l'un à l'autre. Et, bien que pour triompher des obstacles il doive leur en coûter de durs combats, ils vaincront et leur tristesse se changera en joie quand ils pourront se rencon-trer.

Confucius dit à ce sujet :

"La vie conduit l'homme réfléchi par un chemin tortueux et divers.

Souvent le cours en est entravé, puis tout devient aisé. Ici une pensée éloquente s'épanche librement en paroles, Là, le lourd fardeau du savoir doit s'enfermer dans le silence.

Pourtant lorsque deux êtres sont unis dans l'intimité de leur coeur, Ils brisent même la dureté du fer et de l'airain.

Et lorsque deux êtres se comprennent totalement dans l'intimité de leur coeur,

Leurs paroles sont douces et fortes comme un parfum d'orchidées".

Neuf en haut signifie :

Communauté avec les hommes dans le pré. Pas de remords.

Le chaleureux attachement du coeur fait ici défaut. En fait, on est dé-sormais en dehors de la communauté avec les hommes. On s'allie toutefois avec eux. La communauté ne comprend pas tout le monde, mais ceux qui habitent ensemble hors de la ville. Le pré est le pâturage qui se trouve de-vant la ville. Ici le but ultime de l'union des hommes n'est pas encore atteint.

Cependant il ne faut pas se faire de reproches. On s'allie à la communauté sans desseins égoïstes.

Dans le document Le Livre des Transformations (Page 54-57)