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Li / Ce qui s'attache, le feu

Dans le document Le Livre des Transformations (Page 101-107)

En haut LI CE QUI S'ATTACHE, LE FEU En haut LI CE QUI S'ATTACHE, LE FEU

On a également ici un hexagramme double. Le trigramme Li signifie

"s'attacher à quelque chose", "être conditionné", "reposer sur quelque chose",

"clarté". Un trait sombre s'attache à un trait lumineux dessus et par-dessous, image d'un espace vide entre deux traits forts, ce qui les rend clairs tous deux. C'est la fille cadette. Le créateur a pris en lui le trait central du réceptif, et c'est ainsi que naît Li. Comme image, c'est le feu. Le feu n'a pas de forme déterminée, mais il s'attache aux corps qui brûlent et, ainsi, est lumineux. De même que l'eau descend du ciel, le feu monte en flamboyant

de la terre. Tandis que K'an signifie l'âme enfermée dans le corps, Li indique la nature dans son éclat.

Le jugement

CE QUI S'ATTACHE. La persévérance est avantageuse.

Elle amène le succès. Soigner la vache amène la fortune.

L'obscurité s'attache à ce qui est lumineux et en parachève ainsi la clarté. Un corps lumineux qui répand la clarté a besoin d'avoir, à l'intérieur, quelque chose qui persévère pour éviter d'être entièrement consumé et briller d'une façon durable. Tout ce que le monde contient de brillant dépend d'un élément auquel il s'attache afin de pouvoir briller durablement.

Ainsi le soleil et la lune sont attachés au ciel ; les céréales, l'herbe et les arbres sont attachés à la terre. De même, la clarté redoublée de l'homme élu s'attache à ce qui est juste et peut ainsi modeler le monde. Lorsque l'homme, qui est présent dans le monde dans une situation conditionnée et non autonome, reconnaît cette dépendance, il se soumet par-là aux puis-sances harmonieuses et bonnes de l'univers et obtient la réussite. La vache est le symbole de l'extrême docilité. En cultivant en lui cette docilité et cette dépendance volontaire, l'homme parvient à la clarté sans vivacité excessive et trouve sa place dans le monde (124).

124 Par une coïncidence curieuse et digne de remarque le feu et le culte de la vache sont ici associés tout comme dans la religion des Parsis.

L'image

La clarté s'élève deux fois : image du FEU.

Ainsi le grand homme éclaire les quatre régions du monde en perpétuant cette clarté.

Chacun des deux trigrammes représente le soleil dans un cycle jour-nalier. On a donc ici un mouvement répété du soleil. Par-là se trouve indi-quée l'action de la lumière considérée dans le temps. Le grand homme conti-nue l'oeuvre de la nature dans le monde des hommes. Grâce à la clarté de son être, il fait que la lumière s'étend toujours davantage et pénètre toujours plus avant dans la nature de l'homme.

Les traits

Neuf au commencement signifie : Les traces de pas s'entrecroisent.

Si l'on demeure sérieux, pas de blâme.

C'est la première heure du matin. Le travail commence. Après que l'âme s'est trouvée isolée du monde extérieur dans le sommeil, les relations avec le monde recommencent à s'établir. Les traces des impressions s'entre-croisent. L'activité et la hâte règnent. Il est alors important de conserver le recueillement intérieur et de ne pas se laisser emporter par l'agitation de la

vie. Lorsqu'on est grave et recueilli, on parvient à la clarté nécessaire pour affronter les nombreuses impressions qui nous assaillent. C'est précisément au commencement qu'une telle gravité recueillie est importante, car le com-mencement contient les germes de tout ce qui viendra ensuite.

O Six à la deuxième place signifie : Lumière dorée. Suprême fortune.

Le milieu du jour est atteint. Le soleil brille dans une lumière dorée.

L'or est la couleur du milieu et de la mesure. La lumière dorée est par conséquent l'image d'une civilisation et d'un art accomplis dont l'harmonie suprême est faite de mesure.

Neuf à la troisième place signifie : Dans la lumière du soleil couchant,

les hommes ou bien frappent sur le chaudron et chantent, ou bien gémissent tout haut sur l'approche de la vieillesse.

Infortune.

Voici la fin du jour. La lumière du soleil couchant rappelle le caractère conditionné et passager de la vie. Dans cette dépendance extérieure, les hommes perdent aussi la plupart du temps leur liberté intérieure. Ou bien la nature transitoire de l'existence les incite à une gaîté débridée afin de jouir de la vie pendant qu'elle est encore là ou bien ils se laissent aller au chagrin et gâchent leur temps précieux à se lamenter sur l'approche de la vieillesse.

L'une et l'autre attitude sont mauvaises. Pour l'homme noble, il est indiffé-rent que la mort soit proche ou lointaine. Il cultive sa personne, attend son lot et affermit ainsi son destin.

Neuf à la quatrième place signifie : Son arrivée est soudaine.

Il s'embrase, meurt, est rejeté.

La clarté de l'intelligence a les mêmes rapports avec la vie que le feu avec le bois. Le feu s'attache au bois, mais en même temps il le consume. La clarté de l'intelligence a sa racine dans la vie, mais elle peut aussi consumer la vie. Il s'agit donc de savoir commet fonctionne cette clarté. On a ici l'image d'un météore ou d'un feu de paille. Un homme au caractère excitable et in-quiet s'élève rapidement mais ne laisse pas d'effets durables. Dans ces con-ditions, il est mauvais de se dépenser trop vite et de se consumer comme un météore.

O Six à la cinquième place signifie :

Il pleure dans les fleuves, gémit et se lamente.

Fortune.

C'est ici le sommet de la vie. S'il ne recevait pas d'avertissement, l'homme dans cette position se consumerait comme une flamme. Lorsqu'au lieu de cela il renonce à la crainte et à l'espoir, contemple le néant de toutes choses, soupire, gémit et s'efforce de conserver sa clarté intérieure, cette

tris-tesse se change en fortune. Il s'agit ici d'une véritable conversion et non d'un changement éphémère comme c'était le cas avec le neuf à la 3ème place.

Neuf en haut signifie :

Le roi l'emploie pour monter la garde et pour châtier.

Il vaut mieux alors tuer les chefs et faire prisonniers ceux qui les suivent.

Pas de blâme.

Le but du châtiment est de créer la discipline et non d'imposer des peines aveugles. Il faut guérir le mal à la racine. Dans la vie de la cité, il im-porte de se débarrasser des chefs des complots, mais d'épargner leurs com-pagnons. Dans l'oeuvre du perfectionnement de soi, il importe d'extirper les mauvaises habitudes, mais de tolérer celles qui sont inoffensives. Car une ascèse trop rude, tout comme un châtiment trop brutal, ne mène à rien de bon.

Deuxième Partie 31. Hien / L'influence (la demande en mariage)

En haut TOUEI LE JOYEUX, LE LAC

En bas KEN L'IMMOBILISATION, LA MONTAGNE

Le nom de l'hexagramme signifie "universel", "général" et, au sens figu-ré, "influencer", "exciter". Le trigramme supérieur est Touei, le joyeux ; l'infé-rieur, Ken, l'immobilisation. Le trigramme fort du bas émeut le trigramme faible du haut en exerçant sur lui une action persistante tendant à l'arrêter, et le second trigramme répond joyeusement et dans l'allégresse à l'invite du premier. Le trigramme inférieur, Ken, est le plus jeune fils ; le trigramme su-périeur, Touei, la plus jeune fille. Ainsi se trouve représentée l'attraction na-turelle des sexes l'un pour l'autre. L'homme doit dans ce domaine prendre l'initiative et se placer au-dessous de la femme en la demandant en mariage.

De même que la première partie du livre commence par les hexa-grammes du ciel et de la terre, en tant que fondements de tout ce qui existe, la seconde débute par l'hexagramme représentant la demande en mariage et les épousailles, en tant que fondement de la vie sociale.

Le jugement

L'INFLUENCE. Succès.

La persévérance est avantageuse.

Prendre une jeune fille pour femme apporte la fortune.

L'élément faible est au-dessus, l'élément fort au-dessous ; ils attirent donc mutuellement leurs forces jusqu'à s'unir. Cela crée le succès. Toute

réussite repose en effet sur l'action d'attractions mutuelles. L'immobilité in-térieure accompagnant la joie exin-térieure fait que la joie n'excède pas la me-sure mais demeure dans de justes limites. Tel est le sens de l'avis ajouté :

"La persévérance est avantageuse", car c'est en cela que la cour faite en vue du mariage, où l'homme fort se place au-dessous de la faible femme, se dis-tingue de la séduction. Cette attraction suivant les affinités électives consti-tue une loi générale de la nature. Le ciel et la terre s'attirent muconsti-tuellement et tous les êtres viennent à l'existence. Le sage opère sur le coeur des hommes au moyen d'une attraction analogue, et la paix s'établit dans l'univers. On peut reconnaître la nature de toutes choses dans le ciel et sur la terre d'après les attractions qu'elles exercent.

L'image

Sur la montagne est un lac : image de L'INFLUENCE.

Ainsi le sage par sa capacité d'accueil fait que les hommes s'approchent de lui.

La montagne au sommet de laquelle se trouve un lac est stimulée par l'humidité de ce dernier. Elle doit cet avantage au fait que son sommet n'est pas saillant mais creusé. L'image donne le conseil de se tenir intérieurement abaissé et libre, de manière à demeurer réceptif aux bons conseils. Les hommes cessent vite de conseiller celui qui en sait plus dans tous les do-maines.

Les traits

Six au commencement signifie :

L'influence se manifeste dans le gros orteil (125).

Avant qu'un mouvement se réalise, il se manifeste dans le gros orteil.

L'idée de l'influence est déjà présente. Mais au début elle n'est pas apparente pour les autres. Tant que l'intention n'a pas encore produit d'effets visibles elle ne revêt pas d'importance pour le monde extérieur et ne mène ni au bien ni au mal.

125 Comparer cette sentence et les suivantes avec la série analogue du n° 52 (N. d. T.)

Six à la deuxième place signifie :

L'influence se manifeste dans les mollets.

Infortune.

S'attarder apporte la fortune.

Le mollet suit le pied dans le mouvement. Il ne peut pas avancer de lui-même et ne peut pas non plus demeurer seul en place. C'est un mouve-ment qui n'est pas autonome et, parce qu'il n'est pas autonome, il amène l'infortune. On doit attendre paisiblement jusqu'à ce que l'on soit conduit par une influence effective. On demeure alors exempt de dommage.

Neuf à la troisième place signifie :

L'influence se manifeste dans les cuisses.

Se tient à ce qui le suit.

Continuer est humiliant.

Toute disposition du coeur nous excite à un mouvement. Là où se porte le désir du coeur, les cuisses courent sans hésitation ; elles sont en relation étroite avec le coeur, qu'elles suivent. Mais, appliquée à la vie hu-maine, cette manière de se mettre tout de suite en mouvement sous l'in-fluence d'une humeur n'est pas la bonne ; elle mène à la longue à l'humilia-tion. L'idée qui découle de là est triple : on ne doit pas se mettre immédiate-ment à courir après les personnes sur lesquelles on voudrait exercer de l'in-fluence, mais dans certains cas il faut pouvoir se retirer. On ne doit pas da-vantage céder sur-le-champ à toutes les humeurs des gens au service des-quels on se trouve. Et enfin, face aux dispositions de son propre coeur, on ne doit pas négliger la possibilité de refrènement sur laquelle repose la liberté humaine.

O Neuf à la quatrième place signifie :

La persévérance apporte la fortune. Le remords disparaît.

Quand un homme est agité et que ses pensées vont et viennent, seuls suivent les amis vers lesquels il dirige des pensées conscientes.

La place du coeur est ici atteinte. L'impulsion qui en sort est la plus importante. Il faut veiller particulièrement à ce que l'influence soit constante et bonne ; alors, malgré le danger que fait naître la grande mobilité du coeur humain, il n'y a plus nécessairement de remords. Quand la force paisible de la personnalité d'un homme opère, les effets produits sont normaux. Tous les hommes qui sont réceptifs aux vibrations d'un tel esprit sont alors in-fluencés. L'action sur les autres ne doit pas prendre la forme d'un travail conscient et voulu en vue de les manier. Une telle agitation consciente pro-voque en effet un état d'émotion et l'on s'use, éternellement ballotté entre des sentiments fluctuants. En outre, les effets sont alors limités à ceux vers qui l'on dirige ses pensées de façon consciente.

O Neuf à la cinquième place signifie : L'influence se manifeste dans la nuque.

Pas de remords.

La nuque est la partie la plus immobile du corps. Quand l'influence s'y manifeste, la volonté demeure ferme et l'influence ne conduit pas à la confu-sion. C'est pourquoi il n'est pas ici question de remords. Ce qui se produit dans les profondeurs de l'être, dans le subconscient, ne peut être ni provo-qué, ni empêché par l'âme consciente. Il est vrai que si quelqu'un n'est pas influençable il ne peut pas non plus influencer le monde extérieur.

Six en haut signifie :

L'influence se manifeste dans les mâchoires, les joues et la langue.

La façon la plus superficielle de vouloir exercer de l'influence sur les autres est le pur bavardage derrière lequel il n'y a rien. Une telle excitation produite par les mouvements des organes de la parole demeure nécessaire-ment insignifiante. C'est pourquoi rien n'est ajouté concernant le bonheur ou le malheur.

Dans le document Le Livre des Transformations (Page 101-107)