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Trajectoires de vie de quelques femmes commerçantes bénéficiaires de microcrédit Notre prétention n‟est pas ici de mettre en lumière tous les cas de succès observés sur le

AGRICOLES DES FEMMES Introduction

5.1.4. Trajectoires de vie de quelques femmes commerçantes bénéficiaires de microcrédit Notre prétention n‟est pas ici de mettre en lumière tous les cas de succès observés sur le

terrain. Il s‟agit plutôt de présenter quelques-uns pour illustrer la diversité des situations de réussite des femmes bénéficiaires de microcrédit exerçant des activités commerciales en Haute Guinée.

176 Etude de cas 1 : Kaba, la diplômée sans emploi

Le cas de Madame Kaba met en exergue les stratégies de contournement (ruses) que certaines femmes bénéficiaires de microcrédit emploient pour contourner la domination masculine.

En effet, Madame Kaba est l‟une des rares intellectuelles parmi les commerçantes détaillantes rencontrées au cours de nos enquêtes de terrain. Agée de 29 ans, mariée et mère de trois enfants, Kaba réside à Siguiri centre et est diplômée en comptabilité après quatre années d‟études à l‟université Julius Nyéréré de Kankan. Notre interlocutrice a terminé ses études il y a 6 ans et n‟a jamais travaillé dans une administration en raison de l‟opposition systématique de son époux à toute opportunité d‟embauche qui se présentait à elle. Nonobstant, elle entreprit plusieurs plaidoyers auprès de son époux afin que celui-ci l‟autorise à entreprendre une activité commerciale. Toutes ses tentatives de médiation sont restées vaines. Pour autant, son rêve est de devenir une experte comptable dans une grande entreprise.

« Plusieurs fois, j’ai sollicité la clémence de mon mari afin que je puisse saisir les opportunités qui s’offraient à moi pour travailler dans des entreprises, il s’est toujours opposé. J’ai également sollicité de faire le petit commerce, il ne m’a donné de réponse satisfaisante. Il souhaite que je reste à la maison pour m’occuper de ses parents et des enfants, certainement c’est par jalousie (rire !). En tant que femme, je suis dans l’obligation de me conformer à ses caprices même si cela ne me permet pas de m’émanciper comme je le souhaite au risque de me voir répudier ».

Après avoir épuisé toutes les voies de recours, Kaba s‟est contentée d‟obéir aux injonctions de son époux en restant confiner dans l‟espace domestique. Six ans plus tard, son mari se remarie pour la seconde fois et celui-ci n‟est plus en mesure d‟assumer correctement les besoins financiers de Kaba ainsi que de ceux de ses enfants. Vu l‟accroissement des charges quotidiennes et la faiblesse du soutien financier de son mari à son égard, Kaba décide d‟initier un petit commerce dans la plus grande discrétion.

Pour cela, elle peut compter sur la complicité de sa mère et de sa sœur aînée pour obtenir de RAFOC un microcrédit d‟un montant de 5 000 000 GNF. Le titre foncier de la parcelle nue de sa mère est gagé pour la circonstance. Avec cette somme, elle achète un congélateur et un groupe électrogène qu‟elle confia à sa sœur (logée à 500 m de chez elle) pour vendre de l‟eau, des boissons et du yaourt glacés. Celle-ci lui fait des comptes rendus réguliers sur l‟évolution de la vente et des charges.

177 « Il m’a fallu passer par la complicité de ma famille pour ne pas

que mon mari se doute de rien. J’étais persuadée que ma sœur et ma mère pouvaient m’aider car elles étaient toutes au courant de ma situation conjugale. Surtout ma mère ne comprenait pas pourquoi après mes études, je devais rester au foyer juste pour prendre soin de mon mari et les membres de sa famille ».

Grâce à l‟appui de sa sœur, Kaba parvient à rembourser le prêt sans aucune difficulté, augmenta son capital de confiance auprès de la structure de microfinance. En juin 2016, Kaba est à son 3ème cycle de crédit avec un montant de 20 millions GNF. Déjà avec le second prêt, dont le montant est le double du premier, elle entreprit le commerce en détail des produits cosmétiques et habits pour enfants. Pour l‟occasion, elle occupa la boutique (presque vide par manque de capital) de sa mère, située au grand marché de Siguiri. Avec cette stratégie, Kaba fait croire à son mari que le contenu de la boutique appartient à sa mère. Elle s‟y rend régulièrement pour vendre ses marchandises avec la complicité de cette dernière sans réveiller les soupçons du mari. Elle y passe presque toute la journée lorsqu‟elle n‟est pas de cuisine où elle s‟occupe de la vente et de la tenue de la comptabilité. En revanche, les jours où elle est de cuisine, elle réaménage son emploi du temps et consacre 2/3 de son temps aux travaux domestiques et le reste à son petit commerce. Pour cela, tôt le matin, elle prépare le petit déjeuner, s‟occupe des enfants et vers 11h prépare le déjeuner. Elle se rend vers 13h à la boutique et y retourne aux environs de 16 h à la maison pour préparer le diner et surtout pour ne pas que son mari, de retour du travail, la porte absente.

« Mon mari pique une colère noire lorsqu’il constate mon absence sans qu’il ne soit préalablement informé des motifs. Donc, je dois faire de telle sorte qu’il me trouve dans la maison lorsqu’il rentre du travail. C’est d’ailleurs des erreurs à ne pas commettre, si non, il est capable même de m’interdire la visite à ma mère. Ce qui pourrait porter préjudice au fonctionnement normal de mes activités ».

Kaba confia à sa mère les achats de marchandises chez les fournisseurs grossistes à Bamako. Une fois par mois, elle effectue les achats en fonction de la liste des commandes que lui remet sa fille. Le voyage dure deux jours. Kaba réceptionne les marchandises au nom de sa mère et commence à les vendre. C‟est dans de ce contexte de contournement permanent que Kaba alterne les activités domestiques avec celles entrepreneuriales. Malgré cette complicité avec sa famille, Kaba est permanemment animée par deux soucis majeurs. Le premier est de tout faire pour rembourser la dette et ses intérêts conformément aux échéanciers. Le second

178 concerne la réaction de son mari lorsque celui-ci apprendra sa collaboration avec l‟IMF bien que cette option est peu fréquente.

En ce qui concerne le premier, la commerçante ne se fait guère de souci car elle est persuadée de la rentabilité de son commerce. D‟ailleurs, elle a souscrit à une tontine dont les fonds mobilisés lui permettent de rembourser une partie de ses prêts même dans des périodes où la lenteur de la vente est constatée. Quant au second, elle est sur le point de révéler son activité à son mari pour palier tout cas d‟éventualité mais, hésite encore à le faire et dit attendre le moment opportun. Bien qu‟elle continue de dissimuler son adhésion à la structure de microfinance et négocie progressivement le libre exercice de son activité commerciale, Kaba semble s‟épanouir peu à peu. Si avant, elle était confinée dans la concession familiale de son époux, grâce au microcrédit, elle exerce une activité génératrice de revenu avec l‟appui de sa mère et de sa sœur.

« Avant quand je restais tout le temps à la maison, franchement, je n’avais pas le moral au beau fixe. Lorsque j’imaginais que j’étais réduite à une simple ménagère après mes études, je n’en revenais pas. C’est grâce aux microcrédits empruntés et avec l’aide de ma famille que je parviens à exercer aujourd’hui une activité économique. Je commence à me sentir à l’aise tout en assumant ma responsabilité de bonne épouse et de mère de famille ».

Après trois cycles de microcrédit, Kaba nous témoigne de l‟augmentation de son capital estimé à environ 30 millions GNF. Les bénéfices obtenus de son activité lui permettent de contribuer financièrement à la réussite de certains événements organisés au sein de sa famille (baptême, mariage, funérailles), d‟assurer la prise en charge de ses enfants, d‟améliorer la qualité de l‟alimentation et surtout de s‟acheter des habits sans que toutes ces charges ne soient supportées par son mari.

Etude de cas 2 : Hadja, la commerçante de ciment

Agée de 49 ans avec un niveau d‟éducation secondaire, Hadja est aujourd‟hui un exemple de réussite dans l‟histoire des IMF de la Commune urbaine de Kankan. Pour autant, rien ne la prédisposait à devenir un jour vendeuse de ciment, une activité commerciale traditionnellement réservée aux hommes, en raison de l‟importance du chiffre d‟affaire que ce commerce mobilise.

179 En effet, bien avant son adhésion au CRG de Kankan, Hadja faisait le commerce de pagnes Wax entre Conakry et Bamako. Avec le temps, elle réalisa les risques de ce commerce basé sur du trafic et décida de l‟arrêter pour ne pas se retrouver un jour en prison, au cas où son réseau d‟affaires serait démantelé par la douane ou la police. Entre temps, elle a décidé d‟aller rendre visite à sa mère malade qui à l‟époque était élue maire de la commune urbaine de Kankan.

Au cours de son séjour, elle a fait la connaissance d‟une veuve qui venait d‟être expulsée de la demeure de son défunt mari par sa belle-famille. Celle-ci était venue à la mairie solliciter des appuis pour la reconnaissance de ses droits. Très sensible aux difficultés que la veuve traversait, Hadja à travers les relations de sa mère, va appuyer son dossier auprès du Préfet, jusqu‟à l‟obtention définitive de la propriété. Quelques mois plus tard, la veuve continuait de subir toujours les persécutions de la part de sa belle-famille. Enfin de compte, elle a décidé de vendre la concession pour s‟établir à Conakry. Pour ce faire, elle a sollicité à nouveau l‟appui de Hadja pour trouver un acquéreur potentiel. Une fois la transaction effectuée, une commission de 10% a été remise à Hadja.

« Après obtention de la maison grâce à l’intervention du Préfet, la veuve a sollicité à nouveau mon aide pour la revendre car elle voulait quitter Kankan pour s’installer à Conakry. Ensemble, nous avons démarché pour trouver l’acquéreur le mieux disant. Après avoir conclu l’achat, j’ai obtenu 10% en termes de commission. Ce qui représentait à l’époque un montant élevé. Dès lors, j’ai commencé à m’intéresser à la vente immobilière ».

Mais pour être agent immobilier, cela nécessite la disponibilité d‟un montant considérable et Hadja n‟en disposait pas assez. C‟est ainsi que sa mère s‟est portée garante auprès de l‟agence de CRG de Kankan pour qu‟elle obtienne un premier prêt d‟un montant de 3 millions de francs guinéens. Ce montant a été associé avec son propre capital et utilisé par Hadja avec l‟appui du réseau de connaissance de sa mère pour saisir les opportunités de vente de parcelles d‟habitation. La stratégie consiste à identifier et à acheter les meilleures parcelles d‟habitation qui sont par la suite revendues au mieux disant. Lorsque nous la rencontrons, Hadja était à son 8ème cycle de crédit et nous a indiqué que sur la base de la confiance, le montant de son dernier capital est de 60 millions GNF.

« Je ne m’endette pas pour m’endetter. J’emprunte à l’IMF quand je vois des opportunités d’investissement où je suis capable de tirer le maximum de profit. Pour moi, c’est la seule

180 manière de m’en sortir lorsqu’on s’endette avec des intérêts.

Voila comment je fonctionne, et avec ce mode opératoire, je cours moins de risque et je garde toujours ma crédibilité vis-à-vis de mon partenaire financier ».

Avec le temps, Hadja a enregistré de plus en plus de demandes de livraison de ciment. Elle a beaucoup hésité avant de se lancer dans ce commerce. Cependant elle a observé que le rythme de la vente du ciment, contrairement à celui des parcelles était plus rapide. Ce seul indicateur l‟a encouragé à ouvrir un magasin de vente de ciment il y a quatre ans. Par mois, Hadja écoule 70 tonnes de ciment (soit 1400 sacs). Le bénéfice d‟un sac du ciment vendu est de 2500 GNF.

« À Conakry, le prix d’achat du sac de ciment est de 65 000 GNF. Les frais de manutention et de transport jusqu’à Kankan s’élèvent à 2500 GNF par sac. En vendant le sac à 70 000 GNF, j’obtiens un bénéfice de 2500 GNF. Ce bénéfice n’est pas assez élevé mais puisque pour le moment je parviens à vendre une quantité importante, je dois remercier ALLAH (Dieu). Certes la vente de parcelle génère beaucoup plus de bénéfice mais elle est lente. Pour réaliser de bonnes affaires dans la vente de parcelle il faut être patient car ça prend du temps. Alors que le ciment, lui se vend tous les jours en grande quantité ».

La gestion du magasin de ciment est confiée à un jeune qui est rémunéré au prorata du nombre de sacs vendus au jour le jour.

Aussi à chaque arrivage du ciment, Hadja retient en moyenne dix sacs destinés à la construction de sa maison qui actuellement, précise-t-elle, est presque achevée et servira à son habitation avec ses enfants. Le magasin de ciment sert également à son mari comme lieu pour vendre des fils d‟attache. En outre, une partie des bénéfices obtenus de la vente de ciment est orientée dans l‟achat d‟une grande quantité d‟huile rouge pendant la période de récolte dans les zones de production à N‟Zérékoré. Elle est stockée et revendue à Kankan pendant la période de rareté à un prix beaucoup plus rémunérateur. Par exemple, en 2016, Hadja a acheté 20 fûts de 200 L d‟huile rouge à 1 100 000 GNF et les a revendus à 1 600 000 GNF l‟unité, soit un bénéfice de 500 000 GNF par fût vendu.

C‟est avec la combinaison de ces différentes activités qu‟Hadja parvient non seulement à rembourser les crédits, mais aussi, à épargner contrairement à la plupart des femmes bénéficiaires. Son épargne est essentiellement composée des fonds de garantie qu‟elle s‟abstient de retirer même après remboursement du microcrédit. Elle trouve cette stratégie

181 meilleure car, selon elle, c‟est l‟unique voie qui lui permettra de parvenir à une autonomie financière sans avoir recours au microcrédit.

Par ailleurs, depuis deux ans, grâce à son exemplarité, Hadja est élue vice-présidente du comité de gestion du crédit de l‟agence du CRG de Kankan. Cette structure appuie les agents du crédit notamment dans la sensibilisation de la population, tranche les contentieux, reçoit et analyse les demandes de crédit qu‟elle transmet au gérant et enfin participe au suivi des remboursements des microcrédits.

Etude de cas 3 : Bintou, la commerçante d’igname

Bintou est l‟exemple d‟une veuve qui parvient à subvenir à la fois à ses besoins ainsi que ceux de ses enfants grâce à l‟appui de la MGE dans la commune urbaine de Kankan. Agée d‟une soixantaine d‟années avec 6 enfants en charge, Bintou est la Présidente de groupement Sabougnouma qui signifie littéralement en langue locale malinké « Le bon espoir ». Ce groupement, composé de dix femmes a pour activité principale la commercialisation de l‟igname. La collaboration entre le groupement et la MGE remonte à cinq ans. À l‟époque, Bintou et les autres commerçantes éprouvaient le besoin d‟augmenter leur capital. C‟est ainsi qu‟elles se sont constituées en groupe de caution solidaire pour obtenir un crédit de 70 millions GNF (soit 7 millions par femme) auprès de la MGE. Le groupement est à son 5ème cycle de crédit avec un montant de 220 millions GNF (soit 22 millions par femme). Selon Bintou, la collaboration avec la MGE a beaucoup dynamisé son activité ainsi que tous les membres de son organisation.

« Sans cet argent, il n’était pas facile pour nous d’emprunter de l’argent, même avec les plus proches et surtout lorsque le montant est important. Le microcrédit contribue à l’augmentation de notre capital, ce qui nous permet de mener à bien notre commerce et de rembourser sans grandes difficultés. Depuis cinq (5) ans, nous collaborons avec la MGE. Nous sollicitons le crédit en groupe mais chacune d’entre nous travaille individuellement. Cet argent est du « soutra » (un appui financier dans la discrétion). Personne dans mon entourage ne sait que j’alimente mon capital avec un fonds venu d’une structure de microfinance ».

Comme on peut le constater dans ces propos, le microcrédit octroyé à Bintou lui permet de renforcer son activité qui repose pour l‟essentiel sur le commerce d‟igname. La stratégie de Bintou consiste à collaborer avec des paysans qui éprouvent le besoin de liquidité pour acheter des intrants (engrais, herbicides) à l‟approche des périodes de culture d‟igname. Ainsi,

182 en retour, ces paysans ont l‟obligation de lui vendre la totalité de la production destinée à la commercialisation.

Contrairement aux IMF, Bintou octroie cet argent sans intérêt. La finalité recherchée est d‟amener les paysans à lui vendre la production afin d‟éviter la concurrence des structures mieux organisées évoluant dans la commercialisation de l‟igname comme la fédération des paysans de la Haute Guinée. Le montant du prêt accordé par paysan varie entre 500 000 GNF et 1 500 000 GNF. Déjà, lors de la campagne commerciale passée, Bintou a collaboré avec une vingtaine de paysans.

« Les paysans prennent avec nous de l’argent, je veux dire du crédit, pour s’approvisionner en engrais et herbicides pour la mise en valeur de leurs champs. En retour, ils nous vendent la production en fonction des prix pratiqués sur le marché et on en déduit les montants mis à leur disposition. Il y a des moments où notre argent passe beaucoup de temps avec eux. Avec cette approche, chacun de nous gagne et nous restons en marge de la concurrence des grosses structures faitières spécialisées dans la commercialisation de l’igname ».

Ainsi, au terme de la récolte, la commerçante rentre en contact avec les paysans. Ceux-ci en général respectent le pacte et lui vendent l‟essentiel de leurs productions conformément aux prix pratiqués sur le marché. Après l‟achat, les productions sont transportées des champs jusqu‟au magasin de stockage à Kankan par des camions affrétés pour la circonstance.

Notons que la production ne fait pas l‟objet de pesée mais plutôt elle est achetée par tubercule. La campagne passée, Bintou a commercialisé près de 11 000 tubercules d‟igname. Le tubercule a été acheté à 6 600, transporté à 600 et stocké à 200 GNF. Ainsi le prix de revient d‟un tubercule est de 7400 GNF. Sur le marché, le tubercule a été vendu à 10 000 GNF. Ainsi déduction faite, le bénéfice obtenu de la vente d‟un tubercule est de 2 600 GNF.

Mais il se trouve que la commerçante est confrontée à deux problèmes majeurs qui freinent l‟évolution normale de ses activités. Ce sont d‟une part, les difficultés de conservation de l‟igname qui au-delà de quatre semaines commencent à pourrir en raison de la qualité des engrais utilisés, et d‟autre part, celles liées au transport (à cause du mauvais état des routes, l‟absence des ouvrages de franchissement) de la production des zones rurales vers les centres urbains pour la commercialisation. Ces deux difficultés selon les estimations de la commerçante lui font perdre annuellement en moyenne 10% de son chiffre d‟affaires.

183 Pour maximiser son profit, dès après la campagne de commercialisation de l‟igname, Bintou réinvestit aussitôt son capital dans l‟achat et la commercialisation du riz paddy, de noix d‟acajou et du beurre de karité. Ces produits agricoles sont également achetés dans les villages avec des collecteurs locaux et revendus aux grossistes dans la commune urbaine de Kankan. La combinaison de toutes ces activités commerciales concourt à l‟augmentation du capital et au remboursement du microcrédit dont il ne faut pas perdre de vue selon Bintou.

Après cinq cycles de crédit avec la MGE, Bintou affirme n‟avoir rencontré aucune difficulté pour rembourser le crédit. Le microcrédit a plutôt renforcé son activité et avec les excédents obtenus, elle s‟occupe des dépenses familiales en l‟absence de son mari décédé, se prend elle-même en charge en termes d‟habillement, de contribution aux cérémonies. Sa plus grande fierté est d‟être aujourd‟hui en mesure de démarrer la construction de sa maison.

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