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Les tontines comme pratiques « d’épargne-crédit »

Hypothèse 1 : Le microcrédit favorise la création de marges de manœuvres (des espaces de pouvoir) susceptibles de renforcer des activités génératrices de revenus concourant à

4.2. Des femmes et de leurs relations avec les IMF

4.3.4. Les tontines comme pratiques « d’épargne-crédit »

Au-delà des pratiques individuelles informelles d‟épargne et de crédit présentées, les femmes, dans de la zone d‟étude, ont mis en place des tontines. Ces dernières sont à la fois un crédit pour les femmes qui prennent la mise en premier et de l‟épargne pour celles qui récupèrent leur mise en dernière position. C‟est à ce phénomène de « tontine » que se consacre la présente section. D‟abord, nous clarifions le concept en retraçant brièvement sa dimension historique, pour ensuite mettre en évidence la diversité des tontines en Afrique. De même, nous expliquerons si la pratique des tontines en Guinnée est essentiellement féminine avant de présenter les différentes formes de tontines en Haute Guinée.

4.3.4.1. La tontine : origine et définition

Le phénomène « tontinier » est resté longtemps méconnu. Il n'a été étudié, de façon empirique, que par quelques chercheurs ou anthropologues isolés. Mais la faillite du système bancaire et financier officiel dans de nombreux pays en développement a mis en évidence son rôle dans le développement des circuits financiers informels.

L‟expression « tontine » est née en France et proviendrait du nom de son inventeur Lorenzo Tonti (1653). C‟est un banquier italien qui aurait persuadé Louis XV à l‟idée d‟emprunter de l‟argent sans le rembourser. Seulement, chaque année, la totalité de l‟intérêt correspondant est versée aux seuls souscripteurs survivants jusqu‟à ce que le dernier décède (Descroche, 1990).

L‟expression s‟est donc vulgarisée au début du 19ème

siècle en Indochine lorsque des juristes français découvrent plusieurs groupes de personnes organisées ayant décidé d‟épargner ensemble et de se prêter de l‟argent les unes aux autres (Rocheteau et Chen, 2001). Elle a été ensuite utilisée pour caractériser une pratique semblable, observée non seulement dans d‟autres pays d‟Asie, mais également en Afrique, et chez les populations noires d‟Amérique centrale, voire du Sud. Ce qui dénote que les « tontines » sont un phénomène universel qui n‟a pas cessé d‟évoluer (Lelart, 2006).

154 La tontine est une association ou un groupement de personnes qui, unies par des liens familiaux, d'amitiés, de profession, de clan ou de région, se retrouvent à des périodes d'intervalles plus ou moins variables, afin de mettre en commun leur épargne en vue de solutionner des problèmes particuliers ou collectifs. Les participants qui souscrivent à une tontine versent régulièrement des cotisations de montant fixe à un fonds commun qui est distribué tour à tour à chacun des membres, désigné en général par tirage au sort. Le premier membre à recevoir le fonds bénéficie d'un prêt sans intérêt, tandis que le dernier à le recevoir épargne tout au long du cycle sans être rémunéré (voire même un taux d'intérêt négatif si l'inflation est forte) pour toucher à la fin le même montant qu'il aurait accumulé en épargnant régulièrement à titre individuel. Les autres membres se trouvent, selon leur rang d'accès au fonds, en position de débiteur ou de créditeur : leur participation permet néanmoins de bénéficier de la somme totale plutôt que s'ils avaient épargné par eux-mêmes (Gasse-Hello, 2000).

Après avoir présenté les origines et la définition de la « tontine », il est opportun dès à présent, de mettre en relief comment cette pratique est née en Afrique et quelles sont les différentes appellations qui lui sont attribuées d‟un pays à un autre.

4.3.4.2. Les tontines en Afrique : des formes diversifiées et connectées aux cultures locales

Les premières études relatives aux tontines sur le continent africain se situent dans la seconde moitié du XXème siècle. Elles ont été effectuées par Bascom (1952) et Ardener (1964). Ces chercheurs ont découvert au Nigéria, dans les sociétés Yorouba, des groupes de personnes qui rassemblaient de l‟argent pour le remettre à tour de rôle à chaque membre du groupe selon une périodicité bien déterminée et bien définie. Le but de ces tontines était d‟aider chacun du groupe à démarrer un projet souvent personnel ou collectif (Sow et Tété, 2007).

En effet, les « tontines » résulteraient de la monétarisation de la société africaine. Bien avant la traite négrière et la colonisation, le système commercial des peuples en Afrique était axé sur le troc basé sur l‟échange de produits en nature. De même, dans les activités champêtres, des paysans se regroupaient pour travailler tour à tour dans le champ de chacun. Des groupes de personnes s‟associaient également pour s‟entraider dans des travaux de construction de leur maison. Mais au fil des temps, avec l‟avènement de l‟économie monétisée, des mutations considérables s‟opérèrent dans les rapports entre parents, voisins ou

155 personnes de même groupe. L‟élément le plus important de ces changements a été l‟apparition et l‟introduction de la monnaie dans les différentes cultures. Dès lors, des activités monétisées et non monétisées vont se côtoyer. Tout en continuant d‟échanger des produits contre d‟autres et en s‟entraidant dans les différentes tâches, l‟usage de la monnaie va entrer dans les circuits commerciaux. Désormais, la tontine de « travail » va être remplacée par la « tontine de monnaie » où l‟accent est mis sur la collectivisation des ressources pour financer les activités des membres (Henry et al, 1991 ; Lelart, 1991 Servet, 1995 ; Semin, 2007).

Avec l‟avènement de la crise économique des années 80, les pratiques « tontinières » vont connaître un foisonnement fulgurant sur tout le continent africain. Comme solution à cette crise, les Institutions de Bretton Woods (Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International) imposent aux pays africains des mesures d‟austérité à travers des Programmes d‟Ajustement Structurel (PAS) : la privatisation des entreprises étatiques, la réduction des salaires, le licenciement abusif des fonctionnaires de l‟administration publique. Les conséquences immédiates de ces mesures furent la hausse du taux de chômage, la fermeture de certaines institutions financières formelles telles que les banques et l‟orientation massive des populations (notamment les fonctionnaires licenciés) vers le secteur informel.

Comme activités de subsistance et de substitution, les tontines vont constituer le moyen d‟accès le plus rapide pour sortir de ces difficultés constatées. De la sorte, les individus s'organisent entre eux pour faire face collectivement à leurs besoins, pour se prêter et s'emprunter les uns aux autres au sein des « tontines » (Sow et Tété, 2007).

Ces pratiques, sous leurs formes monétisées sont très généralisées dans l‟ensemble du continent africain. Dans le monde de la recherche et surtout dans les milieux linguistiques francophones, elles sont plus connues sous le vocable de « tontine » bien que les appellations et qualificatifs diffèrent d‟un pays à l‟autre et d‟une langue locale à une autre. C‟est le cas par exemple en Guinée où, les appellations Ton, Soussi signifient la même pratique mais, sont utilisés différemment selon les milieux géographiques. En Haute Guinée, l‟appellation « Ton » ou « Tè » est consacrée pour désigner la « tontine » en langue locale maninka, tandis qu‟en Basse Côte, dans le milieu soussou, c‟est le terme « Soussi » qui est usité.

Ensuite, la sémantique est parfois identique selon que l‟on se réfère à différents pays. C‟est le cas de l‟Esusu au Libéria aussi bien qu‟au Nigéria. Enfin, elles peuvent être parfois, légèrement déformées du point de vue orthographique dans différents pays comme cela se laisse voir quand on se réfère à l‟Asussu en Sierra Leone comparativement à l‟Esusuau

156 Libéria et le Susuau Togo37. L‟utilisation d‟innombrables termes locaux pour désigner les multiples « tontines » constitue l‟une des difficultés pour les inventorier et les diffuser : « L’abondance des termes illustre l’impossibilité de dresser un inventaire exhaustif non seulement de toutes ces appellations mais au-delà de cette question linguistique, de toutes les modalités particulières de fonctionnement des tontines et de leur diffusion » (Servet, 2006 : 189).

4.3.4.3. Les tontines en Guinée, une pratique féminine ponctuée par des hommes

En Guinée, la lutte pour la survie est à la base de la mise en place de plusieurs modes d‟organisation dont celles d‟épargne dans le cadre de l‟économie solidaire, communément appelées « tontines traditionnelles ». En effet, la tontine traditionnelle existe dans la société guinéenne depuis des décennies. Toutefois, faute de documents écrits, il n‟est pas aisé de la situer dans le temps. Elle a pour principale fonction d‟épargner les biens des membres du groupe, de les prémunir des dépenses somptuaires souvent inopportunes.Elle aide aussi chacun à avoir une certaine somme d‟argent pouvant lui permettre de constituer un capital dans un délai relativement court (Doumbouya, 2008).

Sur le plan organisationnel, les membres de la « tontine traditionnelle » sont couramment issus d‟une même famille ou sont des personnes ayant des liens sociaux denses. Au-delà des liens familiaux et amicaux, le principe de la constitution du groupe repose aussi sur la solidarité, la confiance mutuelle, la forte sympathie, l‟engagement, la probité morale et la réciprocité des services.

L‟objectif étant généralement d‟instaurer l‟esprit d‟épargne au sein des groupes sociaux, les membres sont obligés de cotiser chaque jour, semaines ou mois (suivant le consensus) une certaine somme d‟argent ou des biens échangeables suivant la convention du groupe.

Dans la majeure partie des cas, la totalité des sommes réunies en un jour est versée à un membre qui assure le rôle de trésorière. Cette femme est, le plus souvent, l‟initiatrice du

37 Des systèmes d‟épargne populaire similaires aux tontines africaines existent dans certains pays d‟Asie et de d‟Amérique Latine. Elles seraient plus anciennes que celles observées en Afrique. C‟est les cas des tontines coréennes (Kye) et japonaises (Kou) qui, du point de vue chronologique, existeraient déjà respectivement dès leIXèmeet XIIèmesiècle. Il existe aussi les chitfundsaux Indes, les huiguan en chine, les tandas au Mexique, les

cheetuau Sri Lanka, les pasanakuen Bolivie, les kutu en Malaisie, les huiau Vietnam, les dhikutiau Népal, des sandes en Papouasie-Nouvelle Guinée et les arisanen Indonésie. Toujours le terme français tontineest utilisé

157 mouvement ou est jugée la plus correcte par les adhérentes. Elle se charge de la gestion du bien commun et remet à tour de rôle l‟argent à la femme désignée.

L‟une des caractéristiques de la « tontine traditionnelle », c‟est que les membres se connaissant mutuellement et qu‟ils soient susceptibles de s‟acquitter de leurs cotisations à temps. C‟est la condition sine qua none pour ne pas entraver le bon fonctionnement de l‟association. Il arrive parfois que des « tontines de femmes » soient mixtes, parce qu‟élargies à des hommes.

De nos jours, le nombre croissant et la dynamique des « tontines » montrent que les femmes s‟adaptent bien aux vicissitudes économiques et sociales en mettant en œuvre des stratégies de contournement liées aux exigences des banques et des appuis économiques de leur époux

« Les tontines sont devenues une solution de remplacement parce que nombreuses sont les femmes, aujourd’hui, qui ne se tracassent plus devant les banques du pays pour épargner ou pour demander des prêts, sachant à l’avance que ces banques leur sont inaccessibles dans la majeure partie des cas. (…). La dépendance des femmes de Guinée serait encore plus grande si elles n’avaient pas recours à quelques solutions de substitution telles que les tontines (…). L’environnement économique que les femmes sont en train de créer en Guinée est un indicateur significatif de leur effort pour accéder à l’autonomisation » (Doumbouya, 2008 : 164-165).

Les « tontines traditionnelles » visent une double finalité : économique et sociale. La finalité économique est perceptible à travers la force de mobilisation de moyens économiques et en temps opportun pour appuyer un membre. Economiquement, l‟adhérente aurait mis plus de temps et de manœuvre pour mobiliser une telle quantité d‟argent que le groupe lui octroie. Il y a là, une capacité à faire face aux grands problèmes dont la résolution individuelle aurait subi un retard. Les cérémonies de baptême, de mariage, de funérailles ou d‟autres problèmes sociaux constituent des occasions opportunes pour obtenir les secours et les contributions des membres de la « tontine ». En ce qui concerne la finalité sociale, elle n‟est pas à dissocier de celle économique. Le fait d‟être souscripteur et d‟appartenir à ce groupe social est déjà un indicateur de raffermissement du capital social. S‟intégrer dans un faisceau de relations humaines permet d‟atténuer les pesanteurs sociales qui marquent les étapes de la vie de l‟homme (Kourouma (2014).

Parallèlement à la forme traditionnelle tontinière, apparait dans les années 1990 une nouvelle forme de tontine dite « moderne ». Cette dernière a aussi suscité un grand

158 engouement chez les femmes. Elle leur a permis d‟éviter les transactions bancaires souvent trop compliquées et inadaptées à leurs besoins (banques qui ne sont pas de proximité, difficulté d‟accès aux personnes à faibles revenus). Faut-il signaler qu‟à sa création, elle regroupait à la fois les hommes et les femmes, mais les hommes se sont peu intéressés à l‟action et finalement elle est devenue une « affaire des femmes » (Doumbouya, 2008).

Le principe de fonctionnement de la « tontine moderne » est quasi similaire à celui des banquiers ambulants précédemment évoqués plus haut. Rappelons que dans la « tontine traditionnelle », le montant des cotisations est identique pour tous les membres. Et chacun perçoit, à tour de rôle, la somme totale des cotisations.

À contrario dans les « tontines modernes », chaque souscripteur perçoit l‟argent qu‟il a pu cotiser lui-même, durant un certain temps bien déterminé par l‟intermédiaire de l‟organisateur (trice), à condition de lui verser l‟équivalent d‟une journée de cotisation quel que soit le montant journalier. Précisons que le montant de la cotisation à verser par jour, dépend des moyens et de la volonté de chaque membre.

Les populations locales, notamment les femmes n‟ont pas attendu les IMF pour mettre en œuvre des mécanismes d‟économie solidaire. L‟existence des « tontines » démontre des faits d‟organisation dans les sociétés traditionnelles guinéennes qui ont résisté à l‟usure du temps malgré les nombreux bouleversements que connait la vie communautaire d‟aujourd‟hui.

Les « tontines » se manifestent sous plusieurs formes selon leur mode d‟organisation et de fonctionnement. Nous examinerons ainsi, celles que l‟on rencontre en Haute Guinée, notre cadre d‟étude.

4.3.4.4. Les tontines en Haute Guinée : une typologie hétérogène axée sur des relations horizontales entre pairs

Il existe une variété de tontines en Haute Guinée. Elles varient selon leur mode de fonctionnement et les profils sociologiques des adhérents. La grande hétérogénéité des tontines s‟explique par l‟absence d‟un cadre de règlementation qui imposerait une forme unique de leur mode de fonctionnement. Aussi, elles s‟adaptent aux besoins et aux objectifs particuliers de ses adhérents (Servet, 2006). Elles s‟inscrivent dans une relation de type horizontal entre pairs et se différencient ainsi de l‟usure (Doligez, 2004).

159 D‟après les résultats de nos investigations, les femmes en Haute Guinée adhèrent à différentes tontines en fonction des montants de mise et des types de tontines (professionnelles, associatives, de bien matériels et de prestation de services).

En fonction des montants la de mise, on distingue la grande tontine « Tê-ba » et la petite tontine « Tê-deni ». Fondamentalement, leur différence réside dans les considérations liées aux fixations des montants de cotisations. Il faut plus de moyens économiques pour adhérer aux grandes tontines qui comptent peu de membres. En général, ce sont les commerçantes grossistes et demi-grossistes, les responsables des ateliers de coiffure, de couture et les restauratrices qui y adhèrent. Il s‟agit des femmes dont le pouvoir économique permet des cotisations mensuelles allant de 500 000 à 1 million GNF (50 à 100 euros).

Le plus souvent, la totalité de la mise renforce le capital ou sert à rembourser le microcrédit emprunté auprès des IMF. Par contre, dans les petites tontines, les cotisations mensuelles vont de 50 000 à 200 000 GNF (5 à 20 euros). Celles-ci sont initiées par des femmes qui n‟exercent généralement pas une activité génératrice de revenu dynamique et rentable. Il s‟agit notamment des marchandes de condiments, des agricultrices et des transformatrices de karité.

Les « tontines professionnelles » regroupent des personnes pratiquant les mêmes activités professionnelles. On retrouve fréquemment ces tontines chez les commerçant(e)s, artisan(ne)s et surtout dans les différents services de l‟administration publique et privée. Les adhérentes (pour la plupart ayant un faible salaire) constituent la tontine pour épargner dans l‟optique de réaliser un projet prioritaire (achat de véhicule, de motos, rénovation de la maison, achat de parcelles, constitution d‟un capital…).

Les adhérentes des « tontines associatives » sont toutes membres d‟une même organisation sociale, appelé sèrè. Les sèrè sont des types d‟organisation en Guinée regroupant essentiellement les femmes autour d‟un objectif de solidarité commune. Elles sont culturellement reconnues et socialement très visibles à travers des activités de soutien à l‟organisation des cérémonies de mariages, de baptêmes, des initiations ou d‟autres évènements comme les maladies, les décès et les veuvages etc. (Condé, 2007). Ces associations sont réputées pour leurs capacités d‟organisation, de mobilisation de fonds et de redistribution des ressources. Très souvent, ces ressources sont injectées essentiellement dans les cérémonies et festivités autour des événements sociaux. Par endroit, elles serventd‟épargne pour certaines femmes dans le but d‟initier une activité génératrice de revenu.

160 Les « tontines de biens matériels » se basent sur des dépôts en nature (savons, pagnes) par l‟ensemble des adhérentes. Elles se différencient des autres types de tontines par la durée de son cycle (2 à 3 ans) et le statut matrimonial de ses membres (essentiellement de femmes mariées). Ces femmes mettent en commun, à tour de rôle, des quantités de savons ou un nombre déterminé de pagnes lors des baptêmes et des mariages pour se soutenir mutuellement. C‟est à travers cette tontine qu‟une vendeuse de condiments, domiciliée au quartier Siatagbè de Kankan, a obtenu, lors de son premier baptême, trente-quatre complets de pagnes Wax et cinquante-un morceau de savons de la part de son groupe tontinier, composé de dix-sept membres.

Dans les « tontines de prestation de services ou de travail », remarquables surtout en zone rurale, les femmes se constituent en Lâma. C‟est-à-dire un groupement informel de femmes de même âge, basé sur la confiance mutuelle, la solidarité et la réciprocité. Ainsi, à tour de rôle, les femmes membres d‟un même Lâma mettent en commun leurs efforts pour assurer une réciprocité de service dans les différentes exploitations agricoles. Il s‟agit de mobiliser l‟énergie des membres pour s‟entraider dans les travaux champêtres tels que le désherbage, le semi ou encore la transformation du Karité. Cette réciprocité des services met les femmes rurales à l‟abri du payement des prestations liées à certaines opérations culturales. De nos jours, la plupart des Lâma qui existent encore, se sont transformées en groupements formels grâce aux actions des ONG et des projets de développement œuvrant dans le domaine agricole. D‟ailleurs, c‟est sur cette base que se sont constitué les groupements féminins de production agricole et de transformation de karité financés par les IMF.

Lorsque les besoins financiers augmentent, ce qui semble être le cas, toutes ces stratégies peuvent s‟avérer peu concluantes. Ni les proches, ni les commerçants et encore moins les associations, les tontines et les usuriers ne sont en mesure de répondre parfaitement aux aspirations financières des femmes. Dès lors, l‟un des derniers recours reste les IMF. D‟où l‟articulation entre les pratiques informelles des femmes et la microfinance.

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