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Le genre dans le processus de développement

Hypothèse 1 : Le microcrédit favorise la création de marges de manœuvres (des espaces de pouvoir) susceptibles de renforcer des activités génératrices de revenus concourant à

3.1. Précision autour du concept de genre 1. Usages et significations du genre

3.1.3. Le genre dans le processus de développement

Dans la mise en œuvre des projets de développement rural, la prise en compte des dimensions genre est indispensable pour atteindre de façon durable les objectifs de lutte contre la pauvreté et d‟égalité entre les hommes et les femmes. L‟Organisation des États Unies pour l‟alimentation et l‟agriculture (FAO, 2012) en cible quatre dimensions : le genre comme concept sociologique, une approche de développement, une stratégie opérationnelle et une méthode d‟analyse.

3.1.3.1. Le genre en tant que concept sociologique

Le premier champ d‟application du genre est d‟ordre sociologique. Il exprime les rapports sociaux entre hommes et femmes qui se fondent sur des valeurs et des normes attachées au féminin et au masculin, qui sont acquises par la culture. Ces rapports évoluent et sont en constante mutation selon l‟époque et le lieu. Les principes, les valeurs, les croyances et les comportements se transforment et sont ancrés dans un contexte sociétal bien précis. Ils sont caractérisés par des inégalités en défaveur des femmes dans la quasi-totalité des sociétés à travers le monde.

Plusieurs exemples sont illustratifs de cet état de fait. Dans le monde, selon les données de la FAO (2012), les femmes effectuent 2/3 des heures travaillées, produisent plus de 50% des aliments, mais ne gagnent que 10% des revenus, possèdent moins de 2% des terres, reçoivent moins de 5% des prêts bancaires. En 20 ans, le nombre de femmes rurales vivant dans la pauvreté absolue a augmenté de 50% contre 30% pour les hommes. Dans certains pays d‟Afrique, en dépit de restrictions à leurs droits de posséder, exploiter et hériter la terre, les femmes ne détiennent que 1% des terres, assument plus de 60% de la production vivrière. Elles ont accès à seulement 10% des crédits alloués aux petits paysans et à 1% des crédits affectés au secteur agricole.

Ces quelques exemples montrent à suffisance que les hommes y sont dominants en matière de pouvoir et de prise de décision, d‟accès aux ressources et à leur contrôle et ce, dans toutes les sphères de la vie. Par contre, les femmes exercent les activités ménagères et domestiques peu valorisantes et moins visibles. C‟est ainsi que de plus en plus, la dimension

97 sociologique dans son application, combine le genre à l‟égalité et à l‟équité dans le but d‟atteindre un double objectif : (i) atteindre l‟égalité de droit et l‟égalité de prise en compte des aspirations et des besoins des femmes et des hommes et, (ii) promouvoir des mesures spécifiques pour compenser les déséquilibres existants au détriment des femmes.

3.1.3.2. Le genre comme une approche de développement

Deux courants de pensées se sont développés pour promouvoir la participation des femmes au processus de développement : l‟approche Genre et Développement (GED) qui est souvent assimilée à tort à l‟approche Intégration des Femmes au Développement (IFD).

En effet, l‟approche IFD a fait son apparition à la fin des années 70 et milite particulièrement pour l‟amélioration des conditions de vie des femmes par la mise en œuvre de petits projets générateurs de revenus en lien avec leurs rôles et responsabilités traditionnelles. Toutefois, l‟approche IFD n‟a pas privilégié les rapports de pouvoir inégaux et de subordination entre hommes et femmes, partant du postulat qu‟ils changeront d‟eux-mêmes au fur et à mesure que les femmes deviendront des partenaires économiques à part entière.

Contrairement à la stratégie d‟intervention de l‟IFD, l‟approche GED initiée dans les années 1980 se concentre sur trois principes résumés comme suit : (i) les femmes forment un groupe désavantagé par rapport aux hommes ; (ii) les femmes et les hommes, étant donné leurs rôles et responsabilités spécifiques, ont des besoins distincts, d‟autant que leur accès aux ressources et leur contrôle s‟effectuent sur une base inégalitaire ; (iii) et enfin, la situation d‟infériorité et de subordination des femmes est un obstacle au développement, puisqu‟elle limite les chances et les possibilités de la moitié de la population mondiale.

L‟approche GED vise l‟égalité des droits entre hommes et femmes et le respect de leur application car, selon cette approche, les inégalités sociales sont des freins au développement, notamment pour l‟accès aux ressources et à leur contrôle. Pour cela, elle questionne et redéfinit les rôles et les responsabilités traditionnellement attribués aux hommes et aux femmes tout en élargissant le débat sur les inégalités.

Elle intègre également l‟égalité de participation aux décisions, la valorisation, la reconnaissance sociale et économique des contributions des hommes et des femmes dans l‟espace privé et public, ainsi qu‟une transformation des relations sociales porteuses d‟inégalités sans vouloir marginaliser les hommes.

98 3.1.3.3. Le genre comme stratégie opérationnelle

Considéré le genre comme une stratégie opérationnelle, consiste à admettre qu‟aucune action de développement (programme, projet, activité) n‟est neutre et qu‟elle porte en son sein des effets probables d‟amplification des écarts entre individus et groupes de personnes. Toutes les actions de développement, qu‟elles soient économiques, politiques ou sociales ont des effets et des impacts différents sur les hommes et les femmes, sur les jeunes et les anciens, sur les ruraux et les urbains. Dans ce contexte, une démarche genre se caractérise par l‟identification et l‟analyse des inégalités et des disparités entre hommes et femmes à tous les échelons de la mise en œuvre d‟une action de développement.

Pour y parvenir, les institutions engagées dans le développement doivent aussi intégrer la stratégie genre de façon transversale dans leur fonctionnement et organisation, en vue de prendre en compte les besoins et les priorités des hommes et des femmes, gage certain pour l‟atteinte des objectifs assignés aux actions programmées (renforcement des capacités, changement de mentalité, établissement des quotas dans les instances de prise de décision…).

Dans cette optique, les programmes de microfinance s‟inscrivent dans la lutte contre la pauvreté des familles entières, tout en visant particulièrement une amélioration de la situation des femmes (Hofmann et Marius-Gnanou, 2006) qui peut prendre dans ce cas des formes et des dimensions diverses : (i) une simple amélioration des revenus des femmes qui leur permettent de mieux remplir leur rôle en faisant par exemple des achats pour lesquels elle sont des responsabilités ; (ii) une amélioration de leur statut social parce que la hausse de leurs revenus améliore l‟image qu‟elles ont d‟elles-mêmes et que son entourage a aussi d‟elle, ce qui lui confère une plus grande respectabilité dans la famille et dans le voisinage ; et enfin (iii) une prise grande prise de parole et de pouvoir d‟action de des femmes à l‟intérieur et à l‟extérieur de la famille.

3.1.3.4. Le genre comme méthode d’analyse

Le genre repose sur une méthode analytique, c‟est-à-dire, un examen s‟appliquant à tous les secteurs d‟intervention (sociale, économique et politique). Elle fait recours à l‟usage d‟une panoplie d‟outils participatifs pour explorer systématiquement les rôles et les responsabilités des hommes et des femmes, de leur degré d‟accès aux ressources, aux pouvoirs ainsi qu‟à leur contrôle. Grâce à la méthode analytique, les disparités, ainsi que leurs causes, sont ainsi mises en lumière. Ce qui favorise l‟identification des actions pour les endiguer car, les informations

99 exclusivement sur les femmes ne peuvent permettre la compréhension des relations de genre et des rapports de pouvoirs. L‟analyse de genre est donc la porte d‟entrée pour lutter contre les inégalités dont les femmes sont majoritairement victimes à travers l‟empowerment. 3.2. L’empowerment, succès de l’approche de développement par le genre

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