• Aucun résultat trouvé

Traitements utilisés en cas d’arthrose du genou

Dans le document Université de Sherbrooke (Page 50-55)

2.3 L’arthrose du genou

2.2.3 Traitements utilisés en cas d’arthrose du genou

Bien que les mécanismes de défaillance articulaire soient bien élucidés dans la littérature, il reste cependant difficile de traiter l’arthrose en raison de sa complexité. Les traitements offerts aux individus souffrant d’arthrose ne permettent pas de guérir cette maladie, mais plutôt de mieux contrôler les symptômes qui lui sont associés (Dimitroulas et al., 2014). Dans le même ordre d’idée, l’Osteoarthritis Research Society International (OARSI) soutient que la combinaison de traitements non pharmacologique et pharmacologique demeure le meilleur moyen afin d’obtenir des résultats optimaux (Zhang et al., 2008). Lorsque les thérapies qui ont été proposées ne suffisent plus à soulager significativement les patients et que leur autonomie fonctionnelle est grandement compromise, l’arthroplastie du genou leur est alors suggérée.

Tel que mentionné ci-haut, puisque l’arthrose est une condition qui s’étend généralement sur plusieurs décennies, les individus qui en souffrent sont susceptibles d’être traités à l’aide d’interventions pharmacologiques ou non, habituellement prescrites en simultanée. Ainsi, selon le tout récent guide de pratique clinique produit par le American College of Rheumatology and the Arthritis Foundation, au stade précoce de la gonarthrose, les thérapies fortement recommandées pour la gestion de cette dernière sont certaines exercices physiques;

marche, renforcement, entraînement neuromusculaire, et exercice aquatique (de meilleurs résultats sont observés lorsque l’exercice est supervisé), un programme pour la perte de poids, ainsi que des séances de Tai Chi (Kolasinski et al., 2020). Les auteurs suggèrent également de ne pas utiliser certaines approches comme le TENS (transcutaneous electrical nerve stimulation) et la thérapie manuelle en raison du manque d’évidence dans la littérature actuelle sur l’efficacité de ces méthodes. En ce qui a trait des interventions pharmacologiques, on retrouve généralement la prise orale d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (ex. Advil), l’application topique (locale) de crèmes ou onguents contenant des AINS (ex. Voltaren), et finalement des injections intra-articulaires de glucocorticoïdes (cortisone) (Kolasinski et al., 2020). Il est important de mentionner ici que les différentes interventions et l’ordre dans lequel elles sont utilisées varient selon le profil des patients. Certaines interventions peuvent même être réutilisées à différents moments au cours de l’évolution de l’arthrose.

L'un des nombreux défis avec les patients souffrant d'arthrose du genou reste la difficulté de trouver un traitement optimal pour soulager la douleur. Bien que les thérapies énumérées soient couramment utilisées (Hochberg et al., 2012), elles n'ont que peu ou pas d'effet significatif sur le soulagement de la douleur. Ultimement, lorsque ces traitements conventionnels ne suffisent plus à soulager les symptômes liés à l’arthrose (douleur, incapacité physique), l’arthroplastie du genou, une chirurgie visant à remplacer l’articulation par une prothèse artificielle, est alors envisagée (Liddle et al., 2013). À cet instant, deux types de chirurgie peuvent être proposés selon l’état arthrosique du genou (voir Figure 7);

 Prothèse unilatérale du genou (PUG): priorisée lorsque seul le côté interne de l’articulation est endommagé. La partie détériorée est donc remplacée et le côté sain est maintenu intact.

 Prothèse totale du genou (PTG): priorisée lorsque les surfaces articulaires (interne et externe) sont endommagées. Ainsi, le cartilage du fémur et du tibia est remplacé par des prothèses artificielles. La rotule peut également être remplacée si celle-ci est trop usée.

Figure 7. (A) Prothèse unilatérale de genou ; Image provenant du modèle utilisé au sein du CIUSSS de l’Estrie – CHUS (ZIMMER BIOMET)

(B) Prothèse totale de genou ; Image provenant du Laboratoire d’anatomie et de plastination de la Faculté de Médecine et des Sciences de la Santé de l’Université de

Sherbrooke

A B

Malgré cette intervention, certains individus continuent à ressentir d’importantes douleurs suite à la chirurgie. En effet, certaines études rapportent qu’environ 20% (ou plus) des patients ressentent encore de la douleur, et ce 3 à 24 mois après une arthroplastie totale de genou (Maillette et al., 2017 ; Lewis et al., 2015). Or, ce phénomène suggère que la gonarthrose implique potentiellement d’autres mécanismes distincts que ceux décrits préalablement, visant l’ensemble de l’articulation, pavant ainsi la voie pour certains mécanismes issus du système nerveux central.

Afin de contrer l’augmentation de cette statistique, l’identification de prédicteurs cliniques permettant de mieux cibler les individus les plus susceptibles de bénéficier d’une arthroplastie serait une avenue intéressante à privilégier. Une telle façon de faire permettrait d’améliorer l’approche de soins en adaptant les traitements aux patients en amont (soins personnalisés) pour ainsi mieux contrôler ces facteurs, et du même coup d’optimiser le pronostic clinique des patients afin de favoriser une meilleure évolution clinique de ces derniers.

2.2.3.1 Outils de mesure évaluant la douleur et la fonction physique chez les gens souffrant d’arthrose

Plusieurs outils de mesures visant à évaluer la douleur et la fonction physique d’individus souffrant, entre autres, d’arthrose ont été développés par le passé. D’un certain point de vue, l’éventail de questionnaires disponibles pour mesurer la douleur et la fonction physique peut être avantageux puisque ces derniers peuvent être sélectionnés en fonction, par exemple, du temps de complétion, et la pertinence des questions y figurant. D’un autre côté, cette large sélection de questionnaires peut également poser un problème à partir du moment où il est souhaitable de réaliser des comparaisons entre les niveaux de douleur et de fonction physique, et que ces mesures ont été évaluées à l’aide de deux questionnaires différents, rendant ainsi les comparaisons difficiles. Parmi les questionnaires existants, certains sont davantage utilisés en recherche et en clinique dont le questionnaire WOMAC (Western Ontario and McMaster Universities Osteoarthritis Index; Bellamy et al., 1988), le questionnaire LEFS (Lower Extremity Functional Scale; Binkley et al., 1999), le

questionnaire SF-36 (36-Item Short Form Survey; Ware et Sherbourne, 1992), et que le questionnaire BPI (Brief Pain Inventory; Cleeland et Ryan, 1994).

Chez une population d’individus souffrant d’arthrose du genou ou de la hanche, le questionnaire WOMAC est largement utilisé afin d’évaluer les symptômes associés à l’arthrose (Bellamy, 1995 ; Bellamy et al., 1988). Le WOMAC est un questionnaire mesurant à la fois la douleur, la raideur ainsi que l’incapacité (fonction physique) prenant, tout au plus, une dizaine de minutes à compléter. Cet outil de mesure a été développé pour évaluer les changements cliniquement importants de l’évolution clinique des patients ayant recours à une intervention, telle que l’arthroplastie du genou (Bellamy, 1995). Plusieurs études se sont intéressées à établir des seuils afin de statuer sur la différence minimale acceptable que les patients et les professionnels de la santé considèrent comme étant cliniquement importante (minimal clinically important difference). En ce qui concerne le questionnaire WOMAC, il a été suggéré que cette différence cliniquement significative était de 12% pour le score de base (ou de 6% à partir du score maximal; échelle de 0 à 10) pour une intervention de réadaptation (Angst et al., 2001). Suite à une intervention chirurgicale (arthroplastie du genou), la différence minimale cliniquement importante peut être interprétée en fonction des 3 différentes sections du questionnaire. Ainsi, l’étude d’Escobar et collaborateurs a établi que, pour un score normalisé sur 100 (pour les 3 différentes sections), les valeurs suggérant une différence minimale cliniquement importante sont de 22,87 (douleur), 14,53(raideur) et 19,01 (fonction physique) à 6 mois suivant l’arthroplastie et 27,98 (douleur), 21,35 (raideur) et 20,84 (fonction physique) 24 mois post-chirurgie (Escobar et al., 2007). L’étude de Greco a quant à elle démontré que pour un score total normalisé sur 100, la différence minimale cliniquement importante était de 11,5 à 6 mois ainsi qu’à 12 mois post-arthroplastie (Greco et al., 2010). L’écart entre les valeurs des études précédentes pourrait, entre autres, être attribuable au fait que les niveaux de sévérité d’arthrose des groupes de patients soient différents entre les différentes études (les valeurs étant plus élevées chez le groupe de patients avec de hauts niveaux de sévérité). De manière générale, l’évolution clinique des patients ayant subi une intervention (chirurgicale ou non) est mesurée au cours des 6 premiers mois puisque les principaux changements cliniques se produisent dans cette fenêtre temporelle (Escobar et al., 2007). Or, les professionnels de la santé considèrent donc qu’une intervention

a été efficace lorsque ces valeurs ont été atteintes, ainsi que lorsque l’individu est en mesure de reprendre ces activités quotidiennes.

Dans le document Université de Sherbrooke (Page 50-55)