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Manifestations cliniques liées à l’arthrose du genou

Dans le document Université de Sherbrooke (Page 47-50)

2.3 L’arthrose du genou

2.2.2 Manifestations cliniques liées à l’arthrose du genou

Dû aux nombreux problèmes articulaires provoqués par l’arthrose, présentés ci-haut, plusieurs symptômes cliniques peuvent en résulter et aider au diagnostic de cette pathologie.

Habituellement, le symptôme faisant en sorte d’inciter les gens à aller consulter un professionnel de la santé est l’apparition de douleur (Trouvin et Perrot, 2018 ; Zhang et al., 2011). Autres que la douleur, de multiples manifestations cliniques peuvent également surgir.

Parmi celles-ci, on retrouve principalement la raideur et le développement de certaines restrictions motrices, ainsi que certains facteurs psychologiques (Abhishek et Doherty, 2013).

Douleur, raideur et fonction physique

La douleur, qui généralement augmente suite à l’utilisation de l’articulation et dissipée une fois l’articulation au repos, est habituellement le symptôme le plus gênant dans la pathologie de l’arthrose (Abhishek et Doherty, 2013). L’origine et la nature de la douleur induite par l’arthrose ne sont pas totalement bien comprises et suscitent beaucoup de discussion dans la communauté scientifique (Abhishek et Doherty, 2013 ; Schaible, 2012). En effet, la douleur peut prendre origine via plusieurs sources telles que les fibres nociceptives (A-delta et C) et des mécanorécepteurs (récepteurs sensibles à de fortes stimulations mécaniques [vibration, pression, étirement]) (Calvino et Grilo, 2006) de la membrane synoviale, de l’os sous-chondral, les ligaments périarticulaires, les muscles périarticulaires, etc. (Perrot, 2015 ; Salaffi et al., 2014). Ces structures ont toutes la même particularité soit d’être fortement innervées. Contrairement aux structures énumérées précédemment, le cartilage articulaire est une structure ne contenant aucun vaisseau sanguin et aucun nerf suggérant ainsi que les dommages induits au cartilage ne peuvent pas générer de la douleur directement (Salaffi et al., 2014 ; Abhishek et Doherty, 2013). Malgré cela, la sensibilisation centrale combinée à la sensibilisation périphérique fait en sorte perpétuer et amplifier la douleur arthrosique (Abhishek et Doherty, 2013). La douleur liée à l’arthrose progresse généralement à travers 3 niveaux distincts. Cependant, il est important de mentionner que la douleur peut s’arrêter à n’importe quel niveau et que ce n’est pas tous les patients qui vont nécessairement passer par ces trois niveaux (Hawker et al., 2008).

Niveau 1 (précoce): douleur aiguë prévisible, habituellement causée par une perturbation mécanique qui limite, éventuellement, les activités à fort impact. Il peut y avoir seulement un effet minimal sur la fonction physique.

Niveau 2 (légère-modérée): la douleur devient un symptôme plus courant et commence à affecter les activités quotidiennes. Il peut y avoir des épisodes de raideur imprévisibles.

Niveau 3 (avancée): douleur constante et douloureuse, ponctuée par de courts épisodes de douleur intense, souvent imprévisibles, entraînant d’importantes limitations de la fonction physique.

La douleur associée à l’arthrose varie considérablement entre les individus et, à l’inverse de ce que l’on peut penser, cette dernière ne semble pas corrélée avec la sévérité des changements/symptômes survenus au niveau de l’articulation (Perrot, 2015 ; Abhishek et Doherty, 2013). Ce fait est également vrai en ce qui a trait de l’arthrose du genou (Fingleton et al., 2015). Une étude réalisée par Neogi et collaborateurs a montré que la douleur associée à l’arthrose du genou était plus corrélée avec le rétrécissement de l’espace articulaire qu’avec la présence d’ostéophytes (excroissance osseuse) (Neogi et al., 2009). Ils ont également constaté que seuls les degrés élevés de détérioration des articulations étaient associés à des niveaux de douleur plus sévère. Des études un peu plus poussées ont démontré que les lésions subies au niveau de la moelle osseuse ainsi que l’inflammation de la membrane synoviale (synovite) sont fortement corrélées avec l’intensité de la douleur (Zhang et al., 2011 ; Felson et al., 2001). De telles conclusions peuvent être émises en utilisant diverses techniques d’imagerie. En effet, bien que la radiographie demeure l’outil de choix afin de diagnostiquer l’arthrose, l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) est devenue la modalité la plus largement utilisée dans le monde de la recherche sur l’arthrose dans le but d’identifier les facteurs de risques, les prédicteurs engendrant la progression de la maladie ainsi que pour évaluer les changements articulaires dus aux traitements administrés. De nos jours, l’utilisation des ultrasons devient de plus en plus populaire en raison de son accès facile et de son faible coût (Oo et al., 2017).

D’un autre côté, la raideur fait partie intégrante de la pathologie de l’arthrose, et se manifeste une fois que l’arthrose a affecté l’articulation. Ce symptôme, aussi appelé "gélification"

signifiant une raideur de courte durée suite à l’inactivité (Hunter et al., 2008), est majoritairement causée par l’inflammation des structures environnantes, mais également par les différents changements articulaires (Taylor et al., 2014 ; Vaz et al., 2013). La raideur, ainsi que la douleur présente au site arthrosique, peuvent être des conséquences menant à certaines incapacités physiques. De fait, l’arthrose est la cause la plus commune de réduction de la mobilité chez les adultes âgés de 40 ans et plus (Liddle et al., 2013 ; Hunter et al., 2008), et par conséquent, l’une des manifestations cliniques importantes de cette maladie se traduit par une perte progressive de la fonction physique (Hunter et al., 2008). Plusieurs études ont mis de l’avant cette réalité en observant que les gens souffrant d’arthrose avaient une perte d’amplitude de mouvement de leur genou arthrosique, comparativement à des personnes saines, et que cette perte d’amplitude pourrait avoir des conséquences significatives sur la mécanique du genou pendant la marche et lorsque la personne est en position stationnaire (Taylor et al., 2014 ; Dixon et al., 2010). En ce sens, la raideur au genou semble être associée au risque de chutes, suggérant ainsi que plus la raideur est présente, plus la personne est susceptible de chuter (Foley et al., 2006). Avec la progression de la maladie, il est également possible de constater l’apparition d’une instabilité de l’articulation (torsion, faiblesse) ainsi que la déformation de l’articulation (Hunter et al., 2008). Ainsi, l’arthrose peut également mener à une déstabilisation du système musculosquelettique via l’atrophie et la faiblesse des muscles en périphérie du site affecté par l’arthrose. En outre, la diminution de la force du quadriceps est l’une des premières caractéristiques cliniques de la gonarthrose (Petterson et al., 2008). Il n’est donc pas surprenant d’observer de l’instabilité, de la raideur articulaire ainsi que la réduction d’activité physique compte tenu de l’ampleur du déficit de la force du quadriceps chez les individus souffrant d’arthrose du genou (McAlindon et al., 1993). À noter qu’il est également possible de détecter d’autres manifestations cliniques liées à l’arthrose par exemple l’enflure ou l’épanchement (habituellement petit et froid) du genou.

Aussi, un son de craquement suite au mouvement de l’articulation peut également se faire entendre (Abhishek et Doherty, 2013 ; Hunter et al., 2008).

Facteurs psychosociaux

Considérant les principales manifestations cliniques citées ci-haut, nous ne pouvons pas passer sous le silence l’impact potentiel que peuvent avoir ces dernières sur la qualité de vie des gens qui en souffrent. Il est, par exemple, bien connu que les personnes aux prises avec de la douleur liée à l’arthrose du genou vont observer une diminution de leurs activités de la vie quotidienne (Wilson et al., 2018), se voyant même, dans certains cas, incapables de retourner au travail en raison de la douleur qui est à la fois omniprésente et invalidante (Maillette et al., 2017 ; Tang et al., 2012). De plus, on dénote chez cette population plusieurs signes psychosociaux conduisant vers une détérioration de leur qualité de vie notamment au niveau de la qualité du sommeil, l’énergie, l’isolement social, la détresse émotionnelle ainsi que la dépression (Snijders et al., 2011 ; Salaffi et al., 2005 ; de Bock et al., 1995).

Comme il est possible de constater, la pathologie de l’arthrose engendre à elle seule une panoplie de manifestations cliniques. Plusieurs groupes de recherches mentionnent même que ces différents symptômes peuvent avoir une incidence majeure sur l’efficacité des thérapies qui leur sont proposées.

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