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Forces et limites de l’étude

Dans le document Université de Sherbrooke (Page 125-128)

6.7.1 Forces

La principale force de cette étude réside dans l’utilisation conjointe de protocoles bien établis permettant l’évaluation des projections corticospinales ainsi que des projections bulbospinales (Houde et al., 2018 ; Tousignant-Laflamme et al., 2008). En effet, l’utilisation de la stimulation magnétique transcrânienne ainsi que d’un paradigme de contre-irritation demeure les techniques les plus utilisées, fidèles et valides à travers le monde de la recherche afin d’évaluer ces types de projections respectivement (Kennedy et al., 2016 ; Tousignant-Laflamme et al., 2008 ; Abbruzzese et Trompetto, 2002). En ce qui a trait des différents questionnaires utilisés, ces derniers possédaient également de bonnes qualités métrologiques, et ont été sélectionnés en fonction des recommandations du groupe d’experts IMMPACT (Dworkin et al., 2005).

De plus, l’utilisation d’un système de neuronavigation avec le système TMS déjà en place au laboratoire a permis d’augmenter considérablement la précision et la reproductibilité de la stimulation lors de la même séance ainsi qu’entre les différentes séances expérimentales.

Bien que cet ajout occasionnât une visite supplémentaire pour les participants afin d’exploiter au maximum son utilisation; chaque participant devait se rendre à une séance IRM au préalable, ce logiciel a fait en sorte d’assurer un positionnement optimal de la bobine TMS au niveau de M1, ainsi que d’assurer la cohérence de la localisation de la stimulation cérébrale à travers les différentes mesures TMS prises. Par le fait même, son usage a fait en sorte de réduire considérablement le temps des séances expérimentales. En effet, lors de la visite initiale, ce logiciel a permis un repérage plus rapide de l’emplacement optimal de la bobine TMS au niveau du cortex moteur. Cela a pareillement été le cas lors des visites de suivi puisque les coordonnées de l’emplacement de la bobine avaient déjà été prédéterminées lors de la visite initiale, et conservées en mémoire pour chaque participant. Le fait de réduire au minimum le temps des visites, en particulier pour des gens souffrant de douleur chronique, est un aspect de la recherche non négligeable.

L’une des forces de notre étude se situe également dans l’évaluation de la variabilité interindividuelle de patients souffrant d’arthrose du genou. Tel que mentionné plus tôt au cours de la discussion, la grande majorité des études qui se sont intéressées aux différentes mesures neurophysiologiques (ex. excitabilité corticospinale, CPM, sommation temporelle, etc.) ont comparé leurs observations obtenues chez des patients arthrosiques à des mesures contrôles chez des participants sains, ou encore dans des cas de mesures d’excitabilité corticospinale, à un membre non atteint par l’arthrose. Cela fait donc en sorte que la variabilité de ces mesures à travers un même échantillon de participants, souffrant tous de la même condition médicale, a été très peu étudiée. Pourtant, plusieurs études tendent à démontrer que cette variabilité interindividuelle, autant sur le plan clinique que psychologique, aurait un rôle considérable à jouer au niveau du succès (ou échec) de certaines interventions thérapeutiques, dont l’arthroplastie du genou (Kosek et Ordeberg, 2000). Or, cela soulève l’importance de mesurer et de prendre en compte cette variabilité dans le but d’améliorer la prise-en-charge des patients, et ainsi leur offrir une médecine plus personnalisée. C’est donc pour ces raisons que la présente étude s’intéressait à la variabilité entre les patients, tant au niveau des mesures neurophysiologiques que des variables cliniques pouvant influer ces dernières, et ce dans un même échantillon de participants.

6.7.2 Limites

Dans un premier temps, bien que les paradigmes utilisés dans cette étude soient bien établis, les mesures qui en découlent demeurent des mesures indirectes. En effet, lorsque l’on mesure l’intégrité des projections corticospinales via les PEM, ou encore l’efficacité des projections bulbospinales via une différence entre deux scores de douleur suite à un paradigme de contre-irritation, il est important de se rappeler que ces valeurs ne reflètent pas directement les mécanismes neurophysiologiques. Ces mesures (davantage d’ordre psychophysique pour les CPM) peuvent être influencées par une combinaison de facteurs psychophysiologiques (ex. : activité cardiovasculaire, dramatisation face à la douleur - (Gougeon et al., 2016 ; Chalaye et al., 2014)). Afin de contrer cette limite, l’implantation d’électrodes directement au niveau

de la moelle épinière serait la méthode idéale; une procédure qui demeure toutefois très invasive, très coûteuse et très risquée.

Pour que les séances au laboratoire demeurent d’une durée raisonnable, et qu’elles ne soient pas trop épuisantes pour les participants, nous avons opté pour recueillir les mesures de projections corticospinales au niveau d’un seul muscle; à proximité du site arthrosique. Cela fait donc en sorte que nous n’avons pas effectué de mesure dite « contrôle », ce qui constitue une limite en soi. En effet, l’absence de mesures contrôles ne nous permet pas de vérifier si les résultats pour l’excitabilité corticomotrice obtenus au niveau du vaste du quadriceps (vastus lateralis) sont spécifiques à ce muscle, ou peuvent être généralisés à l’ensemble du corps. Par le fait même, la prise de mesures au niveau du quadriceps du côté opposé (membre inférieur sain) ou au niveau d’un muscle distant du site arthrosique, nous aurait permis de statuer sur un effet localisé ou encore généralisé.

Finalement, le manque de puissance constitue une autre limite importante de l’étude.

Malheureusement, dû à la pandémie de COVID-19, le recrutement des patients a été abruptement interrompu. Cela a fait en sorte que 4 patients n’ont pas été en mesure de compléter la visite initiale, ce qui aurait augmenté le nombre de participants total à 32. Tout de même, noter que l’ajout de ces 4 patients n’aurait probablement pas été suffisant pour renverser les résultats et les conclusions de la présente étude, considérant les calculs de taille d’échantillon à postériori. En ce qui concerne plus précisément le devis longitudinal de l’étude, malgré le fait que 17 patients aient complété la visite 6 mois post-arthroplastie, et 13 patients la visite 12 mois post-arthroplastie, le nombre de patients diminuait à 12 lorsqu’on effectuait les corrélations bivariées entre les projections descendantes (avant arthroplastie) et l’évolution clinique à 6 mois post-arthroplastie; ce nombre était considérablement réduit pour les corrélations 12 mois post-chirurgie. Or, la création d’un modèle prédictif avec, au mieux 12 patients, n’était pas réaliste dans ce cas-ci. Par ailleurs, dans le contexte pandémique actuel, les suivis post-chirurgie ont majoritairement été réalisés via des envois postaux contenant les questionnaires mesurant l’évolution clinique, que les participants devaient remplir à la maison et nous renvoyer par la suite. Par conséquent, l’évaluation des projections descendantes suite à la chirurgie a été effectuée chez quelques participants seulement, les

visites au laboratoire n’étant plus autorisées. Cela nous a malheureusement empêchés d’évaluer l’impact de la chirurgie sur ces projections, observations qui auraient été très intéressantes à documenter.

Dans le document Université de Sherbrooke (Page 125-128)