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Facteurs biologiques

Dans le document Université de Sherbrooke (Page 55-59)

2.3 L’arthrose du genou

2.2.4 De bons prédicteurs cliniques pour une arthroplastie réussie ?

2.2.4.1 Facteurs biologiques

Comme vue précédemment, l’arthrose est une pathologie qui se développe suite à une défaillance des mécanismes articulaires. La disparition progressive du cartilage articulaire, les changements structuraux au niveau de l’os sous-chondral (os dans lequel le cartilage est encré) ainsi que l’inflammation de la membrane synoviale caractérisent, entre autres, la pathologie de l’arthrose (Glyn-Jones et al., 2015). Bien que l’on observe très peu d’associations entre la douleur et la sévérité des changements articulaires au niveau de l’arthrose (Fingleton et al., 2015 ; Perrot, 2015 ; Abhishek et Doherty, 2013), l’état de sévérité de l’arthrose du genou semble être un bon indicateur de l’évolution clinique post-arthroplastie. La grande majorité des études qui se sont intéressées à évaluer l’association entre certains facteurs (ex. la douleur) et la sévérité de la maladie ont principalement utilisé

les radiographies des patients conjointement avec la classification de Kellgren-Lawrence (mesure étalon); voir Tableau 1 (Holzer et al., 2015).

Tableau 1. Critères radiologiques de Kellgren-Lawrence

Ainsi, Dowsey et ses collaborateurs ont observé que les patients présentant des changements radiographiques au genou plus sévères au moment de la chirurgie étaient plus susceptibles d'avoir des gains substantiels en termes de soulagement de la douleur et d'amélioration de la fonction physique à la suite d'une arthroplastie du genou (Dowsey et al., 2012). Une seconde étude aborde dans le même sens et affirme que les patients ayant subi des changements radiographiques moins sévères avant l’arthroplastie du genou sont plus susceptibles de développer une douleur plus élevée suite à l’arthroplastie (Valdes et al., 2012). Cette tendance est également observable chez les patients qui ont subi un remplacement de hanche.

Ainsi, les personnes qui ont subi des changements radiographiques moins sévères avant l’arthroplastie risquent d’obtenir peu d’améliorations importantes au niveau de la douleur et de la fonction physique, et ce un an et deux ans post-arthroplastie comparativement à ceux qui présentent des changements plus sévères avant la chirurgie (Dowsey et al., 2016).

En conclusion, il semble exister une relation inverse entre le stade de sévérité de l’arthrose pré-arthroplastie et le développement de douleur suite à la chirurgie. De ce fait, avoir des changements articulaires plus sévères avant l’arthroplastie s’avère à être un bon prédicteur de la réduction de douleur post-arthroplastie.

Grade 0 Radiographie normale

Grade 1 Ostéophyte minuscule de signification douteuse Grade 2 Ostéophyte défini avec espace articulaire intact Grade 3 Diminution modérée de l’espace articulaire

Grade 4 Espace articulaire fortement altéré et sclérose sous-chondral (augmentation de la densité osseuse)

Douleur pré-arthroplastie

À ce jour, de nombreuses études font consensus et s’accordent pour dire que l’un des meilleurs prédicteurs de la douleur et de la fonction physique post-arthroplastie du genou sont les valeurs respectives pré-arthroplastie (Trouvin et Perrot, 2018 ; Lungu et al., 2014 ; Judge et al., 2012 ; Escobar et al., 2007). De cette façon, plus le patient est en meilleure condition avant l’arthroplastie, plus le patient le sera suite à la chirurgie. Ainsi, Sullivan et ses collaborateurs supportent ces propos et affirment qu’un haut niveau de douleur et de limitations fonctionnelles avant la chirurgie, mesuré à l’aide du questionnaire WOMAC (Western Ontario & McMaster Universities Osteoarthritis Index), prédisent de la douleur et des limitations fonctionnelles post-chirurgie (Sullivan et al., 2009). Dans le même ordre d’idée, une étude a également montré que de moins bons résultats en termes de soulagement de la douleur sont obtenus, 18 mois post-arthroplastie du genou, lorsque les patients possèdent une douleur au repos plus élevée sur l’échelle visuelle analogue (ÉVA) ainsi qu’un seuil de douleur bas avant la chirurgie (Lundblad et al., 2008).

Présence de comorbidités

Dans la présente littérature, l’état de santé des patients pré-chirurgie semble avoir une certaine influence sur l’évolution clinique de ces derniers (Gandhi et al., 2010), et ainsi provoquer une atténuation des effets bénéfiques obtenus avec l’arthroplastie. En effet, Escobar et ses collaborateurs ont démontré que chez les patients ayant plusieurs comorbidités, mesurées à l’aide de l’index de Charlson, ces derniers sont plus sujets à souffrir de douleur 1 an et 2 ans post-arthroplastie du genou que ceux qui n’en ont aucune (Escobar et al., 2007). Ce fait est également appuyé par d’autres études (Ethgen et al., 2004 ; Lingard et al., 2004). Une récente étude aborde dans le même sens et affirme que le nombre de comorbidités est associé à une douleur plus élevée suite à une arthroplastie du genou ou de la hanche (Peter et al., 2015). Parmi les comorbidités identifiées, on retrouve généralement:

l’hypertension, maladies cardiaques, diabète, maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) ainsi que des douleurs au dos sévères (Peter et al., 2015).

En ce qui concerne la présence de douleur au niveau d’autres sites distincts, cela ne semble pas être un bon prédicteur de réduction de douleur suite à l’arthroplastie, mais plutôt un

prédicteur de l’augmentation de douleur (Lewis et al., 2015). Une étude de 2012 a montré que 46% des patients atteints d’arthrose du genou ayant 4 autres articulations symptomatiques ou plus, autre que celle affectée par l’arthrose, avaient des douleurs pré-arthroplastie et 12 mois post-pré-arthroplastie plus élevée comparativement aux patients qui avaient moins d’articulations symptomatiques (Perruccio et al., 2012). De plus, ils ont également démontré que les patients ayant rapporté des douleurs aux chevilles, aux pieds et/ou aux orteils avaient de moins bons scores de douleur post-chirurgie (Perruccio et al., 2012).

Finalement, en ce qui a trait de l’indice de masse corporelle (IMC), la présente littérature ne semble pas faire consensus. Certains auteurs mentionnent que l’IMC n’est pas un prédicteur cliniquement significatif de l’évolution clinique post-arthroplastie, alors que d’autres auteurs affirment le contraire. Ainsi, quelques études mentionnent qu’un IMC pré-arthroplastie élevé est associé à la présence de douleur post-chirurgie (Gandhi et al., 2010 ; Fisher et al., 2007).

Malgré ces observations, il semble avoir davantage d’études confirmant cette absence de relation entre l’IMC et la présence de douleur post-arthroplastie (Daniilidis et al., 2016 ; Judge et al., 2012 ; Deshmukh et al., 2002). Pour ce qui est de l’arthrose de la hanche, la situation semble être la même, certaines études affirment que l’IMC semble être un prédicteur de la douleur post-arthroplastie (Lungu et al., 2014 ; Gandhi et al., 2010) alors que d’autres affirment le contraire (Judge et al., 2014).

Ainsi, grâce à ces différentes observations, il est possible de conclure que les patients ayant moins de comorbidités ont plus de chance d’évoluer favorablement, et ressentir par le fait même moins de douleur, suite à une arthroplastie du genou comparativement à ceux qui ont plusieurs comorbidités.

2.2.4.2 Facteurs psychologiques

Dans le document Université de Sherbrooke (Page 55-59)