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Association entre les manifestations cliniques et les projections corticospinales (volet

Dans le document Université de Sherbrooke (Page 93-0)

Plusieurs mesures ont été utilisées dans le but de caractériser les projections corticospinales.

Parmi ces mesures, on retrouve, entre autres, le seuil moteur ainsi que la pente des courbes de recrutement. À la lumière des corrélations de Spearman, il est possible de constater que la grande majorité des corrélations entre ces mesures et les différentes manifestations cliniques sont non significatives (0,06 ≤ p ≤ 0,88), à l’exception de celle entre la pente des courbes de recrutement et le questionnaire BPI-Incapacité quotidienne (voir Tableau 5).

Tableau 5. Corrélations entre les manifestations cliniques et les projections corticospinales

Manifestations cliniques Seuil moteur [n=23] Pente [n=22]

WOMAC – Douleur r= -0,29; p= 0,18 r= 0,38; p= 0,08

WOMAC – Raideur r= -0,05; p= 0,83 r= -0,33; p= 0,88

WOMAC – Incapacité r= -0,38; p= 0,07 r= 0,27; p= 0,23

WOMAC – Total r= -0,40; p= 0, 06 r= 0,24; p= 0,28

MPQ

Score global Échelle numérique

r= 0,09; p= 0,69 r= -0,18; p= 0,41

r= 0,19; p= 0,40 r= 0,11; p= 0,61 BPI – Incapacité quotidienne r= -0,23; p= 0,28 r= 0,53; p= 0,01 ÉVA – Aspect désagréable r= -0,37; p= 0,14 [n=17] r= -0,07; p= 0,80 [n=17]

L’amplitude des PEM à 110% du SM est une autre mesure couramment utilisée pour mesurer l’excitabilité des projections corticospinales (Cuypers et al., 2014 ; Veniero et al., 2013 ; Levin et al., 2011). Cette intensité de stimulation est généralement celle utilisée par les chercheurs et les chercheuses utilisant la TMS puisque les réponses d’excitabilité corticospinales lui étant associées sont très sensibles (Rossini et al., 2015). Ainsi, un petit changement d’excitabilité suivant une intervention risque davantage d’être documenté à cette intensité, comparativement aux intensités de stimulation plus élevées (par exemple à 130 ou 140% du SM) (Devanne et al., 1997).

Cette mesure montre plusieurs associations avec les manifestations cliniques des participants, comme le montre le Tableau 6. Ces associations indiquent que, plus les individus ont des manifestations cliniques importantes (douleur, incapacité en lien avec la douleur), plus l’amplitude des PEM est élevée, suggérant ainsi que ces différents symptômes arthrosiques sont associés à une excitabilité corticospinale plus élevée.

Tableau 6. Corrélations entre les manifestations cliniques et l’amplitude des PEM à 110% du seuil moteur

Manifestations cliniques PEM @ 110% du SM [n=23]

WOMAC – Douleur r= 0,45; p= 0,03

MPQ (Échelle numérique) r= 0,50; p= 0,02

BPI – Douleur + intense dernier 24h r= 0,54; p= 0,01 BPI – Douleur + faible dernier 24h r= 0,44; p= 0,04

BPI – Douleur en général r= 0,55; p= 001

BPI – Douleur présentement r= 0,51; p= 0,01

BPI – Incapacité quotidienne r= 0,49; p= 0,02

Afin de vérifier si les symptômes psychologiques étaient liés aux mesures des projections corticospinales (SM, pente et PEM à 110% du SM), nous avons également effectué des corrélations de Spearman. Les résultats ont permis de révéler l’existence de deux corrélations, soit celle entre les niveaux de dramatisation face à la douleur et la pente des courbes de recrutement (r= 0,44; p= 0,04), ainsi que celle entre la dramatisation face à la douleur et l’amplitude des PEM à 110% du SM (r= 0,43; p= 0,04); suggérant ainsi que plus l’individu a un niveau élevé de dramatisation face à la douleur, plus l’excitabilité corticospinale est élevée. Aucune association n’a été observée entre les variables psychologiques et le seuil moteur (0,06 ≤ p ≤ 0,83).

5.4 Association entre les manifestations cliniques et les projections bulbospinales (volet 1)

Afin de répondre à cet objectif, des corrélations de Spearman entre les différentes manifestations cliniques et le score delta (moyenne douleur pré-immersion – moyenne douleur post-immersion) associé au paradigme de contre-irritation; traduisant l’efficacité de projections bulbospinales (CPM), ont été effectuées. Tel qu’illustré dans le Tableau 7, aucune corrélation significative n’a été observée entre les différentes manifestations cliniques et les projections bulbospinales (0,20 ≤ p ≤ 0,96). De surcroît, un test de Wilcoxon a été effectué afin d’évaluer s’il était possible d’observer une différence significative entre les niveaux de douleur avant versus après l’immersion de l’avant-bras dans le bain d’eau froide (CPT), et cela ne semble pas être le cas (p= 0,34). Ce résultat laisse croire que, de façon générale, les projections bulbospinales seraient moins efficaces, ou encore qu’il y aurait une diminution de l’activation des mécanismes inhibiteurs descendants de la douleur chez ces participants.

Tableau 7. Corrélations entre les manifestations cliniques et les projections bulbospinales

Manifestations cliniques CPM [n=18]

WOMAC – Douleur r= 0,04; p= 0,87 WOMAC – Raideur r= -0,01; p= 0,96 WOMAC – Incapacité r= 0,08; p= 0,74

WOMAC – Total r= 0,02; p= 0,95

MPQ

Score global Échelle numérique

r= 0,31; p= 0,20 r= -0,21; p= 0,40 BPI – Incapacité quotidienne r= 0,26; p= 0,29 ÉVA – Aspect désagréable r= 0,22; p= 0,44 [n=15]

Tel que réalisé avec les projections corticospinales, nous nous sommes également intéressés à évaluer la présence d’association entre les projections bulbospinales (CPM) et les variables psychologiques mesurées. Les analyses de Spearman ont ainsi révélé la présence d’une corrélation modérée entre les projections bulbospinales et 1) la dramatisation face à la

douleur (r= 0,59; p= 0,01), et 2) l’état anxieux (r= 0,56; p= 0,03). Ces observations suggèrent que les individus ayant un niveau de dramatisation face à la douleur et/ou un état anxieux élevé ont des projections bulbospinales plus efficaces (augmentation de l’activation des mécanismes inhibiteurs descendants de la douleur). Aucune corrélation n'a été observée entre les réponses CPM et les résultats des échelles et sous-échelles du MPQ (0,20 ≤ p ≤ 0,40), du BPI (0,29 ≤ p ≤ 0,93), du WOMAC (0, 74 ≤ p ≤ 0,96), CSI (p= 0,10), TSK (p=

0,66), STAI-Trait (p= 0,10), BDI (p= 0,15), ainsi que pour le score de l’ÉVA évaluant l’aspect désagréable de la douleur (p= 0,44).

5.4.1 Association entre les manifestations cliniques et la sommation temporelle

D’un autre côté, la présence d’association entre la sommation temporelle et les manifestations cliniques et les variables psychologiques ont également été évaluées. Les analyses ont démontré que la sommation temporelle est modérément et positivement corrélée avec la section de la douleur du questionnaire WOMAC. Les corrélations étaient les mêmes pour les deux méthodes de calcul de la sommation temporelle; le score delta (r= 0,575; p=

0,013) et la méthode de la pente (r= 0,579; p= 0,012). Ces observations suggèrent ainsi que les individus qui ont un haut score au questionnaire WOMAC-Douleur possèdent une sommation temporelle plus efficace (augmentation de l’activation des mécanismes excitateurs de la douleur). Aucune corrélation n'a été observée entre les réponses de la sommation temporelle (avec les deux méthodes) et les résultats des échelles et sous-échelles du MPQ (0,32 ≤ p ≤ 0,99), du BPI (0,13 ≤ p ≤ 0,76), du WOMAC (0,25 ≤ p ≤ 0,33), du CSI (0, 28 ≤ p ≤ 0,41), PCS (0,11 ≤ p ≤ 0,29), TSK (0,56 ≤ p ≤ 0,66), STAI (0,66 ≤ p ≤ 0,91), BDI (p= 0,41), ainsi que pour le score de l’ÉVA évaluant l’aspect désagréable de la douleur (0,54 ≤ p ≤ 0,83).

5.5 Association entre les projections corticospinales et bulbospinales (analyses exploratoires)

De manière intéressante, une étude publiée récemment (Granovsky et al., 2019) suggère qu’il existe une association entre les projections descendantes corticospinales et bulbospinales chez les participants sains (sans douleur). Nous avons donc voulu explorer cette association chez les participants souffrant d’arthrose. Les analyses ont permis de montrer qu’il existait en effet une corrélation (association modérée) entre l’excitabilité des projections corticospinales (PEM à 110 et 150% du SM) et les projections bulbospinales (CPM; voir Figure 10), suggérant que les individus souffrant d’arthrose qui ont une plus grande excitabilité corticospinale ont également des CPM plus efficaces.

Figure 10. Corrélations entre l’efficacité des CPM et A) l'amplitude des PEM à 110%

du SM (r= 0,67; p= 0,01 [n=13]), et B) l'amplitude des PEM à 150% du SM (r= 0,66;

p= 0,02 [n=12])

A B

De plus, nous avons également observé une corrélation modérée et négative entre l’efficacité des CPM et la période de silence (r= -0,69; p= 0,03), suggérant que les individus souffrant d’arthrose qui ont une inhibition intracorticale plus importante ont des CPM moins efficaces (Figure 11).

Figure 11. Corrélation entre l’efficacité des CPM et la période de silence (r= -0,69;

p= 0,03 [n=10])

5.6 Association entre les projections descendantes et l’évolution clinique des patients post-arthroplastie (volet 2)

Au moment d’écrire ces lignes, 17 participants ont complété leur visite de suivi post 6 mois et 13 participants ont complété celle post 12 mois. Dans un premier temps, des tests de Wilcoxon ont été effectués afin de déterminer si la chirurgie avait eu un impact sur les variables cliniques (douleur, raideur, incapacité). Suite aux résultats obtenus (Tableau 8), il est possible de constater que la chirurgie a amélioré l’état clinique des participants, et ce sur tous les aspects, 6 mois suivant la chirurgie. Toutefois, cela ne semble pas être le cas pour l’aspect qualitatif de la douleur (mesurée avec le questionnaire MPQ), ainsi que pour l’aspect désagréable de la douleur, 12 mois post-arthroplastie. Aucun changement clinique n’est observé pour toutes les mesures, entre le suivi post 6 mois et le suivi post 12 mois.

Tableau 8. Amélioration de l’état clinique des participants

Puisque les données ne sont pas distribuées normalement et considérant que seulement un peu plus de la moitié des participants ont complété leur visite de suivi 6 mois post-chirurgie (moins de la moitié pour la visite post-12 mois), les analyses de régressions linéaires multivariées n’ont pas pu être effectuées. De plus, malgré le fait que l’évolution clinique ait été documentée chez 17 participants 6 mois post-arthroplastie, ce nombre chutait à 13 lorsque venait le temps de faire les analyses avec les mesures des projections corticospinales, et à 11 avec les mesures de projections bulbospinales. La raison derrière cette diminution du nombre de participants est que les mesures initiales des projections descendantes n’ont pas été complétées pour tous les participants (évaluation TMS ou paradigme de contre-irritation incomplet). Néanmoins, des analyses préliminaires (corrélations de Spearman) ont été effectuées afin d’évaluer si une tendance se dessinait entre l’association des projections descendantes et l’évolution clinique (post 6 mois) des participants. Ces tests non-paramétriques, tout comme l’analyse visuelle des graphiques, ne laissent entrevoir aucune tendance (voir Tableau 9 ci-dessous).

Manifestations cliniques Initiales vs Post 6 mois Initiales vs Post 12 mois

WOMAC – Douleur p= 0,001 p= 0,01

WOMAC – Raideur p= 0,01 p= 0,01

WOMAC – Incapacité p< 0,001 p= 0,03

WOMAC – Total p< 0,001 p= 0,02

MPQ

Score global Échelle numérique

p= 0,04 p= 0,003

p= 0,38 p= 0,51

BPI – Incapacité quotidienne p< 0,001 p= 0,04

ÉVA – Aspect désagréable p= 0,02 p= 0,80

Tableau 9. Corrélations entre les projections descendantes et l’évolution clinique des participants (6 mois post-arthroplastie)

* Évolution clinique = Score avant chirurgie – Score post-chirurgie6mois

5.6.1 Mesures de faisabilité du devis longitudinal de l’étude

Le nombre initial de participants qui devait initialement être inclus dans l’étude était de 40.

L’arrivée de la pandémie mondiale de COVID-19 a eu un impact important sur le recrutement des participants, celui-ci a même dû être interrompu prématurément. Ces circonstances demeurent toutefois exceptionnelles. Sur les 81 individus potentiellement admissibles au projet, 28 ont participé à la présente étude (35%). Parmi les différentes raisons ayant mené à l’exclusion des participants notons: la présence de douleur autre que celle reliée à l’arthrose du genou (n=8), un syndrome de Raynaud (n=5), une angioplastie (pose d’une endoprothèse) (n=3), la présence de claustrophobie (n=2) et, enfin, une difficulté à comprendre et à lire le français (n=1). La majorité des gens ayant refusé de participer à la présente étude avaient comme principale raison de ne pas être intéressés par le projet proposé (n=27); 5 individus avaient toujours un emploi donc il était difficile pour eux de trouver un moment pour se rendre au laboratoire, et 2 individus avaient trop de difficulté à se déplacer (mobilité réduite) pour participer aux séances de la présente étude. De tous les participants recrutés et pour qui la visite post 6 mois devait avoir lieu, seulement 2 participants (11%) ont été perdus au suivi;

Manifestations cliniques Seuil moteur Pente CPM

l’un des participants a développé un cancer et le second a subi une intervention suite à un problème de santé. En ce qui a trait du suivi post 12 mois, tous les participants ayant complété la première visite de suivi (post 6 mois) ont également complété la dernière visite (post 12 mois); voir résumé Figure 12. Les installations offertes par le Centre de recherche sur le vieillissement (ressources matérielles et humaines) ont grandement facilité la faisabilité du devis longitudinal de l’étude (voir discussion).

Figure 12. Organigramme du recrutement et des suivis des participants de l’étude

5.7 Association entre les métriques de tractographie et les projections corticospinales (volet 3)

En ce qui a trait aux mesures prises avec l’IRM de diffusion, des corrélations de Spearman ont été effectuées entre les mesures de TMS (seuil moteur et pente) et les métriques de tractographie (FA, MD, AFD totale, volume). Ces corrélations ont été effectuées, dans un premier temps, avec les métriques de tractographie du faisceau reflétant l’ensemble de la voie corticospinale (du côté atteint par l’arthrose du genou), et dans un deuxième temps, avec les

Évalués pour admissibilité

(n=81)

Rec rut em ent Suivi

Exclus (n=53)

 Ne correspondaient pas aux critères d’inclusion/exclusion (n=19)

 Refus de participer à l’étude (n=34)

Recrutés (n=28)

Post 6 mois (n=17)

Perdu au suivi (n=2)

Post 12 mois (n=13)

métriques de tractographie du faisceau spécifique à la région d’intérêt (faisant partie de la voie corticospinale), c’est-à-dire le faisceau reflétant la région du genou arthrosique seulement. Il est d’abord important de mentionner ici que, pour toutes les métriques de tractographie (valeurs moyennes), il n’y avait pas de différence entre la voie corticospinale du côté atteint par l’arthrose et la voie corticospinale du côté non affecté par l’arthrose (tests de Wilcoxon; 0,05 ≤ p ≤ 0,69), suggérant que l’arthrose n’aurait pas d’effet sur l’ensemble du faisceau de voie corticospinale, lorsqu’évaluée de manière globale.

Pour leur part, les analyses de corrélation ont révélé la présence d’une association modérée entre le seuil moteur et le volume reflétant l’ensemble de la voie corticospinale du côté affecté par l’arthrose (r= 0,62; p= 0,01; voir Tableau 10), suggérant ainsi que les individus ayant un seuil moteur plus élevé (excitabilité corticospinale plus faible) ont un faisceau corticospinal de plus grand volume. À l’inverse, aucune corrélation n’a été observée entre les métriques de tractographie du faisceau de la région d’intérêt (genou) et les métriques TMS (0,11 ≤ p ≤ 0,56; voir Tableau 11).

Tableau 10. Corrélations entre les métriques de tractographie de l’ensemble de la voie corticospinale du côté atteint par l’arthrose et les métriques TMS (n=15) Métriques de

tractographie Seuil moteur Pente PEM @ 110%

FA r= 0,298; p= 0,281 r= -0,325; p= 0,237 r= -0,404; p= 0,136 MD r= -0,233; p= 0,402 r= 0,025; p= 0,930 r= -0,164; p= 0,558

AFDtotale r= -0,101; p= 0,721 r= -0,046; p= 0,869 r= 0,150; p= 0,594

Volume r= 0,623; p= 0,013 r= 0,407; p= 0,132 r= 0,264; p= 0,341

Tableau 11. Corrélations entre les métriques de tractographie de la voie corticospinale de la région d’intérêt (genou) et les métriques TMS (n=15)

5.8 Association entre les métriques de tractographie et les manifestations cliniques des participants (volet 3)

Les résultats décrivant les analyses de corrélations entre les différentes manifestations cliniques évaluées au cours de l’étude et les métriques de tractographie de l’ensemble de la voie corticospinale sont présentés dans le Tableau 12 ci-dessous. Comme le montre le tableau, aucune association n’a pu être observée pour ces différentes métriques (0,17 ≤ p ≤ 0,99), suggérant que les symptômes liés à l’arthrose du genou ne sont pas liés aux métriques de tractographie de la voie corticospinale, et vice-versa.

Métriques de

tractographie Seuil moteur Pente PEM @ 110%

FA r= 0,266; p= 0,338 r= -0,336; p= 0,221 r= -0,257; p= 0,355 MD r= -0,253; p= 0,363 r= -0,186; p= 0,508 r= -0,300; p= 0,277

AFDtotale r= -0,242; p= 0,384 r= -0,304; p= 0,271 r= -0,164; p= 0,558

Volume r= 0,171; p= 0,543 r= 0,432; p= 0,108 r= 0,329; p= 0,232

Tableau 12. Corrélations entre les métriques de tractographie de l’ensemble de la voie corticospinale du côté atteint par l’arthrose et les manifestations cliniques des participants (n=15)

À l’inverse, les métriques de tractographie issues du faisceau de la région d’intérêt (genou) ont montré des corrélations significatives avec le questionnaire WOMAC-Raideur (voir Tableau 13), à la fois pour l’anisotropie fractionnelle (r= 0,76; p= 0,001) et pour la densité de fibre apparente (r= 0,53; p= 0,04). Ensemble, ces résultats suggèrent que les individus avec davantage de symptômes de raideur au niveau du genou sont ceux avec une plus grande anisotropie (cohérence – FA) ainsi qu’une densité apparente plus élevée (AFD totale) dans la région d’intérêt.

Manifestations cliniques FA MD AFDtotale Volume

WOMAC – Douleur r= -0,318; p= 0,248 r= 0,182; p= 0,516 r= 0,261; p= 0,348 r= 0,064; p= 0,820

WOMAC – Raideur r= 0,139; p= 0,621 r= -0,111; p= 0,694 r= 0,111; p= 0,694 r= -0,375; p= 0,168

WOMAC – Incapacité r= -0,243; p= 0,383 r= 0,082; p= 0,771 r= 0,189; p= 0,499 r= -0,132; p= 0,639

WOMAC – Total r= -0,254; p= 0,362 r= 0,136; p= 0,630 r= 0,214; p= 0,443 r= -0,132; p= 0,639

MPQ

Score global Échelle numérique

r= 0,220; p= 0,431 r= 0,005; p= 0,985

r= -0,088; p= 0,756 r= 0,094; p= 0,739

r= 0,120; p= 0,671 r= 0,197; p= 0,481

r= 0,320; p= 0,245 r= 0,288; p= 0,299

BPI – Incapacité quotidienne r= -0,275; p= 0,320 r= -0,161; p= 0,566 r= 0,193; p= 0,490 r= 0,088; p= 0,756

ÉVA – Aspect désagréable r= 0,216; p= 0,440 r= 0,277; p= 0,318 r= 0,286; p= 0,302 r= -0,266; p=0,339

Tableau 13. Corrélations entre les métriques de tractographie de la voie corticospinale de la région d’intérêt (genou) et les manifestations cliniques des participants (n=15)

Afin de vérifier si les corrélations significatives observées sont spécifiques à la voie corticospinale, des analyses supplémentaires avec une mesure contrôle des métriques de tractographie ont été effectuées. Ainsi, la densité totale de matière blanche (MB) pour chaque métrique de tractographie a été extraite et les corrélations qui se sont avérées significatives ont été répétées à nouveau avec ces nouvelles mesures afin d’évaluer la spécificité de ces dernières. Tel qu’attendu, aucune corrélation ne s’est avérée significative; MB-Volume et seuil moteur p= 0,15; MB-FA et WOMAC-Raideur p= 0,81; MB-AFD et WOMAC-Raideur p= 0,60, suggérant que les corrélations observées sont spécifiques à la voie corticospinale.

5.9 Estimation de la puissance à postériori

La puissance à postériori des différentes analyses effectuées a été estimée, en raison de l’interruption du projet avant d’avoir atteint le nombre prévu de participants (40). La puissance à postériori a été calculée en fonction des différents types de projections; volet 1 (Tableau 14). En ce qui a trait des projections corticospinales, la puissance variait entre 5%

(MPQ [échelle numérique] et pente) et 38% (WOMAC [incapacité] et SM), alors que pour les projections bulbospinales (CPM) les valeurs de puissance variaient entre en 6%

Manifestations cliniques FA MD AFDtotale Volume

WOMAC – Douleur r= -0,043; p= 0,879 r= 0,204; p= 0,467 r= 0,268; p= 0,334 r= 0,125; p= 0,657

(WOMAC [douleur et raideur]) et 30% (MPQ [score global]). Ainsi, comme attendu, aucun résultat ne présente une puissance statistique adéquate.

Tableau 14. Calcul de puissance à postériori

Nous avons également calculé les tailles d’échantillons nécessaires afin d’obtenir une puissance statistique de 80% (avec un niveau de confiance fixé à 0,05), pour chacun des objectifs, en fonction des coefficients de corrélation obtenus. Ces résultats permettent, entre autres, de cibler les questionnaires, et par conséquent les manifestations cliniques les plus (et les moins) corrélées en fonction des différents objectifs (voir ci-dessous).

Projections corticospinales (Seuil moteur et Pente)

Coefficient de corrélation le + élevé obtenu: 0,399 (SM et WOMAC-Total)

=> 40 patients

Coefficient de corrélation le - élevé obtenu: 0,087 (SM et MPQ-Score global)

=> 182 patients

Coefficient de corrélation le + élevé obtenu: 0,381 (Pente et WOMAC-Douleur)

=> 42 patients

Coefficient de corrélation le - élevé obtenu: 0,033 (Pente et MPQ-Échelle numérique)

=> 478 patients

Manifestations cliniques Seuil moteur Pente CPM

WOMAC – Douleur 15,9% 19,4% 5,5%

Projections bulbospinales (CPM)

Coefficient de corrélation le + élevé obtenu: 0,314 (MPQ-Score global) => 51 patients Coefficient de corrélation le - élevé obtenu: 0,013 (WOMAC-Raideur) => 1 210 patients

SIXIÈME CHAPITREDISCUSSION

Ce chapitre se concentrera sur la discussion des principaux résultats obtenus, des forces et limites de la présente étude, et se conclura avec les retombées potentielles pour la recherche ainsi que pour la clinique.

6.1 Retour sur les objectifs

L’objectif général du présent projet était de mieux comprendre les mécanismes neurophysiologiques impliqués dans la douleur chronique liée à l’arthrose du genou. De façon plus précise, il était question, dans un premier temps, de vérifier la présence d’association entre les manifestations cliniques associées à l’arthrose du genou (douleur, raideur, incapacité) et les projections descendantes (corticospinales et bulbospinales), et par le fait même, d’explorer les possibles relations entre les mesures neurophysiologiques prises lors des séances en laboratoire (mesures des projections corticospinales, bulbospinales, et de la sommation temporelle) et les différents symptômes psychologiques mesurés (dramatisation face à la douleur, kinésiophobie, anxiété, dépression). Dans un deuxième temps, nous nous sommes intéressés à évaluer la faisabilité d’un suivi longitudinal visant à explorer l’existence d’associations entre ces mêmes mesures neurophysiologiques, prises avant l’arthroplastie du genou, et l’évolution clinique des patients suite à la chirurgie.

Finalement, le dernier objectif visait à étudier les relations potentielles entre les métriques de tractographie et, d’une part, les mesures TMS et, d’autre part les manifestations cliniques des participants.

6.2 Association entre les manifestations cliniques et les projections descendantes

Les résultats découlant de ce projet de recherche ont montré que la douleur, la raideur et l’incapacité, évaluées à l’aide du questionnaire WOMAC, ne sont généralement pas corrélées avec les projections descendantes (corticospinales et bulbospinales). Toutefois, il est possible de constater la présence d’une corrélation positive entre l’une des variables dépendantes

secondaires, soit l’impact de la douleur sur l’incapacité quotidienne, et la pente des courbes de recrutement, suggérant ainsi que les individus qui ont une excitabilité corticospinale plus élevée sont également ceux qui ont des niveaux d’incapacités plus importants. Ce résultat semble indiquer que certaines manifestations cliniques, englobant entre autres, la difficulté à accomplir les activités générales, à marcher, et à dormir (incapacités quotidiennes) aurait davantage un rôle à jouer au niveau de l’excitabilité corticospinale (cause ou conséquence d’une excitabilité corticospinale plus élevée) comparativement à la douleur, la raideur et aux incapacités fonctionnelles (mesurées par le WOMAC).

L’absence de corrélation entre les variables dépendantes principales et les projections descendantes vont à l’encontre des hypothèses émises initialement, où il était suggéré que les manifestations cliniques liées à l’arthrose du genou (mesurées avec le WOMAC) seraient modérément associées aux projections descendantes. De plus, la direction de l’unique corrélation observée (association positive entre la pente des courbes de recrutement et le niveau d’incapacité quotidienne) va à l’opposé de ce qui était attendu. En effet, il était logique de croire que plus le niveau de douleur (raideur et incapacité) serait élevé chez les individus, plus les projections corticospinales (excitabilité corticomotrice) et/ou bulbospinales (CPM) seraient diminuées. En ce sens, Kittelson et ses collaborateurs ont observé une relation inverse entre le niveau de douleur (mesuré avec le WOMAC) et le seuil moteur (r = −0,58; p

= 0,02) (Kittelson et al., 2014). Le résultat obtenu pourrait, du moins en partie, s’expliquer par des altérations corticomotrices, qui seront évoquées au cours des prochains paragraphes.

Le manque de puissance est, sans contredit, un facteur important pouvant expliquer l’absence de corrélation significative. Le calcul de puissance à postériori a en effet montré une puissance très faible (oscillant entre 5% et 38%) pour les analyses évaluant les relations entre les manifestations cliniques liées à l’arthrose et les mesures reflétant les projections descendantes (volet 1). Par le fait même, cela indique que nous avions en moyenne 22% de chance d’observer une corrélation significative entre ces mesures faisant en sorte que le risque de commettre une erreur de type II était grandement augmenté (existence de corrélations, mais impossible à visualiser). Par ailleurs, les calculs de taille d’échantillon à postériori – voir à nouveau section 5.7, suggèrent que certaines corrélations pourraient

s’avérer significatives au terme du recrutement de l’étude (entre 40 et 50 participants requis).

Alors qu’à l’inverse, un nombre élevé de participants seraient nécessaires afin d’obtenir certaines corrélations avec une puissance statistique de 80%, ce qui soulève un questionnement quant à la pertinence clinique de recruter autant de participants. Ces calculs laissent donc présager que le MPQ (projections corticospinales) ainsi que le

Alors qu’à l’inverse, un nombre élevé de participants seraient nécessaires afin d’obtenir certaines corrélations avec une puissance statistique de 80%, ce qui soulève un questionnement quant à la pertinence clinique de recruter autant de participants. Ces calculs laissent donc présager que le MPQ (projections corticospinales) ainsi que le

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