vectoriels et alg´ ebrisation I : cas g´ eom´ etrique
2.1 Conditions de positivit´ e g´ eom´ etriques
2.1.2 Un th´ eor` eme de Hartshorne
Cette section est une “relecture” dans notre cadre des r´esultats ´etablis par Hartshorne dans [53].
D´efinition 2.1.18 Si X est un sch´ema et siE est unOX-module coh´erent localement libre, on d´efinit
Γn(E) =Sn(E∨)∨.
Si n! est inversible sur X, alors Γn(E) est (canoniquement) isomorphe `a SnE. Il n’en va pas ainsi en g´en´eral.
Proposition 2.1.19 Soient X un sch´ema et ϕ : E → F un homomorphisme surjectif de OX-modules localement libres de rang fini. Alors pour tout entier n ≥1, ϕ induit un homo-morphisme injectif
Sn(ϕ∨) :Sn(F∨)−→Sn(E∨) et un homomorphisme surjectif
Γn(ϕ) : Γn(E)−→Γn(F).
D´emonstration. On noteH = Kerϕ. CommeF est localement libre, la suite exacte 0 //H //E ϕ //F //0
est localement scindable. DoncHest aussi localement libre, et on a une suite exacte localement scindable de fibr´es vectoriels
0 //F∨ ϕ
∨ //E∨ //H∨ //0. Par cons´equent, on a pour toutx∈X
Sn(E∨)x∼=
n
M
k=0
Sk(F∨)x⊗Sn−k(H∨)x. (2.1) Cela signifie que Sn(F∨) est localement une composante directe de Sn(E∨), i.e., l’homomo-phisme
Sn(ϕ∨) :Sn(F∨)−→Sn(E∨) est injectif. Par passage au dual, (2.1) donne
Sn(E∨)∨x ∼=
n
M
k=0
Sk(F∨)∨x⊗Sn−k(H∨)∨x.
Donc Γn(F) est localement une composante directe de Γn(E). Par cons´equent, l’homomor-phisme canonique Γn(ϕ) : Γn(E)→Γn(F) est surjectif. 2
Lemme 2.1.20 SoientX un sch´ema projectif surk etE et F deux OX-modules localement libres de rang fini. Si E est ample, alors il existe un entier n0 >0 tel que, pour tout entier n≥n0,Sn(E)⊗F soit ample.
D´emonstration. En effet, il existe un entier m0 >0 tel que Sm0(E)⊗F soit engendr´e par ses sections au-dessus deX. On suppose queϕ:OX⊕a →Sm0(E)⊗F soit un homomorphisme surjectif. D’autre part, il existe un entier d0 > 0 tel que, pour tout d ≥ d0, Sd(E) soit un faisceau localement libre de rang fini ample (cf. [52] et [6]). Enfin, pour tout entierd≥d0, on a un homorphisme surjectif
Sd(E)⊕a −→Sd(E)⊗Sm0(E)⊗F.
Mais comme il existe un homomorphisme surjectif canonique deSd(E)⊗Sm0(E) versSd+m0(E), on voit queSd+m0(E)⊗F est un quotient d’un fibr´e vectoriel ample, donc est aussi ample. 2
Lemme 2.1.21 Soit X une courbe alg´ebrique sur k. Si ϕ: F → G est un homomorphisme surjectif deOX-modules coh´erents, alorsϕinduit un homomorphisme surjectif de cohomologies de faisceaux
H1(X,F)−→H1(X,G).
D´emonstration. La suite exacte de faisceaux
0 //Kerϕ //F ϕ //G //0 induit une suite exacte de cohomologies
· · · //H1(X,F) //H1(X,G) //H2(X,Kerϕ) //0.
CommeX est une courbe,H2(X,Kerϕ) = 0. Donc l’homomorphismeH1(X,F)→H1(X,G)
est surjectif. 2
Remarque 2.1.22 Le lemme 2.1.21 reste vrai lorsque ϕ est suppos´e surjectif seulement au point g´en´erique. En effet, si on d´esinge parHl’image deF dansG et parK le conoyau deϕ, alors on a une suite exacte
0 //H //G //K //0.
Comme ϕ est surjectif au point g´en´erique, le support de K ne contient qu’un nombre fini de point, donc on a H1(X,K) = 0. Par cons´equent, on a un homomorphisme surjectif de H1(X,H) dans H1(X,G). Enfin, comme on a un homomorphisme canonique surjectif de F versH, l’annulation de H1(X,F) implique celle deH1(X,H) compte tenu du lemme 2.1.21.
Cela conduit `a l’annulation deH1(X,G) d’apr`es la surjectivit´e deH1(X,H)→H1(X,G).
Lemme 2.1.23 Soient X une courbe projective sur k, E un OX-module localement libre de rang fini et non-nul surX etLunOX-module inversible ample. SiE est ample, alors il existe un entierλtel que, pour tout entierd > λ et tout entier n > λd, on ait
H1(X, Sn(E)⊗L⊗−d) = 0.
D´emonstration. CommeE est ample, il existen0 >0 tel que L∨⊗Sn0(E) soit ample. Par cons´equent,E⊕Sn0(E)⊗L∨est aussi ample. Donc il existem0>0 tel que, pour toutm≥m0, on ait
H1(X, Sm(E⊕Sn0(E)⊗L∨)) = 0.
Notons que
Sm(E⊕Sn0(E)⊗L∨) = M
p+q=m
Sp(E)⊗Sq(Sn0(E)⊗L∨)
et queSp+qn0(E)⊗L⊗−q est un quotient deSp(E)⊗Sq(Sn0(E)⊗L∨), donc, d’apr`es le lemme 2.1.21, on a
H1(X, Sp+qn0(E)⊗L⊗−q) = 0
pour toutp, q≥0 etp+q≥m0. 2
Lemme 2.1.24 Soient X un sch´ema projectif de dimension ≤ 1 sur k, E un OX-module localement libre de rang fini et non-nul sur X, L un OX-module inversible ample, et F un OX-module coh´erent. S’il existeλ >0tel que, pour tout entierd > λet tout entier n > λd, on ait
H1(X,Γn(E)⊗L⊗−d) = 0,
alors il existe unλ0>0 tel que, pour tout entierd > λ0 et tout entiern > λ0d, on ait H1(X,Γn(E)⊗L⊗−d⊗ F) = 0.
D´emonstration. CommeLest ample, il existe un entierd0>0 tel queL⊗d0⊗ F soit engendr´e par ses sections au-dessus deX, i.e., il existe un homomorphisme surjectif (OX)⊕a→L⊗d0⊗ F qui induit un homomorphisme surjectif (L⊗−d0)⊕a→ F. Pour tout (n, d)∈N2on obtient donc un homomorphisme surjectif de faisceaux
ϕ: (Γn(E)⊗L⊗−(d+d0))⊕a−→Γn(E)⊗L⊗−d⊗ F.
CommeX est de dimension≤1,ϕinduit un homomorphisme surjectif H1(X,Γn(E)⊗L⊗−(d+d0))⊕a−→H1(X,Γn(E)⊗L⊗−d⊗ F)
compte tenu du lemme 2.1.21. Notons qu’il existe un entier λ > d0 tel que, pour tout entier d > λ−d0 et tout entiern > λ(d+d0), on ait
H1(X,Γn(E)⊗L⊗−(d+d0)) = 0.
Par cons´equent, pour tout tel (n, d), on aH1(X,Γn(E)⊗L⊗−d⊗ F) = 0. Enfin, si on prend λ0 > 2λ, alors pour tout entier d > λ0 et tout entier n > λ0d on a d > 2λ > λ−d0 et n > λ0d >2λd > λd+d0λ. Donc on aH1(X,Γn(E)⊗L⊗−d⊗F) = 0. 2
Lemme 2.1.25 Soit f : X0 → X un morphisme fini et surjectif de sch´ema noeth´eriens int`egres. Si F est un OX-module coh´erent, alors il existe un OX0-module coh´erent G ainsi qu’un homomorphismeα:f∗G → F qui est surjectif au point g´en´erique.
D´emonstration. SoitG0 =HomOX(f∗OX0,F). CommeG0 est unf∗OX0-module, il existe un OX0-module coh´erentG tel que f∗G =G0 (cf. [50] I.9.2.1 et I.9.2.6). Soitα:G0 → F l’homo-morphisme d’´evaluation en la section unit´e. Commef est surjectif,f∗OX0 est de rang>0 au point g´en´erique. Par cons´equent, αest surjectif au point g´en´erique. 2
Lemme 2.1.26 SoientX une courbe alg´ebrique projective et lisse sur un corpsk,E un OX -module localement libre de rang fini et non-nul etL un OX-module inversible ample. SiE est ample, alors il existe un entierλ tel que, pour tout entierd > λet tout entier n > λd, on ait
H1(X,Γn(E)⊗L⊗−d) = 0.
D´emonstration. En rempla¸cantk par sa clˆoture alg´ebrique, on peut supposer quek soit un corps parfait. Si la caract´eristique dekest nulle, on aSn(E)∼= Γn(E). Le lemme r´esulte alors du lemme 2.1.23. Si la caract´eristique dekestp >0, commeE est ample etX est une courbe, E estp-ample (cf. [52] 7.3). Donc il existe un entierb >0 tel que (FX∗)bE⊗L∨ soit engendr´e par ses sections au-dessus deX, i.e., il existe un entiera≥1 et un homomorphisme surjectif
O⊕aX −→(FX∗)bE⊗L∨
qui induit un homomorphisme surjectifL⊕a−→(FX∗)bE. Pour tout entiern≥0, Γn(L⊕a)∼= (L⊗n)⊕(n+a−1n )∼=Sn(L⊕a).
D’apr`es le lemme 2.1.23, il existe un entier λ tel que, pour tout entier d > λ et tout entier n > λd, on ait
H1(X,Γn(L⊕a)⊗((FX∗)bL)⊗−d) = 0.
D’apr`es la proposition 2.1.19, l’homomorphisme surjectif L⊕a → (FX∗)bE induit pour tout n∈Nun homomorphisme surjectif
Γn(L⊕a)−→Γn((FX∗)bE), et donc un homomorphisme surjectif
Γn(L⊕a)⊗((FX∗)bL)⊗−d −→(FX∗)b(Γn(E)⊗L⊗−d).
Compte tenu du lemme 2.1.21, on a donc pour toutd > λet toutn > λd H1(X,(FX∗)b(Γn(E)⊗L⊗−d)) = 0.
D’apr`es le lemme 2.1.25, il existe un OX-module coh´erentG ainsi qu’un homomorphisme α: (FX∗)bG → OX surjectif au point g´en´erique. D’apr`es le lemme 2.1.24 appliqu´e au OX-module localement libre (FX∗)bE et au fibr´e inversible ample (FX∗)bL(∼=L⊗pb), il existeλ0>0 tel que, pour tout entierd > λ0 et tout entiern > λ0d, on ait
H1(X,G ⊗(FX∗)b(Γn(E)⊗L⊗−d)) = 0. (2.2) Comme Γn(E)⊗L⊗−d est localement libre de rang fini, on a l’isomorphisme canonique
(FX∗)bG ⊗Γn(E)⊗L⊗−d−→∼ (FX∗)b(G ⊗(FX∗)b(Γn(E)⊗L⊗−d)).
Le morphismeFX :X →X ´etant fini, on a donc l’´egalit´e de groupes de cohomologie : H1(X,(FX∗)b(G ⊗(FX∗)b(Γn(E)⊗L⊗−d))) =H1(X,G ⊗(FX∗)b(Γn(E)⊗L⊗−d)).
Par cons´equent, l’annulation du groupe de cohomologie (2.2) montre que H1(X,(FX∗)bG ⊗Γn(E)⊗L⊗−d) = 0.
Comme on a une surjection au point g´en´erique (FX∗)bG → OX, on en d´eduit que H1(X,Γn(E)⊗L⊗−d) = 0
compte tenu de la remarque 2.1.22. 2
Th´eor`eme 2.1.27 (cf. [53] lemma 6.1) SoientX une courbe alg´ebrique non-singuli`ere pro-jective surk, E un fibr´e vectoriel de rangr >0 sur X,L un OX-module inversible ample, et F un OX-module coh´erent. Si E est ample, alors il existe un entierλtel que, pour tout entier d > λ et tout entiern > λd, on ait
H1(X,Γn(E)⊗L⊗−d⊗ F) = 0.
D´emonstration. C’est une cons´equence imm´ediate du lemme 2.1.24 et du lemme 2.1.26. 2