Pente maximale du produit tensoriel de fibr´ es vectoriels
5.3 Majoration du degr´ e d’Arakelov d’une droite semi- semi-stable
5.3.1 Application de la th´ eorie classique des invariants dans l’´ etude de la semi-stabilit´ e (au sens de la th´ eorie g´ eom´ etrique des in-variants)
Dans ce sous-paragraphe, le symboleK d´esigne un corps de caract´eristique 0.
Proposition 5.3.1 SoitV un espace vectoriel de rang 0< d <+∞ surK.
1) Pour queP(V∨)ait un point rationnel semi-stable pour l’action deGLK(V)relativement `a O(D)⊗π∗(d´etV)⊗n, il faut que D=dn.
2) SiM est un point rationnel deP(V∨)qui est semi-stable pour l’action deGLK(V) relative-ment `aO(d)⊗π∗(d´etV), alors il existe un entiern≥1 et une permutationσ∈Snd telle que l’homomorphisme compos´e
M⊗nd⊗d´etV∨⊗n //V⊗nd⊗d´etV∨⊗n
σ⊗Id
V⊗nd⊗d´etV∨⊗n d´et
⊗n⊗Id //d´etV⊗n⊗d´etV∨⊗n∼=K soit non-nul.
3) Un point rationnel M de P(V∨) est semi-stable pour l’action de SLK(V) relativement `a O(1) si et seulement s’il est semi-stable pour l’action de GLK(V) relativement `a O(d)⊗ π∗(d´etV)∨.
D´emonstration. 1) On suppose que M soit un point rationnel de P(V∨) semi-stable pour l’action de GLK(V) relativement `a O(D)⊗π∗(d´etV)∨⊗n, alors il existe un entier m > 0 et une section non-nullesdans
H0(P(V∨),O(mD)⊗π∗(d´etV)⊗nm) =SmD(V∨)⊗(d´etV)⊗nm
qui est invariante par GLK(V) et telle queM ∈P(V∨)s. En tant que GLK(V)-module,SmDV∨ (resp. ΛdV) est un facteur direct de V∨⊗md (resp.V⊗d) (cf. [33] Lecture 6). Par cons´equent, il existe un rel`evementesdesdansV∨⊗mD⊗V⊗nmd qui est invariant par GLK(V). D’apr`es le th´eor`eme 5.2.11 on amD=nmd, doncD=nd.
2) D’apr`es l’argument dans la d´emonstration de 1) on obtient que, si M est un point rationnel (consid´er´e comme sous-espace de rang 1 de V) de P(V∨) qui est semi-stable pour l’action deGLK(V) relativement `aO(d)⊗π∗(d´etV), alors il existe un entiern≥1 et un ´el´ement s∈ SndV∨⊗d´etV⊗n qui est invariant par l’action de GLK(V) et tel que l’homomorphisme compos´e
M⊗nd⊗d´etV∨⊗n //ΓndV ⊗d´etV∨⊗n s //K
soit non-nul. D’autre part,sse rel`eve en un ´el´ementes∈V∨⊗nd⊗V⊗ndqui est aussi invariant par l’action de GL(V). D’apr`es le th´eor`eme 5.2.9, l’´el´ement esest une combinaison lin´eaire de permutations. Par cons´equent, il existe une permutation σ∈Snd telle que l’homomorphisme compos´e
M⊗nd⊗d´etV∨⊗n //V⊗nd⊗d´etV∨⊗n
σ⊗Id
V⊗nd⊗d´etV∨⊗n d´et
⊗n⊗Id //d´etV⊗n⊗d´etV∨⊗n∼=K soit non-nul.
3) On suppose quen≥1 soit un entier. Si un ´el´ement s∈V∨⊗n est invariant par l’action de SLK(V), alors le sous-espaceM engendr´e parsest invariant par l’action de GLK(V). L’ac-tion de GLK(V) sur M est un caract`ere, i.e., une puissance tensorielle du d´eterminant. Par cons´equent, il existe un entiermtel que, si on d´esigne parxun g´en´erateur de (d´etV)⊗m, alors l’´el´ements⊗x∈V∨⊗n⊗(d´etV)⊗msoit invariant par l’action de GLK(V). On a doncd|net m=n/d. R´eciproquement si un ´el´ement dansV∨⊗n⊗(d´etV)⊗mest invariant par l’action de GLK(V), alors il est invariant par l’action de SLK(V) si on le consid`ere comme un ´el´ement deV∨⊗n (l’action de SLK(V) sur d´etV est trivial, donc d´etV ∼=Kcomme SLK(V)-module).
L’assertion 3) s’en d´eduit imm´ediatement. 2
En utilisant la notion de puissance tensorielle rationnelle on peut aussi dire queM ∈X(K) est semi-stable pour l’action deSLK(V) relativement `aO(1) si et seulement siM⊗(d´etV∨)⊗d1 (vu comme point rationnel deP(V∨⊗(d´etV)⊗1d)) est semi-stable pour l’action deGLK(V).
Il est possible de g´en´eraliser la proposition 5.3.1 au cas d’un produit tensoriel de plusieurs espaces vectoriels de rang fini. Notamment on a la proposition suivante :
Proposition 5.3.2 Soit(Vi)1≤i≤rune famille d’espaces vectoriels de rang fini et non-nuls sur Ket(ai)1≤i≤r une famille d’entiers strictement positifs. Pour tout entier1≤i≤ron d´esigne pardi le rang deVi sur K. Soient W =V1⊗a1⊗ · · · ⊗Vr⊗ar,X =P(W∨)et π:X →SpecK le morphisme canonique. SoitG=GL(V1)×K· · · ×KGL(Vr).
1) Soitχun caract`ere deG. Pour queX ait un point rationnel semi-stable pour l’action deG relativement `aOX(D)⊗ Oχ, il faut queOχ soit de la forme
π∗((d´etV1)⊗n1⊗ · · · ⊗(d´etVr)⊗nr),
o`unidi=Dai pour tout1≤i≤r;
2) Si M est un point rationnel de X qui est semi-stable pour l’action de G relativement `a OX(D)⊗π∗((d´etV1)⊗n1⊗ · · · ⊗(d´etVr)⊗nr), il existe un entier m≥1 et une permutation σ∈SmDa1× · · · ×SmDar tels que l’homomorphisme compos´e
M⊗m⊗L∨⊗m //W⊗mD⊗L∨⊗m σ⊗Id //W⊗mD⊗L∨⊗m
d´etV
1
⊗mn1⊗···⊗d´et
Vr
⊗mnr⊗Id
L⊗m⊗L∨⊗m∼=K
(5.7)
soit non-nul, o`u L= (d´etV1)⊗n1⊗ · · · ⊗(d´etVr)⊗nr.
3) Un point rationnel M de X est semi-stable pour l’action de SL(V1)× · · · ×SL(Vr) rela-tivement `a OX(1) si et seulement s’il est semi-stable pour l’action de G relativement `a OX(1)⊗π∗(d´etV⊗
a1 d1
1 ⊗ · · · ⊗d´etV⊗
ar
r dr).
D´emonstration. 1) CommeGest le produit des sch´emas en groupesGLK(Vi) (i= 1,· · · , r), tout caract`ere deGest un produit tensoriel de caract`eres deGLK(Vi). DoncOχest de la forme π∗((d´etV1)⊗n1⊗ · · · ⊗(d´etVr)⊗nr).
On suppose que M soit un point rationnel de X qui est semi-stable pour l’action de G relativement `aOX(D)⊗L, o`uL=π∗((d´etV1)⊗n1⊗ · · · ⊗(d´etVr)⊗nr). Il existe alors un entier m >0 et une section non-nullesde
H0(X,OX(mD)⊗L⊗m) =SmD(V1∨⊗a1⊗ · · · ⊗Vr∨⊗ar)⊗(d´etV1)⊗mn1⊗ · · · ⊗(d´etVr)⊗mnr invariante par l’action de G(K) tels que M ∈ Xs. D’apr`es la semi-simplicit´e de l’alg`ebre de groupeK[G(K)], il existe un rel`evementesdesdans
V1∨⊗mDa1⊗ · · · ⊗Vr∨⊗mDar ⊗V1⊗mn1d1⊗ · · · ⊗Vr⊗mnrdr
qui est invariant par l’action de G(K). D’apr`es le th´eor`eme 5.2.11 on amDai =mnidi (i.e., Dai=nidi) pour tout 1≤i≤r.
2) Si M ∈ X(K) est un point rationnel (consid´er´e comme un sous-espace de rang 1 de W) qui est semi-stable pour l’action de G relativement `a OX(D)⊗π∗L, alors il existe un entier m > 0 et un ´el´ement s ∈ Sm(W∨)⊗L⊗m invariant par l’action de G(K) tels que l’homomorphisme compos´e
M⊗mD⊗L∨⊗m //Γm(W)⊗L∨⊗m s //K
soit non-nul. D’autre part, on a Dai = nidi pour tout 1 ≤ i ≤ r. L’´el´ement s admet un rel`evement dans
V1∨⊗mDa1⊗ · · · ⊗Vr∨⊗mDar ⊗V1⊗mDa1⊗ · · · ⊗Vr⊗mDar
qui est invariant par l’action de G(K). D’apr`es le th´eor`eme 5.2.11, es est une combinaison lin´eaire de permutations dans SmDa1 × · · · ×SmDar. Par cons´equent, il existe un ´el´ement σ∈SmDa1× · · · ×SmDar tel que l’homomorphisme compos´e (5.7) soit non-nul.
3) Si D ≥ 1 est un entier, et si un ´el´ement s ∈ W∨⊗D est invariant par l’action de SLK(V1)× · · · ×SLK(Vr), alors le sous-espace M engendr´e par s est invariant par G(K).
L’action deG(K) surM est un carat`ere deG(K). Par cons´equent, il existe une famille d’en-tiers (ni)1≤i≤rtelle que, si on d´esigne parxun g´en´erateur de (d´etV1)⊗n1⊗ · · · ⊗(d´etVr)⊗nr,
alors s⊗x ∈ W∨⊗D⊗(d´etV1)⊗n1 ⊗ · · · ⊗(d´etVr)⊗nr soit invariant par l’action de G(K).
D’apr`es 1) on a Dai = nidi pour tout 1 ≤ i ≤ n. R´eciproquement si un ´el´ement dans W∨D⊗(d´etV1)
Da1
d1 ⊗ · · · ⊗(d´etVr)Dardr est invariant par l’action de G(K), alors il est inva-riant par l’action de SLK(V1)× · · · ×SLK(Vr) si on le consid`ere comme un ´el´ement dansW∨D car (d´etV1)Dad11⊗ · · · ⊗(d´etVr)Dardr est trivial comme module sur SLK(V1)× · · · ×SLK(Vr). 2
Proposition 5.3.3 Soient(Vi)1≤i≤r une famille d’espaces vectoriels de rang fini et non-nuls sur K, Ξ une famille finie d’applications de{1,· · ·, r} vers Z>0 et (bi)1≤i≤r une famille de nombres rationnels strictement positifs. On d´esigne par
i) W l’espace
M
α∈Ξ r
O
i=1
Vi⊗α(i),
ii) G le groupe alg´ebrique GLK(V1)×K· · · ×KGLK(Vr)qui agit naturellement sur W, iii) L leG(K)-module(d´etV1)⊗b1⊗ · · · ⊗(d´etVr)⊗br,
iv) pour tout entier D≥1et tout α= (αj)1≤j≤D∈ΞD,
prα:W⊗D→V1⊗(α1(1)+···+αD(1))⊗ · · · ⊗Vr⊗(α1(r)+···+αD(r)) la projection canonique,
v) pour tout entier1≤i≤r,di le rang deVi sur K.
SiM est un sous-espace de rang1 deW (vu comme point rationnel de P(W∨)) qui est semi-stable pour l’action de G relativement `a OW∨(1)⊗π∗L, o`u π : P(W∨) → SpecK est le morphisme canonique, alors il existe un entierD≥1, et une familleα= (αj)1≤j≤Dd’´el´ements dansΞtels que, si on note a=α1+· · ·+αD, alorsa(i) =Dbidi. De plus, il existe un ´el´ement σ∈Sa(1)× · · · ×Sa(r) tel que l’homomorphisme compos´e
M⊗D⊗L∨⊗D //W⊗D⊗L∨⊗D
prα⊗Id//V1⊗a(1)⊗ · · · ⊗Vr⊗a(r)⊗L∨⊗D
σ⊗Id
V1⊗a(1)⊗ · · · ⊗Vr⊗a(r)⊗L∨⊗D
d´etV
1
⊗Db1⊗···⊗d´et
Vr⊗Dbr⊗Id
L⊗D⊗L∨⊗D∼=K
soit non-nul, o`u la premi`ere fl`eche est induite par l’inclusion canonique deM⊗D dansW⊗D. D´emonstration. CommeM est semi-stable pour l’action deGrelativement `aOW∨(1)⊗π∗L, il existe un entierD≥1 et un ´el´ement non-nuls∈SD(W∨)⊗L⊗D invariant par l’action de G(K) tels que l’homomorphisme compos´e
M⊗D⊗L∨⊗D //ΓD(W)⊗L∨⊗D s //K
soit non-nul. Soits0 un rel`evement de s dansW∨⊗D⊗L⊗D qui est invariant par l’action de G(K). Il existe doncα= (αj)1≤j≤D∈ΞDtel que l’homomorphisme compos´e
M⊗D⊗L∨⊗D //W⊗D⊗L∨⊗Dprα⊗Id//V1⊗a(1)⊗ · · · ⊗Vr⊗a(r)⊗L∨⊗D
s0α
//K
soit non-nul, o`u a = α1+· · ·+αD, et s0α est la composante d’indice α de s0. Soit sα un rel`evement des0αdansV1∨⊗a(1)⊗ · · · ∨ ⊗Vr⊗a(r)⊗V1⊗Db1d1⊗ · · · ⊗Vr⊗Dbrdr invariant parG(K).
D’apr`es le th´eor`eme 5.2.11 on obtient quea(i) =Dbidi, et quesαest une combinaison lin´eaire
de permutations. La proposition est donc d´emontr´ee. 2
5.3.2 La majoration
Dans ce sous-paragraphe, on fixe un corps de nombre K. Soient (Ei)1≤i≤r une famille de fibr´es vectoriels hermitiens sur SpecOK, Ξ une famille finie d’applications de{1,· · ·, r} dans Z>0 et
E=M
α∈Ξ
E⊗α(1)1 ⊗ · · · ⊗E⊗α(r)r .
Pour tout entier 1≤i≤rsoientdi le rang deEi etLi le fibr´e inversible hermitien ΛdiEi. On suppose que (bi)1≤i≤r soit une famille d’entiers strictement positifs telle que di divisebi pour tout 1≤i≤r. SoitL=L⊗b1 1/d1⊗ · · · ⊗L⊗br r/dr.
Lemme 5.3.4 SoitV un espace vectoriel hermitien de rangm >0. La norme de l’application lin´eaired´et :V⊗m→ΛmV est ´egale `a√
m!.
D´emonstration. En effet, d´et peut s’´ecrire comme m! vecteurs orthogonaux et de norme 1 dansV∨⊗m. Par cons´equent, la norme de d´et est√
m!. 2
Th´eor`eme 5.3.5 Avec les notations ci-dessus, on d´esigne par π :P(EK∨)→SpecK le mor-phisme canonique. Sin≥1 est un entier et siM est un sous-OK-module inversible de E tels queMK (vu comme point rationnel de P(E∨K)) soit semi-stable pour l’action deGL(E1,K)×K
D´emonstration. D’apr`es la proposition 5.3.3, il existe un entier D ≥ 1, une famille α = (αj)1≤j≤nD ∈ΞnD et un ´el´ement σ ∈ Sa(1)× · · · ×Sa(r) (o`u a =α1+· · ·+αnD) tels que a(i) =Dbi, et que l’homomorphisme compos´e
MK⊗nD⊗L∨⊗DK //EK⊗nD⊗L∨⊗DK prα⊗Id//E1,K⊗a(1)⊗ · · · ⊗Er,K⊗a(r)⊗L∨⊗DK soit non-nul. D’apr`es l’in´egalit´e de pentes, ainsi que le lemme 5.3.4, on obtient que
nDdeg(Md )−Dddeg(L) =nDddeg(M)−
Par cons´equent,