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L A TEINTE D ’ UNE COULEUR

Dans le document La couleur, variable d'action marketing (Page 41-44)

Plan du chapitre 1

Section 1.1. Les théories sur le lien entre couleur et lumière

1.1.2. T H É ORIE SELON LAQUELLE LA COULEUR PR É EXISTE

1.1.2.1. L A TEINTE D ’ UNE COULEUR

Une lumière simple est constituée de radiations de même longueur d’onde24. Une lumière

complexe est constituée de radiations de longueurs d’onde différentes (Fleury et Imbert, 1996). La longueur d’onde dominante25 correspond à la teinte d’une couleur (Fleury et Im-bert, 1996 ; Déribéré, 2000). Toutes les lumières complexes ont une teinte comparable à celle d’une lumière simple à l’exception des pourpres, qui n’existent pas dans le spectre et résultent du mélange de lumières rouges et violettes (ou bleues) (Fleury et Imbert, 1996).

Chaque lumière simple (ou couleur du spectre) possède une longueur d’onde spécifique dont les limites sont approximatives et dépendent de l’observateur (Fleury et Imbert, 1996 ; Sève, 1996). Il n’existe aucune convention indiquant pour quelle longueur d’onde on passe d’une teinte à l’autre dans le spectre « visible » (Fleury et Imbert, 1996). L’ordre dans le spectre est toujours le même (figure 6) : par ordre décroissant de longueur d’onde, on distingue le rouge, orange-rouge, orange, jaune-orange, jaune, vert, bleu-vert, bleu cyané, bleu, outremer et vio-let. Le nombre de couleurs du spectre est arbitraire ; longtemps, ce nombre a été fixé à sept par analogie avec les notes de la gamme (le son) (Brusatin, 1996 ; Fleury et Imbert, 1996 ; Sève, 1996).

La teinte (langage courant) ou tonalité (psychométrie) est donc la couleur pure qui se rappro-che le plus de la couleur considérée (Déribéré, 2000). A titre d’exemple, rose n’est pas une teinte : la couleur pure qui se rapproche le plus du rose est le rouge. Les figures 7 et 8 propo-sent une déclinaison de la dimension teinte d’une couleur, toutes choses étant égales par ail-leurs (deux autres dimensions contrôlées, vision chromatique normale).

24 La longueur d´onde est la distance entre le maximum d´une onde et le maximum de l´onde suivante (fréquen-ces) (Couwenbergh, 2003). La longueur d’onde est la « distance parcourue par une onde périodique pendant cette période. Cette distance varie selon le milieu dans lequel l’onde se propage » (Sève, 1996, p. 312).

25 « Il ne faut pas la confondre avec celle du maximum de la courbe de classification spectrale, dont elle diffère en général » (Fleury et Imbert, 1996).

Figure 7: modification de la teinte d’une couleur26

Language courant Rouge Jaune Bleu

Figure 8: modification de la dimension teinte d’une annonce publicitaire écrite

_ Longueur d’onde (Teinte) +

Une expérience a été menée par Wright et Pitt (1934) pour quantifier le seuil de différencia-tion minimal à partir duquel le système visuel humain est capable de percevoir des change-ments de teinte (relatif à des changechange-ments de longueur d’onde). Cette étude montre que la sensibilité chromatique est extrêmement variable27. Cette expérience indique que la teinte varie beaucoup moins vite dans le rouge et dans le violet que dans le jaune ou le bleu-vert (Fleury et Imbert, 1996). La capacité de différenciation des teintes varie sensiblement selon les individus et les conditions opératoires notamment avec la luminance ou l'éclairement (Dé-ribéré, 2000). Dès lors, si l’on souhaite utiliser un dégradé de teinte en conservant le même degré de pureté et de clarté, il serait souhaitable de ne pas utiliser du jaune ou du bleu-vert mais plutôt du rouge ou du violet. La lisibilité d’un message publicitaire peut également être

26 Réalisée d’après l’Atlas de Munsell (3.2.1.2.), valeurs sous Illuminant D65. Les deux autres dimensions de la couleur ont été contrôlées : clarté (7), pureté (8). Dans le système de notation de Munsell, rouge correspond à 5R 7/8, jaune à 5Y 7/8 et bleu à 5B 7/8. Les couleurs sont susceptibles d’être légèrement différentes en raison de la reproduction.

27 Pour des lumières monochromatiques d’énergies égales, c’est-à-dire que les deux autres dimensions, degré de pureté et luminance, sont contrôlées.

affectée par cette caractéristique. En outre, dans une expérimentation, lorsque les dimensions pureté et clarté sont contrôlées, il sera extrêmement difficile de comparer plusieurs niveaux de teintes rouge et violette avec des teintes jaune et bleu-vert.

Nous faisons donc des discriminations plus aisées dans les teintes pour le violet ou le rouge mais nous apprécions mal des différences de tons dans le jaune ou bleu-vert. C’est la raison pour laquelle les teinturiers apprécient les jaunes par la quantité de bleu qu’il faut leur adjoin-dre pour obtenir un vert donné (Déribéré, 2000). En vision « normale » (en « trois couleurs »), nous pouvons percevoir environ 150 teintes dans le spectre, auxquelles il faut ajouter une vingtaine de pourpres28 (Sève, 1996 ; Lanthony, 2000b).

La teinte peut être utilisée pour créer un contraste. Le contraste de couleur de teinte est le plus simple des contrastes de couleurs. Le jaune, le rouge et le bleu sont les expressions les plus fortes du contraste de teinte (figure 9). Pour représenter ce contraste, au moins trois couleurs nettement différenciées sont nécessaires. L’effet qui en résulte est toujours multicolore, franc, puissant et net. La force d’expression de ce contraste diminue au fur et à mesure que les cou-leurs employées s’éloignent des trois coucou-leurs primaires (jaune, rouge et bleu) (Itten, 2004).

Figure 9: illustration du contraste de teinte

Source : Itten, 2004, figure 4 p. 35.

Le contraste de couleur de teinte exprime « la vie bouillonnante, le jaillissement d’une force lumineuse » (Itten, 2004, p. 36). Parmi les peintres modernes, Matisse, Mondrian, Picasso, Kandinsky, Léger et Miro ont très souvent fait des compositions fondées sur le contraste de teinte (Itten, 2004). Le contraste de teinte devrait amener le marketer à appréhender la couleur non pas de façon isolée, mais de façon globale, en tenant compte des rapports qu’entretien-nent chacune des couleurs entre elles. Un support marketing possède plusieurs couleurs. Dès lors, on conçoit aisément l’intérêt de mettre en avant certains éléments saillants au sein d’une annonce publicitaire par les jeux de contrastes. Ainsi, quelles que soient les couleurs qui

28 En vision « daltonienne » (deux types de cônes), le spectre est réduit à trois teintes : bleu, jaune et une teinte achromatique (blanche ou grise) (Lanthony, 2000b) (chapitre 2).

seront présentes au sein d’un support marketing, chacune d’elle sera contrastée par rapport aux autres. Ce contraste illustre la nature différentielle de la couleur.

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