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M ESURE NON VERBALE

Dans le document La couleur, variable d'action marketing (Page 110-118)

Plan du chapitre 3

Section 3.2. Mesure dimensionnelle de la couleur 3.2.1.TEINTE, PURETÉ ET CLARTÉ

3.2.1.2. M ESURE NON VERBALE

Albert H. Munsell, peintre et professeur d’art, a réalisé, au début du XXème siècle, une série d'expériences où les observateurs devaient distinguer différents échantillons de couleur éclai-rés par le même illuminant (Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004). Le classement visuel se fait alors selon trois attributs perceptifs : hue pour la teinte, value pour la clarté et

chroma pour le niveau de coloration, constituant ainsi un espace de représentation cylindri-que, appelé atlas de Munsell. Il présente les caractéristiques suivantes (Sève, 1996 ; Déribéré, 2000 ; Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004) :

-chaque attribut peut être analysé indépendamment des deux autres, et chaque attribut a une dynamique propre délimitée par une échelle de valeurs donnée ;

-toute couleur perceptuellement indifférentiable avec une autre couleur a les mêmes attributs que celle-ci, toute couleur « identiquement » différentiable avec une couleur donnée, est si-tuée à une même distance de celle-ci ;

-chaque couleur est identifiée par un identificateur donné, par exemple 9R5/8 désigne la cou-leur dont la hue vaut 9R, la value vaut 5 et le chroma vaut 8.

« Le système de sélection des couleurs repose, et c’est l’essentiel, sur l’idée de différences perceptives aussi constantes que possible avec les couleurs voisines, ces différences étant es-timées séparément, un attribut à la fois, dans chacune des échelles de hue, de value et de

chroma. » (Sève, 1996, p. 252).

Le système Munsell utilise dix teintes principales repérées par une lettre - B (bleu), G (vert), Y (jaune), R (rouge), P (poupre) - ou par l’ensemble de deux lettres consécutives placées dans cet ordre et précédées du nombre 5 pour indiquer qu’il s’agit de la teinte pure, soit la sé-quence : 5 B, 5 BG, 5 G, 5 GY, 5 Y, 5 YR, 5 R, 5 RP, 5 P, 5 PB. Ces teintes principales sont subdivisées chacune en teintes secondaires par un repère chiffré de 0 à 10 pour moduler l’écart visuel entre deux teintes consécutives en fournissant cent échelons de teinte. Le zéro n’est pas utilisé et se confond avec le 10 voisin. On se limite généralement à 40 échelons de teinte (Sève, 1996).

La value est repérée par une échelle numérique donnant des écarts numériques égaux pour des écarts de value visuellement identiques. L’échelle s’étend de 0 (noir parfait) à 10 (blanc par-fait) (Sève, 1996 ; Petit, Roire et Valot, 1999). Cette échelle repose sur la comparaison avec dix étalons gris neutres et sur la mesure de leur clarté par un photomètre qui fonctionne à la lumière du jour (Petit, Roire et Valot, 1999).

Le chroma est repéré par une échelle numérique donnant des écarts numériques égaux pour des écarts de chroma visuellement identiques. L’échelle s’étend de 0 (couleurs neutres) jus-qu’à une limite variable selon les teintes (Sève, 1996).

A hue et value identiques, le chroma d’une couleur peut varier. L’échelle des chroma a été réalisée à partir d’échantillons peints, puis triés par plusieurs observateurs. (Petit, Roire et 107

Valot, 1999). Les hue n’atteignent pas toutes leur chroma au même niveau de value (cf. pour une value moyenne, le rouge atteint son chroma maximal) (Petit, Roire et Valot, 1999). Une couleur complète est repérée en commençant par la teinte, puis en donnant value et chroma

séparés par une barre inclinée. Par exemple, 7.5 PB 4/12 signifie que la teinte est bleu-violacé (7.5 PB), la value est 4 (moyen) et chroma 12 (saturé) : c’est donc un bleu-violet assez vif (Sève, 1996).

La gamme de saturation la plus large pour un jaune se situe au niveau de la luminosité 9 (sys-tème de Munsell). Pour le bleu et le rouge, la plus grande possibilité d’atteindre des niveaux de saturation différents existe aux niveaux de luminosité compris entre 4 et 6 (système de Munsell). Il n’est donc pas facile de comparer la tonalité bleue ou rouge au jaune en faisant varier suffisamment la clarté et la pureté (Lichtlé, 2002).

« Lorsque la différence entre deux couleurs est de l’ordre du seuil différentiel, l’observateur est dans l’incapacité d’apprécier, et a fortiori d’évaluer, si cette différence est due à une diffé-rence de teinte, de saturation, ou de luminance, ou à une somme de diffédiffé-rences. A l’inverse, lorsque les écarts sont notables, l’observateur est susceptible de décrire une différence de cou-leurs en termes de teinte, saturation ou luminance. Le problème consiste alors à quantifier ces différences en fonction des critères d’appréciation visuelle. » (Trémeau, Fernandez – Maloi-gne et Bonton, 2004, p. 54).

L'atlas de Munsell comporte ainsi 1500 couleurs organisées selon une représentation en trois dimensions (hue, chroma, value), chaque plan (page) de cet atlas (livre) représentant une tran-che de teinte constante (Sève, 1996 ; Petit, Roire et Valot, 1999 ; Couwenbergh, 2003 ; Tré-meau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004). Cet atlas existe avec des échantillons de sur-face mate ou de sursur-face brillante. (Sève, 1996). L’Atlas Munsell comporte trois sortes de planches (Déribéré, 2000) :

-des planches illustrant les coupes suivant des plans passant par l’axe vertical des valeurs ; -des planches représentant les différentes teintes à un même degré de clarté et à plusieurs

degrés de saturation ;

-des planches illustrant toutes les couleurs situées à un même degré de « saturation ».

La figure 26 propose une déclinaison de la teinte correspondant à 7YR dans le système de Munsell. En abscisse, on retrouve les degrés de coloration (chroma) et en ordonnée les ni-veaux de clarté (value). Les carrés entourés par des pointillés représentent les couleurs dont le rendu est altéré par un écran à tube cathodique. L’étendue des niveaux de colorations de cet « orange » est plus grande pour un niveau clarté égal à 8.

Figure 26: exemple de planche de l’atlas de Munsell

Source : logiciel CMC

L’Optical Society of America (OSA) a « renoté » les mesures de Munsell pour améliorer cer-tains défauts d’espacement, mis en évidence par une comparaison avec le système CIE 1931. Une mesure exprimée en notation Munsell peut donc être exprimée dans le système CIE et vice versa (Sève, 1996 ; Déribéré, 2000 ; Roullet, 2002 ; Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004). Cette version renotée de Munsell est le standard pour l’ANSI américaine, la JISC japonaise, l’AFNOR française ou la DIN allemande (Roullet, 2002).

L’atlas Munsell comporte les limites suivantes (Sève, 1996) :

-l’absence de prise en compte de l’accroissement de clarté à luminance constante pour les teintes saturées ;

-la répartition des teintes par des teintes en dix classes ne correspond pas à la perception vi-suelle, notamment du côté des bleus et des pourpres (5 PB est plus bleu qu’un violet) ;

-tous les échantillons du système Munsell doivent être examinés sous l’illuminant C pour correspondre aux valeurs de renotation calculées et doivent être appréciées avec un fond neutre de value 5/ pour bénéficier d’un espacement régulier.

Le système Munsell présente, par contre, un certain nombre d’avantages :

-le système Munsell n’est pas limité par les possibilités de réalisation actuelle d’échantillons colorés (Sève, 1996) ;

-l’atlas Munsell permet de s’apercevoir que les teintes jaunes sont toujours relativement clai-res, mais les bleus ne peuvent pas être à la fois saturés et clairs (Déribéré, 2000) ;

-la forme du solide Munsell est irrégulière, elle tient compte des particularités de chaque teinte (Déribéré, 2000).

« Cohen a montré que les 1200 échantillons du livre de Munsell pouvaient être représentés, via une analyse en composantes principales, dans une base de dimension 3, sans perte signifi-cative d’information, alors que ces échantillons ont des couleurs très diversifiées » (Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004 p. 17-18). Autrement dit, l’ensemble des couleurs de l’atlas de Munsell peuvent être décrites par trois dimensions ce qui conforte l’approche di-mensionnelle de la couleur. Ce résultat n’est valable que pour des échantillons homogènes (unis) et non pas hétérogènes. Si l’on utilise une base à six ou sept dimensions, on peut décrire un nombre important d’objets hétérogènes (Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004). Ainsi, dès lors que l’on considère un support avec plusieurs couleurs, ce n’est plus trois mais bien six voire sept dimensions qu’il conviendrait de distinguer. Force est de recon-naître qu’un support marketing est composé par plusieurs couleurs. Dès lors, l’approche di-mensionnelle en trois dimensions devrait être complétée par une approche didi-mensionnelle en six ou sept dimensions. Pour autant, les difficultées d’interprétation des résultats freineraient sans doute toute tentative dans cette voie.

Les tableaux de Munsell sont très employés aux Etats-Unis (Fleury et Imbert, 1996). Il existe d'autres atlas de couleurs tout aussi utilisés que l'atlas Munsell, chacun présentant des

ristiques propres dues à son mode de construction. Ces atlas sont généralement liés à un sec-teur d'activité donné ou à un pays donné (Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004).

3.3.2. T

EINTE

,

PURETÉ ET DEGRÉ DE NOIR

L’atlas DIN (Deutsches Institut für Normung) a été développé vers 1955 et porte le nom de l'organisme de normalisation de l'industrie allemande (Sève, 1996 ; Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004). Il résulte principalement de travaux faits sous l’impulsion de Manfred Richter (Sève, 1996 ; Petit, Roire et Valot, 1999). Il repose sur l’idée d’un espace-ment visuel uniforme (comme le système Munsell) (Sève, 1996).

L'atlas DIN est basé sur l'évaluation de la teinte T (Farbton), de la saturation S (Sättigung) (Déribéré, 2000 ; Couwenbergh, 2003 ; Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004), et du degré de noir (Sève, 1996 ; Déribéré, 2000 ; Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004) encore appelé luminosité décroissante D (Dunkelstufe) (Couwenbergh, 2003). Sa parti-cularité vient du fait que pour évaluer la luminosité d'une couleur, le système DIN prend en compte des éléments liés à la chromaticité (Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004) La teinte (T) varie de 1 à 24 (Sève, 1996 ; Petit, Roire et Valot, 1999 ; Déribéré, 2000), l’espacement de teinte étant uniforme pour une saturation égale à 6. La saturation varie de 0 à 7 pour les jaunes en atteignant pour les autres couleurs spectrales, une limite double environ (Sève, 1996). L’atlas qui comprend 24 planches d’échantillons groupés par teintes identiques, contient au total 581 échantillons (Sève, 1996 ; Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004).

Le système DIN comporte un certain nombre de limites :

-la méthode DIN est moins satisfaisante au plan de l’uniformité que celle du système Munsell (Sève, 1996) ;

-ce système ne peut satisfaire rigoureusement à l’exigence d’égalité des intervalles, cela non seulement pour des raisons techniques, mais aussi parce que l’appréciation de l’égalité des intervalles sensoriels dépend du champ ambiant et de la luminance (Déribéré, 2000).

Les avantages du système DIN sont les suivants :

-il donne une plus grande latitude pour préserver d’autres attributs et en particulier une liai-son plus simple avec le système CIE (Sève, 1996) ;

-il définit la clarté relative, c’est-à-dire non pas par rapport à une échelle de gris, mais par rapport à la clarté optimale de la tonalité considérée (prend en compte le fait que la clarté maximale du jaune est supérieure à la clarté maximale du bleu) (Petit, Roire et Valot, 1999).

3.2.3. L

UMINOSITÉ

,

BLEU

/

JAUNE

,

ROUGE

/

VERT

La sélection des surfaces colorées dans le système de l’Optical Society of America (ou atlas UCS-OSA) s’efforce de satisfaire le principe de différences de couleur perçues comme égales, avec le plus grand nombre possible de surfaces voisines (Sève, 1996). Il diffère en cela des systèmes précédents (Munsell et DIN).

Dans l’atlas OSA (Optical Society of America), les couleurs sont déterminées par trois para-mètres indépendants. Chaque couleur de la grille a 12 voisins proches dont la distance est exprimée par une différence de couleur perceptuellement uniforme. L'espace est porté par trois axes perpendiculaires (Sève, 1996 ; Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004) : -L représente la luminosité de l'échantillon. Celle-ci est nulle si elle est égale à celle du fond

sur lequel est présenté l'échantillon. Elle est positive si sa valeur est supérieure à la luminosi-té du fond, et négative dans le cas contraire ;

-J (pour «jaune») ne représente pas l'axe bleu-jaune, mais le jaune pour les valeurs positives et sépare le bleu du violet dans les valeurs négatives ;

-G (pour «greenness-redness») sépare dans les valeurs positives le bleu du vert, et à son ex-trémité négative se trouve le rose.

Le nom des axes peut porter à confusion, il est donc conseillé de les traiter comme de simples paramètres. En 1978, cet espace recensait 558 échantillons dont les coordonnées dans l'espace OSA sont référencées de façon précise (Sève, 1996 ; Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bon-ton, 2004). Les surfaces colorées ne sont pas disposées dans des pochettes réunies par feuilles mais sont classées selon leurs coordonnées (Sève, 1996).

Le principal avantage du système OSA est sa structure spatiale au sein de laquelle on peut trouver un grand nombre de couleurs présentant des différences constantes entre elles (Sève, 1996).

Il existe également un système colorimétrique (CIE Lab) qui est fondé sur les paires antago-nistes bleu-jaune et rouge-vert. L indique la luminosité, a donne la quantité de rouge ou de vert, b donne la quantité de bleu ou de jaune (Blin-Barrois, 2003 ; Fraser, Murphy et Bunting, 2003). Il concerne le mélange de pigments et permet une bonne estimation de la couleur des mélanges (Couwenbergh, 2003). Il comporte certaines limites (Fraser, Murphy et Bunting, 2003) :

-influence des couleurs environnantes non prise en compte ;

-non conçu pour comparer une image à l’écran (lumière émise) et une image imprimée

(lu-mière réfléchie) ;

-ne prend pas en compte le contexte ;

-ne prend pas en compte le support final (écran ou papier) ;

-dans le système CIE Lab, on ne définit pas la saturation (Sève, 1996).

Le modèle CIE Lab ne peut être utilisé que pour décrire les différences perçues entre deux

stimuli placés sur un fond achromatique uniforme et ce dans des conditions de référence don-nées (Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004).

Un autre système colorimétrique (CIE Luv) est également fondé sur les paires antagonistes bleu-jaune et rouge-vert mais concerne le mélange additif de lumières colorées (écrans TV, ordinateurs,…) (Couwenbergh, 2003). L indique la luminosité, u donne la quantité de rouge ou de vert, v donne la quantité de bleu ou jaune (Fraser, Murphy et Bunting, 2003).

La saturation CIE Luv ne varie pas quand la chromaticité reste constante, alors que dans ce cas le chroma d’une couleur claire sera plus élevé que celui d’une couleur sombre. Inverse-ment, si le chroma reste constant, la saturation croît au fur et à mesure que la clarté décroît. Par exemple, un vert foncé, pourra posséder la même saturation qu’un vert lumineux, mais un chroma plus faible, c’est-à-dire que l’intensité de son niveau de coloration semblera plus fai-ble en absolu, mais semblafai-ble au plan relatif (Sève, 1996). Le système CIE Luv ne permet pas de déterminer simplement les composantes trichromatiques d’une lumière dont on connaît la répartition spectrale (Sève, 1996).

3.3.4. T

EINTE

,

TENEUR CHROMATIQUE

,

TENEUR EN BLANC

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