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Conclusion du chapitre 3

Dans le document La couleur, variable d'action marketing (Page 123-127)

L’objectif de ce chapitre était de présenter les méthodes de mesure de la couleur et les diffé-rentes mesures de la couleur. Colorimétrie et psychométrie n’ont pas le même objet de me-sure. Seule la psychométrie a pour objet de mesure l’apparence de la sensation colorée91

(Couwenbergh, 2003). La colorimétrie mesure uniquement les stimulations du système visuel « […] ce qui est tout autre chose que de mesurer des couleurs » (Sève, 1996).

« Ce que vous voyez n’est pas toujours ce que vous pensez voir, par contre, ce que vous pen-sez voir peut toujours être mesuré ! » (Chrisment A. lors d’une intervention au Conservatoire des Ocres) (Blin-Barrois, 2003). La psychométrie mesure donc « ce que [nous] pensons voir », c’est-à-dire l’apparence des sensations colorées, tandis que la colorimétrie mesure « ce que [nous] voyons ». Ces deux méthodes de mesure présentent des intérêts et des limites en marketing. Le tableau ci-après résume les principales différences entre les deux méthodes de mesure exposées.

Les systèmes de couleurs psychométriques constituent donc un outil intéressant pour sélec-tionner une couleur. Leur usage actuel dépend des habitudes nationales (Munsell pour les Etats-Unis et le Japon), mais également du prix de revient (le système NCS est le moins cher donc le plus utilisé) (Petit, Roire et Valot, 1999). Ces atlas de couleurs présentent une utilité pratique incontestable (direct, rapide, économique, facile à interpréter par l’utilisateur) par rapport aux systèmes colorimétriques (Déribéré, 2000 ; Lanthony, 2000a). Cependant, ils sont incapables de rendre compte de tous les attributs de structure, de transparence, de brillant, et de texture (cf. apparence colorée) (Lanthony, 2000a).

91 Il convient de ne pas confondre méthode de mesure et système de classification des couleurs. A ce titre, un modèle colorimétrique d’apparence colorée a été développé mais il repose sur une mesure colorimétrique, c’est-à-dire une analyse physique de l’énergie rayonnante.

Tableau 10: comparaison de la colorimétrie de la psychométrie

Méthode Colorimétrie Psychométrie Niveau de

mesure Quantitatif Quantitatif et qualitatif Objet de

mesure Les stimulations du système visuel L’apparence de la sensation colorée Outil de

mesure Observateur de référence

92

(appareil de mesure93)

Observation visuelle (le couple œil-cerveau) Lumière spécifiée (Illuminant94),

angle d’observation restreint, champ visuel uniforme entouré

d’un fond achromatique

Dépendent des principes qui prési-dent à la sélection des échantillons

colorés

Conditions de mesure

Couleur unie (homogène)

Objectif

« […] fournir une spécification visuelle simple et précise de la couleur des sources lumineuses et/

ou des matériaux transparents ou diffusants » (Le Grand Y., cité par

Couwenbergh, 2003, p. ?)

Comparaison visuelle directe des couleurs

Systèmes de

classifications CIE XYZ, … Système Munsell, NCS, DIN, OSA

92 L’observateur colorimétrique de référence a été défini en 1931 par la CIE pour s’affranchir de la subjectivité de l’observation visuelle (Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004). Il s’agit d’un personnage fictif qui est censé représenter la moyenne des sujets normaux dans des conditions déterminées.

93Plusieurs appareils peuvent être utilisés en colorimétrie : densitomètre, colorimètre et spectrophotomètre (Fra-ser, Murphy et Bunting, 2003).

94 La mesure colorimétrique nécessite de spécifier précisément la lumière, pour cela on a recours à un illuminant. On distingue plusieurs illuminants (Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004) :

les illuminants D correspondent à la lumière du jour ;

les illuminants D65 à la moyenne des lumières durant la journée (température de couleur de 6500 K) ; les illuminants D50 ont une température de couleur 5000 K ;

les illuminants C correspondent à la lumière du ciel ;

les illuminants B indiquent la lumière du soleil à midi (n’est plus utilisé depuis 1986) ; les illuminants A ont une température de couleur de 2856 K ;

il existe également d’autres illuminants (cf. http://www.cie.co.at/ciecb/).

En outre, la qualité de la gamme des échantillons, le nombre des coloris qui y figurent (Judd estime à 10 millions le nombre de couleurs pour que cette méthode soit parfaite), leur état de surfaces, la stabilité des échantillons dans le temps, leur comportement à la lumière consti-tuent autant de limites qu’il faut garder à l’esprit. (Déribéré, 2000). Par ailleurs, « les étalons sont faits avec des coloris qui ont un spectre de réflexion plus ou moins étalé et qui n’est pas forcément comparable à celui des couleurs que l’on met en regard pour les examiner » (Déri-béré, 2000, p. 109). L’œil a ses sensibilités, ses imperfections (Déri(Déri-béré, 2000).

Un autre élément doit être souligné : ces systèmes ne conviennent que pour une couleur, c’est-à-dire pour une surface ou un objet homogène (uni), et, à ce titre, facilitent le choix d’une couleur « isolée ». Ils n’ont pas été conçus pour un objet ou une surface avec plusieurs cou-leurs (surface hétérogène)95et donc ne prennent pas en compte les associations de couleurs. Ces différentes classifications de la couleur conduisent à nous poser la question suivante : existe-t-il une méthode rationnelle de présentation des couleurs ? (Petit, Roire et Valot, 1999). Compte tenu des spécificités du stimulus couleur et de ces relations avec les autres aspects de la perception visuelle, il est difficile d’arriver à cet objectif. Néanmoins, le recours à une réfé-rence lors du choix d’une couleur est indispensable, bien qu’il soit rendu difficile par les limi-tes liées à la reproduction des couleurs.

Le recours à une référence lors du choix d’une couleur est rendu nécessaire compte tenu du fait que la couleur constitue un critère de qualité : maturation des fruits, qualité des salades en sachet, fraîcheur de la viande etc. (Petit, Roire et Valot, 1999). D’un point de vue marketing, le choix de la couleur d’un produit, du packaging d’un produit, de la couleur d’un site web, d’une annonce publicitaire, etc. doit donc impérativement être effectué sur la base d’une réfé-rence. Les atlas ou systèmes de couleurs permettent le choix des couleurs. Toutefois, il existe d’autres supports visuels qui remplissent cette fonction :

- les nuanciers, dont le but est de présenter à des utilisateurs un choix de couleurs. Les cou-leurs proposées sont réalisées pour un usage spécifique et avec un matériau particulier (Sève, 1996) (exemple : nuancier en bois, en tissu, etc.) ;

95 La distinction entre « la » et « les » couleur (s) peut surprendre le lecteur, compte tenu du fait que la couleur, en tant que sensation, est de nature différentielle, si bien que nous sommes en mesure de « voir » « la » couleur d’un objet ou d’une surface en raison des contrastes avec les couleurs de son environnement. Cependant, mesu-rer et classer les couleurs que nous pouvons distinguer imposent de différencier une surface ou un objet homo-gène (« la » couleur) d’une surface ou d’un objet hétérohomo-gène (« les » couleurs).

- les collections de couleurs qui poursuivent des buts variés : faciliter les échanges industriels ou commerciaux, guider l’utilisateur, orienter certains usages, établir un dictionnaire. Les cou-leurs sont classées et désignées selon leur composition en matières colorantes (pigments, en-cres) (Sève, 1996). Elles sont préfabriquées et standardisées, ce qui représente un avantage important (Couwenbergh, 2003) (exemples : collection de couleur Pantone® pour la commu-nication et les industries graphiques, RAL pour les peintures). Si on choisit une peinture à partir d’un échantillon de petite taille (cf. nuancier fournisseur par exemple), l’apparence co-lorée sera différente sur une surface plus grande. On passera par exemple d’un rouge Bor-deaux à un rouge vif. Ce changement d’apparence n’est pas pris en compte en colorimétrie (Sève, 1996). Cézanne96 : « Deux kilos de peinture verte sont plus verts qu’un kilo ».

Un support marketing contient plusieurs couleurs. Dès lors, la mesure du concept couleur de-vrait intégrer la pluralité « des » couleurs d’une surface. En effet, il serait souhaitable de tenir compte du nombre de couleurs d’un support marketing. En outre, le support lui-même est vu dans un certain contexte (une annonce dans un magazine est vue avec d’autres annonces, un produit dans un linéaire, etc…). Il y a donc un effet de séquence et de contexte à prendre en compte lors de l’étude du concept couleur.

96 Cité par Sève, 1996.

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ARTIE

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