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T H É ORIE SELON LAQUELLE LA COULEUR SURVIENT EN

Dans le document La couleur, variable d'action marketing (Page 35-38)

Plan du chapitre 1

Section 1.1. Les théories sur le lien entre couleur et lumière

1.1.1. T H É ORIE SELON LAQUELLE LA COULEUR SURVIENT EN

RAISON DE LA DIMINUTION DE LA LUMIÈRE

Dès l’Antiquité, on s’intéresse au lien entre la lumière et la couleur. On pense alors que les couleurs sont un mélange de blanc et de noir. Ainsi, pour Aristote (-384 à -322 avant J.-C.), la clarté et l’obscurité de l’air sont responsables de la blancheur et de la noirceur des corps (Dé-ribéré, 2000 ; Roque, 2000 ; Blay, 2001). La couleur survient en raison de la diminution de la lumière ou de la vue ; elle est liée à une modification de la lumière pure et blanche, la couleur correspond donc à une lumière affaiblie et toutes les couleurs se situent entre deux extrêmes : le blanc et le noir (figure 3). Le rouge contiendrait plus de blanc et moins de noir que les au-tres couleurs ; le vert contiendrait plus de noir et moins de blanc que le rouge (Blay, 2001). Le blanc et le noir sont considérés comme des couleurs. La couleur était ainsi analysée selon un seul critère : la clarté. Il y avait donc une confusion entre clarté et couleur qui aboutit à une prédominance de la clarté sur la teinte. Cette conception du lien entre lumière et couleur per-sistera jusqu’au XVIIème siècle. La dénomination des couleurs a également été choisie en fonction de ce rapport à la clarté (Roque, 2000). Encore aujourd’hui, on confond la teinte et la clarté (Trémeau, Fernandez - Maloigne et Bonton, 2004) comme dans l’expression « le rose et le jaune sont des teintes claires ».

La théorie d’Aristote repose sur le degré de clarté des couleurs. Cette théorie permet de se rendre compte que des couleurs semblent plus lumineuses que d’autres. La différence de lu-minosité de chaque couleur a d’ailleurs amené Goethe8 à établir des rapports numériques en-tre les couleurs de manière à ce qu’aucune des couleurs employées n’ait plus d’importance que l’autre, afin d’obtenir un rapport dit « équilibré ». Deux critères sont à prendre en compte : la luminosité d’une couleur et la dimension de la tache de couleur. Les surfaces

8 Cité par Itten, 2004.

rées sont très souvent compliquées, si bien qu’il est difficile d’établir des rapports numériques simples et mesurables.

Figure 3: classement des couleurs jusqu’au XVIIème siècle

Blanc Jaune Rouge Violet Vert Bleu Noir Source : adapté d’après Roque, 2000, p. 8 figure 1.

Les valeurs de lumière établies par Goethe sont les suivantes : jaune correspond à 9, orange à 8, rouge à 6, vert à 6, bleu à 4, et violet à 3. Ainsi, le jaune est trois fois plus lumineux que le violet, et doit donc occuper une place trois fois plus petite que le violet (Itten, 2004). Le jaune est la couleur la plus lumineuse. Il n’est donc pas surprenant que cette couleur soit utilisée pour les objets qui doivent être repérés du premier coup d’œil (cf. balles de tennis, boîtes aux lettres de la Poste, annonces promotionnelles, surligneurs, « Post-it » (Clermont et Neuville, 19969). La figure 4 correspond au cercle des harmonies quantitatives entre les couleurs. Les rapports quantitatifs employés ici n’ont de valeur que si les couleurs utilisées sont très lumi-neuses. Si on modifie la luminosité des couleurs, les rapports de surface sont modifiés dans les mêmes proportions (Itten, 2004).

Figure 4: cercle des harmonies quantitatives selon Goethe

Source : Itten, 2004, figure 45 p. 61.

9 Cités par Divard et Urien, 2001.

La luminosité et la dimension de la tache de couleur sont deux éléments qui permettent d’apprécier le degré de visibilité d’une tache visuelle. Le contraste des détails à distinguer avec le fond sur lequel ils se détachent, le temps imparti à l’accomplissement de la tache et l’intensité de l’éclairage contribuent également au degré de visibilité d’une surface. Ces élé-ments sont interdépendants : on peut par exemple remédier à un détail trop petit ou à un man-que de contraste par un éclairage plus intense ou une durée d’observation plus grande. L’éclairement peut permettre un contraste plus élevé, mais il peut également être complété par un contraste de couleurs (Déribéré, 1964).

La visibilité d’un objet dépend du produit de son éclairement et de sa « réflectance », c’est-à-dire la proportion de lumière qu’il réfléchit vers les yeux10. Le blanc réfléchit 65 à 80 % de lumière, le crème réfléchit 55 à 70 % de lumière, le rose réfléchit 55 à 65 % de lumière, le jaune réfléchit 45 à 60 % de lumière, le beige réfléchit 40 à 45 % de lumière, le gris « tourte-relle » réfléchit 25 à 35 % de lumière, le brun foncé réfléchit 10 à 25 % de lumière et le violet ne réfléchit que 7 % de lumière (Déribéré, 1964). Il convient donc d’éclairer par davantage de lumière les surfaces aux couleurs peu réfléchissantes pour assurer leur visibilité. Le choix de la lumière est tout aussi important que le choix de la couleur des murs et du plafond pour as-surer une meilleure visibilité.

Le contraste de « quantité » mis en évidence par Goethe présente des intérêts en marketing. Une affiche qui devra être vue de loin sera de préférence en jaune afin de pouvoir être vue par un plus grand nombre. On conçoit aisément l’intérêt de ce contraste pour repérer les packa-gings des produits dans les linéaires, repérer le logo d’une marque et de façon plus générale repérer les supports marketing du premier coup d’œil. Pour Itten (2004), il s’agit donc du con-traste beaucoup-peu ou du concon-traste grand-petit (Itten, 2004, p. 59). Une affiche publicitaire pourrait utiliser cette propriété pour mettre en avant certains éléments de l’annonce. « L’attention apportée à l’accord des taches de couleurs et de leurs dimensions est, dans une composition, au moins aussi importante que le choix des couleurs elles-mêmes. » (Itten, 2004, p. 62). Il paraît important de prendre en compte la superficie occupée par chacune des cou-leurs d’un support marketing dans la mesure où ce contraste de quantité peut constituer un outil intéressant en marketing.

10 Un objet foncé qui absorbe par exemple 95% de la lumière qu’il reçoit (réflectance = 5%), même s’il est éclai-ré 5 fois plus (1000lx par rapport à 200lx) qu’un objet qui n’absorbe que 25% de la lumière (éclai-réflectance = 75%), sera trois fois moins visible (0.05 X 1000lx = 50 et 0.75 X 200 = 150) (Déribéré, 1964).

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