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L ES ANOMALIES DE LA VISION COLOR É E

Dans le document La couleur, variable d'action marketing (Page 87-91)

Plan du chapitre 2

Section 2.3. L’influence du couple œil-cerveau sur la couleur

2.3.1. L ES ANOMALIES DE LA VISION COLOR É E

Les observateurs dotés d’une vision colorée « normale », c’est-à-dire qui font appel à trois couleurs fondamentales, sont appelés trichromates (Fleury et Imbert, 1996). Cependant, il existe des anomalies de la vision colorée qui entraînent des différences de vision colorée. El-les sont liées soit à des pathologies (diabète, par exemple) (Sève, 1996), soit au patrimoine génétique (daltonisme par exemple) (Sève, 1996 ; Couwenbergh, 2003), soit traumatiques (Divard et Urien, 2001).

Il convient de distinguer plusieurs cas :

-la capacité de discrimination de couleurs voisines réduites (trichromates anormaux) (Sève, 1996). L’individu conserve les trois attributs de la couleur (tonalité, saturation et clarté) (1.1.2.) mais il est atteint d’une déficience dans les orangés et rouges (Déribéré, 2000) ; -l’absence de discrimination trichromatique, c’est-à-dire l’incapacité de distinguer certaines

couleurs. Cette anomalie est connue sous le nom de dichromasie ou encore « daltonisme » (Sève, 1996 ; Couwenbergh, 2003) ;

-la cécité totale aux couleurs (achromatisme) (Déribéré, 2000 ; Zananiri, 2000 ; Couwen-bergh, 2003). Elle correspond à une vision en noir et blanc (Déribéré, 2000) avec des ni-veaux de gris (Zuppiroli et Bussac, 2001 ; Couwenbergh, 2003). Les monochromates ou achromates, un très petit nombre, ne perçoivent pas de couleurs différenciées mais seule-ment des sensations plus ou moins lumineuses (Fleury et Imbert, 1996).

La dyschromatie (dit « daltonisme ») est une mauvaise perception d’une ou deux couleurs qui se traduit par l’incapacité à distinguer certaines couleurs (Fleury et Imbert, 1996 ; Nathans, 2000). On distingue trois types de dyschromates :

-les « protanopes » (Couwenbergh, 2003) ou « dyschromates rouge moins » (Nathans, 2000)

sont dépourvus de récepteurs sensibles au rouge et pour eux la clarté est déficiente (Déribé-ré, 2000) ;

- les « deutéranopes » (Couwenbergh, 2003) ou « dyschromates vert moins » (Nathans,

2000) sont dépourvus de récepteurs sensibles au vert et pour eux la clarté est à peu près normale (Déribéré, 2000) ;

-les « tritanopes » (Couwenbergh, 2003) sont dépourvus de récepteurs sensibles au bleu (Na-thans, 2000).

En vision « normale », nous pouvons percevoir environ 150 teintes dans le spectre (Lanthony, 2000b). Pour les individus dépourvus de récepteurs sensibles au rouge ou au vert, le spectre est réduit à trois teintes : bleu, jaune et une teinte achromatique (blanche ou grise). Là où un homme avec une vision normale verra du vert, ils verront du gris et hésiteront ainsi entre vert, rouge pourpré, et gris (1 chance sur trois). Pour l’orange, ils percevront du jaune pâle et

teront entre orange, jaune – vert et jaune pâle (1 chance sur trois). Ils confondent bleu et pour-pre, vert et jaune mais perçoivent correctement blanc et noir, et ne confondent jamais les tein-tes qu’ils perçoivent (jaune et bleu) (Fleury et Imbert, 1996 ; Déribéré, 2000 ; Lanthony, 2000b). Les rouges et les verts constituent pour eux une zone achromatique (Lanthony, 2000b), ils confondent ainsi certains verts avec certains rouges (Fleury et Imbert, 1996). Ils distinguent les objets de toutes tailles s’ils sont isolés mais ils ne pourront pas « cueillir un fruit rouge sur un arbre vert » (Zuppiroli et Bussac, 2001).

Tableau 7: anomalies de la vision colorée selon le sexe et le type d’anomalie

Homme Femme Dyschromates Protanopes 1 % 0.02 % Deutéranopes 1,4 % 0,01 % Tritanopes 0,002 % 0,001 % Trichromates anormaux Protanomaux 1 % 0,002 % Deutéranomaux 4,9 % 0,4 %

Tritanomaux Rares s’ils existent

Autres cas 0,01 %

Total 8,3 % 0,5 %

Source : Sève (1996, p. 35, tableau 1.4.B).

Comme l’indique le tableau 7, huit pour cent des hommes et une femme sur deux cents a une vision colorée qui n’est pas normale (Fleury et Imbert, 1996 ; Nathans, 2000). Le gêne réces-sif transmis par le chromosome X explique que seule une femme sur 200 soit atteinte d’une anomalie de la vision colorée (Roullet, 2002, p. 146 encadré). Il existe de nombreux tests qui mesurent une anomalie ou déficience des couleurs (Trémeau, Fernandez - Maloigne et Bon-ton, 2004). Le dépistage des anomalies se fait à l’aide d’un anomaloscope79 (Sève, 1996 ;

79 On ne tient pas compte des récepteurs sensibles au bleu (Nathans, 2000).

Nathans, 2000), ou par un classement d’échantillons colorés80, ou bien encore par l’examen de tableaux formés de taches de couleurs diverses81. De nombreux tests existent pour mettre en évidence des anomalies congénitales, mais leur interprétation est délicate (Sève, 1996). En outre, il est impératif que le choix de la couleur soit effectué par un observateur doté d’une vision colorée normale. Ainsi, lors d’une recherche sur la couleur, il est nécessaire que le chercheur s’affranchisse d’un test de vision colorée mais également qu’il s’assure que les ré-pondants sont dotés d’une vision colorée « normale ».

Il existe des anomalies de la vision colorée qui ont pour conséquence de modifier la couleur intrinsèque d’un objet ou d’une surface. Il convient également de mentionner la cataracte, qui entraîne une diminution de la capacité à percevoir de subtils changements entre bleus et verts (cf. jaunissement du cristallin) (Fraser, Murphy et Bunting, 2003) ; ceci s’accompagne d’un jaunissement apparent des verts et d’une mauvaise perception des violets et bleus. Une per-sonne atteinte de cataracte change de blanc de référence (il choisit sur sa palette une couleur plus jaune qu’un peintre doté d’une vision normale)82 (Lanthony, 2000b).

D’autres anomalies peuvent affecter la netteté des images rétiniennes, et donc, indirectement la vision colorée (Sève, 1996 ; Bonnet et Chantrier, 1999) :

-l’astimagtisme entraîne une vision floue dans certaines orientations ;

-la myopie entraîne une vision floue des objets lointains, mais préserve une vision nette des objets proches ;

-l’hypermétropie se traduit par une vision floue des objets proches, mais nette en ce qui con-cerne les objets lointains ;

-la presbytie est une diminution du pouvoir d’accommodation du cristallin empêchant de voir les objets proches. Ce phénomène n’apparaît qu’à partir de 40 à 50 ans ;

-la diplopie est un disfonctionnement de la vision dite « binoculaire » qui peut entraîner la perception d’une image double.

80 Un des plus connus est le test Farnsworth – Munsell 100 Hue qui définit l’aptitude d’un observateur à diffé-rencier (distinguer) des teintes voisines et ce à partir de 85 pastilles colorées (Trémeau, Fernandez – Maloigne et Bonton, 2004).

81 Les observateurs normaux reconnaissent des lettres ou des chiffres que n’identifieront pas les anormaux ou inversement. (Fleury et Imbert, 1996).

82 Ceci est dû au métamérisme (2.3.2.).

Ces défauts de vision sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Les défauts de la vision peu-vent altérer le degré de lisibilité des inscriptions par exemple. Ainsi, si l’on s’intéresse au con-traste entre un texte et la couleur de fond sur lequel il se détache, une vision anormale, même si celle-ci ne concerne pas directement la vision colorée, pourrait avoir un effet sur le degré de lisibilité des inscriptions. Le chercheur attribuerait à tort un mauvais degré de lisbilité des inscriptions à la couleur elle-même alors qu’il pourrait s’agir d’une anomalie de la vision. De même, lors d’une étude longitudinale par exemple, l’évolution de la vision des individus est à prendre en compte.

Dans le document La couleur, variable d'action marketing (Page 87-91)