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Les technologies de pointe peuvent beaucoup apporter à la facilitation

du commerce

technologiques dans l’entreprise, mais aussi au niveau de l’environnement dans lequel elle opère.

Pour les entreprises, le commerce sans papier offre des possibilités exceptionnelles de réduction des coûts, par la rationalisation des flux d’information et la simplification de l’échange des documents requis et des contrats pour le commerce transfrontières de biens et de services, qui permettent d’alléger les procédures réglementaires. Dans les PMA, le secteur privé doit souvent composer avec l’insuffisance des infrastructures physiques et la longueur des procédures douanières. À titre d’exemple, on estime que les mesures numériques de facilitation du commerce réduisent jusqu’à 40  % les coûts de transaction des entreprises dans les PMA d’Asie et du Pacifique (Duval et al., 2018). La transparence et les performances commerciales et logistiques des PMA dépendront de plus en plus de l’intégration effective de la numérisation parmi les réformes de facilitation du commerce, dans une optique d’amélioration de l’efficience des systèmes logistiques, en particulier dans les PMA qui sont des pôles de transit ou qui cherchent à le devenir.

Les technologies de pointe, notamment celles relatives aux drones, aux applications mobiles et à la chaîne de blocs, peuvent largement concourir à faciliter le commerce transfrontières et à améliorer la gestion de la chaîne d’approvisionnement42. Les drones sont ainsi utilisés pour des tâches d’inspection sous-marine, d’entretien des infrastructures portuaires, d’inspection des ponts et tunnels et de surveillance de la circulation. La technologie de la chaîne de blocs peut révolutionner le suivi des marchandises, de leur contenu et de leurs composants d’origine, et ainsi permettre la réalisation de gains dans le cadre des procédures de dédouanement, de règlement des litiges et de coopération transfrontières, du respect des obligations fiscales et de diverses opérations de paiement (UNECE, 2020).

L’amélioration de l’efficience de la logistique et des circuits de distribution au niveau de l’économie nationale, facteur clef de la compétitivité économique et de l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales et régionales, est décisive pour les PMA sans littoral et les PMA côtiers, et constitue un complément essentiel aux efforts faits en interne par les entreprises pour devenir plus performantes.

La numérisation des procédures aux frontières a produit des résultats concrets dans les PMA.

42 International Finance (2019). Technology uptake drives African logistics innovation, Logistics Magazine, numéro de septembre-octobre, disponible à l’adresse https://internationalfinance.com/technology-uptake-drives-african-logistics-innovation/.

Au Sénégal, les dispositifs automatisés et numérisés de dédouanement, la mise en service de la plateforme de données relatives au commerce électronique et le système d’administration sans papier pour le dédouanement anticipé des marchandises ont contribué à réduire considérablement la durée et les coûts des transactions. Le temps d’enregistrement pour la déclaration en douane est passé de 2 jours à 15 minutes, la procédure de dédouanement anticipé est passée de 2 jours à 7 heures, le dédouanement des marchandises exportées et importées a été ramené à 1  jour, contre 14 et 18  jours auparavant, respectivement, et le délai d’enlèvement des marchandises dans les ports a été réduit de 3 à 2 jours (UN-OHRLLS, 2017). Dans les pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est, les nouveaux systèmes électroniques de suivi des cargaisons contribuent à réduire le temps de transit, à renforcer la sécurité des marchandises et à aider les commerçants et les clients à mieux estimer l’arrivée des livraisons, tout en augmentant les recettes perçues par les douanes et les autres autorités liées au commerce (Kilonzi and Kanai, 2020). Néanmoins, l’Enquête mondiale des Nations  Unies sur la facilitation du commerce numérique et durable 201943 montre que les PMA sont en retard au niveau mondial dans l’application de mesures renforcées de facilitation du commerce. Ces pays ont appliqué à 20,16 % et 39,64 %, respectivement, les mesures de commerce transfrontières sans papier44 et de commerce sans papier45 prévues par l’Accord sur la facilitation des échanges de l’OMC, entré en vigueur en 2017, contre une moyenne mondiale de 36,15 % et de 62,76 %, respectivement (fig. 4.11).

Compte tenu de ces succès importants, il peut être tentant de supposer que la numérisation

43 Enquête mondiale des Nations  Unies sur la facilitation du commerce numérique et durable, 2019, disponible à l’adresse untfsurvey.org.

44 Les mesures de commerce transfrontières sans papier prises en compte dans l’Enquête sont les lois et règlements régissant les transactions électroniques, les moyens d’encaissement de paiements sans papier à partir de lettres de crédit documentaire, l’échange de certificats SPS par voie électronique, la reconnaissance de l’autorité de certification et l’échange de déclarations en douane par voie électronique.

45 Les mesures de commerce sans papier prises en compte sont les systèmes douaniers automatisés, la transmission électronique des demandes de remboursement des droits de douane, le paiement électronique des droits de douane et des redevances, la demande et la délivrance par voie électronique des certificats d’origine préférentielle, la transmission électronique des manifestes de fret aérien, l’accès à Internet des douanes et des autres organismes chargés de contrôler le commerce, le système de guichet unique électronique, la transmission électronique des déclarations en douane et la possibilité de demander un permis d’importation ou d’exportation par voie électronique.

progresse bien dans les PMA. Or, le passage au numérique de la facilitation du commerce ne va pas sans difficultés pour ces pays. Les décideurs doivent avoir une compréhension approfondie des technologies numériques pour prendre les bonnes décisions d’investissement en ce qui concerne les infrastructures, les technologies et les cadres et les ressources réglementaires appropriés, et repérer et développer les talents pour ne pas se retrouver avec des actifs bloqués (aussi bien humains que matériels).

Selon une étude de la CNUCED (UNCTAD, 2019b), les problèmes fondamentaux qui se posent dans les PMA concernent principalement les aspects liés au manque de capacités technologiques et aux obstacles à l’acquisition de ces capacités, à savoir :

• Le fait que les décideurs, les entreprises et les consommateurs sont peu conscients de l’intérêt du commerce électronique pour leurs transactions commerciales ;

• Le faible accès aux paiements en ligne et le manque d’expérience de ce mode de paiement, ce qui contribue à la prédominance des transactions en espèces ;

• La faiblesse des cadres institutionnels, juridiques et réglementaires, notamment en matière de protection du consommateur ;

• Le fait que les entreprises, en particulier les microentreprises et les petites et moyennes entreprises, manquent de formation au développement de l’activité numérique ;

• Les obstacles omniprésents auxquels se heurtent les femmes et les jeunes.

Les transformations de la chaîne d’approvisionnement au niveau de l’entreprise et au niveau sectoriel englobent la technologie et les opérations, et demandent des investissements judicieux et ciblés reposant sur la connaissance et l’expérience du marché. Une culture institutionnelle forte et un projet stratégique à long terme (capital technologique immatériel) constituent un atout certain dans la course internationale des entreprises à la performance, de même que le volume et l’ambition des investissements dans le numérique, notamment s’agissant de développer parallèlement les talents et les capacités nécessaires pour susciter et renforcer l’agilité opérationnelle dans des domaines multiples. Or, les entreprises des PMA se trouvent nettement désavantagées à tous points de vue. Qui plus est, ces compétences étant souvent situées au siège des entreprises multinationales, les difficultés déjà très importantes de transfert de capacités technologiques sont encore accentuées pour les entreprises des PMA, situées loin des centres de décision des réseaux de production internationaux.

Figure 4.11

Niveau d’application des mesures de facilitation du commerce, par région et par dimension

Source : Compilation du secrétariat de la CNUCED, d’après les données de l’Enquête mondiale des Nations Unies sur la facilitation du commerce numérique et durable 2019 (date de consultation : août 2020).

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Pays développés Amérique latine et Caraïbes Moyen-Orient et Afrique du Nord Îles du Pacifique Europe méridionale et orientale, Caucase et Asie centrale Asie du Sud Asie du Sud-Est et de l’Est Afrique subsaharienne PMA Pays en développement sans littoral Petits États insulaires en développement Moyenne mondiale

Taux d’application (En pourcentage)

Transparence Formalités Dispositifs institutionnels et coopération Commerce sans papier Commerce transfrontières sans papier

Tandis que la convergence des technologies numériques qui caractérise la 4RI approfondit et accélère les liens intersectoriels et l’interdépendance, les décideurs des PMA devront adopter des démarches transversales intégrées et cohérentes pour renforcer et développer les bases industrielles de l’économie de leurs pays respectifs.

D. Synthèse des études de cas

Pour l’essentiel, la littérature consacrée aux technologies numériques dans les pays en développement et les PMA aborde surtout les avantages et les utilisations possibles de ces technologies. Toutes les études de cas qui précèdent font ressortir que le passage au numérique de l’économie, que ce soit par l’administration en ligne, les applications numériques pour l’agriculture, ou encore l’accès universel et inclusif à Internet et à la

téléphonie mobile, ne signifie pas que les acteurs économiques mobiliseront automatiquement les technologies offertes à des fins productives. Des stratégies publiques de transformation numérique qui reposeraient exclusivement sur des stratégies de TIC, ou se résumeraient à de telles stratégies, ne déboucheront pas nécessairement sur un processus de transition des entreprises de l’adoption du numérique à la transformation numérique. On peut craindre que de telles stratégies n’atteignent pas pleinement leur but. Ainsi, on pourrait faire valoir que les retombées de la diffusion du large bande au Myanmar auraient pu être plus importantes si la stratégie suivie avait été guidée par une conception suffisamment équilibrée des aspects de consommation et des préoccupations du secteur productif. Néanmoins, tout en soulignant le risque de conceptions qui seraient trop centrées sur la technologie ou méconnaîtraient les réalités au niveau

Une compréhension approfondie des

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