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Certains PMA asiatiques sont en tête pour ce qui est

de la transformation structurelle

l’adoption d’autres technologies plus avancées et, d’une manière plus générale, à la progression de la transformation structurelle. Une analyse du processus de transformation structurelle dans les PMA depuis le début du XXIe siècle est présentée ci-après.

2. Le rythme et la direction de la transformation structurelle

Dans une analyse de 2014 sur le processus de transformation structurelle dans les PMA au début du XXIe  siècle, la CNUCED indique que la part de l’agriculture, sur le plan de la production comme de l’emploi, a diminué au fil du temps dans la plupart de ces pays (UNCTAD, 2014). C’est principalement le secteur tertiaire, surtout dans les PMA africains, qui a bénéficié du transfert des ressources. Certains de ces pays, en particulier les PMA africains et les PMA insulaires, ont connu une « désindustrialisation préindustrielle » (Tregenna, 2015). Dans de nombreux PMA, la main-d’œuvre employée dans les activités agricoles faiblement productives s’est redéployée dans des activités urbaines faiblement productives, essentiellement dans le secteur des services, et souvent dans des activités informelles.

En revanche, dans plusieurs PMA asiatiques, on observe depuis 2000 une progression de la part du secteur manufacturier dans la production et dans l’emploi. L’industrialisation de ces PMA a eu les effets attendus  : la productivité du travail s’est améliorée, la pauvreté a diminué et les revenus ont augmenté (UNCTAD, 2014).

L’analyse de la transformation structurelle dans les PMA a été mise à jour pour les besoins du présent rapport, afin de déterminer si les tendances ont changé et s’il y a eu des différences marquées entre la période de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles (2001-2011) (United  Nations, 2001) et celle de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul (2011-2020)12.

a. Production

Le rythme de la transformation structurelle de la production s’est essoufflé partout dans le monde dans les périodes 2001-2011 et 2011-2017. À des degrés divers, le constat vaut pour les pays développés, les pays en développement et les pays les moins avancés (tableau  2.2). Cet essoufflement est dû au ralentissement général de la croissance économique mondiale qui a suivi la crise financière mondiale de 2008-2009 et à ses conséquences persistantes.

12 Faute de données disponibles au moment de la rédaction du présent Rapport, la période de l’analyse du Programme d’action d’Istanbul s’arrête en 2017.

La situation qui s’est installée dans les années 2010 et qui s’est caractérisée par une lente expansion de la production et du commerce mondiaux a été appelée la « nouvelle normalité ».

Le ralentissement du rythme de la transformation structurelle de la production a été particulièrement marqué dans les PMA insulaires et les PMA africains et Haïti (tableau  2.2). Ce déclin correspond à la fin du supercycle des produits de base. Durant les années 2000, les prix records des produits de base (énergétiques et industriels en particulier) avaient entraîné une expansion de la production minière, au détriment de la production agricole. Toutefois, le renversement des prix et leur stabilisation à des niveaux relativement bas depuis 2011 ont mis un coup d’arrêt à la hausse des investissements et de la production dans le secteur minier des PMA africains et des PMA insulaires. Dans le cas de ce dernier groupe, ces dynamiques sont dues aux fortes fluctuations causées par le cycle du pétrole au Timor-Leste.

Dans les PMA asiatiques, en revanche, la transformation des structures de production n’a que légèrement ralenti parce que la croissance économique affichée par ce groupe depuis 2011 a mieux résisté que celle des autres. Tant avant qu’après 2011, la transformation structurelle de la production a été dominée par la contraction de l’agriculture et l’expansion correspondante de l’activité manufacturière et, dans une moindre mesure, des services.

Le tableau 2.3 montre la composition sectorielle de la production et de l’emploi pour les grands groupes de pays et leur évolution entre 2001-2011 (période du Plan d’action de Bruxelles) et 2011-2017 (période du

Dans le présent rapport, le rythme de la transformation structurelle est mesuré par l’indice de changement structurel en rythme annuel (ICSA), qui est basé sur l’indice de changement structurel (ICS, également connu sous le nom d’indice de Michaely ou d’indice de Stoikov) et calculé selon les formules ci-dessous :

ICSA = ICS , où : t-x

ICS = 1

(|ϕi,tϕi,t – x|), où :

ϕi,t est la part du secteur i dans la production/l’emploi au temps t

ϕi,t-x est la part du secteur i dans la production/l’emploi au temps t-x

Plus les valeurs sont élevées, plus les changements dans la composition d’un ensemble donné sont importants.

L’indice est appliqué à la composition de la production et de l’emploi dans les secteurs suivants : agriculture, secteur manufacturier, autres secteurs (mines, services publics de distribution, et construction), et services.

L’indice mesure le rythme de la transformation structurelle, mais n’indique pas sa direction. En d’autres termes, même si le pays s’engage dans une forme de transformation structurelle qui fait baisser la croissance (comme la reprimarisation ou la désindustrialisation précoce), l’ICSA sera élevé mais ne signifiera pour autant que l’économie s’oriente vers une croissance à long terme plus forte. C’est pourquoi, la mesure doit être complétée par d’autres indicateurs qui donnent la direction prise par la transformation, comme il est proposé dans le présent Rapport.

Encadré  2.1

Mesurer le rythme de la transformation structurelle

2 i-1

n

Tableau 2.2

Rythme de la transformation structurelle par groupe de pays, 2001-2017

(Indice de changement structurel en rythme annuel − ICSA)

Production Emploi

2001-2011 2011-2017 2001-2011 2011-2017

Pays développés 0,20 0,12 0,55 0,14

Autres pays en

développement 0,86 0,24 1,09 1,02

Pays les moins avancés 0,47 0,36 0,72 0,72

dont :

PMA africains et Haïti 0,66 0,14 0,50 0,64

PMA asiatiques 0,68 0,64 1,21 0,94

PMA insulaires 4,91 2,88 0,59 0,56

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après les bases de données UNCTADStat de la CNUCED et Indicateurs clefs du marché du travail de l’OIT (date de consultation : mai 2020).

Note : Pour une explication de l’indice, se reporter à l’encadré 2.1.

Plan d’action d’Istanbul). Globalement, l’agriculture reste beaucoup plus importante pour les PMA que pour les autres groupes de pays  ; ils sont dans la phase initiale de leur transformation structurelle.

En revanche, la catégorie «  Autres secteurs  » (qui comprend le secteur minier) contribue davantage au PIB des PMA et qu’à celui des autres groupes de pays, reflétant la plus forte dépendance économique des PMA, en particulier les PMA africains et le Timor-Leste, à l’égard du secteur extractif. Les services continuent

de représenter moins de la moitié du PIB des PMA en tant que groupe, à la différence de ce qui se passe dans les autres groupes de pays et à l’exception remarquable des PMA insulaires (sauf le Timor-Leste) où les services contribuent à plus de 60 % du PIB.

Ajoutons que, comme l’industrie se développe généralement peu dans les petits États insulaires en développement, la contribution de l’agriculture au PIB de ce sous-groupe est plus importante que dans les autres sous-groupes de PMA (tableau 2.3).

b. Emploi

Les caractéristiques du changement structurel de l’emploi ont été très différentes de celui de la production. Premièrement, son rythme a été plus rapide pour tous les grands groupes de pays (tableau  2.2). Deuxièmement, pour la plupart des (sous-)groupes de pays, le transfert intersectoriel de la main-d’œuvre a été plus lent après 2011 que pendant la période précédente. Ce phénomène est lié au ralentissement de l’activité économique après la crise financière mondiale, qui a réduit les possibilités de redéploiement de la main-d’œuvre.

Le tableau 2.3 montre aussi la répartition sectorielle de l’emploi et son évolution entre la période 2001-2011 et la période 2011-2017. Dans les PMA, l’emploi tend de manière générale à se déplacer du secteur agricole vers le secteur des services et, dans une moindre mesure, vers le secteur industriel.

Toutefois, le niveau global de l’emploi dans le secteur agricole reste beaucoup plus élevé que dans les autres

Tableau 2.3

Composition sectorielle de la production et de l’emploi par groupe de pays, 2001-2017, certaines années

Agriculture Secteur manufacturier Autres secteurs Services

2001 2011 2017 Variation 2001-2011 Variation 2011-2017 2001 2011 2017 Variation 2001-2011 Variation 2011-2017 2001 2011 2017 Variation 2001-2011 Variation 2011-2017 2001 2011 2017 Variation 2001-2011 Variation 2011-2017

(En

pourcentage) (En points de pourcentage) En

pourcentage) (En points de pourcentage) En

pourcentage) (En points de pourcentage) En

pourcentage) (En points de pourcentage) Production

Pays développés 1 1 1 0 0 15 15 14 0 -1 11 9 9 -2 0 73 75 75 2 0

Autres pays en développement 11 9 8 -2 -1 16 24 23 8 -1 22 16 16 -6 0 51 52 53 1 1

Pays les moins avancés 29 24 22 -5 -2 11 11 13 0 2 15 18 18 3 0 46 47 48 1 0

dont :

PMA africains et Haïti 30 24 23 -6 -1 10 9 9 -1 0 16 21 22 5 1 45 46 46 1 0

PMA asiatiques 27 23 19 -4 -4 12 16 19 4 3 15 11 11 -4 0 48 50 50 2 1

PMA insulaires 30 12 15 -18 3 6 2 3 -4 1 5 54 34 49 -20 60 32 42 -28 11

PMA insulaires, sauf

leTimor-Leste 30 27 26 -3 -1 6 6 7 1 0 5 6 5 1 -1 60 61 62 1 2

Emploi

Pays développés 5 4 3 -1 -1 18 14 14 -4 0 9 9 9 0 0 68 73 75 6 1

Autres pays en développement 46 35 30 -11 -6 15 16 15 1 -1 5 9 9 4 0 34 40 46 6 6

Pays les moins avancés 68 60 56 -7 -4 6 6 7 0 1 3 5 5 2 0 23 28 31 5 3

dont :

PMA africains et Haïti 71 65 62 -5 -4 5 5 5 0 0 3 4 5 1 1 22 26 29 4 3

PMA asiatiques 64 52 46 -12 -6 8 11 12 3 1 4 6 6 2 0 25 32 36 7 4

PMA insulaires 52 48 45 -4 -3 6 5 5 -1 0 9 6 6 -3 0 38 41 45 4 3

PMA insulaires, sauf

le Timor-Leste 52 47 44 -5 -4 6 6 6 0 0 4 5 5 1 0 38 42 45 4 4

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données statistiques de l’UIT et la base de données UNCTADStat de la CNUCED (date de consultation : juin 2020).

groupes de pays. L’agriculture absorbe toujours plus de la moitié de la main-d’œuvre, contre 30 % dans les autres pays en développement et seulement 3  % dans les pays développés. L’importance de l’agriculture pour l’emploi est particulièrement forte dans les PMA africains et Haïti, où elle représente jusqu’à 62 % des emplois. La main-d’œuvre agricole a sans doute un peu augmenté dans les PMA en raison de la crise sanitaire et de la crise économique dues à la COVID-19. En effet, comme l’agriculture domine l’emploi rural dans les PMA (UNCTAD, 2015b), beaucoup de travailleurs qui ont perdu leur emploi dans les zones urbaines et beaucoup de migrants qui ont dû rentrer de l’étranger (voir chap. 1)

ont afflué dans les zones rurales et fait augmenter (au moins temporairement) les effectifs.

Parmi les grands groupes de pays, les PMA africains et Haïti sont les seuls où la mobilité intersectorielle de la main-d’œuvre n’a pas ralenti entre la période du Programme d’action de Bruxelles et celle du Programme d’action d’Istanbul. Elle s’est même un peu accélérée après 2011. D’un point de vue qualitatif, cette augmentation reflète le transfert de la main-d’œuvre de l’agriculture vers les services (et surtout vers les zones urbaines), qui a légèrement progressé entre les deux périodes (tableau  2.2).

Il  s’agit toutefois là d’un phénomène préoccupant, car si le transfert direct de main-d’œuvre du secteur

Le secteur tertiaire est très hétérogène

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