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dynamiques des capacités productives sur l’économie

de maîtriser la corruption que la perte de confiance des citoyens dans les pouvoirs publics peuvent être préjudiciables à l’inclusion et à la cohésion sociales (Sapsford et al., 2019).

Une analyse plus approfondie des Indicateurs mondiaux de la gouvernance et de l’ICP révèle que les pays les mieux gouvernés ont généralement un PIB par habitant plus élevé, mais pas exclusivement.

Un dilemme typique des pays aux ressources abondantes est leur tendance à accorder trop d’importance au montant de leur revenu lorsqu’ils comparent leur développement économique à celui d’autres pays. Toutefois, les informations fournies par l’ICP sont révélatrices : les pays bien gouvernés tendent à avoir de meilleures capacités productives et l’effet de distorsion que le revenu a sur le classement économique se dissipe alors (fig.  3.26). Cela est clairement le cas de l’Angola, du Soudan et de la Zambie, et dans une certaine mesure, du Timor-Leste et du Cambodge.

D. Conclusion

Ce chapitre a été consacré à l’analyse des progrès que les PMA ont accomplis dans la réalisation des objectifs du Programme d’action d’Istanbul. Dans cette section sont examinées plus en détail les incidences de l’absence de progrès ou d’améliorations dans certaines dimensions des capacités productives, ainsi que les interactions entre elles. Dans l’ensemble, ces progrès ont été insuffisants et lents à de nombreux égards. L’ICP, que la CNUCED a récemment lancé, a révélé qu’un nombre croissant de PMA sont pris au piège de la faiblesse de leurs capacités productives et se trouvent dans une impasse en matière de spécialisation. Des  enclaves de spécialisation ont toujours existé, qu’elles découlent de la dépendance à l’égard des produits de base (PMA africains et PMA insulaires) ou de l’interconnexion des marchés (PMA asiatiques), mais la persistance de reculs liés aux crises qui touchent certains PMA est un phénomène nouveau.

Les capacités productives sont des piliers essentiels de la transformation structurelle et du commerce, mais leurs effets dynamiques sur l’économie ne se feront sentir que lorsqu’elles seront activées par la politique publique. L’état des capacités productives empêche les politiques publiques des PMA d’influer autant qu’elles le pourraient sur le développement. En outre, certains se heurtent à des obstacles supplémentaires en raison de leur situation géographique et la dynamique sous-régionale.

L’analyse des catégories de capacités productives laisse supposer qu’un arbitrage existe entre ces

piliers, la plupart des catégories ayant des effets complémentaires. Cependant, l’existence de corrélations négatives non conventionnelles entre les catégories semble indiquer que les synergies sont faibles. Les PMA devraient exploiter les structures commerciales complémentaires qu’offrent leurs marchés sous-régionaux. Les PMA asiatiques pourraient, par exemple, trouver chez leurs voisins les intrants dont ils ont besoin, y compris la technologie, et des marchés pour les biens et services qu’ils exportent. Les PMA africains et les PMA insulaires ont également besoin d’exploiter leurs marchés sous-régionaux, mais ils devront accroître leurs investissements dans les interactions, les institutions et les infrastructures.

Les catégories de capacités productives peuvent avoir un impact différent sur les secteurs économiques et sur chacun des PMA. Toutefois, pour les secteurs primaires, tels que l’agriculture et les ressources naturelles, de fortes capacités humaines pourraient être le facteur déclencheur de réformes structurelles.

L’agriculture est un secteur particulier pour les PMA en raison du rôle essentiel qu’elle joue en tant que principal employeur de la main-d’œuvre et que source d’exportations et de matières premières.

Le dilemme pour les décideurs est de trouver comment réduire la dépendance à l’égard du travail improductif qui freine la contribution de l’agriculture à la réduction de la pauvreté, tout en assurant des moyens de subsistance durables à une population croissante. Les capacités de changement structurel ne parviennent pas non plus à produire le même effet sur la croissance dans les PMA que dans les pays en développement, car les facteurs qui stimulent le secteur porteur des services ne sont pas les gains de productivité, mais plutôt le chômage et le taux élevé d’informalité.

Le renforcement des capacités productives est un processus lent. Bien que les capacités productives des PMA se soient accrues, trois grandes tendances se sont dégagées, à savoir  : i)  des pays ont progressivement renforcé leurs capacités ; ii) d’autres pays ont accru leurs capacités à un rythme plus lent ; iii) d’autres encore ont stagné ou régressé. Comme nous l’avons expliqué plus haut, ces tendances ont également entraîné un développement des enclaves de spécialisation parallèlement à la stagnation des capacités productives. Pour briser ces schémas de spécialisation, il faudrait modifier non seulement la répartition des capacités productives, mais aussi les moteurs de la spécialisation. Par exemple, les capacités énergétiques sont positivement corrélées à la fois à l’agriculture et au secteur manufacturier, mais comme indiqué précédemment, les investissements

Figure 3.26

Classement des pays en fonction des Indicateurs mondiaux de la gouvernance et de l’ICP de la CNUCED

AFG

Moyenne des Indicateurs mondiaux de la gouvernance, 2018 PIB par habitant Échelle logarithmique (PIB par habitant)

AFG

Moyenne des indicateurs mondiaux de la gouvernance, 2018 ICP Échelle logarithmique (ICP)

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après des données provenant de la base UNCTAStat de la CNUCED et de la Banque mondiale (date de consultation : avril 2020).

énergétiques à l’échelle industrielle qui seraient nécessaires pour favoriser un accroissement de la valeur ajoutée dans l’agriculture et une expansion de la capacité manufacturière sont plusieurs fois supérieurs au montant actuel (UNCTAD, 2017c).

En outre, les changements d’orientation économique induits par les politiques peuvent réduire certaines des inefficacités observées. Par exemple, la promotion des exportations dans des secteurs étroitement définis peut faire peser une charge excessive sur certains pays, entraînant des distorsions liées à la structure économique. Certains des pays tributaires des produits de base sont extrêmement vulnérables aux aléas des marchés mondiaux parce que leur politique est involontairement discriminatoire à l’égard d’autres secteurs économiques (UNCTAD, 2015b).

Les PMA ont manqué de nombreuses occasions de renforcer leur capital humain et de promouvoir plus largement le développement humain. Si les indicateurs disponibles ne rendent pas compte de manière exhaustive du développement humain et social, ils soulignent néanmoins la nécessité de réduire les inégalités, de construire des communautés résilientes et d’éliminer toutes les formes de pauvreté.

Comme la CNUCED le préconise depuis des années, les PMA devraient mettre à profit la jeunesse de leur population pour combler le fossé qui se creuse entre eux et les autres pays en développement.

Pour ce faire, ils doivent veiller à ce que les jeunes

soient productifs et ne soient pas utilisés comme une source de main-d’œuvre bon marché dans l’agriculture et d’autres secteurs. La main-d’œuvre non éduquée et non formée reste une ressource improductive et sous-utilisée, d’où la nécessité, pour tirer parti du dividende démographique et combler le fossé technologique entre les PMA et les autres pays en développement, de recentrer les investissements publics sur l’éducation et la formation en plaçant le perfectionnement des compétences et l’acquisition de connaissances au cœur de l’action.

Les PMA ont de plus en plus de mal à sortir de leur catégorie. Les quelques pays qui ont été reclassés ont pu l’être en raison de l’abondance de leurs ressources naturelles. Cependant, les ressources naturelles constituent aussi une grande source d’instabilité des exportations et peuvent accroître la vulnérabilité des pays. Il en résulte que la vulnérabilité économique persiste même après que les pays sont sortis de la catégorie des PMA. La communauté internationale pourrait s’entendre sur des mesures d’appui visant particulièrement les pays en voie de reclassement, ainsi que ceux qui ont été récemment reclassés, pour faire en sorte que leur dynamique de développement perdure. La mise en place d’une structure d’appui différencié aux PMA semble inéluctable compte tenu de la faible proportion de pays reclassés et de la lenteur des progrès accomplis pour sortir de leur catégorie.

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