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Commerce et produits de base

Les capacités productives évoluent très lentement

C. Évaluer les progrès des PMA dans la réalisation des objectifs dans la réalisation des objectifs

3. Commerce et produits de base

Le commerce et les produits de base constituent deux thèmes prioritaires distincts dans le Programme d’action d’Istanbul, mais en raison de leur interdépendance, ils seront examinés conjointement dans la présente section. Bien que leurs produits bénéficient d’un accès aux marchés en franchise de droits et hors contingent, les PMA n’ont pas accru leur participation au commerce mondial pendant la période d’application du Programme d’action d’Istanbul. Le ralentissement du commerce des produits de base, dû à une évolution défavorable des marchés, les a maintenus dans le statut d’acteurs marginaux qui était depuis longtemps le leur (UNCTAD, 2018b). Globalement, l’objectif visé, qui était de doubler la part des PMA dans les exportations mondiales, n’a pas été atteint. En fait, la part des PMA dans les exportations mondiales de marchandises n’a cessé de diminuer pendant cinq années consécutives, jusqu’à être ramenée à 0,89 % en 2015, avant de remonter légèrement en 2018, à 0,98 % (fig. 3.14).

Entre 2011 et 2019, les exportations de marchandises sont passées de 1  800  milliards de dollars à 1 900 milliards de dollars au niveau mondial.

Elles ont aussi progressé dans les PMA, passant de 189  milliards de dollars en 2011 à 192  milliards de dollars en 2018, mais ont ensuite reculé à 181 milliards de dollars en 2019. Des baisses sensibles ont pu être observées en 2015-2016, en raison d’une demande mondiale atone, des faibles prix des produits de base, de l’appréciation du dollar et des limitations de la production (UNCTAD, 2016a). Parmi les PMA, les exportations restent surtout le fait de quelques pays. Les cinq premiers pays exportateurs (Angola, Bangladesh, Myanmar, Cambodge et Zambie) ont représenté 62 % des exportations de marchandises des PMA en 2019.

Les avantages liés au coût relatif et à une situation géographique propice à une meilleure connexion aux chaînes de valeur mondiales ont continué de jouer un rôle essentiel dans la stimulation des exportations, en particulier dans les PMA asiatiques. De leur côté, les PMA africains ont davantage compté sur leurs abondantes ressources naturelles. Les structuralistes, en particulier ceux qui considèrent le marché comme l’unique déterminant du commerce, s’intéresseront aux différences de valeurs de la productivité totale des

Figure 3.13

Formation brute de capital fixe et valeur ajoutée dans l’agriculture 70

Valeur ajoutée dans l’agriculture (Part du total)

Formation brute de capital fixe 2001-2010 Échelle logarithmique (Formation brute de capital fixe, 2001-2010) AFG

Formation brute de capital fixe dans l’agriculture (Part du total)

70

Valeur ajoutée dans l’agriculture (Part du total)

Formation brute de capital fixe 2011-2016 Échelle logarithmique (Formation brute de capital fixe, 2011-2016) Formation brute de capital fixe dans l’agriculture (Part du total)

AFG

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED d’après la base de données FAOSTAT (date de consultation : avril 2020).

Figure 3.14

Part des exportations des PMA dans les exportations mondiales (En pourcentage)

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données UNCTADStat de la CNUCED (date de consultation : avril 2020).

2011 ; 1,03 pour cent

0,00 0,20 0,40 0,60 0,80 1,00 1,20

Exportations de biens des PMA (Part des exportations mondiales)

Exportations de biens et de services des PMA (Part des exportations mondiales) 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

2019 ; 0,96 pour cent

2000 ; 0,54 pour cent

2015 ; 0,90 pour cent facteurs et à d’autres mesures d’efficience influant

sur les coûts relatifs de production. Ces avantages comparatifs, tels qu’ils sont définis par Ricardo, ne sont généralement pas le propre des PMA, sauf dans des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, comme l’agriculture et d’autres activités non extractives faisant intervenir des ressources naturelles.

La diversification de la production et l’accroissement dynamique des exportations peuvent permettre à un pays d’accroître ses capacités commerciales et, si la croissance est soutenue, de voir la structure de son économie se modifier progressivement sous l’impulsion du commerce (Gagnon, 2007).

Il n’est pas évident d’établir ce qui constitue un changement structurel dans le contexte des capacités commerciales, car tous les produits (secteurs) ne sont pas marchands et la distribution sectorielle du PIB ne renseigne sur l’utilisation des capacités et la productivité qu’au niveau d’agrégation le plus bas. Par exemple, il peut être difficile de prime abord d’associer un niveau élevé de capacités productives à une faible concentration

des exportations par produit. Pourtant, la plupart des pays dont la valeur de l’indice des capacités productives se situe entre 15 et 30 enregistrent une valeur inférieure à 0,5 sur l’indice de concentration des exportations (fig.  3.15). Cet indice permet de déterminer dans quelle mesure les exportations et les importations de différents pays ou groupes de pays se concentrent sur un petit nombre de produits, au lieu d’être diversifiées. Les rares PMA qui présentent une forte concentration de leurs exportations par produit et une valeur comprise entre 15 et 30 sur l’indice des capacités productives sont des pays tributaires des exportations de produits de base tels que l’Angola (combustibles), la Zambie (métaux), le Malawi (tabac), Kiribati (produits de la pêche) et Sao Tomé-et-Principe (cacao). Il convient toutefois de noter que le Bhoutan, le Cambodge, le Népal et la Sierra Leone ont développé leurs capacités productives et diversifié leurs exportations.

Les résultats commerciaux ont été variables dans les différents PMA. Les exportations de produits manufacturés ont toutefois crû plus rapidement que

celles d’autres marchandises (fig.  3.16). Dans ce contexte, les PMA insulaires font figure d’exception, car leurs exportations de minerais et de métaux ont augmenté de manière spectaculaire en 2011-2018, prenant le relais des exportations de combustibles, qui avaient été le principal moteur de leur activité commerciale en 2000-2010. Cependant, ces exportations sont quantité négligeable par rapport aux exportations des autres PMA. Les combustibles suivent une spirale descendante depuis la crise financière de 2009 et les hausses brutales de leurs prix n’ont pas suffi à stimuler les exportations en 2011-2018. Leurs prix sont restés peu élevés en 2019 et ont encore reculé au premier trimestre 2020, lorsque la pandémie de COVID-19 a commencé à faire sentir ses effets sur l’activité économique.

La prédominance des produits primaires et des combustibles dans leurs exportations a toujours été un sujet de préoccupation pour les PMA. Avec la stagnation tendancielle des exportations de combustibles et d’autres produits de base, les PMA ont vu leur balance commerciale avec les autres groupes de pays se détériorer et, alors que la mondialisation

devait remédier à leur marginalisation, ont été mis encore plus à l’écart du commerce international.

Les  importations de biens et de services ont bondi de 211 milliards de dollars en 2010 à 338 milliards de dollars en 2018, et ont augmenté de 44 milliards de dollars pour la seule période de 2015-2018.

Selon le Programme d’action d’Istanbul, la diversification des exportations doit atténuer l’impact des chocs commerciaux exogènes causés par l’instabilité des prix des produits de base. Il existe une corrélation positive entre le développement de certaines capacités productives, par exemple des services infrastructurels de qualité dans les domaines de l’énergie et des transports, et la diversification des exportations et les résultats commerciaux globaux.

D’une manière générale, une augmentation de la part de la valeur ajoutée manufacturière est directement liée à une diversification des exportations, contrairement aux dotations en ressources naturelles, qui tendent à piéger les pays dans une spécialisation dans le commerce de produits de base (Giri et  al., 2019).

De mauvais résultats commerciaux sont associés à un manque de capacités industrielles. Dans certains Figure 3.15

Concentration des exportations et valeurs de l’indice des capacités productives dans les PMA, 2000 et 2018

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données UNCTADStat de la CNUCED (date de consultation : mai 2020).

AFG

Indice de concentration des exportations

Indice des capacités productives

2000 2018

Figure 3.16

Taux de croissance des exportations de marchandises des PMA, 2000-2018

Taux de croissance, en pourcentage (moyenne)

8,5 14 9,513,8 10,816

PMA PMA africains et Haïti PMA asiatiques

PMA PMA africains et Haïti PMA asiatiques

Taux de croissance, en pourcentage (moyenne)

Matières premières d’origine agricole

Produits primaires, pierres précieuses et or non monétaire, à l’exclusion des combustibles

Minerais, métaux, pierres précieuses et or non monétaire Combustibles

Articles manufacturés

Matières premières d’origine agricole

Produits primaires, pierres précieuses et or non monétaire, à l’exclusion des combustibles Minerais, métaux, pierres précieuses et or non monétaire

Combustibles

Taux de croissance, en pourcentage (moyenne)

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données UNCTADStat de la CNUCED (date de consultation : avril 2020).

cas, la taille de l’économie (population) peut influer favorablement sur la diversification des exportations (Osakwe and Kilolo, 2018). Cela vaut également pour l’accumulation de capital humain, les institutions, la levée des obstacles au commerce et l’élaboration de meilleures politiques industrielles. Giri et al. (Giri et al., 2019) ont défini les facteurs qui prédisposent les pays à une plus faible diversification de leurs exportations et constaté que la taille de l’économie a moins d’influence que l’abondance de ressources naturelles.

Le regroupement des PMA dans diverses catégories de l’indice des capacités productives confirme l’existence d’enclaves de spécialisation, établies en fonction des capacités productives, qui déterminent le niveau de diversification des exportations et le degré d’élaboration des produits exportés.

Ce  regroupement en fonction des capacités productives n’est pas un phénomène nouveau.

Concept bien connu en économie industrielle, il se rapporte au processus par lequel la concentration sectorielle d’entreprises fait participer toute une économie à des chaînes de valeur nationales, régionales ou mêmes mondiales (Nadvi and Schmitz, 1994). Au niveau des pays, il influe sur les structures de la production et du commerce.

Par exemple, dans les pays exportateurs de produits agricoles, le développement de capacités productives telles que les infrastructures de transport, les capacités du secteur privé, les TIC et le changement structurel peut déclencher un processus de diversification et de création de valeur ajoutée, compte tenu de la corrélation négative entre ces catégories de capacités productives et les exportations de matières premières d’origine agricole (tableau  3.4). Par  nature, les dotations en ressources naturelles ont un effet potentiellement dissuasif sur tout changement structurel, tandis que la formation d’une main-d’œuvre de qualité contribue à l’accroissement des exportations à valeur ajoutée, car le capital humain est corrélé négativement avec les exportations de produits primaires (exportations de matières premières d’origine agricole, de minerais et de métaux, et de combustibles), mais positivement avec les exportations d’articles manufacturés, de produits à forte intensité technologique et de services.

Les secteurs agricole et manufacturier peuvent être pénalisés par la politique industrielle et l’état des infrastructures. Les mesures tendant à la diversification des exportations devraient mettre l’accent sur la réduction des coûts commerciaux, qui représentent une large part des coûts de transaction. En l’absence d’infrastructures de qualité, les PMA ne peuvent pas utiliser pleinement leurs capacités productives, tandis

qu’une amélioration dans le seul secteur des transports peut modifier sensiblement les spécialisations commerciales. Les PMA exportateurs d’articles manufacturés sont généralement des pays dont les structures d’exportation (UNCTAD, 2015c) ont subi une transformation progressive, essentiellement fondée sur la connectivité des transports et le changement structurel. À l’opposé, les pays dont la structure commerciale est restée inchangée sont ceux qui n’ont pas beaucoup développé leurs infrastructures et ont obtenu des résultats médiocres dans la catégorie du changement structurel et dans d’autres catégories de capacités productives.

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