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de la population mondiale

supplémentaire de leur marginalisation économique et de leur retard persistant sur les autres pays en développement et sur les pays développés. Dans la même veine, la part des PMA dans les exportations mondiales oscille autour de 1  % depuis 2008, bien que l’objectif ait été fixé, dans le Programme d’action d’Istanbul puis dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, de doubler cette proportion. En fait, elle est relativement faible pour tous les groupes de produits (moins de 3,5 %), même pour les produits de base qui constituent l’essentiel des recettes d’exportation des PMA, à savoir les combustibles et, dans une moindre

Figure 1.8

Structure démographique des PMA par groupe d’âge (2020 et 2030 ; 47 PMA actuels)

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après des données du DESA (2019).

7,5 5,0 2,5 0,0 2,5 5,0 7,5

0–4 5–9 10–14 15–19 20–24 25–29 30–34 35–39 40–44 45–49 50–54 55–59 60–64 65–69 70–74 75–79 80–84 85–89 90–94 95–99 +100

Pourcentage de la population totale

2020

Femmes Hommes

7,5 5,0 2,5 0,0 2,5 5,0 7,5

Pourcentage de la population totale

2030

Femmes Hommes

La population des PMA représentera

15 %

de la population mondiale

en 2030

mesure, les minerais et les métaux, ainsi que les matières premières d’origine agricole (fig. 1.6). Le plus frappant est toutefois que la part des PMA dans les

exportations mondiales de produits manufacturés est toujours aussi faible, puisqu’elle s’élève à 0,5  % à peine et correspond principalement aux exportations de vêtements et de textiles. Ce  chiffre reflète la contribution assez limitée du secteur manufacturier à la création de valeur totale de l’économie de ces pays (12 %). Cette proportion est légèrement plus élevée qu’en 2011, mais à peu près identique à son niveau du début des années 1980. Dans ces conditions, il est évident que le Programme d’action d’Istanbul sera encore un chantier largement inachevé en 2021, et il n’est pas réaliste de compter sur des progrès sensibles à court terme, étant donné que la pandémie de COVID-19 devrait provoquer la pire récession depuis la Grande Dépression (IMF, 2020a: v).

Si la catégorie des PMA demeure pertinente, c’est aussi parce que, en dépit de leur faible poids économique, ces 47  pays représentent une part considérable et croissante de la population mondiale.

Selon les estimations, la population des PMA, qui s’élève actuellement à 1,06  milliard d’habitants, devrait atteindre 1,31 milliard d’habitants en 2030 et correspondre alors à 15 % de la population mondiale (fig. 1.7). Le reclassement prochain de certains PMA ne va vraisemblablement pas modifier radicalement ce tableau. Même si l’on exclut les pays qui ont satisfait aux critères de reclassement en 2018, à savoir l’Angola, le Bangladesh, le Bhoutan, les Îles Salomon, Kiribati, le Myanmar, le Népal, la République démocratique populaire lao, Sao Tomé-et-Principe, le Timor-Leste et Vanuatu, les PMA restants comptent 766  millions d’habitants (10  % de la population mondiale), et ce chiffre devrait passer à près d’un milliard en 2030.

En outre, alors que la transition démographique se poursuit à un rythme lent, la structure démographique des PMA continue d’être caractérisée par une

Figure 1.9

Expansion moyenne de la main-d’œuvre des PMA, 2011-2030

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données ILOStat de l’OIT (date de consultation : juin 2020).

0

Femmes Hommes Part du total mondial (échelle de droite)

représentation élevée des groupes d’âge les plus jeunes, et cette tendance devrait se maintenir au cours de la nouvelle décennie (fig. 1.8). En 2020, 39 % de la population des PMA avait moins de 15 ans, et selon les prévisions, le taux de dépendance économique, qui s’élève aujourd’hui à 74 %, devrait chuter à 67 % en 203024. Ainsi, les PMA représentent actuellement 20  % de la jeunesse mondiale, et cette proportion devrait augmenter de quatre points de pourcentage d’ici à 2030. Ces tendances à long terme auront une influence considérable sur la taille et le dynamisme des marchés, sur les enjeux des marchés du travail, de l’éducation et de la santé, ainsi que sur les perspectives d’urbanisation, les migrations et les potentielles tensions socioéconomiques. Toutes ces considérations soulignent avec plus de force encore la nécessité de promouvoir un redressement durable et généralisé des PMA, qui repose sur le renforcement des capacités productives et, partant, sur la transformation structurelle de l’économie, mais aussi sur la création de perspectives d’emploi suffisantes pour absorber le nombre croissant de nouveaux arrivants sur les marchés du travail.

Avec une croissance démographique de 2,3  % par an, une population âgée pour 39  % de moins de 15 ans et un taux d’activité des femmes en hausse, les PMA devraient continuer de voir leur offre de main-d’œuvre augmenter rapidement. Selon les estimations de l’OIT, leur population active va croître à raison de 13,2  millions de travailleurs par an en moyenne entre 2021 et 2030 (soit pas moins de 46 % de l’expansion de la main-d’œuvre à l’échelle mondiale), contre 10,1  millions pour la période couverte par le Programme d’action d’Istanbul (fig.  1.9). L’expérience montre que l’aptitude des PMA à tirer parti d’une croissance aussi rapide de la main-d’œuvre dépendra inévitablement de la capacité de leur économie à créer suffisamment de perspectives d’emploi productif en dehors du secteur agricole, et déterminera en définitive l’orientation et le rythme de leur transformation structurelle.

Du fait des tendances exposées ci-dessus, et alors que les préparatifs de la cinquième Conférence des Nations  Unies sur les pays les moins avancés s’accélèrent, les PMA sont devenus les principaux foyers de l’extrême pauvreté dans le monde (Valensisi, 2020). Bien qu’ils représentent à peine 14  % de la population mondiale, ils abritent plus de 50  % des personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour et environ 34  % des personnes vivant avec moins

24 Le taux de dépendance économique est le rapport entre la population inactive (14 ans et moins ou 65 ans et plus) et la population active (15 à 64 ans). Il sert à mesurer la pression à laquelle est soumise la population active.

de 3,20  dollars par jour, d’après les estimations (fig.  1.10). De tels chiffres sont révélateurs d’une polarisation géographique de la pauvreté et en disent long sur l’ampleur des inégalités à l’échelle mondiale.

Ils étayent aussi l’argument selon lequel c’est dans les PMA que se joue la réussite ou l’échec du Programme de développement durable à l’horizon 2030, surtout en ce qui concerne les engagements pris de «  ne laisser personne de côté », de réduire les inégalités dans le monde et d’éradiquer l’extrême pauvreté (UNCTAD, 2015a).

Plus fondamentalement peut-être, ces tendances mettent en évidence les obstacles auxquels se heurtent beaucoup de PMA qui tentent d’échapper à de potentiels pièges de la pauvreté, c’est-à-dire à des situations dans lesquelles leur faible pouvoir d’achat restreint la taille de leur marché intérieur et risque de compromettre la viabilité d’investissements grandement nécessaires, y  compris dans les équipements collectifs fixes, qui se caractérisent par des coûts fixes et des rendements croissants au niveau local. La figure  1.10 vient également rappeler qu’il existe un risque réel que de nombreux PMA prennent davantage de retard, par rapport aux autres pays en développement et aux pays développés, dans leurs efforts d’éradication de la pauvreté. Ce scénario sera encore plus probable si le ralentissement actuel se révèle plus prononcé ou plus durable que prévu, ou compromet la viabilité de l’endettement

Figure 1.10

Part des PMA dans la population mondiale et dans la population vivant sous les différents seuils internationaux de pauvreté

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après Valensisi (2020).

Note : Pour des raisons de comparabilité dans le temps, la figure inclut les 47 PMA actuels, même pour les années 2010 et 2015.

1,90 dollar par jour 3,20 dollars par jour 5,50 dollars par jour Part de la population mondiale 0

10 20 30 40 50 60

2010 2015 2020*

Pourcentage

des PMA et déclenche des crises de la balance des paiements. Il est particulièrement préoccupant pour les PMA d’Afrique, dont beaucoup ont enregistré des progrès relativement lents dans leur action en faveur de la réduction de la pauvreté.

Du point de vue de la communauté internationale, ces considérations méritent une attention particulière, notamment parce que la faiblesse du développement socioéconomique est habituellement considérée comme un facteur déterminant d’instabilité, de conflit et de migration, surtout lorsque, parallèlement, la pression sur les ressources naturelles s’accroît, les effets néfastes des changements climatiques s’intensifient et les capacités institutionnelles sont limitées (Hendrix and Salehyan, 2012 ; Mach et al., 2019 ; United Nations, 2019 ; Peters et al., 2020). Bien que les spécialistes soient loin d’être unanimes sur la relation entre ces éléments, il ne fait guère de doute que les piètres résultats socioéconomiques des PMA risquent d’enrayer les moteurs du développement durable, avec potentiellement des retombées négatives sur les pays voisins et au-delà. De la même manière, les inégalités de richesse et les asymétries de pouvoir influencent de manière déterminante le contexte d’économie politique dans lequel les projets concrets de coopération internationale se déroulent, et ont donc une incidence considérable sur les résultats et l’efficacité de ces projets (UNCTAD, 2017a, 2019b ; Sovacool et al., 2017).

Les considérations qui précèdent suggèrent que l’importance du développement durable des PMA va bien au-delà de leur rôle marginal dans l’économie mondiale, et que la communauté internationale devrait prêter à ces pays une attention et une assistance adéquates. La pandémie de COVID-19 a donné encore plus de poids à cet argument, puisqu’elle a introduit dans le débat une notion jusqu’alors principalement utilisée dans les domaines de l’ingénierie et de l’écologie, celle de résilience des systèmes. Dans ce contexte, la rapide propagation des effets de la crise sanitaire à de nombreux autres domaines, qui vont de la sphère socioéconomique à la mobilité en passant par l’environnement, a mis en évidence des éléments fondamentaux d’une interdépendance systémique qu’il n’est plus possible d’ignorer. Des tensions potentielles entre deux approches opposées, celle de la surenchère de l’efficacité et de la spécialisation, d’une part, et celle de la redondance et de la connectivité, d’autre part, se sont également fait jour (OECD, 2020b ; Ungar, 2018).

Dans le cadre des mécanismes complexes de l’interdépendance mondiale, l’émergence d’un débat autour de la question de la résilience remet l’accent sur les notions d’inclusivité et d’universalité, ainsi que sur le rôle fondamental de la coopération internationale, ajoutant une nouvelle dimension stratégique à l’impératif de ne pas laisser les PMA prendre du retard dans leur quête du développement durable.

Une dernière raison pour laquelle la catégorie des PMA conserve sa pertinence tient au contexte international émergent. Après des années d’érosion du soutien au multilatéralisme et alors que le monde est aux prises avec le ralentissement économique le plus grave depuis la Grande Dépression, il est de plus en plus largement admis que le système multilatéral doit être transformé et modernisé pour que la communauté internationale puisse relever les enjeux du XXIe siècle, en particulier celui du développement durable.

Toutefois, l’inquiétude grandit quant à la possibilité d’une fragmentation et d’une politisation croissantes de l’ordre international. En ces temps d’incertitude et de désenchantement, il est remarquable que la catégorie des PMA demeure un moyen utile et universellement reconnu de recenser les pays auxquels un soutien particulier doit être apporté.

L’importance du développement durable

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