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Études de cas sur l’agriculture

est une caractéristique commune des PMA

2. Études de cas sur l’agriculture

Les études de cas examinent les deux grandes prévisions décrites précédemment concernant l’incidence des technologies numériques. La présente section couvre trois d’entre elles. L’étude de cas sur le Myanmar aide à déterminer dans quelle mesure la diffusion des principales TIC a permis un niveau satisfaisant d’adoption des technologies numériques par les exploitants agricoles. Deux études de cas s’intéressent ensuite à des applications spécifiques du numérique liées à l’essor des services agrotechniques fondés sur les applications mobiles et les drones.

Figure 4.7

Cas d’utilisation des technologies numériques dans l’agriculture au Myanmar

Source : GSMA (2020b). télécommunications mobiles pour stimuler le développement agricole au Myanmar

Pays où la connectivité mobile était minimale, le Myanmar fait partie aujourd’hui des marchés les plus dynamiques au monde pour la téléphonie mobile.

Dans son cadre de réforme économique et sociale pour la période 2012-2015, le Gouvernement définit l’objectif de parvenir à 80  % de pénétration de la téléphonie mobile d’ici à 2015, afin d’améliorer l’accès des habitants des zones rurales, d’abaisser les coûts de transaction et de jeter les bases d’un système d’administration en ligne (Arnaudo, 2019)8. Dès 2016, le taux de pénétration des smartphones avait atteint 83 % dans les zones urbaines et 75 % dans les zones rurales9, soit 32 millions d’agriculteurs couverts. Toutefois, le taux de pénétration d’Internet s’établissait à 41 %10 en janvier 2020, en dépit d’un marché de la téléphonie mobile large bande porté par des débits de plus en plus rapides, avec la mise en place de réseaux  4G auxquels succéderont des réseaux 5G (BuddeComm, 2020).

Il était logique que le secteur privé, y  compris les prestataires de services mobiles de télécommunication, mette l’accent sur l’agriculture pour proposer des services à valeur ajoutée par téléphonie mobile, dans la mesure où celle-ci assure un moyen d’existence à près de 70 % de la population, tandis que les petits exploitants y prédominent. La croissance du secteur

8 S’agissant d’un des points les moins accessibles de la planète virtuellement après la Corée du Nord, le Timor-Leste et l’Érythrée (Arnaudo, 2019).

9 h t t p s : / / w w w. s t a t i s t a . c o m / s t a t i s t i c s / 1 0 6 3 8 5 2 / myanmarsmartphone-penetration-by-region/ (date de consultation  : 6  juillet 2020. D’après la GSMA (GSMA, 2020b), le nombre de raccordements au réseau mobile large bande a atteint 44  millions en 2018, soit 75  % du nombre total de raccordements à la téléphonie mobile.

10 https://datareportal.com/reports/digital-2020-myanmar (date de consultation : 6 juillet 2020).

agricole est vulnérable aux changements climatiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Le ratio conseillers/producteurs est d’environ 1 agent pour 585 familles, un agent de vulgarisation couvrant environ 2 050 hectares de surface cultivée.

La productivité est faible, notamment en raison de l’offre insuffisante de services de recherche et de vulgarisation  ; du manque d’installations et de services pour les chaînes de valeur ajoutée  ; de l’offre réduite de semences certifiées et améliorées ; de la faible qualité des intrants (engrais et produits chimiques)  ; et du manque de connaissances des agriculteurs sur l’utilisation appropriée des engrais11. Si le Gouvernement du Myanmar soutient résolument l’agriculture biologique, les agriculteurs recourent plus volontiers aux engrais chimiques, de par leur rendement plus rapide et plus élevé.

En ce qui concerne l’accès des consommateurs aux services Internet, on considère que le pays est parvenu à sauter l’étape de l’accès fixe. La pénétration du large bande fixe est moins bonne en raison du nombre limité de lignes fixes et de la prédominance de la plateforme mobile. La réticence des opérateurs à investir dans les infrastructures de réseau fixe large bande (BuddeComm, 2020) fait que les bases dont on dispose pour analyser les données restent insuffisantes, quand bien même la croissance des raccordements mobiles serait exponentielle. En outre, la demande d’électricité augmente plus rapidement que l’offre. La pénétration des smartphones et celle des services financiers numériques suivent des trajectoires contrastées (Roest and Konijnendijk, 2018).

Les solutions agrotechniques jouent un rôle moteur dans la nouvelle économie numérique du Myanmar.

Les solutions numériques pour l’agriculture sont principalement des applications pour smartphones diffusées directement auprès des agriculteurs.

11 Les engrais sont souvent surutilisés, ou sous-utilisés par les agriculteurs.

CHAPITRE 4 : La transition vers l’économie numérique : les capacités technologiques au service de la productivité

La plupart sont centrées sur l’accès aux services (de conseil, en particulier), les données de prix des récoltes, et l’information météorologique −  et constituent des solutions relativement peu complexes. Une société permet aux utilisateurs de louer des machines agricoles, mais le problème des infrastructures subsiste. La figure  4.7 rend compte des cas d’utilisation des services à valeur ajoutée les mieux établis dans le pays dans le secteur agricole.

D’après certaines données, les femmes déclarent moins volontiers (-10 %) que les hommes qu’elles sont utilisatrices d’un téléphone mobile ou d’Internet (Htun and Bock, 2017 ; Banque mondiale, 2020).

D’après des données empiriques, les agriculteurs limiteraient l’utilisation du téléphone portable aux appels vocaux, à la fréquentation de réseaux sociaux et à l’envoi de messages. Ils auraient aussi tendance à utiliser les médias sociaux existants pour s’informer, plutôt qu’à s’orienter vers des applications spécialisées12.

b. Étude de cas no 2 : Bilan des PMA en ce qui concerne l’utilisation de drones dans le secteur agricole

L’agriculture est l’un des principaux secteurs d’expérimentation des véhicules aériens sans pilote (UAV) ou drones. D’après la FAO (2018c), l’agro-industrie est le secteur dominant pour l’utilisation civile des drones, grâce à l’innovation menée dans les domaines de la miniaturisation, des batteries, de l’imagerie et des communications à distance.

Il n’existe encore qu’un nombre limité de travaux publiés sur l’utilisation d’UAV pour l’étude des cultures

12 Outre les références indiquées dans le corps du texte, l’étude de cas est aussi fondée sur les sources suivantes : Arnaudo, (2019)  ; Aye, (2018)  ; BuddeComm, (2020)  ; Devanesan, (2020)  ; Htun and Bock, (2017)  ; GSMA, (2020b)  ; Roest and Konijnendijk, (2018)  ; Sparling, (2018) ; USAID, (2015) ; World Bank (2020).

dans les systèmes d’exploitation agricole à petite échelle des PMA (Chew et al., 2020), et ces travaux se rapportent surtout au potentiel de cette technologie ou aux résultats de projets de donateurs. Il  est à craindre, estiment certains, que cette technologie ne reste hors de portée de la plupart des exploitants agricoles pendant encore un bon moment (Chandran, 2019  ; European Commission, 2018a). Par rapport à d’autres technologies numériques de l’agriculture de précision, les drones sont un outil plus récent et moins éprouvé. Les drones permettent des données fortement contextualisées ; situés beaucoup plus loin, en orbite, les satellites ne peuvent rivaliser (Yonah et al., 2018). À l’échelle mondiale, les motivations et les cas d’utilisation sont très divers.

En agriculture, les drones ne sont pas une technologie autonome. Pour créer des renseignements exploitables au niveau décisionnel, les données provenant des drones sont surtout utiles en étant complétées par les données provenant d’autres technologies numériques qui s’appuient sur une information agricole numérisée diverse et localisée − de sorte que le coût total de la technologie (dont l’entretien) compte pour beaucoup dans la décision des exploitants d’adopter ou non celle-ci, d’où également la nécessité d’investissements publics dans l’information agricole numérisée (pour le cadastre, notamment).

Parmi les pays en développement plus avancés, où le parc de machines et de matériel agricoles est plus important, la communication intermachines13 progresse plus rapidement que l’agriculture de précision (fig. 4.8).

13 La communication intermachines (M2M) est définie comme deux machines qui «  communiquent  », ou échangent des données, sans interface ni intervention humaine.

Entre dans cette catégorie la connexion en série ou les communications sans fil dans les applications industrielles de l’Internet des objets.

Figure 4.8

Parts des principales applications intermachines (En pourcentage du nombre d’utilisateurs)

Source : PwC (2017).

Gestion de l’élevage et de la pêche Aide à la logistique

Sans doute les conditions techniques sont-elles réunies dans certains PMA pour pouvoir exploiter un système local de drones en toute autonomie ; c’est ainsi que le Togo14 dispose d’une usine et d’une école de pilotage de drones15, et que l’Université scientifique et technologique du Malawi offre une formation sur les drones. Le nombre d’entreprises locales présentes dans les services de drones reste cependant limité (Knoblauch et al., 2019).

Pour constituer un outil de décision optimisé, les données provenant des drones nécessitent généralement la contribution et la collaboration d’acteurs de plusieurs disciplines techniques, notamment d’agronomes, d’agriculteurs, de spécialistes des SIG, de géomètres, d’experts en aéronautique et d’ingénieurs (y  compris en logiciel) (FAO, 2018c). Des spécialistes formés au numérique sont souvent nécessaires pour concevoir et interpréter les modèles d’analyse prédictive et d’impact utilisés pour générer des renseignements exploitables (de Jesus, 2019).

L’absence de certitude, quant à la possibilité pour les agriculteurs d’utiliser effectivement l’information pour obtenir une meilleure rentabilité dans leur activité, est une constante16. L’apport de capital, et les compétences techniques non négligeables, et exigeantes sur le plan pratique, que demande l’acquisition de drones, peut rendre son coût difficile à justifier pour beaucoup de petites et moyennes exploitations, et mettre en doute les économies d’échelle, même dans le contexte de pays développés (European Commission, 2018a).

L’insuffisance des infrastructures (en connexions Internet pour la production en temps réel, en plateformes de données permettant l’analyse intégrée par logiciel), le manque de capacités réglementaires,

14 https://cio-mag.com/agriculture-de-precision-undeploiement-de-drones-a-partir-du-togo-annonce/

(date de consultation : 13 juillet 2020).

15 http://www.commodafrica.com/10-09-2019-le- togoabritera-le-futur-centre-de-formation-des-pilotes-dedrones-agricoles-dafrique-de (date de consultation  : 10 juillet 2020).

16 http://m.theindependentbd.com/printversion/details/

160688 (date de consultation : 10 juillet 2020).

et la lenteur des travaux de normalisation au niveau international, continuent de freiner les progrès dans les PMA. Il existe une réglementation sur les drones, bien qu’insuffisante, au Bangladesh, au Bénin, au Burkina Faso, à Madagascar, au Malawi, au Niger, en République démocratique populaire lao, en République-Unie de Tanzanie, au Rwanda, au Sénégal, à Vanuatu et en Zambie. On en trouve quelques mentions dans la réglementation aérienne du Mali, de la Mauritanie, de l’Ouganda, du Tchad et du Togo. D’après les travaux publiés actuellement sur le sujet, il faut trouver un équilibre entre les impératifs de sécurité publique et de stabilité du commerce, tout en préservant le bon dosage entre réglementation et promotion de l’entreprise privée.

Les problèmes ci-après, concernant l’application des drones agricoles dans des contextes caractéristiques des PMA, ont notamment été relevés :

• L’accès insuffisant à l’électricité (charge des batteries) et aux pièces de rechange ;

• La production, à partir de données, de cartes, de modèles 3D et d’autres produits utiles, demande une puissance de calcul considérable ; le manque de logiciels spécialisés et de puissance de calcul suffisante, ou de données par Internet et réseau mobile autorisant une connectivité rapide pour accéder à des services informatiques en nuage, entravent la production en temps opportun de connaissances exploitables ;

• La présentation de connaissances exploitables sous une forme accessible aux agriculteurs ;

• Les cultures intercalaires intensives, ou la grande diversité des types de cultures, limitent souvent les capacités des drones  ; les systèmes de monoculture sont plus faciles à évaluer ;

• Une exploitation durable dans le pays, et les exigences d’entretien, imposent un renforcement des capacités locales et des partenariats avec les universités et écoles technologiques locales ;

• Le fait de disposer de connaissances et d’outils analytiques supplémentaires n’est pas un avantage en soi car le contexte local et les particularités locales comptent  ; le déploiement de drones est une opération à «  forte intensité de connaissances localisées » qui nécessite des compétences technologiques locales17.

17 Outre les références indiquées dans le corps du texte, l’étude de cas est aussi fondée sur les sources suivantes : Chandran, (2019) ; Chew et al. (2020) ; de Jesus (2019) ; European Commission (2018a) ; FAO (2018c) ; Knoblauch et al. (2019) ; PwC, (2017) ; Yonah et al. (2018).

Les applications mobiles dominent

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