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Le développement humain et social

Les capacités productives évoluent très lentement

C. Évaluer les progrès des PMA dans la réalisation des objectifs dans la réalisation des objectifs

4. Le développement humain et social

Le Programme d’action d’Istanbul énumère les priorités du développement humain et social, à savoir : l’éducation et la formation ; la population et les soins de santé primaires ; le développement des jeunes ; l’habitat  ; l’eau et l’assainissement  ; l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; la protection sociale. Les progrès accomplis par les PMA ont été mitigés dans ces domaines prioritaires  : quelques améliorations ont été enregistrées dans certains d’entre eux mais les résultats sont généralement décevants dans l’ensemble. Les PMA ont une population jeune, qui représente près de 60 % de la population totale. Le nombre de jeunes augmentera de 62  % au cours des trois prochaines décennies, passant de 207 millions en 2019 à 336 millions en 2050 (UN DESA, 2019). L’un des objectifs du Programme

d’action d’Istanbul est de renforcer les capacités des jeunes, c’est-à-dire leur niveau d’instruction et leurs compétences, et de garantir leur participation pleine et effective à la société. Plusieurs pays ont adapté leurs politiques sociales en y incorporant des mesures visant expressément à tirer parti de la jeunesse de leur population. Cependant, les PMA ont dû faire face à plusieurs obstacles en matière de développement humain et social. Par exemple, les cohortes en âge de travailler sont plus nombreuses, mais il n’y a pas assez d’emplois créés pour leur donner du travail et réduire le fardeau de la dépendance (Ashford, 2007).

a. Éducation et formation

Les progrès en matière d’éducation et de formation ont été mesurés par les taux de scolarisation et d’achèvement des études primaires. Si le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire est supérieur à 90  % dans certains PMA, il reste faible dans de nombreux autres pays. L’objectif d’une éducation primaire universelle, assorti d’une amélioration des résultats, ne sera pas atteint en 2020 et pourrait devenir plus difficile à réaliser au cours de la prochaine décennie. Il est très préoccupant de constater que des pays ont vu la proportion d’abandons augmenter parmi les enfants d’âge scolaire, notamment l’Érythrée, Sao Tomé-et-Principe, le Soudan du Sud et le Soudan (fig. 3.17). Au Burkina Faso, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, à Djibouti, en Érythrée, en Gambie, en Guinée, au Mali, au Mozambique, au Niger, au Sénégal et au Soudan du Sud, plus

Tableau 3.4

Corrélations par paires entre les catégories de capacités productives et les principaux produits d’exportation Type d’exportations Ressources

naturelles Énergie Transports Capital

humain Institutions Secteur

privé Changement structurel TIC Matières premières d’origine agricole

(CTCI, section 2, sauf les divisions 22, 27 et 28)

-0,0669** 0,014 -0,1616* 0,0098 -0,1495* -0,0236 -0,0881* -0,0817*

Tous produits alimentaires

(CTCI, sections 0,1 et 4 + division 22) 0,0093 0,1877* -0,1689* 0,1396* -0,0721** 0,0654** 0,0525 0,0032 Minerais et métaux

(CTCI, divisions 27, 28 et 68) 0,3053* 0,0991* -0,1091* -0,0584 0,0984* -0,1293* 0,023 0,0271 Combustibles (CTCI, section  3) 0,1623* 0,0395 -0,0745** -0,1422* -0,1129* -0,1572* -0,1250* -0,0129 Articles manufacturés (CTCI, sections 5 à 8,

sauf le groupe 667 et la division 68) -0,0679** 0,1459* -0,0196 0,2383* -0,0257 0,0666** 0,1050* 0,0444 Articles manufacturés à forte intensité

de compétence et de technologie 0,0316 0,1296* -0,1682* 0,1019* 0,1060* 0,0308 0,1208* 0,0524 Articles manufacturés à faible intensité

de compétence et de technologie 0,0691** 0,2807* -0,1145* 0,3405* 0,1369* 0,1193* 0,1299* 0,1296*

Articles manufacturés à forte intensité

de main-d’œuvre et de ressources -0,0739** 0,1384* -0,0103 0,2320* -0,0339 0,0643** 0,0993* 0,0397

Exportations de services -0,134* 0,359* 0,139* 0,263* -0,107 0,012 0,161* 0,183*

Exportations de services commerciaux -0,121 0,348* 0,108 0,229* -0,108 0,019 0,140** 0,175*

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données UNCTADStat de la CNUCED (date de consultation : mai 2020).

Note : * valeur significative à 5 % ; ** valeur significative à 10 %.

Figure 3.17 Enfants non scolarisés

(Pourcentage des enfants en âge d’aller à l’école primaire)

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale (date de consultation : avril 2020).

0 10 20 30 40 50 60 70

Érythrée Soudan Djibouti Mali Niger Tchad Sénégal Mauritanie Burkina Faso Guinée Gambie Libéria République-Unie de Tanzanie Yémen Zambie Comores Tuvalu Bhoutan Cambodge Mozambique République démocratique populaire lao Sao Tomé-et-Principe Togo Burundi Îles Salomon Timor-Leste Lesotho Bénin Kiribati Népal Rwanda Myanmar Madagascar Sierra Leone Soudan du Sud République centrafricaine Angola Éthiopie Vanuatu Ouganda Guinée-Bissau Bangladesh Malawi

2001-2010 2011-2015 2016-2019

de 20 % des enfants d’âge scolaire ont abandonné l’école −  si le seuil d’abandon était fixé à 5  % des enfants d’âge scolaire, le nombre de pays touchés par ce phénomène doublerait presque.

Quels que soient les problèmes qui persistent de l’époque où étaient en vigueur les objectifs du Millénaire pour le développement, lesquels mettaient l’accent sur l’éducation de base au détriment de

la transition du primaire au secondaire, il est bien établi que la qualité des installations éducatives, des programmes et des autres aides aux apprenants contribue à accroître la scolarisation et à réduire l’abandon scolaire. Dans ce contexte, le meilleur indicateur des progrès accomplis est le taux de persévérance et de réussite dans l’enseignement supérieur. Les frais de scolarité ont diminué, mais les autres dépenses des ménages consacrées à l’éducation, par exemple au matériel pédagogique, ont augmenté. Ces coûts peuvent être trop élevés pour les pauvres, par exemple dans certaines zones urbaines de la République-Unie de Tanzanie, où les dépenses mensuelles des ménages par enfant consacrées à l’éducation étaient plus élevées que la moyenne des dépenses mensuelles des ménages indiquée dans l’étude de la Banque mondiale sur la mesure des niveaux de vie (Dennis and Stahley, 2012).

Les taux bruts de scolarisation dans l’enseignement secondaire traduisent les difficultés des pays à maintenir les enfants à l’école. Parmi les pays pour lesquels des données sont disponibles, le Bangladesh, le Bhoutan, le Népal, les Tuvalu, le Timor-Leste et Sao Tomé-et-Principe ont fait des progrès notables en augmentant le taux brut de scolarisation dans le secondaire, qui y dépasse largement les 60  %. Cependant, plusieurs autres pays comme le Niger, la République centrafricaine et la République-Unie de Tanzanie, ont stagné à moins de 30 %. Comme prévu, le taux brut de scolarisation est corrélé positivement à la fois à l’ICP global et à sa composante «  capacités humaines  » (fig.  3.18).

Le taux de scolarisation de certains pays a progressé dans l’enseignement secondaire, mais les trois pays les moins bien classés sont restés inchangés au cours de la période 2000-2018, le Bhoutan remplaçant Kiribati en tête de liste. La scolarisation des enfants dans l’enseignement secondaire s’est également améliorée de manière notable au Bangladesh, à Djibouti, au Népal, à Sao Tomé-et-Principe et au Timor-Leste, d’où les importants gains que ces pays ont réalisés en matière de capacités productives au cours de la période considérée.

b. Population et soins de santé primaires

Le Programme d’action d’Istanbul a fixé des objectifs en matière de population et de santé primaire afin de réduire les effets néfastes sur les PMA des phénomènes préoccupants que sont les taux élevés de mortalité infantile et maternelle et la prévalence des maladies transmissibles, notamment le VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et d’autres maladies importantes. Les pays y étaient également

encouragés à garantir un accès universel à la santé procréative d’ici à 2015 et à promouvoir l’accès aux médicaments, les partenaires internationaux étant invités à apporter leur aide dans ce domaine.

La  pandémie de COVID-19 a mis en évidence les liens existant entre la santé publique, l’environnement et l’économie, ainsi que la nécessité d’améliorer les services de santé dans tous les pays, notamment l’accès aux fournitures médicales à des moments critiques.

Les efforts mondiaux visant à réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans ont donné des résultats positifs dans de nombreux pays, le taux moyen étant passé de 93 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1990 à 39 en 2018 (Children: reducing mortality, 2019). Toutefois, pour les PMA, la cible  3.2 des objectifs de développement durable, qui consiste à ramener la mortalité des enfants de moins de cinq ans à 25 pour 1 000 naissances vivantes − au plus − dans tous les pays d’ici à 2030, ne sera probablement pas atteint, à en juger par les progrès réalisés depuis 2011. Seules les îles Salomon et les Tuvalu ont déjà atteint cet objectif, alors que 38 des 47 PMA avaient un taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans qui se situait au-dessus de la moyenne mondiale de 39 en 2018. La seule évolution positive est que chaque pays a enregistré quelques progrès mais que le nombre de décès dus à des maladies que l’on aurait pu prévenir ou traiter reste trop élevé. À la lumière de la pandémie de COVID-19, le renforcement des systèmes de santé dans les pays les plus vulnérables demeure une nécessité, mais à l’avenir, l’on devrait s’efforcer de mieux cibler les interventions et de les intensifier, en particulier dans les zones rurales, ainsi que d’appuyer la mise au point et le transfert de technologie en vue de produire des médicaments abordables, sûrs, efficaces et de bonne qualité dans les pays en développement.

Le déficit technologique des pays en développement en matière de fabrication de vaccins antigrippaux a été mis en évidence par Friede et  al. (2011).

La concentration de la capacité de production dans quelques pays d’Europe et d’Amérique du Nord est un risque mondial pour la santé publique qui peut être atténué à condition d’accroître la portée de l’initiative de l’OMS sur le transfert de technologies et la délivrance de licences non exclusives pour certains vaccins et d’autres types de médicaments. Dans l’idéal, il est préférable de laisser les brevets et la R-D aux forces du marché, mais un financement public est nécessaire dans le cas de la R-D. En  outre, le développement des capacités et le transfert de technologie vers les pays en développement sont un bien public mondial.

Le transfert de technologie est inefficace en l’absence

Figure 3.18

Taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire et capacités productives

BTN

0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0

Capacités productives

Taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire

Capacités humaines en 2011 par rapport au taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire en 2000-2010 ICP en 2011 par rapport au taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire en 2000-2010

Échelle linéaire (Capacités humaines en 2011 par rapport au taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire en 2000-2010)

Échelle linéaire (ICP en 2011 par rapport au taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire en 2000-2010) BTN

0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0

Taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire

Capacités humaines en 2018 par rapport au taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire en 2011-2018 ICP en 2011 par rapport au taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire en 2011-2018

Échelle linéaire (Capacités humaines en 2018 par rapport au taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire en 2011-2018)

Échelle linéaire (ICP en 2018 par rapport au taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire en 2011-2018)

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données UNCTADStat de la CNUCED et la base de données Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale (date de consultation : avril 2020).

de retombées sur la productivité intrasectorielle, de financement de la R-D et de capacités d’assimiler et d’utiliser la technologie (UNCTAD, 2014). Il est fortement restreint dans les secteurs où la propriété intellectuelle a une valeur élevée (par exemple, les produits pharmaceutiques), mais des politiques innovantes pourraient réduire les distorsions causées par l’utilisation abusive des brevets et par les pratiques qui entravent le commerce (UNCTAD, 2018c). La mise en commun des ressources et des compétences spécialisées au moyen de mécanismes spéciaux, notamment sous les auspices de l’OMS et de l’OMC, pourrait contribuer à dissocier le coût de la R-D de la fabrication de nouveaux médicaments pour les maladies touchant les populations des PMA (Røttingen and Chamas, 2012).

Outre les problèmes de santé auxquels sont confrontés les enfants et les femmes enceintes, les autres priorités du Programme d’action d’Istanbul sont l’habitat, l’eau et l’assainissement, que recouvrent également l’objectif de développement durable no 11 sur les villes et communautés durables, et l’objectif de développement durable no 6 sur l’eau propre et l’assainissement. Le nombre de personnes vivant actuellement dans des logements inadéquats est assez élevé dans les PMA, et les citadins ne sont pas les seuls à être dans ce cas. Toutefois, selon les données disponibles, la proportion de la population urbaine vivant dans des bidonvilles se situe entre 95  %, en République centrafricaine, et 21  %, en République démocratique populaire lao (fig. 3.19). Le problème des bidonvilles peut être l’expression d’une dichotomie entre des économies rurales improductives et des économies urbaines en croissance, lesquelles attirent plus facilement la main-d’œuvre rurale excédentaire car les opportunités socioéconomiques y sont plus intéressantes. Cependant, la persistance des bidonvilles illustre  : i)  le manque de capacités publiques et privées de mobiliser des investissements suffisants dans le logement et d’assurer des services infrastructurels adéquats aux populations urbaines  ; ii)  l’échec des politiques visant à attirer les investissements dans les économies rurales et urbaines  ; iii)  la faiblesse générale des politiques de développement social (Marx et al., 2013).

Entre 2000 et 2010, le sous-indice « capital humain » de l’ICP de la CNUCED a augmenté dans les PMA, mais les progrès réalisés depuis 2011 sont médiocres.

Certains pays ont continué à développer leur capital humain, bien qu’à un rythme marginal, et d’autres ont perdu de leur dynamisme. Cette situation est due à la stagnation du nombre d’années de scolarité entraînée par l’augmentation des abandons, à laquelle s’ajoute la faible progression d’autres éléments (par exemple, l’espérance de vie). L’indice des capacités humaines oscillait autour de 38-39 dans les PMA ayant obtenu les meilleurs résultats et était inférieur à 20 dans ceux ayant obtenu les moins bons résultats (fig.  3.20).

En revanche, dans le groupe des autres pays en développement, le pays affichant la valeur la plus faible en matière de développement du capital humain (23) était proche de la médiane des PMA (26) en 2018, tandis que le PMA ayant enregistré le meilleur résultat en 2018 (39) était trois points en dessous de l’indice médian des capacités humaines (42) des autres pays en développement.

Le développement du capital humain est le principal moteur du développement des capacités productives.

En fin de compte, ce sont les êtres humains qui décident des investissements dans la technologie et le savoir, notamment de l’utilisation des systèmes de production en place, et des changements structurels nécessaires à l’amélioration de ces systèmes.

Castellacci (2011) explique le gouffre grandissant qui existe en matière de développement économique entre les groupes de pays par le fossé technologique qui les sépare (ou la distance par rapport à la frontière technologique). Les  deux dimensions du fossé technologique, à savoir : i) la capacité d’adaptation, c’est-à-dire la capacité d’imiter les technologies de pointe ; et ii) la capacité d’absorption, c’est-à-dire la mesure dans laquelle les pays produisent de nouvelles connaissances avancées, sont toutes deux fortement tributaires du capital humain et du parc de machines.

Il est donc nécessaire que les PMA adoptent une vision du développement fondée sur les connaissances et centrée sur les capacités productives, en mettant l’accent sur le développement des capacités d’absorption, d’adaptation et d’organisation qui sont à l’origine du progrès technologique.

Les compétences acquises grâce à l’éducation et au travail déterminent l’utilisation de toutes les autres capacités productives, à savoir des actifs matériels et immatériels (infrastructures, institutions et politiques). En général, pour rattraper les autres pays en développement, les PMA devraient au moins atteindre le même niveau de développement des capacités humaines, le meilleur moyen d’y parvenir étant de réaliser des investissements

Le renforcement des services de santé

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