• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 2 : MÉTHODE DE RECHERCHE

2.3 Techniques d’enquête

Puisque le cas du Journal est déjà réglé depuis plus quelques années, il est certain que l’observation indirecte est utilisée (Quivy et Van Campenhoudt, 2006 : 152). En ce sens, la méthode de collecte de données se fait à la fois à l’aide d’entrevues semi-dirigées et d’utilisation de données primaires et secondaires.

2.3.1 L’entrevue semi-dirigée

L’entrevue semi-dirigée est ainsi nommée, car l’entretien qu’elle suppose n’est ni entièrement ouvert ni canalisé par un grand nombre de questions précises (Quivy et Van Campenhoudt, 2006 : 174). Le choix de la méthode de l’entretien semi-dirigé s’est imposé, car elle permet de discuter directement avec des acteurs qui ont été impliqués dans le conflit de travail et permet de comprendre l’univers de l’interviewé et de le rendre explicite (Savoie-Zajc, 2009). Ces discussions ont permis de reconstituer les événements et de comprendre les répercussions concrètes de ceux-ci sur le terrain autant pour ce qui a trait aux actions entreprises qu’au comportement des acteurs participants (Crête, 2009 : 298).

Grâce à cette méthode, il est possible d’obtenir des informations qui n’ont pas nécessairement été présentées dans les médias à l’époque. De plus, l’entrevue semi-

66

dirigée offre au chercheur une capacité d’adaptation durant l’entretien et une certaine souplesse afin de consacrer plus de temps sur certains détails si nécessaire (Quivy et Van Campenhoudt, 2006 : 175). Cette marge de manœuvre afin d’acquérir de l’information supplémentaire n’aurait pu être possible avec d’autres moyens, par exemple, par l’utilisation d’un questionnaire (2006 : 175). De plus, comme l’indique Roy (2009), une étude de cas gagne en pertinence lorsque, comme dans le cas présent, elle comprend des entrevues semi-dirigées.

De façon concrète, au cours de l’élaboration de ce mémoire, un membre de la partie syndicale et un membre de la partie patronale ont été questionnés. Cette méthode permet d’obtenir la vision la plus complète possible des événements majeurs qui se sont déroulés lors du conflit. Un répondant connexe a aussi été interrogé afin d’offrir un complément d’information avec une vision extérieure du conflit en lui-même. Cet informateur est un distributeur d’un journal concurrent. Son apport se traduit par l’obtention d’informations sur les étapes de la distribution d’un quotidien, sur le financement de celui-ci et sur le fonctionnement de la vente et de l’achat des espaces publicitaires dans un média papier. Ces informations sont primordiales puisqu’elles permettent une meilleure compréhension de la structure économique des quotidiens d’information. Puisque les revenus proviennent majoritairement de la distribution et des espaces publicitaires, ce répondant offre une perspective intéressante concernant la pression économique dans le conflit de travail du Journal en 2007.

Pour l’entrevue de chaque interlocuteur, un schéma d’entrevue a été créé. Celui-ci consiste en une suite de questions (en moyenne entre quatre et cinq) portant sur les sujets pertinents à aborder au cours de l’entrevue. Ces schémas avaient comme objectif principal (dans le cas du répondant patronal et syndical) d’obtenir le plus d’informations possible concernant le déroulement du conflit de travail (du début à la fin) et les répercussions de la venue du MédiaMatin Québec.

Ces schémas permettent, à la fois, de recentrer la discussion si l’interlocuteur se dissipe tout en laissant aux chercheurs d’avoir une marge de manœuvre. Ainsi, il a été possible de poser des questions sur des sujets non prévus à la base (suite aux pistes d’idées

67 offertes par le répondant) ou d’approfondie un sujet qui a été traité rapidement. De cette manière, il a été possible de s’assurer d’avoir couvert l’ensemble des éléments du modèle de Juravich lors de la fin de l’entretien. Des schémas ont été créés pour chaque type d’intervenant (syndical, patronal et autre). Chacun des schémas aborde des éléments spécifiques, selon les sujets sur lesquels les intervenants peuvent s’exprimer et approfondir notre connaissance du conflit. Ces schémas sont présentés aux annexes 1 à 3. Les entrevues semi-dirigées ont été effectuées individuellement. Dans tous les cas, sauf un (où l’intervenant s’est déplacé dans les locaux du Pavillon De Sève de l’Université Laval.), les entrevues se sont déroulées dans les bureaux de la personne interrogée. Une seule entrevue a été nécessaire pour chacun, à l’exception du répondant syndical qui a nécessité une deuxième rencontre. Ces entretiens se sont déroulés entre les mois de septembre 2011 et juin 2012 et ont été d’une durée variant de 1 heure 30 à 2 heures pour un total de 443 minutes.

2.3.2 La recherche documentaire

L’utilisation de données secondaires et documentaires se fait par l’étude de différents documents offrant des informations sur le conflit de travail du Journal de 2007. Ces documents consistent en une revue de presse regroupant des articles provenant du MMQ et de divers journaux publiés durant la période du conflit. Des données statistiques recueillit par l’Audit Bureau of Circulation (ABC) et par le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval ont aussi été utilisés afin d’observer les fluctuations des tirages de la période qui a précédé le conflit jusqu’au moment où celui-ci s’est terminé. Cette démarche présente, elle aussi, des avantages et des inconvénients. Tout d’abord, cette technique offre la possibilité d’obtenir rapidement des informations sur le conflit, entre autres, concernant la variation du nombre de copies vendues et la variation des revenus publicitaires du Journal. Ces données statistiques pourront être analysées et conceptualisées afin de confirmer ou infirmier les informations des personnes ressources recueillies lors des entretiens semi-dirigés (Sabourin, 2009 : 432). Néanmoins, cette méthode possède comme inconvénient majeur de demander au chercheur d’être très

68

consciencieux vis-à-vis la validité et la fiabilité des informations recueillies par ce processus (Quivy et Van Campenhoudt, 2006 : 183).

L’utilisation commune de ces deux méthodes distinctes est nécessaire afin de s’assurer d’une analyse complète et pertinente du conflit de travail. En effet, les données secondaires et documentaires permettent d’obtenir une vision globale du conflit de travail de 2007, mais c’est grâce aux entretiens semi-dirigés qu’il est possible à la fois de valider les renseignements recueillis auparavant et d’obtenir des informations supplémentaires qui auraient été inaccessibles autrement. En somme, ces méthodes ont été utilisées afin de trianguler nos données et permettent ainsi d’observer le sujet sous différents angles, diminuant du même coup les risques de biais au cours de l’étude (Roy, 2009 : 218). Cette démarche de recherche a préalablement été approuvée par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval (CERUL) et a été respectée tout au long du processus de collectes de données. En effet, les participants ont tous reçu au départ une lettre de recrutement. Cette lettre offre une description sommaire du projet, les raisons qui expliquent la sélection du participant, la durée de l’entretien et précise que cette rencontre sera enregistrée dans le but de faciliter l’analyse de données. De plus, les participants signent un formulaire de consentement de participation à l’étude qui leur assure la confidentialité lors de l’entretien. Ce formulaire est présenté à l’annexe 4. C’est pourquoi chaque participant est nommé sous un code (ex. : répondant syndical, répondant patronal, etc.). Tous les intervenants de la recherche ont choisi de participer de façon libre et volontaire.