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VIII. Annexe

1. Tableau récapitulatif de l'ironie dans La Garde blanche et ses traductions

Original Traduction de Claude Ligny Traduction de Marianne Gourg Type d'ironie

Замечательная печь на своей Nikolka au cours de l’année 1918 :

Si on te dit que les Alliés vont venir bientôt à notre secours, n’en crois rien. Les Alliés sont des salauds. Il sympathise avec les bolchéviks.

(p. 39)

Sur les carreaux éblouissants de ce poêle remarquable, on pouvait voir des inscriptions et des dessins historiques tracés à l'encre de Chine par la main de Nikolka en divers moments de l'année 1918 ; ils étaient pleins d'un sens et d'une signification profonds : Si l'on te dit que les alliés volent à notre aide, n'en crois rien. Les alliés sont des ordures.

Il sympathise avec les bolcheviks. (p. 307)

Antiphrase,

Dehors, on croirait le décor de l’opéra La Nuit de Noël : neige et petites lumières qui tremblotent et scintillent. (p. 309)

Métaphore

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Революционная езда. Час едешь – два стоишь. (p. 19)

Ce sont les voyages révolutionnaires. On roule une heure, et on s’arrête deux. (p. 48)

C'est la vitesse de la révolution. On passe une heure à rouler et deux à attendre. (p. 312) bottes de feutre et des pelisses ?

– Des b… bottes de feutre ! hoqueta Mychlaïevski les larmes aux yeux, en imitant le ton indigné d’Alexis. Des bottes… (p. 52)

« Non, mais quels salopards ! hurla Tourbine.

Comme s'ils n'avaient pas pu vous donner des bottes de feutre et une capote fourrée !

– Des bo-ttes de feutres », répéta ironiquement Mychlaïevski et les larmes lui coulaient sur son visage, « des bot...» (p. 314)

Hé, tu ne comprends donc pas ? (Mychlaïevski eut un geste d’impuissance.) Sais-tu combien nous étions là-bas ? Qua-rante ! Et cette tapette de colonel Chtchekine qui s’amène et qui nous dit (Mychlaïevski tordit son visage pour ressembler au colonel détesté et prononça d’une odieuse voix grêle et zézayante) :

« Messieurs les officiers, la Ville a mis son espoir en vous. La mère de toutes les villes russes est en danger de mort, soyez dignes de sa confiance. Si l’ennemi se montre, attaquez…

Dieu est avec nous ! Dans six heures, je vous ferai relever. Économisez les cartouches, je vous prie… » (p. 54-55)

« Ça ! », Mychlaïevski fit un geste d'impuissance. « Impossible d'y rien comprendre ! Tu sais combien nous étions là-bas ? Qua-rante. Bon voilà cette pouffiasse de colonel Chtchetkine qui arrive et qui dit » (Mychlaïevski tordit le visage pour imiter le colonel détesté et se mit à parler d'une odieuse petite voix flûtée et insinuante) : « Messieurs les officiers, la Ville a mis tout son espoir en vous. La mère des villes russes est en train de périr, ne trahissez pas sa confiance ; au cas où l'ennemi se manifesterait, passez à l'offensive, Dieu est avec nous ! Dans six heures vous serez relevés. Mais je vous prie d'économiser vos

Raisonnement absurde

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– C’est un salaud, continua Tourbine d’une voix changée de haine. Et il ne la parle même pas cette maudite langue ! Tenez, avant-hier, je demande à cette canaille de docteur Kouritziki – lequel, figurez-vous, a désappris de parler regarde avec des yeux ronds et se tait.

[…]

– Ils ne peuvent pas connaître le mot « kit », parce qu’en Ukraine, on ne rencontre guère de baleines. Tandis qu’en Russie, on trouve de tout en abondance. Il y en a dans la mer Blanche…. (p. 92)

– Un salaud ; voilà ce que c'est, continuait Tourbine, haineux, quand je pense qu'il ne parle même pas cette maudite langue ! Qu'est-ce que vous en dites ? Tenez, avant-hier, je demande à cette canaille de docteur Kouritski (voyez-vous, ce monsieur a désappris le russe depuis novembre dernier. Maintenant il prononce son nom à l'ukrainienne)... donc, je lui demande « et comment dites-vous "chat" en ukrainien ?" Il me répond "kit". Je lui demande : "et 'baleine' vous le dites comment ?" Il était bien attrapé, il en resté là, les yeux écarquillés, incapable de proférer un mot. Et maintenant, il ne me salue plus. » […]

« Le mot "baleine" ne peut pas exister en ukrainien parce qu'il n'y en a pas en Ukraine alors qu'en Russie il y a de tout en abondance.

Par exemple, dans la mer Blanche, il y a des baleines... » (p. 337-338)

Jeu de mots

Ты... ты... тебе бы, знаешь, не врачом, а министром быть обороны, право, –

Tu… tu… sais, ma parole, c’est pas médecin que tu devrais être, mais ministre de la Guerre, dit

Sais-tu… ce n’est pas médecin que tu aurais dû être, mais ministre de la Défense, je t’assure,

Hyperbole,

82 n'es pas drôle, lui répondit Tourbine, tu ferais mieux de boire ton vin. » (p. 338-339)

– Après avoir entretenu avec bienveillance les gens de la suite, l’empereur Guillaume leur a ferma les paupières. Cinq paires d’yeux étaient

– L'empereur Guillaume leur a parlé avec bienveillance, puis il a dit : « Je vous dis à présent adieu, messieurs, vous entendrez la suite de la bouche de... » Un rideau s'est ouvert et notre tsar bien-aimé a fait son entrée. Il a dit : « Messieurs les officiers, allez en Ukraine et formez vos unités. Le moment venu, je prendrai personnellement la tête de l'armée et je la conduirai au cœur de la Russie, à Moscou. » Et il a fondu en larmes.

Chervinski promena sur l'assistance un regard rayonnant, il avala son verre d'un trait et fit la grimace. Dix yeux le contemplaient fixement, le silence se prolongea jusqu'au moment où il se rassit pour avaler un morceau de jambon.

Absurde,

pathétique, litote

83 nouvelle de la mort de Sa Majesté impériale…

– … est un tantinet exagérée, risqua Mychlaïevski avec un petit rire d’homme ivre.

(p. 97)

[…]

« Vous avez tort de ne pas me croire. La nouvelle de la mort de sa Majesté impériale...

– Est quelque peu exagérée », plaisanta Mychlaïevski qui était un peu ivre. (p. 341)

Ему никогда, никогда не простится его

Jamais, jamais, on ne pourra lui pardonner son abdication à la gare de Don [sic]. Jamais, mais c’est égal, nous sommes maintenant instruits par une amère expérience, et nous savons que seule la monarchie peut sauver la Russie. Donc, si l’Empereur est mort, vive l’Empereur ! s’exclama Tourbine en levant son verre. (p. 99)

Jamais au grand jamais il ne lui sera pardonné d'avoir abdiqué à la garde de Dno. Jamais. Mais peu importe, nous voilà à présent instruits par l'amère expérience et nous savons que seule la monarchie peut sauver la Russie. Aussi, si

Le Pal (peintres, artistes, littérateurs) (p. 114) Club Poussière (poètes, metteur en scène, acteurs et peintres) (p. 350)

84 commandant en chef de l’armée allemande en Ukraine, le feld-maréchal Eichhorn, intouchable et hautain général, vraiment terrible par sa puissance, adjoint direct de l’empereur Guillaume lui-même ! Son assassin était, cela va de soi, un ouvrier, et cet ouvrier était, cela va de soi, socialiste. Vingt-quatre heures après la mort du général, les Allemands pendirent non seulement l’assassin, mais aussi le cocher qui l’avait amené sur les lieux. Certes, l’illustre général n’en fut nullement ressuscité, mais cela inspira aux gens sensés des réflexions tout à fait remarquables sur ce qui se passait. (p. 125)

rien moins que le Feld-marshall von Eichhorn, commandant en chef de l'armée allemande d'Ukraine, qui fut assassiné : un général invulnérable, arrogant, effrayant de puissance et proche collaborateur de l'empereur Guillaume lui-même ! Il fut assassiné, comme de bien entendu, par un ouvrier, socialiste, cela va de soi. Vingt-quatre heures ne s'étaient pas écoulées depuis l'assassinat que les Allemands pendaient non seulement le coupable mais aussi le cocher qui l'avait conduit sur les lieux du crime. À dire vrai, cela ne ressuscita ténèbres profondes. On racontait qu'il avait été comptable. (p. 360)

85 [...] а у правой ноги высовывал свое рыльце

пулемет. (p. 96)

[…] une mitrailleuse pointait son museau près de sa jambe droite. (p. 160)

[...] une mitrailleuse pointait son nez près de sa jambe droite. (p. 379)

Personnification

Да жена напетлюрила. С самого утра сегодня болботунит... (p. 102)

C’est ma femme. Elle petliourâlait, et voilà que depuis ce matin, elle bolbotounise… (p. 169)

Ma femme petliourisait. Et depuis ce matin, sûres, et vous pensez bien que je n’ai pas envie de rester cette nuit dans les oubliettes, ni d’y enterrer deux cents petits gars dont cent vingt ne savent même pas tirer !

[…]

– Bonjour artilleurs ! (p. 189-190)

« Eh bien donc » – Malychev parlait à présent beaucoup plus bas, – « vous comprenez que je n'ai pas la moindre envie de passer dans ce sac de pierre une nuit qui risque d'être critique et, qui sait, d'envoyer dans l'autre monde deux

[...] вострорылый пулемет. (p. 120) […] mitrailleuse au museau pointu. (p. 194) [...] mitrailleuse au groin acéré. (p. 400) Personnification

– Пущай, пущай, пущай, пущай, – бормотал

Vraiment un très grand plaisir !

Il faut croire que les derniers mots de Maxime

« Parfait, parfait, parfait, marmonnait-il, en ce jour où M. le curateur nous honore de sa visite, M. l'inspecteur et lui-même pourront admirer MM. Tourbine et Mychlaïevski. Cela leur fera plaisir. Un plaisir exceptionnel, pour sûr ! » Il faut croire que les dernières paroles de Maxime étaient chargées d'une ironie

Antiphrase, hyperbole, ironie déclarée

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Надо думать, что последние слова Максима заключали в себе злейшую иронию. (p. 122)

étaient pleins d’une cruelle ironie. (p. 197) amère. (p. 401-402)

А в окнах настоящая опера "Ночь под

Aux fenêtres, on dirait l’opéra La Nuit de Noël : neige, lueurs fugitives, lumières scintillantes…

« Je voudrais bien savoir pourquoi on tire à Sviatochino. » Lointains et inoffensifs, comme enveloppés d’ouate, les canons tiraient, bou-oum… bou-bou-oum… (p. 199)

Par les fenêtres, plus vrai que nature, c'était l'opéra La Nuit de Noël, neige et petites lumières tremblantes et clignotantes...

« J'aimerais bien savoir pourquoi on tire à Sviatochino. » Lointains et inoffensifs, les coups de canon semblaient tirés dans du coton, bou, bou-ou... (p. 403) hurler avec les Zoulous. Et, la main au casque, ils saluent. Courtoisie internationale, comme on dit. (p. 204)

Il est vrai qu'au fond de leur âme ils s'en fiche que ce soit le commandant Bieloroukov, quelqu’un eût joué avec un hochet géant. Dès le matin, les habitants étaient descendus dans les caves et, dans le jour naissant, on pouvait voir

Dans le ciel bas et neigeux, c'étaient comme si on s'amusait à secouer des crécelles. Depuis le matin, les habitants des maisonnettes se

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des colonnes de junkers transis se replier vers le centre de la Ville. Du reste, les canons se turent bientôt pour faire place au joyeux vacarme de la fusillade, quelque part dans la banlieue nord. Puis la fusillade se tut à son tour. (p. 229)

junkers gelés s'approcher de plus en plus près du cœur de la Ville. D'ailleurs, bientôt la mitrailleuse retentit en provenance de Petchersk. (p. 424)

Feldman sortit son portefeuille, l’ouvrit, prit parmi les papiers la première feuille qui se présentait, et soudain frémit. Il venait de se rappeler… ah mon Dieu, mon Dieu ! Qu’avait-il fait là ? Quel papier avez-vous donné, Jacob Grigorievitch ? Eh oui, mais est-ce qu’on pense à ces bêtises, quand on sort en courant et que dans sa chambre, votre femme est prise des premières douleurs ? Malheur à Feldman ! Galanda s’empara aussitôt du document. Ce n’était qu’une mince feuille de papier, avec un cachet, mais dans cette feuille, il y avait la mort de Feldman.

[…]

Feldman sortit le portefeuille qui contenait ses papiers, l'ouvrit, prit le premier papier et trembla des pieds à la tête en se rappelant...

ah ! mon Dieu, mon Dieu ! Qu'avait-il fait là ? Qu'avez-vous montré là, Jakob Grigorievitch ? Songe-t-on à semblable vétille lorsqu'on sort en courant d'une maison où vient de retentir le premier gémissement d'une femme en

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Feldman fournissait le général Kartouzov en lard, graisses de toutes sortes et vaseline pour les armes.

Mon Dieu, faites un miracle !

– Monsieur le capitaine, je me suis trompé de papier !... Permettez…

– Mais non, c’est très bien, dit Galanba avec un sourire diabolique. T’en fais pas, on sait lire…

Mon Dieu ! Faites un miracle ! Onze mille roubles… Prenez tout. Mais laissez-moi vivre ! Vivre ! Chma Israël !

Prière rejetée.

Heureusement, encore, Feldman eut une mort relativement douce. Le chef Galana était pressé. Aussi se contenta-t-il de fendre le crâne de Feldman d’un coup de sabre. (p. 243-244)

vaseline pour le graissage des pièces.

Dieu, fais un miracle !

« Mon général, ce n'est pas le bon papier !...

Attendez...

– Si, c'est le bon », fit Galanba avec un rire diabolique, « n'aie crainte, on sait lire. »

« Dieu ! Fais un miracle. 11 000 roubles d'argent... Prenez tout. Mais laissez-moi la vie ! Laissez-la-moi ! Schma Isroel ! »

On ne la lui laissa pas.

Feldman eut la chance de mourir d'une mort douce. Galanba était pressé. C'est pourquoi il se contenta de fendre la tête de Feldman d'un coup de sabre. (p. 429)

Mais à partir de dix heures du matin, la pâleur du capitaine Plechko devint permanente. Deux pointeurs avaient disparu sans laisser de traces, puis deux chauffeurs et un mitrailleur.

Toutes les tentatives entreprises pour faire démarrer les voitures restèrent sans résultat.

Chtchour, parti en moto pour une mission que lui avait confiée le capitaine Plechko, ne revint

À 10 heures du matin, la pâleur était définitivement installée sur les joues de Plechko. Deux pointeurs, deux chauffeurs et un servant de mitrailleuse avaient disparu sans laisser de traces. Tous les efforts déployés pour mettre les blindés en mouvement étaient restés vains. Chtchour, reparti à motocyclette sur ordre du capitaine Plechko, ne revint pas. Il

Ironie tragique, ignorance feinte, hyperbole

89 prodiges se multipliaient à la division blindée.

Les artilleurs Douvan et Maltsev disparurent, ainsi qu’une paire de mitrailleurs. Les trois automitrailleuses avaient pris un aspect délaissé et énigmatique, et tout autour traînaient des boulons, des clefs, et des seaux.

Alors, à midi, le capitaine Plechko, commandant de la division, disparut aussi.

(p. 258)

va de soi que la motocyclette ne revint pas non plus. Elle ne pouvait quand même pas revenir toute seule ! Les oiseaux du téléphone se firent menaçants. Le jour se levait et chaque instant apportait de nouveaux miracles dans la division. Les artilleurs Douvan et Maltsev disparurent, et après eux deux servants de mitrailleuse. Les blindés avaient maintenant un air étrange et abandonné ; autour d'eux le sol était jonché d'écrous, de clés, de seaux.

Et à midi, à midi, ce fut au tour du combattant Vassilievitch et ajouta, avec une tranquillité ironique :

– Mais que se passe-t-il ? Pour l’amour du ciel, dites-moi ce qui se passe ?

– Qu'y a-t-il ? Parlez, je vous en conjure...

– Ce qu'il y a ? Malychev répéta la question

Ironie déclarée,

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– Дело ? – иронически весело переспросил Малышев, – дело в том, что Петлюра в городе. (p. 180)

– Ce qui se passe ? répéta Malychev avec une gaieté ironique. Il se passe que Petlioura est en ville. (p. 281)

Nous attendrons ici, dit Nikolka aux junkers en s’efforçant de donner à sa voix un ton junkers en s’efforçant d’affermir sa voix qui en avait bien besoin. Car tout de même les choses n’étaient pas exactement ce qu’elles auraient dû être et il y avait là une sorte d’absurdité. Où révolution. Il aurait fallu tous les pendre, mais il est trop tard, maintenant… » (p. 406-407)

« La voilà, la révolution », pensa-t-il dans sa tête rose et soignée, « elle est jolie, la révolution. Il fallait les pendre tous, mais c'est trop tard, maintenant... » (p. 528-529)

Antiphrase

– Может быть, очень может быть, – подтвердил высокий специалист Николка.

– C’est possible, c’est tout à fait possible, confirma le grand spécialiste Nikolka. (p. 414)

– C'est possible, c'est très possible, confirma Nikolka, le grand spécialiste. (p. 533)

Hyperbole

91 (p. 274)

– Не брешить, никаких банкетов не буде.

(p. 296)

Des blagues. Il n'est pas question de banquets.

(p. 445)

Ne racontez pas d'histoires. Il n'est pas question de donner des banquets. (p. 552)

Niveau de langue, style