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La télicité caractérise les constructions résultatives, d’où vient-elle ?

2.3 Le modèle méréologique de l’(a)télicité appliqué aux constructions résultatives

2.3.2 La télicité caractérise les constructions résultatives, d’où vient-elle ?

Les constructions résultatives sont invariablement téliques : elles décrivent des événements avec un point final (end-point) explicitement spécifié. C’est pour cette raison que pour Rothstein 2003, par exemple, les constructions résultatives appartiennent à la classe vendlérienne d’accomplissements par excellence. Puisque l’état résultant est explicité, se sont des accomplissements prototypiques.

Les tests standards de la télicité, pour le résultatif à contrôle en (156) et pour le résultatif à marquage casuel exceptionnel en (157), le démontrent. Si le progressif implique le perfectif correspondant pour le prédicat atélique en (156a) et (157a), l’ajout du résultatif apportant la télicité au prédicat complexe qui en résulte en (156b) et (157b) bloque l’implication. La compatibilité avec les adverbes temporels duratif for x time et de laps de temps in x time en (156 c, d) et (157 c, d) confirme le changement de la télicité après l’ajout du résultatif.

(156) a. John is hammering the metal.

⇒ John has hammered the metal.

b. John is hammering the metali flati.

=/⇒ John has hammered the metali flati. c. John hammered the metal (for an hour /*in an hour).

d. John hammered the metali flati (*for an hour / in an hour).

(157) a. John is drinking.

⇒ John has drunk.

66 b. John is drinking himselfi to deathi.

=/⇒ John has drunk himselfi to deathi. c. John drank (for an hour / *in an hour).

d. John drank himselfi to deathi (*for a year / in a year).

Ainsi, la télicité est une propriété intrinsèque des résultatifs, c’est une contrainte absolue imposée à la sortie (output) de la composition sémantique de la phrase. La question est comment la phrase devient télique : par quel mécanisme l’ajout d’un prédicat secondaire résultatif génère la télicité ? Si le résultatif transforme invariablement une activité en accomplissement (en termes de structure aspectuelle d’événement, on peut dire que le groupe résultatif augmente le gabarit d’activité (‘an activity template’) jusqu’au gabarit maximalement complexe permis, celui d’accomplissement), le contraire se produit avec les prédicats secondaires dépictifs : une activité modifiée par un dépictif n’est plus interprétable comme(/transformable en) un accomplissement. Contrairement aux prédicats résultatifs qui renvoient exclusivement à la fin de l’intervalle temporel où s’opère l’activité à l’origine de l’état résultant, la modification par les prédicats dépictifs est censée s’appliquer à l’entité sujet de la prédication secondaire dépictive pendant tout le temps de l’action dénotée par le verbe. Plus précisément, le prédicat dépictif doit modifier l’entité en question au moins pendant l’initiation de l’action dénotée par le verbe, étant donné que la situation n’est exclue où l’entité change considérablement au cours de cette action au point que le modifieur qui était vrai au début de l’événement ne l’est plus à la fin. Il suffit de comparer ‘Jonesi boiled the lobster angryiet ‘Jones boiled the lobsteri alivei’, où, dans la deuxième phrase, l’objet est modifié seulement au début de l’action : le homard vivant au début de la préparation ne l’est, de toute évidence, plus à la fin du processus. Ainsi, un prédicat dépictif est compatible avec un adverbial duratif (for x time), ce qui indique la focalisation sur la partie de l’activité (y inclus son point initial) dans une structure aspectuelle complexe de l’accomplissement, excluant, par conséquent, la possibilité de focaliser le point terminal de tout l’événement complexe (c’est-à-dire, activité + état résultant):

(158) a. Jonesi painted the picture drunki for an hour (and then sketched the rest of it sober).

b. Jonesi ran to the store drunki for three minutes and then walked the rest of the way

sober. (Rapoport 1999 : 21(661))

Le prédicat dépictif ne doit donc pas être compatible avec un adverbial de laps de temps (in x time) qui, par définition, est relié à et focalise l’état final de l’action dénoté par le verbe. Bien évidemment, sans les prédicats dépictifs, la situation est inversée – la modification par in x time devient possible : (159) a. *Jonesi painted the picture drunki in an hour. vs.

Jones painted the picture in an hour.

b. *Jonesi ran to the store drunki in half an hour. vs.

Jones ran to the store in half an hour. (Rapoport 1999 : 22(661)) Par conséquent, si le prédicat secondaire résultatif télicise invariablement le prédicat primaire (le verbe à la base de la construction), le prédicat secondaire dépictif est un détéliciseur intrinsèque.

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Les approches traditionnelles des constructions résultatives s’appuient sur le modèle de l’(a)télicité basé sur la notion d’état résultant : le point final d’un événement est défini en termes de réalisation de/aboutissement sur un état résultant spécifique. Par exemple, la représentation de cet état résultant (où John est réveillé) fait explicitement partie de la décomposition en prédicats primitifs de Dowty (1979) en (160b) pour la phrase causative transitive en (160a) :

(160) a. Mary shakes John awake.

b. [shake’(m,j) CAUSE BECOME awake’(j)]

Dans le modèle alternatif de Krifka 1987, 1992, 1998, l’événement et un participant dans cet événement sont conçus en termes méréologiques (autrement dit, de structure en parties), ce qui permet de définir différentes relations entre les deux. L’événement et son participant thème sont étroitement liés dans le sens que, premièrement, l’événement doit commencer quand le thème qui sera affecté tout au long de l’événement est au tout début de l’échelle ou du trajet qui vont enregistrer le changement graduel et progressif que le thème va subir et doit se terminer quand le thème aura été totalement affecté (il s’agit de la co-extensivité entre l’événement et l’argument thème affecté lors de l’événement) et, deuxièmement, que les parties temporelles de l’événement correspondent à une dimension physique (volume, surface, longueur, etc.) du thème incrémentalement affecté et vice versa (il s’agit de l’homomorphisme entre l’événement et l’argument thème affecté). Grace à la co-extensivité et l’homomorphisme entre, par exemple, le volume du vin et l’événement de wine-drinking dans ‘John drank a glass of wine (in an hour/*?for an hour)’, la quantification est transférée depuis le domaine nominal vers le domaine verbal : quand le volume du vin est quantisé (il s’agit d’une quantité spécifique), comme a glass of wine, l’événement devient pareillement quantisé, autrement dit, télique. En revanche, si le volume du vin est cumulatif (ou d’une quantité indéfinie), l’événement est atélique : ‘John drank wine (for an hour/*in an hour)’.

Pour pouvoir mesurer l’événement, c’est-à-dire, enregistrer son développement progressif, l’argument thème affecté change par degrés le long d’une échelle. La propriété physique du thème (le volume du vin consommé, dans le cas en question) doit être scalaire (ou gradable), c’est-à-dire, la propriété en question doit se mesurer par et sur un trajet abstrait, autrement dit, doit correspondre à une échelle. Dans le cas du nom massique ‘vin’, cette échelle n’a pas de borne, tandis que pour le DP ‘un verre de vin’ une borne est atteinte quand le volume du vin dans le verre devient égal à zéro.

Ainsi, un événement télique réclame trois composantes : un thème (incrémentalement) affecté, une échelle pour mesurer la propriété physique du thème et une borne sur cette échelle. Selon Krifka 1998, « Some property of the affected theme argument changes by degrees along a scale due to the action described by the verb, until it reaches a bound». Cela inclut la co-extensivité et l’homomorphisme entre l’événement et son participant thème affecté et sous-entend que ce participant incrémentalement affecté doit être un argument du prédicat dénotant l’événement.

L’échelle graduant la propriété du thème peut correspondre au volume physique du thème, mais pas seulement, d’autres propriétés mesurables du thème sont, par exemple, la température, l’intensité, la surface, la longueur, la distance, etc. Dans tous ces cas, une échelle (quelle que soit la propriété qui est à sa base) est indispensable pour établir une relation homomorphique entre l’événement et le thème affecté, puisque l’argument thème change par degrés successifs le long de l’échelle/du trajet co-extensifs avec l’événement : l’événement commence là où l’échelle commence et il s’arrête là où

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l’échelle s’arrête. Si l’échelle se termine par une borne ou un end-point, l’événement est télique ; si l’échelle fixe des bornes successives, il s’agit d’un événement cyclique ou itératif ; si l’échelle n’a pas de borne, l’événement est atélique.

Les constructions résultatives se caractérisent particulièrement par le fait que l’échelle de la propriété est exprimée directement et explicitement par le prédicat résultatif. Si ce prédicat est un adjectif, on prédit immédiatement que cet adjectif doit être gradable.

En général, il existe deux types d’adjectifs : les adjectifs gradables (qui acceptent des modifieurs de degré et des comparatifs) et non-gradables (qui n’en acceptent pas). Les adjectifs gradables s’interprètent par rapport à un étalon de comparaison, soit lexical inhérent, soit déterminé contextuellement. Les adjectifs gradables se divisent, par conséquent, en adjectifs à échelle fermé (closed-scale), c’est-à-dire ceux qui fournissent un standard (le maximum ou le minimum) lexical inhérent servant par-défaut, et à échelle ouverte (open-scale), c’est-à-dire, sans standards inhérents et pour lesquels le contexte d’emploi fournit les standards relatifs à une classe pertinente de comparaison. Les adjectifs à échelle fermée se subdivisent en adjectifs avec la borne (end-point) maximale et avec la borne minimale. Le minimum inhérent des adjectifs avec la borne minimale se positionne extrêmement bas, juste au-dessus du zéro, c’est pourquoi ce standard infinitésimal absolu est presque toujours ignoré et, à sa place, s’applique un standard contextuel considérablement moins stricte et plus acceptable pragmatiquement. Ainsi les adjectifs à échelle fermée en bas par une borne minimale se comportent de facto comme des adjectifs à échelle ouverte, c’est-à-dire, sans minima/maxima inhérents. Puisqu’on ne parle que très rarement du zéro absolu, c’est le cas, par exemple, de l’adjectif froid.

La (non-)gradabilité des adjectifs joue donc un rôle essentiel dans les constructions résultatives. Étant donné l’homomorphisme entre l’événement et l’échelle d’une propriété que l’adjectif dénote, la télicité de l’événement dépend directement de la structure scalaire de l’adjectif, c’est-à-dire, d’un caractère ouvert ou fermé de l’échelle. De plus, la contrainte de la co-extensivité de l’échelle et de l’événement impose que l’échelle soit pertinente pour la durée de l’événement : grâce à la co-extensivité la durée de l’événement est définie par la longueur de l’échelle.

Selon Wechsler 2005, il peut exister trois variantes de combinaison entre le verbe et l’adjectif pour aboutir à la sortie à une construction résultative télique interprétée compositionnellement :

Type I : le verbe est duratif (décrit un événement étendu dans le temps) ; le prédicat résultatif est un adjectif gradable à échelle fermée avec la borne maximale.

Type II : le verbe est ponctuel ; le prédicat résultatif est un adjectif non-gradable ;

Type III : le prédicat résultatif est un PP de trajet (path PP) avec à la tête des prépositions to ou into et dont l’objet spécifie la borne. Le verbe est normalement duratif (si seulement le trajet n’est pas trop court).

Dans ‘Mary hammered the metal flat’, le verbe to hammer est duratif et l’adjectif flat est gradable à échelle fermée par une borne maximale (closed scale maximal end-point adjectif): il y a un point où la pièce métallique devient tellement plate, qu’elle ne pourra devenir plus plate. Ainsi, dans le cas de flat, le telos de l’événement est fourni par la borne maximale de l’adjectif à échelle fermée en haut,

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bien que la correspondance (mapping) entre le temps et l’échelle de la propriété, c’est-à-dire la projection du développement de l’événement sur la structure scalaire de l’adjectif peut s’effectuer sans contraintes particulières. Autrement dit, la correspondance entre le degré de platitude de la pièce et le temps écoulé depuis le début de l’événement peut ne pas être (strictement) linéaire. Ce qui compte en revanche, c’est que l’échelle de propriété doit avoir obligatoirement un maximum inhérent qui servira à l’événement de telos.

C’est pourquoi, les adjectifs à échelle fermée en haut par une borne maximale comme clean, smooth, dry fournissent des bornes naturelles à l’événement. Par contraste, les adjectifs à échelle fermée avec la borne minimale comme damp, dirty, stained, wet se comportent comme des adjectifs à échelle ouverte. Ce type d’adjectif est agrammatical dans les constructions résultatives puisque leurs standards inhérents, c’est-à-dire, leurs bornes lexicales, sont trop bas pour être d'une quelconque utilité. (A partir de quel degré d’humidification ou de salissement peut-on affirmer qu’un objet est humide ou sale ? Combien de gouttes, de molécules ou de particules suffit-il de prendre en compte ?) Quand ces adjectifs sont employés dans le contexte de tous les jours, on utilise, comme standards que ces adjectifs exigent étant gradables à échelle fermée, plutôt des standards contextuels. Mais seuls les adjectifs avec des standards inhérents peuvent fournir un telos naturel à l’événement dénoté par la construction résultative, qui comme on l’a constaté, doit toujours être télique. Pour cette raison, les adjectifs à échelle fermée en bas par une borne minimale damp, dirty, stained, wet, qui sont donc de facto les adjectifs à échelle ouverte, sont agrammaticaux comme résultatifs, contrairement aux adjectifs fermée en haut par une borne maximale clean, smooth, dry:

(161) He wiped it clean / dry / smooth / *damp / *dirty / *stained / *wet.

(Wechsler 2005 : 265 (19)) Cela ne signifie pas pour autant qu’il est impossible d’exprimer le sens de la construction résultative avec un adjectif aux bornes minimales, c’est-à-dire d’exprimer l’idée que les choses deviennent sales, mouillées ou entachées comme résultat d'une action. Les adjectifs damp, dirty, etc., agrammaticaux dans les résultatifs, participent typiquement dans les constructions causatives (‘John made his hair wet’). Le fait que to make something dry/warm/wet ne sont pas des constructions résultatives se voit par l’absence d’implications des résultatives : ‘John made his hair wet’ n’implique ni ‘John made his hair’ (ce qui devrait être le cas si c’était une construction résultative à contrôle), ni *’John made’ (ce qui devrait être le cas pour une résultative à marquage casuel exceptionnel). Ainsi, Wechsler constate que la stratégie causative remplace la stratégie résultative en ce qui concerne les adjectifs à échelle fermée en bas par des bornes minimales, qui se comportent en réalité comme des adjectifs à échelle ouverte. La même stratégie causative s’applique aux adjectifs à échelle ouverte, autrement dit sans aucune borne inhérente : make famous/ill/sleepy/tired, etc.

Le deuxième type de construction résultative est représenté par des verbes instantanés to kill, to strike, to knock, to shoot, etc. combinés, typiquement, avec l’adjectif résultatif non-gradable dead.

(Dead est un exemple standard de l’adjectif non-gradable puisqu’il n’accepte ni les comparatifs, ni les modifieurs d’intensité: ?? ‘Nixon is etremely dead/ is more dead than Reagan’.) Cette incompatibilité indique qu’il manque à cet adjectif une borne lexicale inhérente, maximale ou minimale. A cause de la contrainte de la co-extensivité entre l’événement et le changement subi par le thème affecté, le verbe dans la construction résultative avec un adjectif non-gradable ne peut qu’être ponctuel (qui

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décrit une transition entre deux états quasi-instantanée), c’est-à-dire conceptualisé comme étant (presque) sans durée : to shoot the miller dead vs.*to bore the students dead.

Le troisième type de construction résultative consiste en un verbe duratif combiné avec un PP de trajet/de but (path/goal PP) dont l’objet NP spécifie la borne : le PP résultatif to death dénote « un trajet » dont le point final est la mort. Contrairement aux adjectifs dont l’absence ou la présence de l’échelle, c’est-à-dire, de la gradabilité, conditionne la comptabilité soit avec les verbes duratifs, soit ponctuels, les PPs de trajet se combinent avec les verbes duratifs ou ponctuels dans la même mesure. Par exemple, le trajet dénoté par le groupe prépositionnel de but to death peut être

« court » ou « long ». Ainsi, to death se combine à la fois avec to batter et avec to shoot, contrairement à l’adjectif dead, agrammatical avec un verbe duratif :

(162) a. The rabbits had apparently been battered {*dead / to death}.

b. He and a confederate shot the miller {dead / to death}. (Wechsler 2005 : 267 (26))

La typologie des constructions résultatives montre que le bornage (boundedness) doit faire partie de la structure lexicale-sémantique de l’adjectif candidat pour un prédicat secondaire dans une construction résultative. L’adjectif doit avoir une échelle lexicale inhérente, indépendante du contexte et bornée (la borne inhérente est détectable par la compatibilité avec certains modifieurs, notamment absolutely, totally ou completely9). Une borne fournie par le contexte pragmatique ne suffit pas, comme le montre l’exemple (161), où les adjectifs à échelle fermée en bas par une borne minimale (de facto les adjectifs à échelle ouverte) damp, dirty, stained, wet ne sont pas compatibles avec une construction résultative. La felicitousness de la composition sémantique de la phrase avec une construction résultative impose la contrainte de bornage inhérent (boundedness requirement) sur l’adjectif qui sert de prédicat secondaire. On note, en plus, que cette contrainte sur l’adjectif prédicat résultatif s’applique de manière obligatoire et au niveau le plus bas du calcul compositionnel. Nous avons dit que toutes les constructions résultatives sont invariablement téliques. Ce n’est pas tout à fait vrai puisque les résultatifs atéliques existent bel et bien. Ce sont les constructions résultatives avec des objets pluriels ou massiques (‘John hammered metal/cans flat (for an hour / (#)in an hour)’, mais la phrase qui en résulte reçoit inévitablement une interprétation itérative/habituelle (c’est-à-dire, d’ensemble d’événements), et non une interprétation d’activité continue (c’est-à-dire, d’un événement unitaire). Grâce à l’objet unbounded la phrase s’interprète itérativement, c’est-à-dire devient unbounded. La construction résultative n’exige donc pas que la phrase per se soit télique. L’interprétation itérative suggère que la contrainte de bornage inhérent de l’adjectif s’applique obligatoirement et tout de suite/en premier lieu (au niveau du prédicat complexe que, par hypothèse, le résultatif forme avec le verbe et avant l’introduction de l’objet), et ensuite seulement, l’(a)télicité (=l’itérativité) de toute une phrase est calculée en fonction du

9 A ne pas confondre avec completely avec le sens ‘très’, qui peut parfois s’employer avec les adjectifs à échelle ouverte, comme par exemple uninterested : completely uninterested = very uninterested, puisque on peut continuer par un comparatif sans contradiction :

I’m completely uninterested in finances, but Bob is even less interested, contrairement à completely modifiant un adjectif à l’échelle fermée comme straight :

#The line is completely straight, but it could be straighter.

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caractère (non-)quantisé de l’objet direct. S’agissant d’un objet non-quantisé (pluriel ou massique), une interprétation itérative apparaît par multiplication d’un événement télique singulier. Puisque ce n’est pas la télicité en tant que celle de la phrase qui est exigée par la construction résultative, l’interprétation itérative montre que la contrainte de bornage est une condition sur la structure lexicale sémantique des composantes de la construction et non une contrainte sur l’output finale de la phrase.

Tout ce qui vient d’être dit se rapporte aux résultatifs à contrôle. S’agissant, en revanche, des résultatifs à marquage casuel exceptionnel, dont certains sont répétés en (163), leur sujet de prédication secondaire résultative n’est pas argument du verbe, par conséquent, les contraintes de l’homomorphisme ou de la co-extensivité ne s’imposent pas sur les événements d’activité et de changement d’état/de lieu dénotés par le prédicat primaire et secondaire.

(163) a. The dog barked itselfi hoarsei. b. I ate myselfi sicki.

c. I danced myselfi tiredi.

Dans l’exemple en (164), l’événement principal dénoté par le verbe dénominatif to laughter et le changement le long du trajet, notamment de la sortie de l’orateur de la scène, dénoté par off the stage, ne sont pas nécessairement en relation d’homomorphisme stricte où le déploiement de l’événement est incrémentalement lié au changement sur l’échelle d’une propriété ou en relation de co-extensivité où l’événement commence et se termine là où le trajet commence et se termine respectivement. En revanche, ces deux relations caractérisent obligatoirement les résultatifs à contrôle.

(164) We laughed the speaker off the stage. (Wechsler 2005 : 270 (30)) Par exemple, contrairement aux résultatifs à contrôle, dans les résultatifs à marquage casuel exceptionnel, l’événement principal et l’événement résultatif peuvent recevoir des modifications temporelles indépendantes :

(165) Peter quickly read himself into an inferiority complex, after a few slow deliberate readings of his classmates’ theses. (Rappaport Hovav et Levin 2001 : 776) En parallèle, si les adjectifs à échelle ouverte n’apparaissent jamais dans les résultatifs à contrôle, ils sont possibles dans les résultatifs à marquage casuel exceptionnel, comme, par exemple, les adjectifs hoarse, tired et sick en (163). Le test de compatibilité avec le modifieur completely confirme que ce sont bien les adjectifs sans minima/maxima inhérents. Même si l’on peut dire completely sick, etc. ce modifieur signifie ici ‘très’, comme le montre le fait que ‘I’m completely sick, but Susan is even sicker’

(165) Peter quickly read himself into an inferiority complex, after a few slow deliberate readings of his classmates’ theses. (Rappaport Hovav et Levin 2001 : 776) En parallèle, si les adjectifs à échelle ouverte n’apparaissent jamais dans les résultatifs à contrôle, ils sont possibles dans les résultatifs à marquage casuel exceptionnel, comme, par exemple, les adjectifs hoarse, tired et sick en (163). Le test de compatibilité avec le modifieur completely confirme que ce sont bien les adjectifs sans minima/maxima inhérents. Même si l’on peut dire completely sick, etc. ce modifieur signifie ici ‘très’, comme le montre le fait que ‘I’m completely sick, but Susan is even sicker’

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