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Groupes résultatifs, préfixes lexicaux et particules séparable et la structure

2.5 Syntaxe – l(exicale) des constructions résultatives complexes

2.6.4 Groupes résultatifs, préfixes lexicaux et particules séparable et la structure

Mezhevich 2002 compare le statut argumental des DPs postverbaux, dans la construction résultative en anglais, des verbes à particule anglais et des verbes préfixés russes. Les trois constructions sont présentées en (311) :

(311) a. Jane wiped the table clean.

b. Jane wiped the table down.

141 c. Masha vy-terla stol.

Masha-NOM VY-wiped.PF table-ACC 'Masha wiped the table (clean).'

En guise de rappel : la construction résultative se compose d’un verbe principal dénotant une activité et un groupe résultatif (PathP ou ResP) prédiqué à propos du DP postverbal qui dénote un état de ce DP résultant de l’activité dénotée par le verbe principal. Ainsi, l’ajout du groupe résultatif, en spécifiant l’état résultant, transforme une activité en un accomplissement. Les constructions à particule en (311b) considérées comme apparentées à la construction résultative (par exemple, par Spencer and Zaretskaya 1998) sont similaires : le verbe to wipe dénote une activité et l’ajout d’une particule, tout comme l’ajout d’un groupe résultatif en (311a), transforme l’activité en l’accomplissement to wipe downt.

En russe, il n’a y pas de constructions résultatives ni avec un groupe résultatif adjectival ou prépositionnel, ni avec une particule. Mais le russe utilise massivement la préfixation lexicale pour dériver de nouveaux verbes à partir des verbes simples. L’ajout d’un préfix à une base verbale change les propriétés aspectuelles de la base en lui ajoutant un point résultant/culminant. Ce procédé crée donc des verbes téliques, à partir des verbes atéliques, notamment en ajoutant un end point aux verbes d’activité transformés en accomplissements. Simultanément, l’aspect grammatical du verbe change - un verbe imperfectif devient perfectif - bien que la télicité n’est pas assimilable à la perfectivité. En (311c), le verbe de base teret’ (‘frotter’) est un verbe d’activité, transformé par le préfixe lexical vy- en accomplissement : (311c) asserte que la table (toute la surface ou juste une partie) a été nettoyée.

Une propriété remarquable commune aux trois constructions est la présence des arguments internes directs différents de ceux sélectionnés par leurs verbes de base, comme le montrent les exemples en (312-314).

(312) a We danced our feet black and blue.

b. *They danced their feet.

(313) a. They blew the bridge up.

b. *They blew the bridge. (Mezhevich 2002 : 10 (2, 3))

(314) a. Masha is-pisala svoju ručku.

Masha-NOM iz-wrote [her pen]-ACC 'Masha's pen has run out of ink'

b. Masha pisala *svoju ručku/svoej ručkoj.

Masha-NOM wrote [her pen]-*ACC/INS 'Masha wrote her pen.'

Les trois verbes en (312-314) ont en commun le fait qu’à l'état isolé, ils ne prennent pas les mêmes objets que lorsqu’ils sont suivis d’un groupe résultatif, d’une particule ou précédés d’un préfixe lexical. En anglais, les DPs postverbaux dans les constructions résultatives basées sur les verbes

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intransitifs (qui peuvent, par ailleurs, s’employer transitivement avec des objets apparentés (cognate objects): to dance a beautiful dance, to laugh a mad laughter) et sur les verbes transitifs, mais avec un objet non-spécifié (par exemple, to eat, to drink) ne sont pas arguments sous-catégorisés par le verbe, mais des objets non-sélectionnés (Levin and Rappaport Hovav 1995), par exemple to drink the bar/the teapot dry. En revanche, Spencer et Zaretskaya 1998, en se basant sur la similitude de la structure sémantique (où, plus précisément, de la structure lexicale conceptuelle SLC (Jackendoff 1990)) des trois constructions (construction résultative et verbes à particule en anglais et verbes préfixés russes), soutiennent qu’elles représentent le même type de prédicat complexe. Par conséquent, puisque les DPs objets directs des verbes préfixés en russe sont des bona fide arguments internes, Spencer et Zaretskaya 1998 suggèrent que les DPs postverbaux dans les trois constructions – résultatives, verbes à particule et verbes préfixés - sont arguments du prédicat complexe.

Mezhevich 2002 montre que les DPs postverbaux dans les constructions résultatives en anglais, d’un côté, et les DPs objets des verbes préfixés en russe, de l’autre, ont des statuts argumentaux différents. Cela indique que les constructions résultatives en anglais et les verbes préfixés en russe doivent être analysés différemment, contrairement aux conclusions de Spencer et Zaretskaya qui leur attribuent le même pattern de la structure lexicale conceptuelle SLC, invoquant l’opération de la subordination lexicale du verbe d’activité, prédicat sémantique secondaire/prédicateur syntaxique primaire, au résultatif, prédicat sémantique primaire/prédicateur syntaxique secondaire. Quant aux objets des verbes à particule en anglais, ils semblent avoir un statut intermédiaire entre ceux des constructions résultatives en anglais et ceux des verbes préfixés en russe, étant donné que les verbes à particule en anglais partagent certaines propriétés avec les verbes préfixés en russe et d’autres avec les verbes dans les constructions résultatives.

Pour Mezhevich 2002, les constructions résultatives sont dérivées en syntaxe, tandis que la préfixation lexicale verbale en russe est censée avoir lieu en lexique. La raison à cela est que la dérivation lexicale, par contraste avec la dérivation syntaxique, tout en étant moins productive, change le sens du verbe (et, par conséquent, sa structure argumentale) de manière complétement imprévisible. En revanche, l’ajout d’un groupe résultatif n’affecte ni le sens, ni la structure argumentale du verbe de base dans la construction résultative. Même si aussi bien les préfixes, que les groupes résultatifs changent la classe aspectuelle lexicale du verbe, les DPs postverbaux des deux constructions ne peuvent pas avoir le même statut : si dans les constructions résultatives, se sont bien des objets non-sélectionnés, avec les verbes préfixés, ce sont leurs vrais arguments.

En ce qui concerne les verbes à particule (où la particule change aussi considérablement le sens basique du verbe simple et, par conséquent, sa structure argumentale), le statut de leur objet n’est pas aussi clair que celui des verbes préfixés russes, mais ces verbes ont plus de propriétés des mots morphologiques que des constituants en syntaxe, ils sont donc plus proches des verbes préfixés que des constructions résultatives.

Les tests pour déterminer le statut argumental d’un objet

Il existe un nombre de tests détectant le statut argumental (argumenthood) d’un constituant objet, notamment, le test de nominalisation, le test de passif adjectival et le test de formation du moyen, à l’aide desquels on peut déterminer le statut de l’objet : s’agit-il d’un argument interne direct du

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verbe ou non. Les trois constructions relevant d’une configuration stative, ont en commun la supprésion de l’argument externe et l’extériorisation de l’argument interne direct. Aussi, la condition siné qua non pour pouvoir former les trois est la présence de l’argument externe et de l’argument interne direct. Autrement dit, on doit pouvoir former les moyens, les passifs adjectivaux et les nominaux de processus seulement à partir des constructions résultatives à la base des verbes transitifs (c’est-à-dire, avec les objets sélectionnés), et non à partir des constructions résultatives à la base des verbes inergatifs ou transitifs employés intransitivement, c’est-à-dire, avec les objets non-sélectionnés.

Le moyen ne décrit jamais un événement particulier/référentiel, mais un ensemble d’événements potentiels que le sujet a la capacité de subir (*’Rye bread cut’ vs ‘Rye bread never cuts’). Le moyen décrit donc une propriété caractéristique du sujet en rapport avec cet ensemble d’événements potentiels. Même si c’est une construction stative, elle inclut néanmoins la description d’un événement dynamique potentiel. Le moyen n’implique pas de causer particulier, mais seulement un générique. Tout comme les arguments non-sujets sous la quantification générique peuvent être supprimés (Jane draws (pictures). vs. Jane has drawn *(pictures)), l’initiateur (causer) générique peut l’être aussi.

La formation des constructions moyennes, tout comme la formation du passif, supprime l’argument externe du verbe et sa capacité d’assigner l’accusatif. Mais la formation du moyen et la formation du passif ne s‘appliquent pas à la même classe de verbes : il y a des verbes qui forment le passif, mais pas le moyen :

(315) a. The politician was laughed at.

b. *Politicians laugh at easily.

Pour expliquer le contraste entre (315a et b), il a été proposé qu’on peut former le moyen sur un verbe en question seulement si le verbe a un argument interne direct, ce qui prédit que la formation du moyen peut s’appliquer aux constructions résultatives basées sur les verbes transitifs, mais pas aux constructions résultatives basées sur les verbes intransitifs. Les exemples suivants montrent que cette prédiction est confirmée :

(316) a. She wiped the table clean.

b. This table wipes clean easily.

(317) a. They drank the teapot dry.

b. *This teapot drinks dry in no time at all. (Mezhevich 2002 : 12 (7, 8)) Deuxièmement, quant à la formation du passif adjectival, cette opération externalise l’argument direct interne du verbe (quel que soit, par ailleurs, son thêta-rôle, pas forcément un thème (Levin and Rappaport (1986)). On ne peut donc former un passif adjectival que si le verbe a un tel argument.

Par exemple, le verbe to read a deux arguments internes optionnels (thème et but) en (318), mais un seul argument interne (ici, thème) peut être externalisé : to read the books to kids peut donner the recently read books vs *the recently read kids. Le premier output est grammatical étant donné que l’argument but est optionnel avec to read, mais dans le deuxième output, l’argument interne but est

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externalisé, mais l’argument thème, obligatoire si le but est présent, n’a pas survécu dans le passif adjectival (to read Jane the book, mais *to read Jane).

(318) read : agent [(theme) (goal)]

They read the book to Jane/the book/to Jane/Jane the book/*Jane.

Appliqué aux DPs postverbaux dans les constructions résultatives, le passif adjectival peut être formé seulement à partir des constructions résultatives basées sur les verbes transitifs, et non à partir des celles basées sur les verbes intransitifs :

(319) a. a wiped-clean table

b. *a drunk dry teapot (Mezhevich 2002 : 14 (13))

Finalement, quant aux nominalisations, leur formation est également possible à partir des constructions résultatives basées sur les verbes transitifs, comme la formation des passifs adjectivaux et des constructions moyennes, mais non à partir des constructions résultatives basées sur les verbes intransitifs. La règle de formation des nominalisations qui retiennent la structure argumentale du verbe de base, comme, par exemple, celle des noms de processus en –ing (process nominals)(contrairement aux noms de résultat (result nominals) qui ne retiennent pas la structure argumentale du verbe) est identique à celle du passif, à savoir, il s’agit de la suppression de l’argument externe du verbe de base. L’interprétation du DP dans of-DP immédiatement postverbal (et obligatoire), dans les nominaux dérivés à partir des verbes transitifs, est obligatoirement celle du thème/patient, c’est-à-dire de l’argument direct interne, hérité du verbe de base : to devour vast quantities of junk food donne the devouring of vast quantities of junk food. En revanche, dans les nominaux dérivés des verbes intransitifs, ce DP est un adjoint PP optionnel qui correspond à l’argument externe supprimé : ‘The rejoicing (of the villagers) lasted for days’. La troisième interprétation possible du of-DP est celle d’un adjoint adverbial (de lieu, temps, etc.) : ‘The constant rejoicing of the holiday season makes me nervous’ ou ‘The quick cooking of the 1990s requires a microwave’.

Ainsi, l’interprétation du of-DP dans le nominal dérivé des constructions résultatives permet de déterminer le statut argumental du DP postverbal dans ces constructions. Cette interprétation du of-DP d’un nominal en –ing dérivé dépend de la transitivité du verbe de base : elle est celle de l’argument direct interne pour les nominaux dérivés des résultatifs construits sur les verbes de base transitifs, étant donné que le nominal préserve l’argument interne direct du verbe de base : to water the tulips flat : the watering of tulips flat. Mais quand le nominal est dérivé d’un résultatif basé sur le verbe de base intransitif, ce DP ne peut être interprété que comme un adjoint adverbial puisque le verbe n’a pas d’argument interne direct à faire hériter au nominal. Par conséquent, il n’est pas possible de dériver un nominal de processus en –ing à partir d’un verbe intransitif : to run one’s Nikes threadbare : *the running of one’a pair of Nikes threadbare.

Puisque les moyens, les passifs adjectivaux et les nominalisations sont dérivables des constructions résultatives basées sur les verbes transitifs, contrairement à celles basées sur les verbes intransitifs, les DPs postverbaux dans ces dernières ne sont pas des vrais arguments, contrairement à ceux des premières (ce que nous avons déjà noté au début du premier chapitre).

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Structure argumentale et aspectuelle du verbe russe simple par rapport à celles du verbe préfixé Quant à la préfixation lexicale en russe, elle alterne de manière imprévisible le sens original du radical (stem) simple : le sens du verbe préfixé n’est jamais dérivé compositionnellement à partir de ceux du préfixe et du radical. Un préfixe lexical crée toujours un nouveau lexème, qui est (plus ou moins) reliée sémantiquement au radical non-préfixé. En fonction du préfixe et du radical, le nouveau lexème développe, de manière concrète/physique ou abstraite/qualitative le sens de base du radical. Par exemple, le verbe russe pisat’Imp (‘écrire’) peut se combiner avec un nombre de préfixes lexicaux (za-pisat’Perf (‘noter’), is-pisat’Perf (‘user, épuiser en écrivant’), pod-pisat’Perf (‘signer’), o-pisat’Perf (‘décrire’), s-pisat’Perf (‘copier’), vy-pisat’Perf (‘relever’), pri-pisat’Perf (‘attribuer’), etc.). Tous ces verbes dérivés forment leurs propres imperfectifs secondaires.

Il y a deux types de préfixation en russe: préfixation lexicale et lexical. Les préfixes supra-lexicaux (homonymes avec les supra-lexicaux) – avec les sens inchoatif, terminatif, cumulatif, atténuatif, distributif, etc. - ne créent pas de nouveau lexème, mais modifient le sens du radical de manière prévisible, il s’agit de modifier le mode de l’action (Aktionsart) dénotée par le radical de base. Les verbes créés par la prédication supra-lexicale forment, normalement, un couple perfectif/imperfectif avec le verbe correspondant simple, c’est pourquoi ce type de verbes préfixés ne dérivent pas encore une forme d’imperfectif secondaire. En revanche, puisque à un radical simple peut correspondre une dizaine ou plus de verbes lexicalement préfixés, chacun avec un sens nouveau, le verbe créé par la préfixation lexicale n’est pas le double perfectif du verbe non-préfixé, contrairement donc aux verbes crées par la préfixation supra-lexicale. Le principe général est simple, plus le nouveau verbe perfectif est ressenti comme ayant un sens nouveau et indépendant, et non seulement modifié dans l’un de ses aspects Aktionsart, plus il aura des chances de dériver son propre imperfectif secondaire pour former un couple perfectif/imperfectif. Le verbe préfixé lexicalement perfectif dérive sa forme imperfective via la suffixation de la forme préfixé. Il s’agit du suffixe d’imperfectivisation secondaire, applicable dans la grande majorité de cas, -yva-/-iva- et dont l’imperfectivisation des verbes lexicalement préfixés est l’unique fonction. Étant donné que les verbes préfixés supra-lexicalement ne dérivent pas de forme imperfective secondaire, le suffixe -yva-/-iva- ne s’y attache pas.

Puisque la préfixation lexicale change le sens lexical du verbe, la structure argumentale et la classification aspectuelle du verbe se transforment complètement. Typiquement, les états et les activités se transforment en accomplissements/achèvements et le verbe atélique, intransitif ou optionnellement transitif (et imperfectif), devient obligatoirement télique et transitif (et perfectif), même si la télicité ne doit être confondu avec la perfectivité, et l’atélicité avec l’imperfectivité.

Par exemple, le verbe de base √pis-a-t’, optionnellement transitif, est un verbe d’activité de création qui prend comme complément tout objet susceptible d’entrer en existence grâce à l’activité d’écrire : un signe, un roman, une reconnaissance de dette, etc. Le préfixe iz-/is- change le sens du verbe : ce n’est plus un verbe de création, mais un verbe de « destruction », dans le sens de remplissage, d’usure ou de dégradation moyennant l’activité d’écriture d’un objet matériel déjà existant. Avec ce préfixe, le verbe sous-catégorise pour des objets différents de ceux du verbe sans préfixe, maintenant c’est tout objet ou surface susceptibles d’être remplis ou usés par l’écriture : is-pisat’ ruchku/tetrad’/talant (‘user un stylo/un cahier/un talent’) vs. *pisat’ ruchku/tetrad’/talent.

Cela suggère-t-il que le statut argumental des compléments DPs des verbes préfixés doit être différent de celui des compléments DPs des verbes simples, comme c’est le cas des objets DPs

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postverbaux dans les constructions résultatives avec les verbes inergatifs ou transitifs employés intransitivement, par rapport aux DPs objets des mêmes verbes employés seuls, en dehors de la construction résultative ?

Spencer et Zaretskaya 1998 indiquent que quand un verbe préfixé prend un objet direct différent de celui du verbe simple, cet objet a toutes les propriétés d’un objet direct ordinaire. L’application des tests d’argumenthood mentionnés plus haut, notamment, la dérivation du passif adjectival, du moyen (construit en russe à l’aide du suffixe réfléchi –sja) et du nominal de processus/d’événement au verbe préfixé is-pisat’, montrent que c’est effectivement le cas :

(320) a. is-pisannaja ruchka IZ-written pen

'a pen that has run out of ink'

b. Takie ruchki ochen' bystro is-pis-yva-jut-sja.

such pens very quickly IZ-write- REFL 'This sort of pen runs out of ink quickly.' c. is-pisyvanie ruchek

IZ-writing pens-OEN 'the using up of pens'

Les tests confirment qu’en russe, l’objet direct d’un verbe préfixé lexicalement est un vrai argument direct de l’unité complexe formée par le préfixe et le radical verbal d’origine.

Mezhevich 2002 note que la compositionnalité et la productivité d’une construction donnent des indications sur la nature de sa dérivation, syntaxique ou lexicale : le sens d’une construction dérivée en syntaxe se compose des sens de ses parties, par opposition à un prédicat complexe dérivé au niveau lexical dont le sens n’est pas dérivé compositionnellement. En outre, une dérivation syntaxique se distingue d’une dérivation lexicale par sa productivité beaucoup plus importante. Le fait remarquable de la sémantique des constructions résultatives en anglais est qu’elles sont interprétées compositionnellement, c’est-à-dire, leur sens est entièrement prédictible des sens du verbe et du constituant résultatif.

Même si les verbes imposent des restrictions sémantiques diverses sur les constituants résultatifs qui peuvent co-figurer avec eux – par exemple, si to wipe the glasses clean est acceptable, *to wipe the glasses shiny ne l’est pas – si néanmoins le verbe et l’adjectif sont choisis de manière appropriée, en fonction de nos connaissances du monde, le sens de la combinaison est (presque) toujours dérivé compositionnellement. Cela est dû à ce que le verbe et le PathP/ResP ont des sémantiques bien spécifiques puisque, par définition une construction résultative doit spécifier deux composants : un changement d’état et une activité qui aboutit à ce changement d’état. Ainsi, les expressions to paint the door green ou to wipe the table clean dérivent, de manière sémantiquement transparente, des verbes d’activité to paint ou to wipe, dénotant l’activité, et des propriétés green ou clean, spécifiant le changement d’état résultant. L’ajout du XP résultatif change seulement les propriétés aspectuelles du prédicat (il devient télique), mais le sens et la structure argumentale du verbe sont préservés.

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En revanche, en russe, le sens d’un verbe préfixé lexicalement n’est pas dérivé compositionnellement, puisqu’on ne peut pas attribuer aux préfixes russes de sens précis, seulement de vagues sens directionnels ou spatiaux, proches de ceux des prépositions, auxquelles ils sont liés historiquement, bien qu’il existe des prépositions qui ne sont pas préfixes et vice versa. En plus de ses sens primaires, les préfixes ont chacun un ou plusieurs sens abstraits, qui peuvent soit être très éloignés des sens de base, soit être liés aux sens primaires d’une manière plus ou moins évidente.

Même dans l’hypothèse que la catégorisation d’un préfixe particulier soit envisageable, il aurait un nombre prohibitif de significations, étant donné que son sens change en fonction du radical auquel il s’attache. L’analyse des verbes préfixés dans les termes de possibles sens des préfixes serait, par conséquent, trop fastidieux et peu fiable.

Le critère de productivité est plus complexe à appliquer, mais il indique dans la même direction que le critère de compositionnalité. D’un côté, le procédé de préfixation en russe peut sembler très

Le critère de productivité est plus complexe à appliquer, mais il indique dans la même direction que le critère de compositionnalité. D’un côté, le procédé de préfixation en russe peut sembler très

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