• Aucun résultat trouvé

Analyse sémantique des adjectifs gradables

Il s’impose une brève excursion dans la sémantique des adjectifs, que nous allons faire en nous appuyant sur Kennedy et McNally 2005. L’analyse sémantique des adjectifs gradables s’appuie sur une typologie paramétrisée par deux traits de base. Le premier est la structure de l’échelle que la propriété gradable construit pour comparer et ordonner les objets dans le domaine de la propriété, notamment, si cette échelle est entièrement fermée (c’est-à-dire, a, à la fois, une valeur minimale et maximale), partiellement fermée (à une valeur minimale ou maximale, mais pas les deux) ou complètement ouverte (sans aucune borne). Le second paramètre est la nature du standard de la comparaison par rapport auquel la propriété gradable est évaluée dans chaque cas particulier – est-il fixé contextuellement (comme par exemple, avec les adjectifs haut ou cher qui peuvent être vrais à propos d’un objet dans un contexte, mais faux dans un autre contexte) ou est-il fixé sans aucune référence au contexte (comme par exemple, c’est le cas de l’adjectif vide qui exige simplement de son argument qu’il soit dépourvu de tout contenu.

La propriété notoire des emplois attributifs des adjectifs gradables comme haut ou cher est que leur interprétation dépend du contexte : ce qui compte comme haut ou cher peut varier d’un contexte à l’autre. Ainsi, la variabilité des conditions de vérité de ces prédicats s’explique par la variabilité de leurs standards de comparaison définis contextuellement. Le standard de comparaison est à son tour défini par rapport à une classe de comparaison des objets similaires sur un certain point à celui dont il est question à un moment donné de la conversation. Cette intuition peut être formalisée de la manière suivante : les adjectifs gradables font correspondre leurs arguments à des représentations abstraites de mesure, ou degrés, qu’on peut représenter comme des points ou intervalles ordonnés partiellement le long d’une dimension (par exemple, hauteur, prix, poids, etc.). L’ensemble de degrés ordonnés correspond à une échelle.

Les échelles des adjectifs ont trois paramètres cruciaux, dont chacun doit être spécifié dans l’entrée lexical de tout adjectif gradable : un ensemble de degrés représentant les valeurs de mesure ; une dimension indiquant la nature de mesure (prix, température, surface, vitesse, ets.) et une relation d’ordre (ordering relation). Les échelles peuvent donc se distinguer l’une de l’autre – ce qui a des conséquences linguistiques – de trois façons différentes : en termes de propriétés de l’ensemble de degrés, en termes de paramètre de dimension et en termes de relation d’ordre.

Tous les trois paramètres ont une signification linguistique, c’est-à-dire, se manifestent linguistiquement. La relation d’ordre est un facteur crucial de distinction entre les paires d’antonymes comme tall/short, empty/full, expensive/inexpensive, pure/impure, etc. qui utilisent les mêmes dimensions et les mêmes degrés. Par exemple, tall et short font correspondre leurs

37

arguments aux degrés correspondants de la hauteur, mais expriment les relations d’ordre inverses.

Cela explique, par exemple, pourquoi l’exemple en (81) est tautologique :

(81) The Sears Tower is taller than the Empire State Building if and only if the Empire State Building is shorter than the Sears Tower.

Le paramètre de dimension est le trait primaire qui distingue les adjectifs gradables (non-antonymes) comme par exemple, tall et flexible : les deux expriment les ordres positifs, mais si pour le premier l’ordre positif concerne la hauteur, pour le second il concerne la flexibilité. Comme le montre l’exemple en (82), il est possible de construire des comparaisons complexes des adjectifs gradables distincts à condition qu’ils font correspondre leurs arguments aux échelles qui utilisent la même dimension. Ainsi, (82a) n’est pas contradictoire puisque wide et tall utilisent tous les deux l’ordre (ordering) le long d’une dimension d’étendue linéaire, mais (82b) n’est pas acceptable étant donné que wide et punctual ne partagent aucune dimension commune. Les dimensions différentes impliquent les échelles différentes, et la comparaison (plus précisément, la morphologie comparative) présuppose que les degrés à ordonner viennent de la même échelle.

(82) a. Thet call him ‘The Bus’ because he’s kind of as wide as he is tall. .

b. ??They call him ‘The Bus’ because he’s kind of as wide as he is punctual.

La structure de l’ensemble (ordonné) de degrés – l’échelle à proprement parler – a une signification linguistique. Le paramètre essentiel ici est si l’échelle est ouverte (il lui manque soit un élément minimal, soit un élément maximal, soit les deux) ou fermée (possède les éléments maximal et minimal). Cette distinction est au cœur de la classification des adjectifs en deux types en (83a et b) : les premiers décrivent les propriétés qui ont des valeurs minimale et maximale, tandis que les derniers décrivent les propriétés sans de telles valeurs.

(83) a. full, closed, invisible b. long, expensive, old

Empiriquement, cette distinction s’appuie sur la distribution des modifieurs proportionnels comme half et mostly ou most of the way, qui sont acceptables avec les adjectifs à échelle fermée et inacceptables avec les adjectifs à échelle ouverte.

(84) a. The glass is half/mostly full.

b. These images are half/mostly invisible.

(85) a. ??The rope is half/mostly long.

b. ?? That car was half/mostly expensive.

On peut rendre compte de ces contrastes par les exigences sémantiques imposées par les modifieurs proportionnels. Supposons que les degrés de l’échelle sont des valeurs correspondant aux nombres réels entre 0 et 1. La raison pourquoi les adjectifs en (84) doivent être à échelle fermée est que si l’échelle associée à l’adjectif modifié par half ne possédait pas soit un élément maximal, soit un élément minimal, il serait évidemment impossible de calculer les différences relatives aux valeurs

38

maximales et minimales sur l’échelle et ainsi d’identifier le point au milieu exigé par le modifieur de degré.

Si les modifieurs proportionnels permettent d’identifier les adjectifs associés aux échelles fermées des deux côtés (totally closed scale), et si les échelles peuvent avoir ou ne pas avoir les éléments maximal et/ou minimal, il doit logiquement exister encore trois variantes, à savoir, une échelle ne possédant aucune limite (totally open scale), où les valeurs symboliques 0 et 1 sont approchées, mais jamais atteintes, une échelle possédant seulement soit un élément maximal, soit un élément minimal (lower closed ou upper closed respectivement), où soit la valeur 0 (mais pas 1), soit 1 (mais pas 0) sont atteintes. Ce sont les modifieurs de maximalité (maximality modifiers), appelés également modifieurs orientés vers l’extrémité (endpoint-oriented modifiers) comme 100 %, complètement et entièrement qui identifient ces trois classes d’adjectifs restantes. Néanmoins, dans ce cas il faut, en plus, prendre en compte la polarité étant donné que dans les paires adjectivales l’adjectif négatif et l’adjectif positif se servent du même ensemble de degrés et de l’ordre le long de la même dimension, mais les ordres sont inversés. Si le membre positif d’une paire d’antonymes possède un degré maximal, il correspond au degré minimal de l’adjectif négatif, et vice versa. Pour une paire full/empty, si une tasse est maximalement remplie, elle est minimalement vide ; et de même, si une tasse est maximalement vide, elle est minimalement remplie. Les paires d’antonymes en (86) partagent la même échelle, et pour les paires d’adjectifs antonymes à échelle fermée (seuls avec lesquels les modifieurs endpoint-oriented sont acceptables) ou à échelle ouverte (avec lesquels les modifieurs endpoint-oriented ne sont pas acceptables), nous obtenons les patterns d’acceptabilité suivants :

(86) Echelle ouverte : Her brother is completely ??tall/??short.

Echelle fermée en bas : The pipe is fully ??bent/straight.

Echelle fermée en haut : This product is 100% pure/??impure.

Echelle fermée : The room was 100% full/empty.

L’importance de la structure scalaire ne ressort pas seulement dans la distribution des modifieurs proportionnels et des modifieurs endpoint-oriented, la distinction entre les échelles de type fermée vs. ouverte est pertinente pour la (non)légitimation (licensing) des prédicats résultatifs, mais aussi détermine l’(a)télicité des achèvements de degré désadjectivaux.

La structure de l’échelle affecte un trait majeur de l’interprétation des adjectifs gradables dans le contexte, notamment l’identification d’un standard de comparaison. La valeur standard (relative vs.

absolue) est donc une autre propriété des adjectifs gradables qui est significative grammaticalement.

L’analyse scalaire des prédicats gradables suppose que le standard de comparaison pour les prédicats gradables est déterminé contextuellement, comme la fonction d’une certaine variable dans la représentation sémantique, notamment la variable qui renvoie à la classe de comparaison et qui est, par hypothèse, introduite par un morphème spécialisé (il s’agit du morphème pos, voir ci-dessous).

Néanmoins, il y a beaucoup d’adjectifs qui sont manifestement gradables mais dont les standards de comparaison ne dépendent pas du contexte de la même manière comme, par exemple, pour l’adjectif tall dans Michael Jordan is tall. (Cette phrase peut s’interpréter au moins de deux manières : que la taille de Jordan est supérieure à la taille moyenne des joueurs de basket, ou des

39

êtres humains en général.) Les adjectifs en (87) n’exigent de leurs arguments que de posséder un certain degré minimal de la propriété gradable qu’ils introduisent ; ils n’exigent pas que le degré de la propriété possédée par les arguments soit plus important qu’un certain standard déterminé contextuellement.

(87) Standards minimaux : a. The baby is awake.

b. The rod is bent.

Sous une interprétation normale, (87a) ne signifie pas que le degré auquel le bébé est éveillé dépasse un standard de comparaison (pour les bébés), mais signifie simplement que le bébé est éveillé a un certain degré non-nul et (87b) est vrai à propos de la tige si elle n’est que très légèrement courbée.

Les adjectifs en (88) sont similaires en n’introduisant pas de standard dépendant du contexte, mais en n’exigeant de leurs arguments que de posséder un certain degré maximal de la propriété en question.

(88) Standards maximaux : a. The glass is full.

b. The rod is straight.

L’exemple (88a) signifie typiquement que le verre est complètement rempli et non que son contenu dépasse un certain niveau dépendant du contexte, et (88b) est vrai seulement si la tige est absolument rectiligne sur toute sa longueur. Mais, fondamentalement, ces faits n’indiquent pas que ces adjectifs ne sont pas gradables. Ils sont parfaitement acceptables dans les comparatives en (89), contrairement aux authentiques adjectifs non-gradables, comme nuclear ou extinct en (90) :

(89) a. The baby is more awake now than it was a few minutes ago.

b. Rod A is straighter than Rod B.

(90) a. ??The energy we use these days is more nuclear than it was before they built that plant down the road.

b. ??Dinosaurs are more extinct than spotted owls.

Les adjectifs gradable en (87) et (88) sont absolus, contrairement aux adjectifs gradables ‘ordinaires’

avec les standards dépendant du contexte qui sont relatifs, mais tous les adjectifs gradables ont le même type sémantique puisqu’ils acceptent tous types de comparatifs : ils dénotent des relations entre degrés et individus. Plus particulièrement, un adjectif gradable comme expensive a une dénotation en (91), où expensive représente une fonction de mesure qui prend une entité et renvoie sa valeur en argent (son prix), c’est-à-dire son degré sur l’échelle associée à l’adjectif :

(91) [[expensive]] = λd λx.expensive (x) = d

Ainsi, l’adjectif expensive dénote une relation entre les degrés du prix d et les objets x tels que le prix de x est égal à d.

40

La valeur de l’argument d est déterminé par la morphologie de degré – comparatifs, modifieurs de degré et les DPs de mesure – qui sature et impose des restrictions sur l’argument de degré. Par exemple, la morphologie comparative more... than réclame de l’argument de degré de l’adjectif gradable de dépasser un certain autre degré, celui introduit par le constituant than. Cela signifie que même les AdjPs non-modifiés contiennent un morphème nul de degré pos (pour Positive form)7, dont la fonction est de relier l’argument de degré de l’adjectif à un standard de comparaison pertinent.

Spécifiquement, ce morphème encode la relation standard, à laquelle un degré d est égal (holds of d) dans le cas où d coïncide avec un standard de comparaison pour un adjectif G relativement à une classe de comparaison déterminée par C, variable sur les propriétés des individus, dont la valeur est déterminée contextuellement (du contexte vient la clôture existentielle de l’argument de degré non-saturé dans la dénotation d’un adjectif gradable ‘nu’ en (91), avant l’attachement de la morphologie comparative pos, nulle en anglais) :

(92) [[pos]] = λG λx. ∃d [standard(d)(G)(C) Ʌ G(d)(x)]

Dans des phrases ‘Michale Jordan is tall’ ou ‘The Mars Pathfinder mission was expensive’, cette relation standard fait dépasser au degré une certaine norme ou une moyenne sur l’échelle associée à l’adjectif G calculées pour la classe de comparaison identifiée par la variable C. Étant donné que C est une variable libre dont la valeur doit être fixée contextuellement, c’est en fonction du contexte qu’on définit si un degré particulier dépasse la norme ou non. Ceci permet la variabilité des conditions de vérité typiques pour cette classe d’adjectifs.

Par exemple, la composition de pos avec expensive renvoie (93) comme la dénotation du prédicat (is) expensive (alternativement à l’introduction du quantificateur existentiel par défaut par le morphème pos en (92), on pourrait proposer que la clôture existentielle vient de la combinaison de l’adjectif avec la copule):

(93) [[pos]] ([[expensive]]) =λx. ∃d [standard(d) ([[expensive]])(C) Ʌ [[expensive]](d)(x)]

Ainsi, c’est le contexte et lui seul qui détermine si « x is expensive » est vrai ou faux à propos de l’individu x, en fonction de la norme applicable à une classe d’individus under discussion.

Si les standards associés avec les adjectifs absolus impliquent des valeurs maximales et minimales, alors les dénotations des APs dont ces adjectifs sont à la tête sont données en (94), où SA représente l’échelle associée avec la tête adjectivale et mA est la fonction de mesure introduite par l’adjectif.

(94a) est vrai à propos d’un objet s’il a un degré non minimal de la propriété gradable décrite par la tête adjectivale, tandis que (94b) exige de son argument d’avoir un degré maximal de la propriété en question. Ces dénotations sont différentes de celles des APs dont la tête est un adjectif relatif en (93), qui exigent de leurs arguments de dépasser une norme ou une moyenne de la propriété en question pour une classe de comparaison déterminée contextuellement. On prédit donc que les adjectifs absolus auront des implications différentes de celles des adjectifs relatifs.

(94) a. [[APmin]] = λx. ∃d [d > min(SA) Ʌ mA (x) = d]

7 Ce morphème n’est pas universallement nul, mais peut être explicite, comme, par exemple, en mandarin où la forme positive est marquée morphologiquement.

41 b. [[APmax]] = λx. ∃d [d = max(SA) Ʌ mA (x) = d]

Il convient de rappeler que les adjectifs gradables non modifiés doivent se combiner avec un morphème nul de degré pour dériver une propriété des individus. Puisque les adjectifs absolus ont le même type sémantique que les adjectifs relatifs, comme le montre l’acceptabilité des adjectifs absolus dans les phrases comparatives, ils doivent aussi se combiner avec le morphème pos. Alors, suivant la sémantique pour le morphème pos en (92), on dérive les dénotations des APs maximal et minimal suivantes :

(95) a. [[pos]] ([[Amin]]) = λx. ∃d [standard(d) ([[Amin]]) (C) Ʌ [[Amin]] (d)(x)]

b. [[pos]] ([[Amax]]) = λx. ∃d [standard(d) ([[Amax]]) (C) Ʌ [[Amax]] (d)(x)]

La nature de la relation entre d et standard (comment se fait-il qu’un degré d satisfait la relation standard) dépend de l’argument adjectival de pos. Si G est un adjectif relatif (cf. (93)), alors la relation standard exige au degré de dépasser une norme ou une moyenne sur l’échelle G basées sur la classe de comparaison fournie par C. Si G est un adjectif absolu avec un standard minimal, alors un degré d satisfait la relation standard s’il satisfait les condition en (94a) (il doit dépasser une valeur minimale sur l’échelle G) et si G est un adjectif absolu avec un standard maximal, d doit satisfaire les conditions en (94b) (il doit être égal au maximum sur l’échelle G). C’est l’information lexicale inclue dans les adjectifs absolus et les adjectifs relatifs qui garantit que la relation standard est fixée de manière appropriée, c’est-à-dire dans le cas des adjectifs absolus, contrairement aux adjectifs relatifs, la valeur de la variable de la classe de comparaison n’est pas pertinente pour le calcul de leurs conditions de vérité.

Adjectifs relatifs vs. absolus: distinction sémantique confirmée par les patterns de conséquence nécessaire divergents

Empiriquement, ce sont les patterns implicatifs qui indiquent clairement que les adjectifs relatifs et absolus sont sémantiquement distincts. (94a) prédit que pour un adjectif absolu avec un standard minimal adj, la négation x is not adj a comme conséquence nécessaire (entail) que x a un degré zéro de la propriété adj, c’est-à-dire que x n’a aucune quantité de cette propriété ; parallèlement, (94b) prédit que pour un adjectif absolu avec un standard maximal adj, une assertion x is adj devrait avoir comme conséquence nécessaire que x a une quantité maximale de la propriété adj, c’est-à-dire que rien ne peut être plus adj que x. Les contradictions en (96 - 97) confirment que ces prédictions se vérifient :

(96) Adjectifs absolus avec un standard minimal :

a. # The spot is not visible, but I can see a little bit of it.

b. # My hands are not wet, but there is some water on them.

(97) Adjectifs absolus avec un standard maximal :

a. # The plant is dead, though one part of ot still appears to be alive.

b. # The paper is complete, I just have to write the conclusion.

42

En revanche, puisque les conditions de vérité pour un adjectif relatif ont comme conséquence nécessaire seulement que son argument dépasse par le haut ou par le bas un standard de comparaison déterminé contextuellement, aucune de ces conséquences nécessaires ne devrait passer, ce qui est confirmé en (98) :

(98) a. Sam is not tall, but his height is normal for his age.

b. That film is interesting, but it could be more interesting.

En outre, dans une paire d’adjectifs absolus antonymes, la négation d’un membre a comme conséquence nécessaire l’assertion de l’autre membre :

(99) a. The door is not open (closed). ⊨ The door is closed (open).

b. The table is not wet (dry). ⊨ The table is dry (wet).

L’explication est la suivante : étant donné que les adjectifs positifs imposent des standards minimaux et des adjectifs négatifs des standards maximaux, dans une paire d’adjectifs absolus à polarité inversée, un degré minimal positif correspond à un degré maximal négatif, les conséquences nécessaires en (99) résultent donc des conditions de vérité en (94).

Les antonymes des adjectifs relatifs ne produisent pas de telles conséquences nécessaires, ce qui s’explique par ce que pour les adjectifs gradables relatifs, les standards pour le membre positif et pour le membre négatif d’une paire d’antonymes sont identifiés contextuellement et ne doivent pas nécessairement être des bornes (endpoints) (et, si les échelles sont ouvertes, ne peuvent pas être des bornes).

(100) a. The door is not large (small). ⊯ The door is small (large).

b. The table is not expensive (inexpensive). ⊯ The table is inexpensive (expensive).

Puisqu’un standard dépendant du contexte est spécifié uniquement pour un contexte donné, il n’est pas obligatoire que le standard pour, par exemple, large soit exactement celui de son antonyme small : une certaine zone mal-définie entre les standards est permise où tombent des objets qui ne sont ni larges, ni étroits.

Avec les adjectifs absolus, autrement dit ceux qui ont des standards absolus, et non déterminés par le contexte, une version du même test de conséquence nécessaire peut déterminer si le standard correspond au point le plus haut ou le plus bas sur l’échelle. Si le standard est un degré maximal, alors une affirmation comme x is half/partially adj a comme conséquence nécessaire x is not adj en (101), et si le standard correspond au degré minimal, alors cette affirmation a comme conséquence nécessaire que x is adj en (102 ) :

(101) Adjectif avec un standard maximal

a. The plant is half dead. ⊨ The plant is not dead.

b. The glass is partially full. ⊨ The glass is not full.

(102) Adjectif avec un standard minimal

43 a. The door is half open. ⊨ The door is open.

b. The table is partially wet. ⊨ The table is wet.

La caractérisation des adjectifs absolus utilisées jusqu’à maintenant est, en réalité, à la fois trop forte et trop faible : intuitivement les adjectifs en (87) semblent en fait exiger considérablement plus qu’un standard minimal et ceux en (88) semble permettre significativement moins qu’un standard maximal.

Les exemples en (103) semblent confirmer ces intuitions : (103) a. I’m not awake yet.

b. The theater is empty tonight.

L’exemple (103a) peut être prononcé par une personne qui ne parle pas dans son sommeil et (103b) peut décrire une situation où très peu de gens assistent à un film dans un grand cinéma.

L’exemple (103a) peut être prononcé par une personne qui ne parle pas dans son sommeil et (103b) peut décrire une situation où très peu de gens assistent à un film dans un grand cinéma.

Documents relatifs