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I. Divorce ou séparation et réorganisation de la parentalité

I.3. Système de garde

I.3.3. Système de garde et relation parent-enfant

La garde principale des enfants est le plus souvent attribuée à la mère (Neyrand, 2003). De plus il semble que les pères non gardien initient moins de contacts avec leur enfant que les mères non gardiennes. Les pères et les mères non gardien ne diffèrent pas significativement au niveau des contacts physiques mais les mères rajoutent plus que les pères des contacts par téléphone et par courrier aux contacts physiques (Stewart, 1999). Aussi les effets du système de garde sur la relation parent-enfant sont plus analysés en termes de maintien de la relation père-enfant. Dans ce cadre, Seltzer (1991) a mis en évidence des variables qui différencient les pères dans leur implication auprès de leur enfant. Il a analysé trois composantes de l’implication des pères non-résidents auprès de leur enfant : le contact social, l’implication économique et la participation aux décisions liées à l’éducation de l’enfant. Cette analyse a portée sur des données issues d’une base de données et renseignées par des mères de 1350 familles avec des enfants âgés de moins de 18 ans. Les résultats indiquent que l’implication paternelle auprès de leur enfant varie selon les circonstances de la naissance de l’enfant et leur mode de vie actuelle. Les pères dont l’enfant est né hors mariage sont moins impliqués auprès

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de leur enfant sur toutes les dimensions : le soutien financier, les visites, les prises de décisions, par rapport à ceux dont l’enfant est né dans le mariage. De plus, le statut socioéconomique et la proximité géographique accroissent l’implication paternelle alors que la durée de la séparation la réduit. Il ressort également de l’analyse de Seltzer (1999) une définition assez stable du rôle du père après le divorce : payer la pension alimentaire, les visites, participer aux prises de décision pour l’éducation de l’enfant sont des activités qui vont de pair. En effet, les pères qui sont engagés dans l’une de ces activités sont également engagés dans les deux autres.

Dans une étude plus récente basée sur une approche qualitative et le point de vue de l’enfant, Nixon (2012) fait ressortir les processus qui facilitent ou restreignent chez l’enfant le sentiment d’être proche de son père non résidents. Des entretiens semi-directifs ont été réalisés avec 27 enfants dont l’âge est compris entre 8 et 17 ans, qui ont grandi dans une famille monoparentale avec leur mère et dont le père est non résident depuis la petite enfance de l’enfant. Ces entretiens révèlent une fragilité des liens entre les enfants et leurs pères non résident. Il est difficile pour les enfants de se sentir proche de leurs pères quand les modalités de contact ont été détachées des activités de soins et de la possibilité d’immersion dans la vie quotidienne de chacun. De plus, l’expérience que les enfants ont d’être proche de leur père non résident est reliée à la perception qu’ils ont de son engagement dans leur relation et dans son rôle de parent, et à un sentiment de connexion et de familiarité avec leur père. En outre, le manque d’effort de la part du père pour maintenir le contact ou leur échec à respecter les arrangements réduit les sentiments de proximité des enfants envers leur père et favorise des sentiments de déception et de colère. Les enfants ont démontré leur capacité à agir comme agent au sein de leur famille, à donner leur propre sens à cette relation et à accepter ou rejeter leur père comme personne qui peut jouer un rôle significatif dans leur vie.

D’autres auteurs se sont intéressées à des facteurs précis et à leurs influences sur la relation parent non résident-enfant. Arditti (1992) par exemple s’est intéressée au système de garde. Elle a utilisé les déclarations de 212 pères divorcés pour mettre en exergue les différences entre les pères en garde conjointe et ceux qui n’ont pas la garde de leur enfant. Sur les 14 variables étudiées 9 se sont révélées discriminantes : la fréquence des visites, le niveau d’éducation des pères, la satisfaction par rapport au système de garde, l’estime de soi, l’accord pour l’éducation, la pension alimentaire, la proximité avec l’enfant avant le divorce, les revenus et l’hostilité liée au divorce. Les trois premières variables ont le plus fort taux de discrimination. En effet, les pères en garde conjointe voient leurs enfant plus fréquemment,

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se montrent plus satisfaits de leur système de garde et ont un niveau d’éducation plus élevé que ceux qui n’ont pas la garde de leur enfant. Stewart (2010) s’est plutôt focalisé sur le type de famille dans la relation parent non résident-enfant. Son étude visait à analyser l’implication des mères et des pères non résidents (visite et soutien des enfants) auprès d’enfants qui résident dans différents types de familles : familles monoparentales, familles recomposées avec des parents mariés ou en concubinage, des familles dirigées par des grands-parents, d’autres membres de la parenté ou des personnes qui ne sont pas de la parenté. Elle a porté sur un échantillon de 13085 enfants avec un parent non résident du « National Survey of America’s families ». Les résultats indiquent que les relations entre le système de garde et l’implication des parents sont complexes et dépendent à la fois du genre du parent non résident et du type d’implication pris en compte. Mais de manière générale la participation des parents non résidents est faible quel que soit le type de ménage.

La séparation conduit à une nouvelle structure familiale. Elle renvoie à la vie familiale de chacun des conjoints avec les enfants avant qu’il ne s’engage dans une nouvelle relation. L’enfant peut vivre plusieurs années dans cette structure familiale, sa garde étant confiée le plus souvent à sa mère. Cette structure familiale devient famille recomposée avec l’arrivée d’un tiers, nouveau compagnon ou nouvelle compagne du parent.