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La comparaison entre les familles dessinées par les enfants et leurs familles réelles nous a permis de faire ressortir dans un premier temps quatre profils de famille : « les familles globales », les « familles composites », les « familles d’un foyer » et les « familles d’origine ». Ces profils indiquent l’orientation générale donnée au dessin par l’enfant, et ont été établis sur la base des personnes présentes et absentes, ainsi que de à la logique qui sous- tend le dessin.

Les « familles globales »

Les enfants de ce profil sont au nombre de sept. Les « familles globales » désignent les familles basées sur l’idée de faire figurer tous les membres des deux foyers sur le dessin. On y retrouve le père et la mère biologiques, ainsi que tous ou presque tous les membres de leurs différents foyers. Ces enfants décident que ces personnes peuvent être figurées pour différentes raisons : ils sont proches de ces personnes (cf., dessin S1), ces personnes sont proches de celles qu’ils aiment (cf., dessin S11), ces personnes font partie de leur vie depuis un moment (cf., dessin S15). Mais les enfants de ce profil peuvent marquer les différences entre les personnes de leur dessin sur la base des liens familiaux ou des foyers parentaux. Les différenciations, basées sur les liens, sont représentées dans la position des personnes sur le dessin : par exemple une première ligne avec les membres de la famille avant la séparation et en dessous une deuxième ligne avec les beaux-parents et les quasi-frères qui sont liés à la recomposition (cf., dessin S15). Les enfants qui font référence aux différents foyers peuvent également utilisés la méthode des deux lignes, le foyer de la mère sur une ligne et le foyer du père sur une autre (cf., dessin S9), ou représenter les deux foyers sur une même ligne dans deux maisons pour être au plus près de la réalité (cf., dessin S10).

Les « familles globales » sont bien sûr celles dans lesquelles il y a le moins de personnes d’avant le divorce, qui sont absentes. Nous notons cependant, que l’enfant ne s’est pas représenté dans deux dessins : le premier (S1) parce que pour lui il fallait dessiner les

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membres de sa famille autres que lui et la deuxième (S21) parce qu’elle ne trouve pas sa place dans la famille qu’elle a dessinée. S21 commence à peine à accepter la séparation de ses parents et n’a pas une bonne image du remariage de son père à cause des circonstances dans lesquelles il s’est fait. Elle n’a pas de bon rapport avec sa belle-mère mais l’a mise dans le dessin de sa famille. Elle a représenté ce qu’on pourrait appeler sa famille mais comme celle- ci ne répond pas à sa vision de la famille, elle n’y figure pas.

Les absences liées à la recomposition au niveau des « familles globales » concernent les demi et quasi frères et sœurs pour deux enfants d’une même famille S9 et S10. Il apparaît qu’elles ont de bon rapport avec leur quasi-sœur mais qu’elle est beaucoup plus grande et qu’elles ne la voient qu’occasionnellement. Le demi-frère n’apparaît pas seulement sur le dessin de S9. Son dessin est basé sur l’idée d’avoir un équilibre entre les deux foyers représentés chacun sur une ligne en termes de figure parentale et de nombre d’enfants. La première ligne comporte son père, sa belle-mère et elle-même et la deuxième sa mère son beau-père et sa sœur germaine. Selon elle, si elle rajoutait le demi-frère il aurait fallu trouver un autre membre à rajouter sur l’autre ligne pour avoir le même nombre sur les deux lignes.

Les logiques données par les enfants de ce profil sont des logiques de continuité. Les enfants d’intègrent les changements familiaux avec, pour certains d’entre eux, une acceptation ou non de ces changements.

« Famille composite »

Cette représentation ressort chez quatre enfants. Ce profil regroupe les enfants qui choisissent les membres de leur famille. Les choix sont déterminés par les liens biologiques et les relations qu’ils ont avec les personnes ainsi que par les statuts qu’il leur donne. Les liens biologiques expliquent que ces familles regroupent en majorité les membres de la famille d’avant la séparation : les parents et la fratrie germaine. Ils justifient également la présence de demi-frère/sœurs sur le dessin « il est de maman ». Mais le lien biologique, à lui seul, ne détermine pas les choix des enfants, la qualité des rapports avec les personnes, peut être plus déterminante que le lien biologique. Le dessin de S4 illustre bien cet aspect, l’enfant n’a pas mis son père sur le dessin parce qu’il ne le voit presque plus, son beau-père également ne figure pas sur le dessin parce qu’il ne s’est pas encore totalement habitué à sa présence : « ma

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préfère laisser la photo comme ça ». S’il devait rajouter une figure paternelle ce serait son

beau-père et non son père, parce qu’il est plus proche de lui « j’aurais préféré mettre l’autre

parce que comme ça fait longtemps que mes parents ils ont divorcé, avec le nouveau je me suis un peu mieux adapté ». Le statut justifie la présence ou non des personnes sur le dessin.

Ainsi, S7 n’a pas mis son beau-père sur le dessin. Il affirme qu’il aurait pu le mettre sur « la

même feuille mais pas sur ce dessin », selon lui ce serait « autre chose » parce que le beau-

père ne fait pas partie de sa famille. S23 a, quant à elle, préféré mettre ces quasi-frères qui ont un statut de frères sur son dessin et non son beau-père ou ses demi-frères. Elle est plus proche de ses quasi-frères avec qui elle vit principalement et dont elle prend soin que de ses demi- frères qui sont chez son père et qu’elle ne voit pas beaucoup. La coprésence, les interactions et les relations prennent dans ce cas le pas sur le lien biologique.

Dans les familles composites, les absences concernent plus largement les personnes liées à la recomposition, c’est-à-dire, le beau-père, la belle-mère et les demi-frères et sœurs.

La logique ici est une recomposition propre à l’enfant basée sur des choix électifs. L’enfant redéfinit sa structure familiale et ses liens familiaux.

« Famille un foyer »

Ce profil regroupe six enfants. Ils représentent un des foyers de la constellation, en général celui où il séjourne au moment de la passation ou celui ou il passe le plus de temps. On retrouve dans ce groupe des enfants (3) qui ne vivent que dans un foyer. Ils ne voient presque plus l’autre parent et quand ils doivent le voir les rencontres se font en point rencontre. Ici se joue une logique de substitution parentale « pour moi il ne fait plus partie de

la famille » les personnes qui sont sur leur dessin sont celles qu’ils voient le plus souvent. Les

autres enfants en garde principale ou résidence alternée disent avoir dessiné sans trop y réfléchir le foyer dans lequel ils vivaient, ou parce que cela aurait pris du temps pour dessiner tout le monde.

Les personnes absentes ici ne renvoient pas aux liens, aux rapports ou aux statuts, mais à l’appartenance à un foyer. Elles concernent donc à la fois des personnes d’avant et après la recomposition. Dans la majorité des cas, la fratrie germaine est présente en plus des enfants qu’ils retrouvent dans le foyer dessiné, demi et ou quasi-frères/sœurs. Un enfant (S18) se

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démarque de cette majorité, d’abord parce qu’il n’a pas dessiné le foyer où il se trouvait lors de la passation et ensuite parce que sa sœur germaine et lui ne figurent pas sur le dessin. La famille d’un foyer peut renvoyer à une logique de deux familles ou de deux composantes familiales distinctes.

« Famille d’origine »

La représentation « famille d’origine » regroupe six enfants. Dans ce profil, l’enfant ne dessine que la famille d’avant la séparation. Elle exprime un désir de revoir les parents ensemble même si cela n’est plus possible ou le fait que les nouveaux membres de la famille ne font pas encore vraiment partie de la famille : « tu m’as demandé de faire ma famille et B.,

il n’est pas trop de ma famille. Il est un tout petit peu de la famille ». Les enfants mentionnent

bien que ce n’est pas la réalité actuelle « en fait le dessin n’est pas vrai, dans la réalité ce

n’est pas possible qu’on soit tous ensemble, ou que papa et maman soient tous les deux avec nous … ». D’autres restent plus proches de la réalité en ne dessinant pas les deux parents

parce qu’ils sont divorcés, même si papa reste l’amoureux de maman « papa il est divorcé

c’est pour cela ».

Ces familles ne comportent aucuns membres issus de la recomposition. La logique qui sous- tend le dessin est une logique de pérennité de la famille nucléaire.

Tableau 18: Résumé des représentations de la structure familiale

Effectifs Pourcentage

« Famille globales » / logique de « continuité » 7 30,4%

« Familles composite » / logique des choix sélectifs 4 17,4%

« Familles d’un foyer » / logique de deux familles ou de deux composantes familiales distinctes

6 26,1%

« Famille d’origine » / logique de « pérennité » 6 26,1%

Total 23 100%