• Aucun résultat trouvé

Résultats et discussion

SUIVI DE L’OÏDIUM

En 2013 et 2014, des dégâts d’oïdium ont été observés sur la quasi-totalité des parcelles du réseau ; avec souvent 100 % des arbres infestés ; et ceci aussi bien sur les parcelles Biophyto et Témoin.

La présence d’oïdium tendait à être plus élevée en milieu et fin de période de floraison (août et septembre) (corrélation positive significative entre le pourcentage d’arbres infestés et le numéro de la semaine).

En l’absence d’application préventive de fongicide de nom-breuses inflorescences ont été détruites avant nouaison.

Actuellement, une seule spécialité à base de Bacillus subtilis str QST 713 homologué sur manguier comme stimulateur des défenses naturelles peut être utilisée pour lutter contre l’oïdium. Des essais d’évaluation sont en cours dans le cadre du programme usages mineurs et orphelins (ÉCOPHYTO 2018, Axe 6) piloté par l’Armeflhor afin d’aboutir à l’homolo-gation de produits phytosanitaires efficaces, respectueux de l’environnement et de la santé humaine pour lutter contre l’oïdium du manguier. 10 8 6 4 2 0 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 Nombr e de par cell es Biophyto 2012 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 10 8 6 4 2 0 Nombr e de par cell es Biophyto 2013 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 10 8 6 4 2 0 Nombr e de par cell es Témoin 2012 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 10 8 6 4 2 0 Nombr e de par cell es Témoin 2013 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 10 8 6 4 2 0 Nombr e de par cell es Biophyto 2014 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 10 8 6 4 2 0 Nombr e de par cell es Témoin 2014

‚ SUIVI DES POPULATIONS DE LA COCHENILLE

DES SEYCHELLES, ICERYA SEYCHELLARUM

Les résultats du suivi de la Cochenille des Seychelles sont présentés pour les 10 sites pilotes dont le suivi a été réalisé sur l’ensemble des trois années (sites B, C, D, F, G, H, K, L, M et N).

En septembre 2012, au début du suivi, la Cochenille des Seychelles était présente sur la quasi-totalité des parcelles Biophyto et Témoin ; avec des niveaux d’infestation hétéro-gènes entre les parcelles du réseau (Figure 4). Seules deux parcelles (parcelle Témoin du site B et parcelle Biophyto du site M) étaient dépourvues du ravageur. Jusqu’à fin 2012, le nombre de parcelles avec des niveaux d’infestation moyens à très forts a augmenté. Puis la tendance s’est inversée début 2013. En février 2013, il n’y avait plus qu’une parcelle Biophyto avec un niveau d’infestation moyen et deux parcelles Témoin avec des niveaux d’infestation moyens à forts. Pour le reste de l’année 2013, l’abondance de la Cochenille des Seychelles est restée à un niveau d’infestation faible sur 9 sites. Seul le site G présentait des niveaux d’infestation encore critiques, et supérieurs sur la parcelle Témoin. En 2014, la totalité des parcelles Biophyto et Témoin présentaient un faible niveau d’infestation, voir une absence totale du ravageur.

L’évolution des niveaux d’infestation sur les parcelles du réseau peut être décrite selon 3 profils caractéristiques.

Le profil 1, observé sur les sites B, F et M, pour lequel le niveau d’infestation est resté faible sur les 3 années, même en 2012 au pic de l’infestation de la Cochenille des Sey-chelles. Ces sites correspondent à des exploitations AB ou ayant des pratiques apparentées (faible emploi de pesticides depuis plusieurs années). Le profil 2, observé sur les sites C, D, H, K, L et N, pour lequel le niveau d’infestation était moyen à très fort lors des premiers mois de suivi en 2012. L’abondance des cochenilles a ensuite diminué début 2013 pour se maintenir à un niveau faible jusqu’en septembre 2014 ; et ceci même sur les parcelles Biophyto exemptes de traitements insecticides. Le complexe d’ennemis naturels de la cochenille semble avoir joué son rôle, malgré l’obser-vation d’un fort taux de parasitisme de la coccinelle Rodolia chermesina (Delpoux, 2014). Fin 2012, sur certains sites les corps desséchés des cochenilles attaquées étaient toujours accrochées sur le feuillage et donc comptabilisés. Le pas-sage du cyclone Dumilé, en janvier 2013, a alors « nettoyé » les manguiers. Le profil 3, observé uniquement sur le site G, pour lequel l’infestation a progressé et s’est maintenue à un niveau moyen à très fort tout au long de l’année 2013. Puis en janvier 2014, avec le passage du cyclone Béjisa, les manguiers ont été « nettoyés ». Les niveaux d’infestation sont alors restés faibles jusqu’en septembre 2014.

Figure 4 Évolution mensuelle de l’abondance de la Cochenille des Seychelles sur les parcelles Biophyto et Témoin de 2012 à 2014.

0 : absence de dégâts 0,1 : faible infestation 1,2 : infestation moyenne 2,3 : forte infestation 3,4 : très forte infestation

Conclusion

Le suivi hebdomadaire à la floraison de la punaise Orthops palus, de la Cécidomyie des fleurs Procontarinia mangiferae et des thrips, ainsi que le suivi mensuel de la Cochenille des Seychelles Icerya seychellarum tout au long de l’année ont permis de mieux connaître la dynamique d’infestation de ces bioagresseurs :

- la Cécidomyie des fleurs, ravageur inféodé au manguier, a causé de manière systématique des dégâts sur toutes les parcelles avec des degrés d’infestation variables, qui tendaient toutefois à être plus élevés sur les parcelles Biophyto. Chaque année, sur une à deux parcelles du ré-seau, les attaques ont conduit à la destruction complète des inflorescences. Sept. 2012 Oct. 2012 No v. 2012 Déc. 2012 Janv . 2013 v. 2013 Mar s 2013

Avril 2013 Mai 2013 Juin 2013 Juil. 2013 Août 2013 Sept. 2013 Oct. 2013 No

v. 2013 Déc. 2013 Janv . 2014 v. 2014 Mar s 2014

Avril 2014 Mai 2014 Juin 2014 Juil. 2014 Août 2014 Sept. 2014

10 8 6 4 2 0 Nombr e de par cell es BIOPHYTO Sept. 2012 Oct. 2012 No v. 2012 Déc. 2012 Janv . 2013 v. 2013 Mar s 2013

Avril 2013 Mai 2013 Juin 2013 Juil. 2013 Août 2013 Sept. 2013 Oct. 2013 No

v. 2013 Déc. 2013 Janv . 2014 v. 2014 Mar s 2014

Avril 2014 Mai 2014 Juin 2014 Juil. 2014 Août 2014 Sept. 2014

10 8 6 4 2 0 Nombr e de par cell es TÉMOIN

- l’abondance des miridées vertes, incluant la punaise Or-thops palus, a varié selon les années, mais est restée la plupart du temps sans incidence sur la floraison. En 2014 toutefois, les niveaux d’infestation ont été ponctuellement élevés et ont entraîné la destruction des inflorescences sur quelques parcelles.

- l’abondance des thrips a de manière générale été très élevée sur l’ensemble des parcelles, sans toutefois causés de dégâts significatifs aux inflorescences.

- en l’absence d’application préventive de fongicide, les attaques d’oïdium ont causé d’importants dégâts sur la plupart des parcelles pour les 3 années.

- la Cochenille des Seychelles était présente sur la qua-si-totalité des parcelles du réseau en 2012 à des niveaux d’infestation élevés, mais les populations ont diminué en quelques mois sur la plus part des parcelles et ceci sans

l’application de traitements insecticides sur les parcelles Biophyto.

L’arrêt des traitements insecticides ne semble pas avoir entraîné une augmentation significative des niveaux d’infes-tation des bioagresseurs sur les parcelles Biophyto, hormis pour les dégâts de la Cécidomyie des fleurs. Pour ce rava-geur, ainsi que pour l’oïdium, la mise en place des pratiques agroécologiques devra être complétée par la recherche et la mise au point de méthodes de lutte alternative.

Cette première analyse des résultats sera complétée en fin de projet par une analyse multivariée afin de comprendre comment les facteurs abiotiques, les caractéristiques intrin-sèques des parcelles, ainsi que les pratiques agroécologiques ont pu influencer spécifiquement les niveaux d’infestation des principaux bioagresseurs.

Remerciements

Nous remercions Camille Delpoux et Paul Amouroux pour leur contribution à la conception des échelles d’abondance de la Cochenille des Seychelles et de la Cécidomyie des fleurs. Merci également à Marie Pierre Paquiry, Kevin Aipar et Yahaïa Soulaimana Mattoir pour leur collaboration aux notations au terrain.

Ces travaux ont pu être réalisés grâce aux financements du Conseil Général de La Réunion, de l’Europe (financement FEADER) et du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du Territoire (financement CASDAR).

Références bibliographiques

¢Amouroux P., 2013. Bio-écologie et dynamique des popula-tions de cécidomyie des fleurs (Procontarinia mangiferae), un ravageur inféodé au manguier (Mangifera indica), en vue de développer une lutte intégrée. Thèse de Doctorat, Université de La Réunion, Saint-Denis, France.

¢Bournier J.-P., 2000. Les Thysanoptères de l’île de la Ré-union: Terebrantia. Bulletin de la Société entomologique de France, 105, 65-108.

¢Deguine J.-P., Ferron P., Russel D., 2008. De l’agrochimie à l’agroécologie. Quae, Versailles, France, 187 p.

¢Delpoux C., Germain J.-F., Delvare G., Franck A., Normand F., Quilici S., 2013. Les cochenilles à sécrétions cireuses sur manguiers à La Réunion: Icerya seychellarum, ravageur en recrudescence. Phytoma, 65, 45-49.

¢Delpoux C., Muller L., Quilici S., 2014. Statut de la régula-tion biologique de la Cochenille des Seychelles, Icerya sey-chellarum, par la coccinelle Rodolia chermesina en vergers de manguiers. Séminaire Biophyto, Saint-Pierre, France. ¢Duyck P. F., 2005. Compétition interspécifique et capacités invasives. Le cas des Tephritidae de l’île de La Réunion. Thèse de Doctorat, Université de La Réunion, Saint-Denis, France. ¢Quilici S., Vincenot D., Franck A., 2003. Les auxiliaires des cultures fruitières à l’île de La Réunion. Ed. Cirad, Montpel-lier, France, 168 p.

¢Vincenot D., Normand F., 2009. Guide de production inté-grée de mangues à La Réunion. Cirad- Chambre d’agriculture de La Réunion, Saint Pierre, France, 121 p.

Questions / Réponses

„J.-N. Aubertot : Avez-vous pu réaliser une typologie des profils de dégâts observés sur les parcelles de manguier ?

M. Marquier : Pas encore mais c’est une piste d’analyse

pour les mois à venir.

„J.-N. Aubertot : Comment avez-vous adapté les stratégies d’échantillonnages à la diversité probable des structurations spatio-temporelle des bioagresseurs ?

M. Marquier : Après discussion lors de l’élaboration des

protocoles d’échantillonnages, le choix a été fait de gar-der le même nombre d’échantillons quelles que soient les parcelles. Compromis choisi par rapport aux contraintes en temps et à la main d’œuvre disponibles pour le suivi phytosanitaire.

En ce qui concerne le choix des inflorescences sur les arbres, ce sont celles à hauteur d’homme. Nous n’avons pas pris en compte de gradient de hauteur des inflorescences.

„A. Ratnadass : Est-ce que le fait qu’il n’y ait pas de diffé-rence notable entre les parcelles Biophyto et les parcelles Témoin en terme d’abondance de punaises mirides peut être due au type de produit appliqué sur les parcelles

Té-moin ? En effet, certains produits sont censés préserver les mirides car ce groupe consiste surtout en des auxiliaires, notamment en Europe.

M. Marquier : À ce jour, je n’ai pas la connaissance au cas

par cas de l’utilisation des insecticides. Dans l’étude des impacts des pratiques, il sera évalué au cas par cas si le trait insecticide a eu un impact sur les punaises.

S. Baud : Sur notre parcelle Biophyto (non traitée), la

coche-nille est maîtrisée, voire inexistante, alors que depuis 8 ans nous subissons des attaques de cécidomyies et de punaises (2014 : de gros dégâts).

M. Jacquot : Nous avons différents ravageurs dans les

ver-gers de manguier, certains sont peu mobiles comme les cochenilles et peuvent être facilement régulés. Contraire-ment aux thrips, cécidomyie et punaises qui ont des capacités de dispersion fortes.

C. Gloanec : Effectivement, sur les ravageurs volants, la

biodiversité ne peut pas toujours empêcher l’arrivée de l’ex-térieur. Des recherches complémentaires sont à mener sur des méthodes alternatives.

> Bioécologie de la Punaise du manguier,

Orthops palus

M. ATIAMA1 | T. RAMAGE | T. SCHMITT1 | M.-L. MOUTOUSSAMY1 | A. MATOCQ | C. AJAGUIN SOLEYEN1 |

D. MURU1 | M. JACQUOT1 | J.-P. DEGUINE1

morguen.atiama@cirad.fr

Résumé

Décrite pour la première fois en Ouganda en 1947, l’espèce Orthops palus (Taylor) n’est jusqu’à maintenant recensée qu’à La Réunion, où elle est considérée comme l’un des principaux ravageurs du manguier (Mangifera indicae L.). Les adultes et les larves de cet insecte piquent les inflorescences de man-guier et entraînent leur desséchement. Peu de connaissances sont disponibles sur ce ravageur, ce qui rend délicate la gestion de ses populations. La présente étude a pour objectif d’ac-quérir des connaissances sur le statut, la biologie et l’éco-logie de cet insecte et sur la structuration génétique de ses populations. Les principaux résultats font état de l’existence de plus d’une dizaine d’espèces de Miridae en verger lors de la pleine floraison du manguier. Dans cette Miridofaune, O. palus occupe une place prépondérante. Le suivi des parcelles du réseau Biophyto (www.biophyto.org), effectué de 2012 à 2014, montre d’importants dégâts provoqués par O. palus sur certaines parcelles ; pour d’autres, il se révèle très difficile de quantifier l’impact de ce ravageur tant les dégâts sont le résultat d’attaques simultanées de plusieurs bioagresseurs (oïdium, Cécidomyie des fleurs,…). La bioécologie de cette punaise est aujourd’hui mieux connue grâce à des données obtenues sur son cycle biologique et sur les interactions qu’elle entretient avec diverses espèces végétales présentes dans et en dehors des vergers de manguiers.

Mots-clés : Miridae, ravageur, clé d’identification,

interac-tions insecte plante, structuration génétique

Introduction

La famille des Miridae (Hemiptera : Heteroptera) est l’une des familles d’insectes les plus riches, avec plus de 1 200 genres et 11 000 espèces décrits (Carvalho, 1952 ; Cassis et Schuh 2012). Cette famille regroupe les punaises phytophages (ou « plant bug ») dont la présence est signalée dans toutes les principales régions biogéographiques mondiales (Schuh, 1995, 2008). Elles sont particulièrement diversifiées dans les écosystèmes tropicaux et méditerranéens (Schuh et Slater 1995 ; Cassis et al., 2007). Certaines espèces peuvent avoir une forte importance économique en agriculture notamment fruitière, de par leur rôle d’auxiliaires (exemple : agent bio-logique de contrôle) ou de ravageurs (Kelton, 1982). D’autres sont considérées de moindre importance. Néanmoins, le manque de connaissances sur la biologie et la taxonomie (confusions d’espèces) de ces espèces, peut être à l’origine de la sous-estimation de leur impact.

La mangue, sixième production fruitière mondiale (FAO, 2009), est un bon support d’étude pour ces 2 cas de figure. Très peu d’études font état de Miridae générant des dégâts si-gnificatifs sur manguier. Certaines espèces des genres Dag-bertus et Rhinacloa se nourrissent de ses inflorescences en Floride (Peña, 1993) et en République dominicaine (Whitwell, 1993) sans que des dommages réels soient observés. Des es-pèces de Lygus sont également référencées au Fidji (Swaine, 1971), ou encore Campylomma liebknechti (Malipatil, 1992) en Australie. D’autres Miridae peuvent impacter la qualité des fruits mais cela se limite à quelques espèces du genre Helopeltis : H. theivora (Leach, 1935 : Malawi) et H. schoute-deni (Leach, 1935 : Malawi ; Harris, 1937 : Afrique de l’Est).

Figure 1 Adulte de la Punaise du manguier (Orthops palus).

À l’échelle mondiale, deux espèces sont considérées comme d’importants ravageurs dans les vergers de manguiers : - Campylomma austrina Malipatil dans le Territoire du Nord

en Australie, suscite depuis 2002, une attention particulière. En effet, elle génère la chute prématurée d’importantes quantités de petits fruits (Peng et Christian, 2008). - À La Réunion, Orthops palus Taylor est considérée comme

le principal bioagresseur en vergers de manguiers (Man-gifera indica L.) (Figure 1). Les dégâts sont provoqués par les larves et les adultes polyphages, qui piquent les bour-geons, les jeunes pousses et les inflorescences afin d’en extraire la sève pour se nourrir (Insa et al., 2002 ; Normand et al., 2011).

1. CIRAD

UMR C-53 PVBMT

Toutefois, comme O. palus n’a le statut de ravageur qu’à La Réunion, très peu de travaux ont été menés à son sujet. Cette étude présente les avancées actuelles, dans l’acqui-sition de connaissances sur la bioécologie de ce ravageur. À terme, celles-ci permettront la mise en place de meilleures méthodes de gestion de ses populations.