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des couvertures végétales en période de floraison des manguiers à La Réunion

RICHESSE SPÉCIFIQUE

La richesse spécifique des parcelles des exploitations F et M, dont les pratiques de gestion de l’enherbement sont identiques, ne sont pas significativement différentes d’une année à l’autre. Elles sont également similaires entre les deux parcelles de l’exploitation F pour lesquelles les pra-tiques sont strictement idenpra-tiques.

Pour les 6 exploitations dans lesquels le dispositif expéri-mental Biophyto a été mis en place, on distingue deux cas de figure quant à l’évolution de la richesse spécifique en plantes sur les 3 années :

- en 2012, les exploitations G (Figure 3), H et N présentaient une richesse spécifique en plantes équivalente entre les deux parcelles ou inférieure dans la parcelle Biophyto. On observe dans les exploitations une richesse spécifique significativement supérieure dans la parcelle Biophyto par rapport à la parcelle Témoin en 2013 et en 2014.

- les exploitations C, K (Figure 3) et L présentent en 2012, 2013 et 2014 une richesse spécifique végétale significati-vement supérieure dans la parcelle Biophyto par rapport à la parcelle Témoin. L’écart de richesse spécifique entre les deux parcelles est le plus grand en 2013 (K et L) ou en 2013 et 2014 (C). Taux de r ec ouvr ement par l es plant es (%) 100 80 60 40 20 0

Bio Tem Bio Tem Bio Tem

2012 2013 2014 ab ab c a bc a Exploitation G Taux de r ec ouvr ement par l es plant es (%) 100 80 60 40 20 0

Bio Tem Bio Tem Bio Tem

2012 2013 2014 a a b a a a Exploitation K Taux de r ec ouvr ement par l es plant es (%) 100 80 60 40 20 0

Bio Tem Bio Tem Bio Tem

2012 2013 2014 ab a ab ab c bc Exploitation H Taux de r ec ouvr ement par l es plant es (%) 100 80 60 40 20 0

Bio Tem Bio Tem Bio Tem

2012 2013 2014 ad a bc bd c c Exploitation C

Figure 3 Moyennes ± erreurs-types et résultats des tests de comparaison des moyennes multiples de la richesse spécifique des plantes pour les parcelles de 4 vergers de manguiers de 2012 à 2014. Les moyennes avec une lettre différente sont significativement différentes au seuil α = 5% pour le test de comparaison de moyennes multiples de Tukey.

Bio = parcelle Biophyto ; Tem = parcelle Témoin

Discussion

La richesse spécifique végétale et le taux de recouvrement similaires entre les deux parcelles des exploitations F et M, dans laquelle les pratiques n’ont pas différé d’une année à l’autre, confirment que la méthode de mesure et d’estimation permet une comparaison entre les parcelles.

Les pratiques de gestion des couvertures végétales des par-celles Biophyto ont permis un taux de recouvrement supé-rieur aux pratiques témoins dans seulement 3 cas sur 6. On notera dans le cas de l’exploitation K, un taux de recouvre-ment très important en 2013, causé par une grande quantité d’irrigation par micro-aspersion et le semis de Cynodon dactylon. Dans trois autres cas, les taux de recouvrement des deux parcelles pour chaque année sont équivalents. Malgré cela on constate une augmentation significative des taux de recouvrement au cours des années (Figure 2, exploitations C et H). Les agriculteurs ont adopté des pratiques favorisant l’enherbement dans les deux types de parcelles.

Concernant l’évolution de la richesse spécifique en plantes, les résultats sont plus marqués. Dans les 6 parcelles, les pra-tiques de gestion des couvertures végétales de type « Biophyto »

permettent le développement d’un enherbement plus riche en espèces que les pratiques « Témoin » (ou augmentent la différence déjà existante).

Le taux de recouvrement et la richesse spécifique des couver-tures végétales n’évoluent pas de la même façon. En effet un taux de recouvrement élevé peut être synonyme d’une richesse spécifique en plante faible. Si le fort recouvrement d’une parcelle est dû seulement à une ou quelques espèces de plantes très concurrentielles, alors, d’autres espèces ne peuvent s’implan-ter. C’est le cas de la parcelle Témoin de l’exploitation C, dans laquelle le développement en 2013 d’espèces de plantes lianes-centes permet un fort taux de recouvrement mais n’engendre pas une bonne diversité, contrairement à la parcelle Biophyto dans laquelle le recouvrement est permis par de nombreuses espèces de plantes différentes. L’autre exemple est la parcelle Témoin de l’exploitation M dans laquelle le développement du Chiendent-de-bœuf (Stenotaphrum dimitianum) permet un recouvrement quasi-total du sol, mais une richesse spécifique faible.

Riches

se spécifique des plant

es 35 30 25 20 15 10 5 0

Bio Tem Bio Tem Bio Tem

2012 2013 2014 a a b a c a Exploitation G Riches

se spécifique des plant

es 35 30 25 20 15 10 5 0

Bio Tem Bio Tem Bio Tem

2012 2013 2014 de a b c cd e Exploitation K Riches

se spécifique des plant

es 35 30 25 20 15 10 5 0

Bio Tem Bio Tem Bio Tem

2012 2013 2014 b a a b c b Exploitation H Riches

se spécifique des plant

es 35 30 25 20 15 10 5 0

Bio Tem Bio Tem Bio Tem

2012 2013 2014 c a b c b c Exploitation C

En période de floraison des manguiers, les pratiques « Bio-phyto » – irrigation par micro-aspersion, arrêt des traitements herbicides et semis d’espèces herbacées – permettent le dé-veloppement de couvertures végétales plus riches en espèces que les pratiques habituelles. Concernant le taux de recouvre-ment par les plantes, les résultats de ces pratiques ne sont pas aussi nets, notamment parce que les pratiques des parcelles

« Témoin » du dispositif expérimental ont rejoint les pratiques Biophyto.

La gestion d’un enherbement abondant et diversifié, conjoin-tement à l’arrêt des traiconjoin-tements insecticides favorisent l’exis-tence de communautés d’arthropodes abondantes et riches en espèces, en vergers de manguiers à La Réunion (Jacquot et al., 2014 b).

Références bibliographiques

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¢Scherber C., Eisenhauer N., Weisser W. W., Schmid B., VoigtW., Fischer M., Schulze E. D., Roscher C., Weigelt A., Allan E., Bessler H., Bonkowski M., Buchmann N., Buscot F., Clement L. W., Ebeling A., Engels C., Halle S., Kertscher I., Klein A. M., Koller R., König S., Kowalski E., Kummer V., Kuu A., Lange M., Lauterbach D., Middelhoff C., Migunova V. D., Milcu A., Müller R., Partsch S., Petermann J. S., Renker C., Rottstock T., Sabais A., Scheu S., Schumacher J., Temperton V. M., Tscharntke T., 2010. Bottom-up effects of plant diversity on multitrophic interactions in a biodiversity experiment. Nature, 468, 553-556.

Questions / Réponses

„F. Le Bellec : Sur le plan qualitatif des communautés vé-gétales : quelles sont les espèces ? Y a-t-il des différences entre les traitements ?

M. Jacquot : On observe des changements dans les espèces

présentes. On passe de couvertures composées de peu d’es-pèces (exemple euphorbiacées) à des couvertures très riches à dominante de poacées et de fabacées.

„T. Atiama-Nurbel : Est-ce que les couvertures végétales utilisées sont des couvertures implantées sur les parcelles Biophyto ou des couvertures spontanées ?

M. Jacquot : On mesure objectivement les couvertures

qu’elles soient implantées ou favorisées par l’irrigation. Ceci dans l’ensemble des parcelles Biophyto et Témoin.

„S. Penvern : 1) Avez-vous regardé la hauteur de l’enherbe-ment ? Celle-ci peut affecter la colonisation des prédateurs dans la canopée.

2) Quelle variabilité observez-vous le long du segment, en fonction de la distance à l’arbre ?

M. Jacquot : 1) Non, nous n’avons pas mesuré la hauteur de

l’enherbement directement. Elle est quand même exprimée par la complexité des couvertures.

2) Oui, le long des segments on observe une variabilité. Dans les pratiques témoins, on observe un rang peu enherbé avec un inter-rang enherbé.

> Effet des pratiques agroécologiques sur l’évolution

des communautés d’arthropodes en vergers de

manguiers à La Réunion

M. JACQUOT1 | D. MURU1 | F. CHIROLEU1 | M. TENAILLEAU2 | S. GASNIER3 | J. ROCHAT3 | S. PLESSIX1 |

M.-L.MOUTOUSSAMY1 | C.AJAGUIN SOLEYEN1 | P. TIXIER4 | J.-P. DEGUINE1

jean-philippe.deguine@cirad.fr

Résumé

Les pratiques agroécologiques mises en place dans les ver-gers de manguiers du réseau Biophyto ont pour objectif d’augmenter la biodiversité fonctionnelle. Afin de vérifier cette influence, nous avons effectué un échantillonnage des arthropodes en période de floraison des manguiers (2012 et 2013). L’échantillonnage et la détermination de ces ar-thropodes présents dans chaque parcelle, nous ont permis d’estimer la richesse spécifique et l’abondance de deux ni-veaux trophiques : i) les herbivores et détritivores, ii) les prédateurs et parasitoïdes. En 2012, les différences entre les deux types de parcelles sont faibles, l’ensemble des pratiques agroécologiques ayant été mises en place ultérieurement. En 2013, La gestion d’un enherbement abondant et diver-sifié, conjointement à l’arrêt des traitements insecticides favorisent donc l’existence de communautés d’arthropodes abondantes et diversifiées pour les deux niveaux trophiques.

Mots-clés : pratiques agroécologiques, communautés,

arthropodes, floraison, manguiers

Introduction

Dans un contexte de réduction de l’usage des produits phy-tosanitaires (Plan ÉCOPHYTO 2018), les services potentiels de la biodiversité dans la gestion des organismes nuisibles deviennent cruciaux. En effet, de nombreuses productions végétales se retrouvent dans des impasses sanitaires et techniques.

La culture du manguier (Mangifera indica L.) à La Réunion n’échappe pas à la règle, avec une seule molécule active homologuée (lambdacyhalotrine) alors que des insectes de quatre ordres différents causent des pertes économiques im-portantes : mouches des fruits et cécidomyies (Diptera), punaise des fleurs (Heteroptera), cochenilles (Hemiptera) et thrips (Thysanoptera). Les agroécosystèmes doivent évoluer pour favoriser la diversité biologique, gage d’écosystèmes plus stables et résilients (Yachi et Loreau, 1999). Ainsi, des techniques relatives à lutte biologique de conservation (LBC) ont été appliquées dans les agroécosystèmes à base de manguiers : arrêt des traitements insecticides et gestion des habitats (couvertures végétales, bandes fleuries, etc.). La LBC vise à favoriser l’abondance et la diversité des ennemis naturels des organismes nuisibles dans les agroécosys-tèmes (Eilenberg et al., 2001). Pour vérifier cette influence

des pratiques agroécologiques sur les communautés d’ar-thropodes, il est nécessaire de les comparer aux pratiques agrochimiques.

Dans les vergers de manguiers à La Réunion, comme dans de nombreux écosystèmes terrestres, on peut discerner 4 groupes fonctionnels dans les communautés d’arthropo-des. Ils rassemblent les espèces qui consomment le même type de ressources. (1) Les arthropodes détritivores : ils se nourrissent de détritus organiques. (2) Les arthropodes her-bivores : ils se nourrissent de plantes, seuls les herher-bivores s’alimentant du manguier sont qualifiés de ravageurs. (3) Les carnivores primaires, qui s’alimentent des herbivores et des détritivores. Ces arthropodes prédateurs et parasitoïdes sont qualifiés d’auxiliaires lorsqu’ils se nourrissent des ravageurs de la culture. (4) Les arthropodes prédateurs supérieurs et hyperparasitoïdes mangent des prédateurs et parasitoïdes. En vergers de manguiers, la grande majorité des espèces de fourmis sont considérées comme omnivores puisqu’elles peuvent s’alimenter de plantes et d’autres arthropodes, qu’ils soient herbivores, détritivores ou prédateurs.

L’évolution de deux de ces groupes fonctionnels est intéres-sante dans une perspective de lutte biologique de conserva-tion. Les arthropodes prédateurs et parasitoïdes représentent des auxiliaires potentiels. Les herbivores non nuisibles constituant des proies alternatives pour les prédateurs. Nous supposons que la richesse spécifique et l’abondance de ces deux communautés d’arthropodes seraient supérieures dans les parcelles avec les pratiques agroécologiques que dans les parcelles avec les pratiques agrochimiques.

1. CIRAD

UMR C-53 PVBMT, F-97410 Saint-Pierre, La Réunion, France 2. ARMEFLHOR

1 Chemin de l’IRFA, 97410 Saint-Pierre, La Réunion, France 3. INSECTARIUM DE LA RÉUNION

97420 Le Port, La Réunion, France 4. CIRAD

Matériel et méthodes

‚ PÉRIODE ET LOCALISATION DE L’ÉTUDE

Les échantillonnages ont eu lieu pendant 2 ans, de 2012 à 2013, dans les vergers de 10 exploitations agricoles apparte-nant au réseau Biophyto (www.biophyto.org). Pour chacune de ces exploitations, les suivis des communautés d’arthropodes sont effectués sur deux parcelles voisines de taille semblable. Sur les 10 couples de parcelles étudiés :

- 2 couples de parcelles en agriculture biologique (exploi-tations F et M), qui n’ont pas fait l’objet de changement de pratiques de gestion de l’enherbement et de contrôle des organismes nuisibles.

- dans les 8 autres exploitations (B, C, E, G, H, K, L et N), chaque couple est composé de : (1) une parcelle « Bio-phyto » où les pratiques visant à favoriser l’abondance et la diversité des couvertures végétales sont mises en place. Des systèmes d’irrigations par micro-aspersion y sont également mis en place et le semis d’espèces herbacées. De plus, dans ces parcelles aucun traitement insecticide et herbicide n’est appliqué. (2) une parcelle « Témoin » dans laquelle l’agriculteur est libre de ses pratiques de gestion de l’enherbement. Les exploitations B et E n’ont pas été prises en comptes dans l’analyse puisqu’elles présentent : soit des problèmes d’irrigation dans la parcelle Biophyto (E), soit un problème de gestion agronomique de la parcelle Témoin (B).

Le changement de pratiques de gestion de l’enherbement dans les parcelles Biophyto a été opéré dans le dernier tri-mestre 2012. L’arrêt des traitements insecticides a été ef-fectué dès début 2012.

Nous discuterons des résultats pour les 6 couples de par-celles présentant un dispositif expérimental Biophyto (C, G, H, K, L et N).