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‚ LE PIÈGE À FOSSE

Le piège à fosse permet d’échantillonner les arthropodes se déplaçant à la surface du sol. Chaque piège est constitué d’un pot en plastique de 750 ml disposé verticalement dans le sol et dont l’extrémité apicale ouverte se situe légèrement en dessous de la surface du sol. Les pièges à fosse ont été utilisés dans le cadre de l’étude des réseaux trophiques afin d’échantillonner les arthropodes de la surface du sol.

1. CIRAD

UMR C-53 PVBMT, F-97410 Saint-Pierre, La Réunion, France 2. ARMEFLHOR

1 Chemin de l’IRFA, 97410 Saint-Pierre, La Réunion, France 3. INSECTARIUM DE LA RÉUNION

‚ L’ÉCHANTILLONNAGE PAR ASPIRATION

Dans le cadre de l’étude des réseaux trophiques des aspira-tions au DVac (Duct Ventilation Air Conditioning, STIHL, BG56) ont été réalisées sur le couvert végétal et sur la frondaison des manguiers. Cette méthode d’échantillonnage a égale-ment été utilisée lors des études d’attractivités des bandes fleuries et de la bioécologie de la Punaise du manguier. ‚ LE BATTAGE

La méthode d’échantillonnage par battage a été utilisée pour collecter des punaises du manguier.

‚ MÉTHODE DE TRI ET DÉTERMINATION

Dans le cadre des études des réseaux trophiques et d’attrac-tivité des bandes fleuries, les échantillons ont été triés et nettoyés au laboratoire pour ne garder que les arthropodes. Ceux-ci ont ensuite été déterminés à l’aide de clés de dé-termination. Les déterminations ont été revues et validées par des spécialistes : Jean-Claude Ledoux pour les Araneae, Jacques Poussereau pour les Coleoptera, Armand Matocq et Thibault Ramage pour les Miridae et Gérard Delvare pour les Parasitica.

Résultats

Les études : (1) Bioécologie de la Punaise du manguier, (2) Interactions plantes fleuries-arthropodes et (3) Réseaux trophiques dans les agroécosystèmes à base de manguier, ont permis de capturer respectivement ~ 2 000, 13 614 et 174 631 individus. Concernant les études (2) et (3), les groupes taxonomiques qui formeront un catalogue sont représentés par respectivement 6 144 et 9 590 individus.

De plus, le traitement des échantillonnages de l’année 2014 de l’étude des réseaux trophiques (3) est en cours. Les ré-sultats présentés ici ne les prennent donc pas en compte. ‚ ARANEAE

Les araignées sont des arthropodes prédateurs, la grande majorité des espèces sont dites prédateurs généralistes puisqu’elles s’alimentent de plusieurs espèces de proies différentes.

Les araignées ont fait l’objet d’une identification approfondie par Maxime Jacquot et Brice Derepas (Cirad), Sophie Gasnier (Insectarium). En septembre 2013, au cours d’une mission organisée par S. Gasnier et G. Casanove, les identifications (3 062 individus) ont été vérifiées par Jean-Claude Ledoux, spécialiste français de ce groupe. Les inventaires réalisés en vergers de manguiers ont révélé plus de dix nouvelles réfé-rences pour La Réunion, ainsi que de potentielles nouvelles espèces pour la Science. Notons l’existence de quelques espèces associées aux fourmis, une espèce myrmécophage et 4 espèces dont le corps a une forme mimétique des four-mis. Les 62 espèces identifiées sont référencées dans un catalogue en cours d’élaboration. Un exemple de planche est présenté en figure 1.

‚ COLEOPTERA

Les coléoptères représentent un groupe très diversifié, com-prenant de nombreux groupes fonctionnels dont des espèces d’auxiliaires pour le contrôle des populations des ravageurs. Les identifications des coléoptères capturés en vergers de manguiers (2 072 individus) ont permis de recenser 90 espèces différentes. Les déterminations réalisées par Mickaël

Figure 1 Exemple de planche du catalogue des Araignées.

Araneae, nouvelle référence pour La Réunion. 2.2->3.5 mm.

1. Femelle habitus dorsal 2. Ventral 3. Latéral 4. Position oculaire 5. Sternum 6-7. Epigyne 8. Vulve

1 2 3 5

4

6

7

nailleau et Maxime Jacquot ont été vérifiées par le coléop-tériste français Jacques Poussereau en novembre 2012. La quasi-totalité des espèces identifiées ont été photographiées pour la conception d’un catalogue. Chaque espèce a été pho-tographiée en face ventrale, dorsale et de profil (Figure 2).

Figure 2 Exemple de planche du catalogue des Coléoptères.

‚ MIRIDAE

Les Miridae forment une famille du sous-ordre des Hété-roptères composée à la fois de ravageurs et de prédateurs (Figure 3). C’est pourquoi il est important d’étudier les com-munautés de Miridae en vergers de manguier.

Les identifications des Miridae capturés en vergers de man-guiers (~2 000 individus) ont permis de recenser 15 espèces. Les déterminations ont été réalisées par M. Atiama et ont été vérifiées par Thibault Ramage et Armand Matocq (Museum national d’Histoire naturelle). Toutes les espèces identifiées feront partie d’un catalogue photographique des Miridae des vergers de manguiers réunionnais en cours d’élaboration. Une clé de reconnaissance des 15 espèces est également en cours de réalisation.

Figure 3 Photos de deux espèces de Miridae.

‚ PARASITICA

Ce groupe est l’un des plus diversifié du monde animal, re-présentant potentiellement 20 % de tous les insectes. Ces arthropodes ont un rôle important dans la régulation des insectes ravageurs et sont alors largement utilisés dans des programmes de lutte biologique à travers le monde. Dans un premier temps, nous avons réalisé un inventaire bibliographique préliminaire des 272 espèces de Parasitica (Hymenoptera) répertoriés à La Réunion (Figure 4). Ce travail de compilation de données avait pour objectif de faciliter le travail de détermination. Dans le cadre de l’étude des réseaux trophiques en vergers de manguier, ce groupe à fait l’objet d’une identification approfondie par David Muru (Cirad) avec l’aide de Gérard Delvare, spécialiste français de ce groupe. Les déterminations des 4 456 individus échantillonnés en vergers de manguier ont permis d’identifier 235 espèces avec plus d’une vingtaine de nouvelles références pour La Réu-nion. Les 235 espèces identifiées seront référencées dans un catalogue en cours d’élaboration. Un exemple de planche est présenté en figure 5.

Figure 4 Extrait de l’inventaire bibliographique

des Parasitica de La Réunion.

CHECKLIST OF HYMENOPTERAN PARASITOIDS FROM REUNION ISLAND

Superfamily : ICHNEUMONOIDEA Family : BRACONIDAE Subfamily : Agathidinae Genus : Bassus (Fabricius, 1804) Bassus curticornis (Granger, 1949)

Recorded from : Quilici et al. 2003

Host information : Nephopterix beharella (Lepidoptera: Pyrali-dae) (Quilici et al. 2003 : Madl, 2007)

Genus: Disophrys (Foerster, 1862) Disophrys lutea (Brullé, 1846)

Recorded from: Brullé, 1846

Host information: Condica conducta, Mythimna curvula, My-thimna loreyi (Lepidoptera: Noctuidae) (Madl, 2007)

Subfamily: Alysiinae Genus: Aphaereta (Foerster, 1862)

Aphaereta sp.

Recorded from : Quilici et al. 2003 Host information : Diptera, Cyclorrhapha

Genus: Dacnusa (Haliday, 1833) Dacnusa sibirica Telenga, 1934

Host information : Liriomyza spp. (Diptera: Agromyzidae) (Vays-sières et al. 2001)

Recorded from: Vayssières et al. 2001 Dacnusa sp.

Recorded from: Vayssières et al. 2001

Host information : Unknown. But Dacnusa are parasitoids of Liriomyza spp. (Diptera: Agromyzidae) (Vayssières et al. 2001).

Figure 5 Exemple d’une planche du catalogue des hyménoptères.

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Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier particulièrement les spécialistes qui ont permis de confirmer les détermina-tions : Jean-Claude Ledoux (Araneae), Jacques Poussereau (Coleoptera), Gérard Delvare (Parasitica), Thibault Ramage et Armand Matocq (Miridae). Nous tenons aussi à remercier Ségolène Plessix et Tristan Schmitt, respectivement pour leur participation au tri des échantillons des études 3 et 1.

Questions / Réponses

„J.-N. Aubertot : La reconnaissance des différentes es-pèces d’arthropodes nécessite un haut niveau d’expertise. Serait-il possible d’automatiser cette reconnaissance par analyse d’images ou barcoding par exemple ?

D. Muru : Le problème de la reconnaissance par analyse d’images

est que les critères à observer sont de tailles très variés. Le barcoding, bien que « sexy », ne peut s’utiliser que pour coder une bête pour la première fois, il faut faire appel à un spécialiste pour la déterminer.

„J.-P. Deguine : On a souvent tendance à dire que les para-sitoïdes font partie des insectes utiles. Dans une démarche didactique, pouvez-vous préciser que les parasitoïdes ne sont pas tous des insectes utiles ?

D. Muru : Il existe des parasitoïdes de prédateurs (araignées,

coccinelles) ou d’autres parasitoïdes. Il ne faut donc pas tous les considérer comme des insectes utiles.

„E. Roux : 1) Connaît-on les hôtes des parasitoïdes identifiés ?

2) Existe-t-il des parasitoïdes des ravageurs du manguier ? 3) Quand sera fini et disponible le catalogue des auxiliaires ?

D. Muru : 1) Non, on en connait que très peu.

2) Il existe bien des parasitoïdes de certains ravageurs du manguier.

J.-P. Deguine : 3) Le catalogue Coléoptères sera disponible

> Interactions plantes à fleurs - arthropodes dans

les vergers de manguiers à La Réunion

J.-P. DEGUINE1 | D. MURU1 | M. TENAILLEAU2 | S. LE SQUIN1 | S. PLESSIX1 | C. AJAGUIN SOLEYEN1

jean-philippe.deguine@cirad.fr

Résumé

La lutte biologique de conservation a pour principal objectif de favoriser les ennemis naturels en favorisant leurs habitats. Nous avons sélectionné 12 plantes à fleurs pour introduire des habitats et de la ressource. L’étude de l’attractivité de ces plantes envers les arthropodes a été conduite en deux parties. Nous nous sommes intéressés dans un premier temps à tous les arthropodes et nous avons caractérisé l’entomofaune présente sur 3 de ces plantes. Dans un deu-xième temps, nous avons axé notre travail sur un groupe : les Parasitica (Hymenoptera). La plante abritant la plus grande abondance et diversité en Parasitica est Lobularia maritima (Brassicaceae). En complément, nous avons vérifié sur une exploitation en 2013, à l’aide de tentes malaises, qu’une parcelle enherbée et abritant des bandes fleuries abrite plus de parasitoïdes qu’une parcelle nue.

Mots-clés : bande fleurie, Parasitica, arthropodes

Introduction

Depuis les années 1970, l’utilisation d’intrants de synthèse dans les parcelles cultivées est devenu un sujet de controverse puisqu’ils s’avèrent être néfastes pour la santé humaine, mais également pour l’environnement (Altieri, 1989 ; Pimentel et al., 1993 ; Wilson et Tisdell, 2001). Ces pratiques actuellement trop intensives pour devenir durables sur le plan écologique (Deguine et Ratnadass, 2013) seraient responsables de la disparition d’espèces non-cibles et d’autres dommages en-vironnementaux (Altieri, 1999 ; Kruess et Tscharntke, 1994). Soucieux des dégâts occasionnés et désarmés face à des rava-geurs de plus en plus résistants à des produits chimiques oné-reux, certains agriculteurs tendent à opter pour des solutions alternatives aux produits phytosanitaires (Deguine et Ferron, 2006). Notamment, en adoptant des méthodes de protection plus respectueuses de l’environnement leur permettant de réduire leur consommation d’insecticides, tout en préservant le potentiel et la qualité de leur production.

La protection agroécologique des cultures (PAEC) se décline en trois composantes : la prophylaxie dans les cultures visant à prévenir l’apparition et le développement des infestations, la lutte biologique de conservation et la gestion des habitats des arthropodes utiles (Deguine et al., 2008). Elle est le fruit d’une col-laboration entres les agriculteurs et les scientifiques qui tentent ensemble de concevoir des agroécosystèmes présentant un fonctionnement proche des écosystèmes naturels (Altieri, 1986).

La biodiversité est un facteur de production qui rend de nom-breux services à l’agriculture (Sarthou, 2006), d’où la nécessité de la préserver. La PAEC vise à protéger et restaurer cette biodiversité dans les agrosystèmes et la lutte biologique de conservation s’intègre dans cette approche en ayant pour principal objectif de favoriser les ennemis naturels indigènes des bioagresseurs dans les cultures en empêchant leur des-truction par d’autres pratiques. Elle se fonde sur deux hypo-thèses : la « resource concentration hypothesis » et l’« ene-mies hypothesis » énoncées respectivement par Southwood (1961) et Pimentel (1961). La première hypothèse stipule que l’introduction de diversité végétale au sein d’une culture dite « pure » (monoculture) tend à défavoriser les populations de ravageurs en augmentant leur difficulté à trouver leur ressource. L’effet de dilution de la ressource tend alors à diminuer leur fitness. La deuxième hypothèse suppose qu’en augmentant la diversité végétale au sein d’un agrosystème on favorise l’activité des ennemis naturels dans le milieu ce qui entraine la diminution des populations de ravageurs puisqu’elles sont interdépendantes.

La gestion des habitats est considérée comme un ensemble de méthodes de lutte biologique de conservation (Deguine et Ratnadass, 2013). Elle consiste en un aménagement des agrosystèmes tout en tenant compte des modalités de disper-sion et de colonisation des espèces nuisibles, mais aussi de leurs antagonistes. Les impératifs de la culture industrielle font des cultures modernes un milieu très artificiel dans lequel les auxiliaires ne disposent plus de tous les sites propices aux différentes phases de leur développement (Re-maudière et Leclant, 1971). La gestion des habitats a donc pour objectif de créer un environnement à la fois favorable aux auxiliaires de culture et défavorable aux phytophages. Les communautés animales sont sous la dépendance des peuple-ments végétaux, de leur répartition spatiale, de la topographie et du climat (Chaubet, 1992). Pour favoriser l’installation, le maintien et le développement de la faune auxiliaire dans les cultures, il faut pouvoir répondre à ses besoins écologiques. Cela implique une manipulation de ses habitats afin de lui fournir des abris et des ressources tout au long de l’année. La

1. CIRAD

UMR C-53 PVBMT, F-97410 Saint-Pierre, La Réunion, France 2. ARMEFLHOR

majorité des auxiliaires de culture ont un régime alimentaire varié selon le stade, le milieu, les conditions de vie, etc. En effet, les polinisateurs et ennemis naturels (prédateurs et parasites) des ravageurs, ont recours à des ressources riches en acides aminés et hydrates de carbone comme le nectar, le pollen ou le miellat d’homoptères (Altieri et Whitcomb, 1979), notamment pour combler des carences ou lorsque les populations de ravageurs diminuent. Ces ressources, al-ternatives ou essentielles à leur développement, peuvent être indispensables pour de nombreuses fonctions comme le vol et la maturation des œufs chez les syrphes (Hickman et Wratten, 1994 ; Lyon, 1965) ou le succès parasitaire chez les hyménoptères parasitoïdes (Bianchi et Wäckers, 2008). Différents aménagements naturels ou semi-naturels peuvent être mis en place au sein des parcelles cultivées à l’échelle de la parcelle, de ses alentours, de l’exploitation ou de l’agroéco-système tout entier (Deguine et al., 2008). Elles dépendent de nombreux paramètres tels que la taille et l’organisation des parcelles, les types de cultures, les pratiques culturales mais aussi les populations de bioagresseurs présents. D’après Duval (1993), on trouve 3 types d’installations qui consistent à fournir un habitat par l’introduction de diversité végétale dans les zones cultivées : les couvre-sols floraux, les plantes compagnes et les zones florales. Les bandes fleuries font partie des zones florales pouvant être mises en place dans les cultures. Cet outil, utilisé en lutte biologique de conservation consiste à semer dans les zones cultivées une bande de taille variable, mono ou hétérospécifique. Ces bandes peuvent être composées d’un mélange floral adapté aux besoins des auxiliaires, pouvant servir de zone refuge ou de zone relais. Cet aménagement vise à fournir à la faune auxiliaire, prédateurs, parasitoïdes ou pollinisateurs, une protection et une ressource de manière ponctuelle ou durable. De cette manière, les auxiliaires peuvent effectuer leur cycle de ma-nière continue (hivernation, estivation, reproduction et ponte) (Sarthou, 2010) pour recoloniser le milieu continuellement. L’objectif de cette étude est de caractériser, sur les plantes à fleurs sélectionnées leurs interactions avec les arthro-podes nuisibles et utiles dans les vergers de manguiers à La Réunion.