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Des plantes pièges ou refuges ont été mises en place dans les vergers, pour étudier leur intérêt dans la gestion agroé-cologique des populations de bioagresseurs ou d’arthropodes utiles. En effet, les plantes pièges ou refuges attirent les auxiliaires, piègent les ravageurs permettant un ciblage de la lutte. Elles sont généralement implantées entre les rangs ou sur le pourtour de la parcelle. Dans le cadre du projet Biophyto, l’étude vise à tester l’intérêt de quelques plantes candidates, à la fois dans les vergers et au laboratoire : le Maïs (Zea mais) pour piéger les mouches de fruits, le Pois d’Angole (Cajanus cajan) comme plante réservoir d’auxiliaires et d’autres plantes telles que le Cotonnier (Gossypium sp.), l’Alysse (Lobularia maritima) ou encore le Haricot (Phaseolus sp.) pour piéger la Punaise du Manguier (Orthops palus). ‚ PRODUCTION DE DONNÉES AGRONOMIQUES,

PHYTOSANITAIRES ET ÉCONOMIQUES PAR LA RÉALISATION DE SUIVIS

Le recueil des données dans le réseau Biophyto sur le terrain a concerné de nombreux domaines : des données agrono-miques et phytosanitaires sur les pratiques des producteurs (pratiques classiques et pratiques agroécologiques), le suivi des principaux bioagresseurs du manguier, les aspects so-cio-économiques, la perception des pratiques nouvelles par les agriculteurs, la biodiversité fonctionnelle.

Pour rendre la lutte biologique de conservation efficace, les pratiques culturales et de gestion de ces dispositifs ont dû être adaptées. La suppression des traitements insecticides s’est opérée sur l’ensemble des parcelles Biophyto (à une ou deux exceptions près), car elle représente une condition nécessaire à la mise en place de pratiques agroécologiques visant à favoriser la biodiversité fonctionnelle et à rétablir des équilibres écologiques. La suppression des insecticides s’est accompagnée de la disparition quasi-totale des herbicides, la gestion de la couverture végétale prenant la place de la gestion de l’enherbement par des herbicides. Des données telles que les périodes et fréquences de taille des arbres, de fauchage du couvert, d’application de traitements phy-tosanitaires sur les parcelles Témoin, ou encore les rende-ments, étaient renseignées pour la production de données technicoéconomiques.

Concernant l’insertion de biodiversité végétale dans les ver-gers pilotes, une dizaine de suivis chez l’ensemble des pro-ducteurs a été menée sur les parcelles Témoin et Biophyto

afin d’évaluer l’évolution de l’enherbement en mesurant son recouvrement global, sa hauteur, son état général et sa richesse spécifique. En parallèle, des préconisations de mise en place et de gestion des couvertures ont pu être éta-blies afin de conseiller les agriculteurs souhaitant mettre en œuvre cette pratique. Il en a été de même pour les bandes fleuries pour déterminer le mélange adéquat à insérer dans les vergers de manguiers.

Afin d’estimer les niveaux d’infestation et d’évaluer l’impact de l’arrêt des traitements insecticides et de la mise en œuvre de techniques de gestion de la biodiversité fonctionnelle, un suivi des principaux bioagresseurs a été réalisé pendant toute la durée du projet sur l’ensemble des parcelles du réseau. Les observations se sont donc focalisées sur la punaise Orthops palus, la Cécidomyie des fleurs Procontarinia mangiferae et les thrips en période de floraison. Ces ravageurs ont fait l’objet de suivis hebdomadaires. N’étant pas présente à un stade phénologique particulier, la Cochenille des Seychelles, Icerya seychellarum, a été suivie mensuellement toute l’an-née. Les populations et les impacts des mouches des fruits (Ceratitis capitata, C. rosa et Bactrocera zonata) devaient également être évalués en période de fructification-récolte mais les cyclones arrivés en début d’années 2013 et 2014 n’ont pas permis ces observations. Enfin, l’oïdium, agent pathogène d’importance pour la floraison des manguiers, a également fait l’objet de suivis. L’analyse de ces données portera sur l’influence des pratiques agroécologiques sur les niveaux d’infestation des bioagresseurs.

‚ ÉVALUATION DE L’IMPACT D’UN NOUVEAU MODE

DE CONDUITE CULTURALE SUR LES MANGUIERS

La mise en place de couverture totale, diversifiée et perma-nente a posé la question de l’adaptation du système d’irriga-tion des vergers. Les systèmes d’irrigad’irriga-tion les plus utilisés en verger de manguiers sur l’île de La Réunion sont des systèmes goutte à goutte posés au sol sous la frondaison des arbres. Dans l’objectif de mettre en place et maintenir une couverture végétale sur l’ensemble de la parcelle, il était nécessaire de modifier la méthode en installant un système d’irrigation par aspersion. Cependant, maintenir une cou-verture permanente demande un complément d’irrigation pendant la saison sèche qui peut interférer avec le cycle phénologique du manguier et affecter son développement et sa production. Aussi, des études ont été menées de ma-nière à évaluer la réponse du manguier à ce changement de pratique. Ces suivis ont été réalisés sur trois couples de vergers, chaque couple étant composé d’une parcelle où les pratiques d’irrigation restaient traditionnelles (goutte à goutte) et d’une autre parcelle conduite avec couverture végétale et complément d’irrigation. La floraison et la fruc-tification ont été suivies sur chaque verger, et un modèle de bilan hydrique a été construit.

La stratégie proposée dans le cadre de Biophyto repose sur le rétablissement des équilibres bioécologiques dans les vergers de manguiers pour contribuer à la régulation des ravageurs. Pour y répondre, des pratiques innovantes en rupture avec les pratiques actuelles ont été proposées à un réseau de 13 producteurs. Des dispositifs agroécologiques de gestion de la biodiversité fonctionnelle ont donc été testés en milieu producteurs et suivis pendant la durée du projet. Ils ont contribué à la production de données technicoéconomiques de la conduite d’un verger en agroécologie.

Références bibliographiques

¢Deguine J.-P., Ferron P., Russell D., 2008. Protection des cultures : de l’agrochimie à l’agroécologie. Editions Quae, Versailles, 187 p.

¢Ferron P., Deguine J.-P., 2005. Crop protection, biological control, habitat management and integrated farming. Agro-nomy for sustainable development, 25, 17-24.

¢Simon S., Sauphanor B., Defrance H., Lauri P. E., 2009. Manipulations des habitats du verger biologique et de son environnement pour le contrôle des bioagresseurs. Des élé-ments pour la modulation des relations arbre-ravageurs-au-xiliaires. Innovations agronomiques, 4, 125-134.

Questions / Réponses

„J.-N. Aubertot : 1) Les résultats obtenus dans les systèmes Biophyto dépendent-ils de la superficie des parcelles ? 2) Si oui, la dépendance spatiale des processus sous-jacents aux régulations biologiques a-t-elle été caractérisée ? 3) Par exemple, jusqu’à quelle distance les bandes enherbées impactent-elles le fonctionnement des agroécosystèmes ?

M. Jacquot : 1) Certainement, les parcelles sont d’assez petite

taille (300 à 3 000 m2), nous n’avons pas de cas d’adaptation des pratiques à grande échelle. 2) Nous avons quantifié l’effet de la structure du paysage sur les arthropodes potentielle-ment auxiliaires. 3) Nous n’avons pas estimé l’effet spatial de l’insertion des bandes fleuries.

„A. Ratnadass : 1) Est-ce qu’il s’agit seulement d’insertion de couvertures végétales, ou bien y a-t-il eu aussi dans cer-tains cas maintien/gestion d’un enherbement spontané ? 2) Le changement des pratiques d’irrigation lié à l’introduction de couverture végétale a-t-il été influencé par les conditions particulières de sécheresse lors de la période d’expérimen-tation ou a-t-il vocation à être pérennisé quelles que soient les conditions climatique de l’année ?

R. Graindorge : 1) Chez certains producteurs, nous avons

inséré des couvertures mais aussi chez d’autres producteurs (en AB par exemple) la couverture était déjà présente et on se focalisait sur la gestion. 2) L’apport d’un nouveau système d’irrigation arrive en complément du système existant et a vocation de maintenir un couvert permanent sur la parcelle. Les parcelles sont effectivement en majorité dans des zones sèches.

„S. Penvern : 1) Parmi les pratiques proposées, toutes n’étaient pas en rupture, lesquelles l’étaient le plus ? 2) Vous parlez de « sélection » des sites pilotes, quelle était la procédure et pourquoi certains n’ont pas été sélectionnés ?

R. Graindorge : 1) Les couvertures végétales étaient déjà

présentes sur certains sites. La pratique la plus en rupture était l’arrêt complet de l’utilisation d’insecticides, d’herbi-cides et la diminution des fongid’herbi-cides. L’insertion de bandes fleuries est également en rupture car non observée avant le projet. 2) On parle de sélection de sites pilotes mais c’est surtout l’engagement des producteurs et leur motivation. Beaucoup de discussions avant le projet ont eu lieu pour sensibiliser les producteurs.

> Insertion de biodiversité végétale dans les vergers

de manguiers : les couvertures végétales

K. LE ROUX1 | C. SCHMITT2

farre.run@wanadoo.fr

Résumé

Un des objectifs spécifiques du projet Biophyto est de conce-voir et d’évaluer des pratiques agroécologiques de gestion de la biodiversité végétale dans 13 vergers pilotes. Dans cette optique, les couvertures végétales permanentes (im-plantées ou spontanées) des vergers représentent une pra-tique incontournable permettant de favoriser la biodiversité fonctionnelle animale tout en constituant des habitats dé-favorables aux ravageurs. Les modalités d’installation des couvertures ont consisté d’une part à favoriser la végétation naturellement présente dans certains vergers et d’autre part à expérimenter l’implantation d’espèces sélectionnées, en particulier le Cynodon dactylon, communément rencontré

dans les zones de production de mangues. Une dizaine de suivis chez l’ensemble des producteurs a été menée sur les parcelles Témoin et Biophyto afin d’évaluer l’évolution de l’enherbement en mesurant son recouvrement global, sa hauteur, son état général et sa richesse spécifique, aussi bien sur le rang que sur l’inter-rang. En parallèle, des préconisa-tions de mise en place et de gestion des couvertures ont pu être établies afin de conseiller les agriculteurs souhaitant mettre en œuvre cette pratique.

Mots-clés : couvertures végétales permanentes, biodiversité

fonctionnelle, pratique agroécologique, gestion des habitats

Introduction

La finalité de Biophyto est de produire des mangues sans insecticide de manière durable à La Réunion. Plusieurs le-viers ont été mis en œuvre afin de répondre à cet objectif, en faisant notamment appel à la protection agroécologique des cultures. Ainsi, un des objectifs spécifiques du projet fut de concevoir et d’évaluer des pratiques agroécologiques de gestion de la biodiversité végétale dans des vergers pilotes (couvertures végétales permanentes du sol, plantes pièges et/ou refuges, bandes fleuries / enherbées). Il est admis que la présence d’une couverture végétale dans un verger constitue une pratique agroécologique présentant de nom-breux intérêts, notamment pour :

- la lutte contre l’érosion ;

- la limitation des transferts de polluants (pesticides, fertili-sants) vers les eaux souterraines et de surface ;

- la régulation des populations de ravageurs en favorisant la biodiversité fonctionnelle.

Aussi, dans le cadre des objectifs assignés au projet Biophyto, l’implantation et/ou l’amélioration de couvertures végétales permanentes au sein de 13 vergers pilotes a été menée afin d’évaluer :

- l’influence sur la biodiversité fonctionnelle ; - l’évolution de la couverture au cours du temps ;

- l’impact sur la phénologie des manguiers (floraison, bilan hydrique général) ;

- l’impact sur les autres pratiques agronomiques (désherba-ge chimique communément utilisé, irrigation) ;

- l’impact socio-économique (temps de travail, main d’œuvre mobilisée, pénibilité des opérations culturales, coût des traitements herbicides versus traitements mécaniques) ;

- l’impact environnemental (réduction du nombre de traite-ments herbicides) ;

- les modalités de mise en place et d’entretien ; - la perception par les producteurs.

Cet état des lieux sur les couvertures végétales en vergers de manguiers présente les actions réalisées pour leur mise en place dans les vergers, les difficultés rencontrées, leur suivi dans le temps, la perception des agriculteurs sur cette pratique et les premiers résultats encourageants sur la bio-diversité fonctionnelle ainsi favorisée.

1. FARRE RÉUNION

1 Chemin de l’IRFA, 97410 Saint-Pierre, La Réunion, France 2. ARMEFLHOR

La mise en place des couvertures