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Chapitre 2. Méthodologie

2.4 La cueillette de données : entretiens et observations

2.4.3 Structure de l’échantillon

L’échantillon consiste en 26 entretiens qualitatifs (21 entretiens semi-dirigés et cinq entretiens de groupe), ce qui totalise la participation de 34 personnes. Les entretiens ont en moyenne duré 58 minutes, le plus court ayant duré 26 minutes et le plus long 97. La différence entre ces deux chiffres provient du fait que certains des entretiens avec les réfugiés et les shaweesh ont été réalisés à l’intérieur des camps, ce qui fait en sorte que ceux-ci duraient plus longtemps. Il est important de souligner que les entretiens de groupe n’étaient pas structurés, organisés et planifiés comme l’aurait été un focus group. En effet, les entretiens de groupe effectués correspondent plutôt à un entretien semi-dirigé qui inclut un nombre variable et non contrôlé de participants. Ainsi, les mêmes thèmes furent abordés dans les deux cas et la discussion fut contrôlée de façon similaire. Les principales variantes entre les entretiens individuels et de groupe furent la quantité d’informations récoltées (entretiens plus longs) et la nature des informations. Dans le cas des entretiens de groupe, il était possible de capter la diversité dans les opinions des différents participants. Bien qu’ils diffèrent grandement des focus groups, la littérature à propos de ces derniers contient des informations mettant en lumière la pertinence de faire des entretiens durant lesquels plusieurs participants interagissent. Comme l’explique Hay, l’utilisation des focus groups en recherche qualitative est un atout important, puisqu’ils permettent d’analyser et de comprendre comment les représentations par rapport à certaines situations sont produites (Hay, 2010). De plus, en analysant comment les différents participants réagissent par rapport aux thèmes, il est possible d’obtenir des informations qui n’auraient pas été soulevées sans discussion ou débat commun. Les informations apportées par Morange et Schmoll sur les entretiens de groupe vont dans le même sens. Les auteurs affirment notamment qu’une différence entre l’entretien individuel et l’entretien de groupe est qu’« il [l’entretien de groupe] s’en éloigne en revanche au niveau des objectifs dans la mesure où il s’intéresse à la dynamique collective, aux interactions entre les enquêtés. Il faudra donc analyser le sens et les effets de ces interactions : les propos tenus par les enquêtés ne seront pas les mêmes que si chacun avait été interrogé séparément » (Morange et Schmoll, 2016, p. 111). Par exemple, lors de la visite d’un camp, le propriétaire terrien s’est joint à la discussion pendant quelques minutes. Lors de son départ, les participants réfugiés ont instantanément discuté et débattu de la véracité des propos du propriétaire. Plusieurs points

de vue et perceptions ont ainsi été répertoriés à l’intérieur d’un seul entretien. Bien que la petite taille des groupes ait pu limiter la discussion dans une certaine mesure, le nombre de personnes participant aux entretiens de groupe était variable et difficilement contrôlable (Hay, 2010). En effet, la taille variait parfois durant l’entretien même, puisque certains réfugiés s’ajoutaient à la discussion ou quittaient durant celle-ci.

En ce qui concerne la structure des entretiens, ceux-ci étaient en général structurés en se basant sur des questions préalablement formulées (voir le guide d’entretien, annexe A). Cette organisation partielle des entretiens a permis de canaliser la discussion par rapport aux éléments centraux de la recherche, tout en gardant la possibilité d’apporter des informations nouvelles. Il s’agissait en fait de contenir une discussion libre et ouverte dans un cadre correspondant au sujet de la recherche. Le tableau 6 montre le nombre d’entretiens selon le type d’acteur et le type d’entretien, tandis que le tableau 7 montre le nombre de participants selon les mêmes variables. Il est important de noter que ce dernier (tableau 7) inclut « propriétaire » comme type d’acteur, puisque dans deux entretiens de groupe le propriétaire s’est joint à la discussion. Pour sa part, le tableau 8 présente la composition des différents entretiens de groupe. En dernier lieu, le tableau 10 (annexe B) correspond à un tableau synthèse des entretiens et des participants. Il présente de nombreuses informations, telles que la date, le lieu, l’ONG contactée, le type de participant, le nombre de participants, la durée et la langue utilisée pour chacun des entretiens.

Tableau 6 : Nombre d'entretiens selon le type d'acteur et le type d'entretien

Type d'acteur Entretiens semi-dirigés Entretiens de groupe Total

Humanitaires 9 1 10

Réfugiés 9 1 10

Shaweesh 3 3 6

Tableau 7 : Nombre de participants selon le type d'acteur et le type d'entretien

Type d'acteur Entretiens semi-dirigés Entretiens de groupe Total

Humanitaires 9 2 11

Réfugiés 9 5 14

Shaweesh 3 4 7

Propriétaire 0 2 2

Total 21 13 34

Tableau 8 : Constitution des entretiens de groupes selon le type d'acteur

Entretien de groupe Types de participants

1 Humanitaire (2)

2 Réfugié (3)

3 Shaweesh (2)

4 Shaweesh (1), propriétaire (1)

5 Shaweesh (1), réfugié (2), propriétaire (1)

D’autres méthodes de cueillette ont été utilisées, telles que la tenue d’un journal de terrain qui rassemble les observations ethnographiques faites sur le terrain et les informations recueillies dans le cadre de conférences ou d’autres événements scientifiques. Beyrouth constitue une plaque tournante de l’étude des migrations et plusieurs instituts, comme l’Organisation Internationale pour les Migrations, organisent des événements pertinents et formateurs auxquels j’ai assisté pendant mon séjour à Beyrouth. Le parcours commenté est également une méthode qui fut utilisée, particulièrement dans le contexte des entretiens se déroulant dans les camps informels. Ces parcours enregistrés permettaient principalement aux participants de décrire et de commenter les éléments structuraux dans le camp, par exemple l’emplacement des tentes, la délimitation du camp (grillage ou mur) ainsi que les dégâts occasionnés par les intempéries ou les interventions des autorités. Cette méthode est

utile puisqu’elle permet d’induire des informations chez le participant par rapport à ce qu’il voit, c’est-à-dire les éléments principaux se trouvant à l’intérieur du camp. Ainsi, le participant n’aurait peut-être pas pensé à parler de certains sujets sans la méthode du parcours commenté. Combiné avec un entretien semi-dirigé, le parcours commenté fut très pertinent dans le cadre de cette étude.

Finalement, un questionnaire sociodémographique a été complété par tous les participants réfugiés et shaweesh rencontrés durant le terrain de recherche (voir tableau 11, annexe B). Ce questionnaire avait pour but d’en connaître plus sur le parcours migratoire des participants, ce qui inclut des informations sur leur ville d’origine, l’année d’arrivée au Liban, la taille du ménage, le niveau académique et l’âge. Bien qu’elles n’aient pas été incluses dans l’analyse, la récolte de ces informations a souvent permis de briser la glace et d’instaurer un climat adéquat pour les entretiens.