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Chapitre 2. Méthodologie

2.5 Méthodes de traitements des données

2.5.1 Langue et traduction

Dans le cas des entretiens avec les réfugiés, les traductions de l’arabe oral à l’anglais écrit directement lors de la transcription ont été réalisées par Yasmine Hamza. Pendant mon terrain, j’ai eu l’occasion de rencontrer Yasmine et de discuter avec elle de mon projet et de mes entretiens. Le processus de recours à une interprète sur le terrain et à une traductrice lors des transcriptions a augmenté le nombre de personnes qui sont intervenues dans la production des données. Cette recherche ethnographique constitue ainsi une coproduction de données issues des interactions entre les personnes présentes sur le terrain au moment de la récolte de récits narratifs (chercheur, assistant, participant, membres de la famille du participant, voisins, interprète, etc.). Dans le cas des entretiens menés pour ce mémoire, l’obstacle de la langue constitue une limite de notre étude. Cela dit, nous avons mis en place toutes les mesures pour minimiser cette dernière en travaillant avec des gens d’expérience. L’interprète avait un souci de rigueur et une grande capacité d’écoute; la traductrice avait les compétences pour atteindre la meilleure représentation possible des propos, et ce, malgré les limites inhérentes à toutes traductions linguistiques. Enfin, les entretiens avec les travailleurs humanitaires ayant été réalisés en anglais, aucune traduction ne fut nécessaire avant d’effectuer la transcription. Par la suite, les verbatims en anglais ont été analysés et certains passages traduits en français par souci d’uniformité avec le reste du mémoire.

2.5.2 Analyse qualitative par codage ouvert

Tout d’abord, les données récoltées auprès des 34 participants à la recherche ont fait l’objet d’une analyse qualitative par codage ouvert. Cette méthode consiste à établir des thèmes à partir des données récoltées, en se basant sur les différences et les similitudes retrouvées à l’intérieur des entretiens (Morange et Schmoll, 2016). Il n’y a donc pas de thèmes préétablis, ce qui permet l’élaboration des thèmes nouveaux au fur et à mesure que

l’analyse des données avance. Comme le mentionne Denzin et Lincoln, l’élaboration des thèmes fut un processus itératif et évolutif qui prend racine dans une « succession de cycles question-réponse » [Traduction libre] (Denzin et Lincoln, 1998a, p. 186). Le codage correspond donc à la classification par thèmes des entretiens (individuels et de groupe) réalisés dans le cadre de la recherche. Transformées en verbatims, les informations contenues dans ces entretiens ont été classifiées selon des codes descriptifs et analytiques pour structurer l’analyse des données. Les codes descriptifs, tels que le rôle du shaweesh, la distribution d’aide humanitaire ou l’accès aux camps, sont des codes destinés à structurer les informations directement citées par les participants (Hay, 2010). Les codes analytiques, tels que l’informalité, la mobilité des réfugiés ou les réseaux, sont des codes qui reflètent les thèmes qui ne sont pas directement cités, mais qui sous-tendent les propos des participants (Hay, 2010). Par exemple, le participant ne discutera pas directement de l’informalité, mais plutôt de l’absence de recours face aux interventions gouvernementales ou aux conditions de travail. C’est à partir de ces informations classifiées, codées et structurées que l’analyse fut effectuée.

Pour faciliter le codage, l’utilisation du logiciel Nvivo fut préconisée. Ce logiciel a notamment permis de regrouper les sections des entretiens qui ont fait l’objet d’un même codage en les exportant dans un seul document. Cette méthode, comme l’explique Hay, permet de saisir les variations dans les opinions exprimées durant les entretiens (Hay, 2010). Dans le cadre de ce projet, l’utilisation de cette méthode de codage a permis également de saisir les variations dans les processus spatiaux, les représentations, les expériences vécues et les relations entre les acteurs. Il convient aussi de mentionner qu’une section d’entretien peut faire l’objet d’un codage multiple ou d’aucun codage tout simplement. Les discours et représentations peuvent varier selon les acteurs interviewés, puisqu’il s’agit de questions qui touchent directement leur indépendance et capacité d’action. D’un côté, les acteurs humanitaires pourraient avoir tendance à ne pas vouloir exposer une situation où leur indépendance est compromise, tandis que de l’autre les shaweesh pourraient vouloir montrer qu’ils possèdent plus de pouvoir qu’ils en ont réellement. Ainsi, l’analyse du discours des réfugiés sur la question de la distribution est très pertinente, puisqu’elle permet d’obtenir un point de vue extérieur. L’approche ethnographique préconisée durant l’analyse des données a donc permis de comprendre les

dynamiques de pouvoir complexes en prenant compte de la façon dont les différents acteurs interagissent, entrent en relation et se perçoivent (Kitchin et Tate, 2013).

2.5.3 Cartographie

Concernant la partie cartographique de la recherche, la cueillette de données correspond d’une part aux ressources accessibles via différentes institutions et d’autre part aux vérifications effectuées sur le terrain. On pense ici aux données cartographiques produites par le HCR sur les camps informels au Liban ainsi qu’à l’imagerie satellite mise à disposition des étudiants par la compagnie Planet. Les données cartographiques du HCR (données de 2019) furent exploitées et servirent de base au développement d’environ dix cartes présentant l’évolution des camps informels dans l’espace et le temps. Ces données, qui contiennent le nombre de tentes et les nombres d’individus, furent particulièrement utiles dans le cadre de notre projet, puisqu’elles ont donné de l’information sur l’étalement des camps dans l’espace au fil des années. Grâce à ces données, il fut possible de déterminer le nombre de tentes ayant vu le jour pour chaque mois dans chaque unité administrative (cadastre), et ce dans tout le Liban entre 2011 et 2019. En ce qui concerne les manipulations liées à l’imagerie satellite Planet, celles-ci n’ont pas pu être complétées en raison de l’annulation du stage prévu au printemps 2020.