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P REMIÈRE PARTIE

I NTRODUCTION DE LA PREMIÈRE PARTIE

2. Ontologie Le pluralisme ontologique et poïétique de Castoriadis

2.1. Strates et régionalité ontologiques

Comme l’a souligné récemment Nicolas Piqué1, l’usage du concept géologique de

« strate » dans le domaine de la philosophie n’est pas une innovation de Castoriadis. Bien avant lui, en effet, Nietzsche s’était par exemple efforcé de penser la subjectivité à partir de ce concept. Contre la « fiction du moi », Nietzsche affirmait qu’il fallait penser la question de la subjectivité, non dans la perspective héritée du cartésianisme faisant d’elle la condition apriorique de constitution du savoir et de l’expérience, mais dans une perspective génésique et historique par laquelle il serait possible d’éclairer l’inscription de la subjectivité humaine dans la vie, ainsi que la spécificité (et les illusions qui lui seraient caractéristiques2) de

l’évaluation qu’elle en propose. Aussi Nietzsche faisait-il valoir contre le sujet transcendantal kantien une conception historicisée du sujet dans laquelle il se constitue par les expériences qu’il fait de l’existence. La métaphore géologique de la « strate » avait alors pour fonction de

1 Dans une communication faite au colloque « Castoriadis et les sciences sociales » à l’UQÀM le 17 février 2017

intitulée « Réalité, strates et histoire : enjeux historiographiques de l’œuvre de Cornelius Castoriadis ». N. Piqué a présenté un programme de recherche visant à dégager la signification historiographique de l’ontologie castoriadienne. La contribution de N. Piqué à la question de la stratification chez Castoriadis est à peu près la seule contribution substantielle à cette question. La littérature secondaire sur l’ontologie de Castoriadis s’est jusqu’à maintenant intéressée principalement à la question de la création et de l’indétermination ontologique, mais très peu à ses autres concepts centraux. Les deux seules études qui mentionnent un tant soit peu la stratification sont : Nicolas Poirier, Castoriadis : l’imaginaire radical, Paris, Presses universitaires de France, 2004. Suzi Adams, Castoriadis’s Ontology : Being and Creation, op. cit. Dans l’étude mentionnée de Nicolas Poirier, la stratification de l’être n’est pas commentée comme telle, mais seulement recomposée et énumérée (p. 28-29). Quant à l’étude de S. Adams, admirable par ailleurs, elle ne mentionne la stratification qu’une seule fois (p. 173). Elle se contente alors de dire que, chez Castoriadis, l’être est composé de strates irrégulières créées/découvertes par l’observateur. La seconde mention (p. 3) est si mince qu’elle ne vaut même pas la peine d’être évoquée. On mentionnera aussi cette étude, qui fait usage du concept castoriadien de stratification : Germán Rosso, « Hacia un sujeto estratificado. Aportes de Cornelius Castoriadis para el estudio de la dimensión significante de los fenómenos sociales. », Diferencias, vol. 1, n. 2, 2016. Malheureusement, le concept comme tel n’y est pas vraiment commenté et tient davantage de l’usage métaphorique. Au moment de faire la synthèse de la littérature secondaire à ce sujet, nous avons été surpris de voir à quel point l’ontologie de Castoriadis est en fait profondément ignorée, voire réduite à quelques déclarations emphatiques sur l’indétermination ontologique.

2 Par exemple dans sa critique de la causalité comme extension illégitime au domaine de la nature de la

représentation que nous nous faisons de la volonté personnelle comme cause de nos actions. Friedrich Nietzsche, « Le crépuscule des idoles », in Le cas Wagner/Le crépuscule des idoles, trad. Patrick Wotling, Paris, Flammarion, 2005, [p. 153‑156].

donner à voir le procès de constitution historique de la subjectivité1. Parmi les contemporains

de Castoriadis, Deleuze a fait un usage important de la conceptualité géologique, et par conséquent du concept de strate, afin de développer avec Guattari dans Mille Plateaux sa critique de la métaphysique occidentale et de ses conséquences pratiques. Parmi d’autres concepts géologiques, Deleuze et Guattari se sont emparés de la conceptualisation nietzschéenne de la notion de strate afin de penser plus généralement la question de l’individuation à l’intérieur de leur ontologie vitaliste. Il s’agissait de penser la question de la genèse des individualités à l’intérieur d’une philosophie de la multiplicité et du devenir, insistant dès lors moins sur le statut de l’individualité comme telle que sur le procès d’où elle émerge et la « ligne de fuite » vers laquelle elle se rend2.

Comme chez Nietzsche et chez Deleuze, le concept de « strate » chez Castoriadis a pour fonction de faire éclater la pensée métaphysique, pour laquelle la question de la phénoménalité s’articule toujours à celle de la fondation idéelle et unitaire. Il s’agit pour ces trois auteurs de tourner le dos à la métaphysique afin de promouvoir une conception pluraliste et « déthéologisée » de l’être où chaque singularité trouve en elle-même sa propre raison. Ainsi, la notion de strate s’insère chez ces trois auteurs dans une intention plus large, qui est celle de la critique immanente de la pensée métaphysique. Malgré cette convergence importante, il reste que son usage par Castoriadis est spécifique, puisqu’il tient moins à la valorisation de la multiplicité à l’intérieur des formes données de l’unité (même s’il s’agit aussi de cela) qu’à l’interrogation sur la possibilité d’exprimer dans le langage les différentes articulations formelles du réel. Aussi la spécificité du concept de strate tient-elle, selon nous, à une réactivation à l’intérieur d’une ontologie de la création de la problématique aristotélicienne de la régionalité ontologique, qui était déjà celle du rapport entre langage, formes et domaines de l’être. Le concept de strate a surtout pour fonction, dans l’usage que Castoriadis en fait, d’élucider une condition fondamentale de l’activité épistémique : la pluralité qualitative de l’ontopoïèse, laquelle ne saurait être liquidée et qui appelle par conséquent un pluralisme épistémique. C’est donc par cette voie ontologique que Castoriadis rejoint un des axes

1 Gianni Vattimo, Les aventures de la difference, Paris, Éditions de Minuit, 1985, p. 59‑60. Vattimo insiste quant

à lui sur la dimension polémologique de la notion de « strate » dans la problématique nietzschéenne du sujet. La stratification du sujet permet de penser son historicité, mais aussi les conflits internes qui l’animent.

2 Dès les premières pages de Mille plateaux. Cf. Gilles Deleuze et Félix Guattari, Capitalisme et schizophrénie,

principaux des épistémologies constructivistes, que nous avons identifié en introduction, à savoir la problématisation de la « complexité » : comment penser l’unité d’un monde pluriel et que nous ne connaissons qu’à travers la multiplicité de nos constructions épistémiques ?

2.1.1. La stratification comme cosmologie pluraliste et poïétique. Première approche du concept

Du point de vue de la genèse de l’œuvre, l’idée d’une stratification ontologique est acquise lors de la formulation de la théorie de l’institution imaginaire de la société. Dans

L’Institution imaginaire de la société, la notion de strate est élaborée à plusieurs reprises, de

même que sont posées les bases du problème philosophique qu’elle suscite : contre le transrégionalisme catégorial de la pensée héritée, il faut penser la multiplication des formes de la rationalité en vue de la restitution de la multiplicité qualitative de l’être (les strates, justement). À cette époque, la notion de strate apparaît le plus explicitement à l’intérieur d’une réflexion sur le rapport entre la rationalité ensembliste-identitaire et la nature (rapport que nous avons étudié plus précisément dans le premier chapitre). Castoriadis affirme alors qu’il existe une « première strate naturelle » conforme aux critères et normes de la rationalité ensembliste- identitaire recréée à chaque fois par chaque groupe social dans l’histoire.

Cette organisation fixe et stable d’une partie du monde homologue à l’organisation de l’homme en tant que simple vivant (qui sont bien entendu deux parties complémentaires du même système pour un méta-observateur, par exemple pour l’homme en tant qu’il essaie d’en faire la théorie) est ce que j’appelle la première strate naturelle sur laquelle s’étaye l’institution de la société, et qu’elle ne peut ignorer purement et simplement, ni forcer n’importe comment1.

Mais cette première mention de l’idée de stratification se poursuit immédiatement dans une interrogation sur l’indépendance relative des différentes « régions » de l’être. La réflexion sur la régionalité ou la stratification du réel est contemporaine de la formulation de sa théorie de l’institution imaginaire, car elle fournit, on le voit, le soubassement ontologique sur lequel peut s’appuyer, d’une part, l’affirmation d’une indépendance ontologique du social-historique et, d’autre part, se déployer la critique radicale des sciences sociales jusqu’à ce jour en vue de leur substituer la théorie de l’institution imaginaire de la société. C’est en outre dans le cadre de cette réflexion sur l’indépendance du social-historique et sur la régionalité de l’être que Castoriadis est amené à poser un des problèmes centraux de son épistémologie, à savoir celui des rapports entre langage et régions ou « strates ». La stratification du réel appelle une

multiplication du discours qui, à l’époque de L’Institution imaginaire de la société, n’est encore qu’un projet.

Rien n’assure d’avance la cohérence ou, plus exactement, l’identité (immédiate ou médiatisée) du mode d’être des objets d’une nouvelle région, donc de la logique et de l’ontologie déjà élaborées par ailleurs, encore moins que cette cohérence sera du même ordre et de même type que celle qui existe à l’intérieur des régions déjà connues. En particulier, les régions dont il est ici question – l’imaginaire radical et le social-historique – impliquent une mise en cause profonde des significations reçues de l’être comme déterminité et de la logique comme détermination1.

2.1.2. La stratification comme cosmologie pluraliste et poïétique. Seconde approche du concept

C’est néanmoins lors de l’approfondissement de sa réflexion ontologique que Castoriadis a spécifié son concept de stratification, bien qu’il ait conservé sa signification centrale, à savoir celle de l’affirmation d’une multiplicité qualitative et irréductible des genres de l’être. Aussi le concept de strate accompagne-t-il le mouvement général de son œuvre qui est, sur le plan philosophique, comme l’a très bien souligné Suzi Adams2, un

approfondissement de son concept de création, alors circonscrit à l’espace social-historique, vers une cosmologie de la création. La spécification du concept de stratification à partir des années 1970 se présente sous plusieurs aspects : une typologisation implicite de la stratification ontologique ; une universalisation du concept de stratification (tous les êtres sont stratifiés) ; un affinement de la problématique épistémologique du réductionnisme et de l’expression des strates de l’être ; une ouverture sur la question cosmologique de l’unité de l’être au-delà de la stratification. Plusieurs textes successifs jalonnent tout particulièrement l’élaboration de cette ontologie de la stratification : « Science moderne et interrogation philosophique » (1970) ; « La logique des magmas et la question de l’autonomie » (1981) ; « Portée ontologique de l’histoire de la science » (1985) ; « L’état du sujet aujourd’hui » (1986) ; « Temps et création » (1988) ; « Fait et à faire » (1989). La question de la stratification y est abordée dans chacun d’eux dans le cadre plus général de la critique de la pensée héritée. Nous n’y trouvons donc pas à proprement parler une théorie générale de la stratification : elle est à reconstruire.

Crise de la science et typologie de la stratification. – C’est à l’intérieur de sa réflexion

sur la crise des sciences que Castoriadis dégage explicitement sa notion de stratification.

1 Ibidem, p. 261.

Commentant les avancées de la physique quantique au début du XXe siècle, il fait remarquer

que les fondements épistémologiques de la science moderne (inspection, en vue de dégager des lois universelles, d’une objectivité existante par soi par le sujet dans un référentiel spatio- temporel identique et évident pour tous sur la base de catégories abstraites univoques) font place à une logique de la découverte par laquelle le chercheur découvre en même temps qu’il crée des nouvelles régions de l’être par la création de nouvelles déterminations conceptuelles. Pour Castoriadis, un des enseignements les plus importants du progrès des sciences de la nature est d’avoir remis en question la thèse ontologique sous-jacente à la science moderne selon laquelle à l’homogénéité ontologique de la nature (la nature comme matière) correspondrait l’universalité du langage mathématique : l’intraductibilité des lois de la physique classique dans celle de la physique quantique nous demande de réviser la thèse d’une homogénéité de la nature à laquelle correspondraient des lois universelles exprimables dans le langage mathématique, tout en reconnaissant qu’elle peut faire l’objet d’une inspection rationnelle dans des « régions » circonstanciées. Bref, un des problèmes majeurs qu’ouvre l’histoire récente de la science est celui de la relation entre les différents « niveaux » de l’être qu’implique l’effondrement de la mathesis universalis suite au développement des sciences quantiques. Lorsque Castoriadis cherche à synthétiser les conclusions qu’il convient de tirer de l’histoire récente des sciences de la nature, il écrit :

Le monde physique doit être « localement » ensidique – ou bien : dans ce monde, l’ensidique doit être « partout dense ». Mais ce monde ne forme pas « système » ensidique ; il est stratifié, et cette stratification irrégulière, hétérogène. (Nous ne parlons évidemment pas ici des « constituants ultimes de la matière » : nous parlons de ce qui est vraiment, à savoir : des formes et des lois.) L’histoire de la science montre que le monde n’est pas ensidisable dans sa totalité, mais qu’il l’est presque indéfiniment par morceaux, et que, dans les cas décisifs, le raccord entre ces morceaux est simplement de fait1 […].

La thèse d’une stratification de l’être n’est pas acquise par l’intermédiaire d’une spéculation dogmatique, mais à travers une réflexion sur l’histoire de la science, plus précisément sur l’échec d’une conception particulière de la rationalité scientifique, à savoir celle qui découle du rationalisme moderne. L’échec de la mathesis universalis nous invite à considérer le fait que le monde n’est pas homogène, par conséquent qu’il est qualitativement pluriel : stratifié.

C’est la raison pour laquelle Castoriadis ne propose pas explicitement une dogmatique dans laquelle figurerait en bonne et due forme une cartographie de la stratification ontologique.

Si la critique de la pensée héritée n’est pas prolongée par une exposition systématique des différentes strates de l’être et des relations qu’elles pourraient entretenir entre elles, c’est parce que ce qui intéresse avant tout Castoriadis est moins la positivité du discours ontologique que l’établissement des conditions ontologiques de possibilité de la pratique épistémique. En d’autres termes, il s’agit moins d’œuvrer à une philosophie générale de la nature dans laquelle nous trouverions une théorie de la stratification que d’ouvrir la science à sa propre pratique en spécifiant certaines de ses conditions ontologiques, notamment l’irréductibilité et la pluralité qualitatives des différents niveaux de l’être. C’est donc plutôt à l’intérieur de différents développements sur des questions circonstanciées, par exemple celle des rapports entre psyché et société ou encore celle de la définition du sujet, qu’apparaît la typologie castoriadienne des strates de l’être. N. Poirier s’est proposé d’expliciter cette typologie implicite sous la forme suivante :

i. l’être-premier que Castoriadis caractérise comme chaos, sans-fond, abîme, flux incessant ; ii. l’être-vivant en tant que surgissement de l’imagination comme puissance de mise en forme, aussi

bien au niveau cellulaire qu’à celui des êtres les plus complexes. L’être-vivant constitue le premier niveau du pour-soi ;

iii. l’être-psychique en tant qu’apparition d’une imagination décloisonnée et défonctionnalisée. L’être-psychique constitue la première rupture dans l’ordre du pour-soi en tant qu’il définit un type d’être bien particulier : l’être humain ;

iv. l’être-social-historique en tant qu’émergence d’une forme ontologique définie comme ensemble à chaque fois particulier des institutions et des significations que ces institutions incarnent (d’où le terme « social »), et qui, comme telle, se trouve engagée dans un processus d’altération temporelle (d’où le terme « historique). L’être-social-historique, en tant qu’il définit des sociétés toutes différentes les unes des autres, exprime la diversité des formes de l’humanité ;

v. l’être-sujet en tant qu’affirmation de l’autonomie radicale de la subjectivité humaine pensée comme réflexivité. L’être-sujet constitue la forme ultime du pour-soi où se trouve libéré l’imaginaire comme puissance de création autonome explicite1.

La typologie construite par N. Poirier est conforme aux différentes analyses de Castoriadis. Elle permet, en outre, de dégager avec précision le fait que la théorie castoriadienne de la stratification est une typologie des universaux ontologiques, ce qui le distingue radicalement de son usage par des auteurs comme Nietzsche ou Deleuze, pour qui elle sert moins à désigner les articulations du réel à un niveau cosmologique qu’à désigner le résultat d’une « sédimentation » à l’intérieur d’une ontologie vitaliste réarticulée au concept de différence. Pour le dire brièvement, le concept de « strate » chez Castoriadis vise

1 Nicolas Poirier, Castoriadis : L’imaginaire radical, Paris, Presses Universitaires de France, coll.

l’élucidation des conditions de la pratique scientifique en restituant le pluralisme ontologique dans lequel il déploie son activité, et non seulement la critique du sujet moderne.

Stratification et tâches épistémiques. – Le fait que l’ontologie castoriadienne de la

stratification ait avant tout pour fonction l’instruction de la pratique scientifique se manifeste dans l’assignation d’une série de tâches épistémiques pour le sujet de la connaissance.

1. La plus évidente est celle d’après laquelle chaque science, en tant qu’elle s’intéresse à une strate de l’être, se doit de spécifier la modalité de son propre discours en fonction de la région de l’être qu’elle inspecte. L’affirmation de l’irréductibilité ontologique des régions de l’être doit s’articuler à la pluralisation des formes de rationalité et, inversement, à la liquidation d’un programme universaliste en science. Il ne peut y avoir d’unification des sciences sous la forme, par exemple, du physicalisme (contre le programme du Cercle de Vienne, par exemple). Il faut penser chaque région de l’être en fonction de ce qu’elle est en elle-même et par elle-même, ce qui nécessite l’invention d’une conceptualité qui lui correspond au plus près.

Nous devons reconnaître que les régions premières, les grands objets originaux ne peuvent être que « concevables par eux-mêmes », pour reprendre l’expression de Spinoza. Ce que la réflexion sur la société nous apprend, par exemple, c’est que la « relation » entre l’économie et le droit n’est pas un cas particulier de la « relation en général », qu’elle est, non seulement irréductible, mais incomparable à n’importe quelle autre, aussi « universelle » fût-elle […].

Il nous paraît donc que toute tentative d’élaboration d’une nouvelle logique devra, dès le départ, prendre en considération et essayer de rendre pensable cette régionalité forte de ce qui se donne à nous […]1.

2. La seconde tâche, perceptible par ailleurs dans la citation précitée, est la refondation radicale de la question de la relation interrégionale, ainsi que de celle de la relation intrarégionale. Si les régions de l’être sont qualitativement distinctes et irréductibles les unes aux autres, il faudra penser les modalités distinctes de leurs relations, en dehors du programme de réduction universelle par l’intermédiaire des mathématiques héritée de la science moderne2.

1 Cornelius Castoriadis, « Science moderne et interrogation philosophique », op. cit., p. 280‑281.

2 Dans « Fait et à faire », Castoriadis donne une liste non exhaustive des types de relation possibles en fonction

De même, il faudra penser les formes particulières de relations à l’intérieur de chaque région de l’être. Les relations prévalant à l’intérieur du psychique ne peuvent être exprimées entièrement à la manière des relations prévalant à l’intérieur du biologique, et ainsi de suite. Castoriadis nous invite notamment à relativiser le schème de causalité comme une forme particulière de la relation ontologique, non comme schème explicatif universel.

3. Une troisième tâche, dans la continuité de la précédente, est la reprise de la