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La stratégie du silence dans l’idéologie communiste Pourquoi est-il pertinent de lier l’histoire communiste bulgare avec les notions de parole et de

De la grande à la petite Histoire

2. La stratégie du silence dans l’idéologie communiste Pourquoi est-il pertinent de lier l’histoire communiste bulgare avec les notions de parole et de

silence ?

Malgré toutes ces différentes phases subsiste un réel nœud autour de la parole et du silence, autour de la censure instaurée au départ et de l’autocensure qui a pris le dessus et s’impose à l’individu par lui-même. En même temps, le système communiste s’est maintenu en se remettant en cause et ce sans toucher à la doctrine, à l’idéologie de départ qui était instaurée16, et en formatant les convictions que le peuple doit avoir.

Dans un premier temps je m’intéresserai à la stratégie du silence dans l’idéologie communiste. Comment à l’intérieur d’un système totalitaire, la parole et les silences ont forgé les rouages d’une stratégie du maintien de la répression, de la peur, de la censure et de l’autocensure.

Tout d’abord je demanderai quelle place la parole et les silences ont pu avoir sur la construction d’un système totalitaire tel que l’idéologie communiste.

C’est en me rendant au Cambodge en décembre 2013 que m’est venue l’idée que le silence faisait partie de la machine de l’idéologie communiste, comme une stratégie liée à la notion de peur, mais aussi comme un élément indispensable pour maintenir une telle pression si longtemps. Je discutais avec un ami cambodgien de la période des Khmers rouges et du parti communiste de

15 Havel, Vaclav, 1975, « Lettre ouverte à Gustav Husak », Essais politiques, Calmann-Lévy, p. 7 à 40. 16

Kampuchea. A partir d’avril 1975 lorsque l’armée de Pol Pot et les Khmers rouges envahissent Phnom Penh, s’installe au Cambodge un régime autoritaire maoïste. L’organisation des Khmers rouges applique une politique plus extrémiste encore que celle des soviétiques et des maoïstes, visant notamment à purifier le pays de la civilisation urbaine et bourgeoise. Mon ami Martel me disait que dans sa famille on ne parlait plus, que la communication avait été rompue pendant des années. Le silence était devenu un moyen de défense, de protection contre le régime qui s’était infiltré partout et même au plus près, dans les familles. N’importe qui dans la famille pouvait être un espion, un traître ou membre du parti. De cette confusion régnant au sein des familles, une des armes pour se défendre face à l’autre ou défendre les siens était le silence.

Cette similitude avec mon sujet de recherche, qui lui concerne les silences familiaux en relation avec l’histoire communiste bulgare, élargissait ma réflexion à une stratégie de « mise en silence » touchant l’ensemble de l’idéologie et de la doctrine communiste. Quelle relation un pouvoir totalitaire entretient-il avec le maintien des individus par l’utilisation de la peur ? Et comment le silence se retrouve-t-il être un moyen pour l’oppresseur et pour l’oppressé en même temps, soit pour maintenir l’ordre établi, soit pour se protéger contre lui ?

Le totalitarisme et le communisme sont des sujets en corrélation qui ont suscités de nombreux ouvrages et réflexions tant par les historiens que par les philosophes et autres sciences. L’ouvrage le plus éloquent est sans doute celui de Hannah Arendt, Le système totalitaire. Les

origines du totalitarisme17. Nombre de chercheurs bulgares habitant aujourd’hui en France se sont aussi intéressés à ces thématiques, comme c’est le cas de Julia Kristeva18 ou bien de Tzvetan Todorov. J’ai voulu développer plus précisément les travaux élaborés par ce dernier dans ce chapitre de rappel et contextualisation historique, ayant fait du totalitarisme et du communisme bulgare son sujet récurent de ses dernières trente années.

Tzvetan Todorov, directeur de recherche honoraire au CNRS, est un essayiste, philosophe et historien, né en Bulgarie en 1939, vivant en France depuis 1963 et décédé en février 2017. Il est

17 ARENDT, Hannah, 1972, Le système totalitaire. Les origines du totalitarisme, seuil, Paris. 18

l’auteur d’une trentaine de livres consacrés à l’étude d’œuvres littéraires et picturales, à l’analyse de la société et à l’histoire des idées.

Dans Le siècle des totalitarismes19, il raconte justement le temps qu’il lui a fallu pour interroger professionnellement la question du totalitarisme dans sa recherche. Son intérêt tardif pour le sujet s’explique selon lui « d’abord par des considérations de prudence. La police politique bulgare suivait de près toutes les manifestations d’hostilité à l’égard du régime. Son zèle allait jusqu’à surveiller en dehors du pays les groupes d’opposants, par ailleurs infiltrés par ses agents. » (Todorov, 2010 : 5)

« Il a fallu que le communisme s’effondre pour que je puisse le voir comme un tout dont je ne faisais plus partie, et commencer à l’analyser. Tant que je vivais l’expérience, il m’était impossible de l’écrire. Et je me suis surpris moi-même de constater que, même si je vivais en dehors du système totalitaire, il continuait à me marquer intérieurement, au point d’orienter mes choix de thèmes de réflexion. » (ibid.)

Depuis la chute du mur jusqu’à aujourd’hui, Tzvetan Todorov consacre ses principaux écrits à une réflexion sur le totalitarisme. Il tente ainsi de mettre en lumière les rouages d’une mécanique idéologique de ce type d’Etat qui a réussi à durer sur un temps long : 44 ans dans les « démocraties populaires », et 74 ans en Russie.

Dans la préface du livre Au nom du peuple, témoignages sur les camps communistes20, Todorov fait part dès 1992, d’une théorie/conceptualisation du régime totalitaire.

Selon Todorov, même si le projet est difficilement détectable car il est en interaction constante avec le principe de réalité, il existe bien un projet de la société totalitaire. Todorov veut décrire le totalitarisme en se plaçant « à l’intérieur de la conscience des sujets d’un Etat totalitaire, et évoquer l’image qu’ils se font du régime dans lequel ils vivent » (Todorov, 1992 : 13)

A travers son expérience, mais aussi à partir de nombreux autres témoignages et récits, Todorov développe, pour établir le plan d’un vécu psychopolitique, les 3 grandes caractéristiques du régime totalitaire : 1) il se réclame d’une idéologie communiste ; 2) il use de la terreur pour

19 Todorov, Tzvetan, 2010, Le siècle des totalitarismes, Paris, Robert Laffont. 20

déterminer la conduite de la population ; 3) la règle de vie générale est la défense de l’intérêt personnel et le règne illimité de la volonté de puissance.

1) L’idéologie communiste

C’est chez Karl Marx, fondateur du mouvement communiste, que l’on trouve les principaux ingrédients de la doctrine, tant économiques que sociaux. Selon Todorov, l’importance de l’idéologie est souvent sous-estimée dans une société totalitaire où les slogans et la langue de bois semblent sans le moindre rapport avec la vie réelle. Cependant, certains domaines sont bien régis par des principes qui en sont dérivés, comme la vie économique. « Mais surtout, le recours à la doctrine est indispensable en tant qu’évocation rituelle. Les pays totalitaires sont peut-être soumis au pouvoir d’une personne ou à celui d’une caste, mais ce pouvoir ne doit jamais s’avouer tel, sous peine de disparaître. La référence idéologique est comme une coquille vide ; mais sans la coquille l’Etat ne tient plus. » (ibid. : 15)

2) La terreur

Au commencement de ce second point, Todorov, pose la question suivante : « Qui a découvert que la terreur pouvait devenir le moyen pour diriger un Etat au quotidien et contraindre la population à faire ce qu’on voulait ? » (ibid. : 16)

Selon lui, Hobbes « prépare le terrain en identifiant la peur de la mort comme première et principale passion humaine » (ibid.). On peut voir ainsi que la Révolution française pratique une forme de terreur d’Etat.

Ernest Renan, dans ses Dialogues philosophiques21, « s’approche singulièrement de ce trait

de l’Etat totalitaire : il pense que, pour s’assurer du pouvoir absolu en ce siècle d’athées, il ne suffit plus de menacer les insoumis des feux d’un enfer mythologique, mais il faut bien instituer un « enfer réel », un camp de concentration, qui servirait à briser les révoltés et à intimider tous les autres » (ibid.). Il ajoute aussi qu’il serait nécessaire de constituer une police spéciale.

Todorov décrit Lénine comme le fondateur du premier Etat totalitaire, qui systématise les idées de Hobbes et Renon et les met en pratique, articulant « ces quelques principes simples : tous ceux qui refusent de se soumettre seront considérés comme des ennemis ; les ennemis ne méritent qu’un sort : l’élimination ; celle-ci aura un effet secondaire bénéfique : l’intimidation de

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la population dans son ensemble ; cette fonction de terreur sera confiée à un organisme particulier, la Tchéka. » (ibid. : 16-17)

Pour Todorov, « l’ennemi est la grande justification de la terreur ; l’Etat totalitaire ne peut vivre sans ennemis. S’il en manque, il en inventera » (ibid.). Et pour commencer, il faut le déshumaniser en le dénommant « vermine » ou « parasite ». Etre ennemi est une tare inguérissable, héréditaire et contagieuse. « Une fois la terreur installée dans la société, celle-ci subie une transformation en profondeur » (ibid.).

La notion de Schadenfreude dont parle Montaigne est la « “ volupté maligne à voir souffrir autrui”. Mais dans la société totalitaire, le moyen de faire souffrir autrui – la terreur – est mise à disposition de tous » (ibid. : 18), voire louée et encouragée. « Le mal extrême mis à la disposition de tous, voilà l’innovation du système totalitaire. » (ibid.)

Il faut aussi ajouter l’omniprésence de ceux qui jouent ce rôle de contrôle de l’autre. Todorov prend pour cela l’exemple de la Stasi. Sur une population active de 10 millions de personnes, « l’Allemagne de l’Est comptait environ cent milles agents permanents, deux cents milles contractuels et près d’un million de collaborateurs occasionnels » (ibid. : 19). C’est-à-dire que plus d’une personne sur dix dans la population jouait ce lien entre l’Etat et la population, rendant la terreur incarnée par un membre de l’intérieur, présent dans l’entourage et pourtant anonyme.

Dans un régime totalitaire, selon l’historien et philosophe, il est irréalisable de vivre hors du système. L’Etat étant devenu l’unique employeur du pays, il est obligatoire de faire appel à lui pour pouvoir vivre. Son appareil de contrôle est tentaculaire, et personne ne peut échapper à sa surveillance. Personne ne peut non plus rester entièrement maître de son comportement, même si l’on se sait surveillé : on peut se contrôler tout le temps devant certains, ou un certain temps devant tous, mais non les deux à la fois. Vivre en société implique la communication, or toute communication est une prise de risque. La peur de cette surveillance omniprésente inclut donc le silence comme arme offensive et défensive.

3) Le règne de l’intérêt

Encore selon l’analyse de Todorov, pour l’habitant du pays totalitaire, « c’est un combat sans merci pour s’emparer d’une meilleure part du gâteau. C’est le cynisme intéressé et la volonté de

puissance qui règnent sur la vie dans cette société » (ibid.). Ce trait de volonté de puissance et de désir d’étendre son pouvoir se met en place surtout à partir de la prise de pouvoir de Staline.

Comment cette mise en place du règne de l’intérêt fonctionne-t-elle ? Ce système trouve des similitudes avec la pyramide de Ponzi22. « Il cherchera à entrer dans le Parti, en se mettant à la disposition de ceux qui détiennent déjà le pouvoir, en donnant les signes d’une soumission totale et d’une application zélée » (ibid. : 20). En se plaçant ainsi à l’intérieur du système, plus il montera sur l’échelle de la hiérarchie plus il aura accès à des privilèges matériels, mais surtout symboliques et « augmentera sa puissance sur les autres ».

La société totalitaire est donc une dictature pseudo idéologique qui répartit la population en trois groupes : d’un côté les membres de l’appareil et les privilégiés ; à l’extrémité les ennemis, manifestes ou latents ; et enfin la majorité, « les masses, ceux qui subissent “seulement” les inconvénients commun à tous » (ibid. : 21).

L’idéologie communiste repose aussi sur une société sans classes, or, bien qu’elle se différencie des classes des sociétés capitalistes du XIXe siècle, Todorov la rapproche des définitions de « caste » de certaines sociétés traditionnelles. La différence n’est pas tant dans le statut économique puisque l’Etat est quasiment le seul employeur, mais dans la division en castes politiques en relation avec l’attribution d’un certain nombre de droits et de privilèges. « Le principe d’égalité est constamment battu en brèche dans ces pays qui s’en réclament » (ibid.). Que cela concerne le logement, l’éducation, le choix de l’école ou de l’université ou encore les magasins d’approvisionnement, le droit au privilège dépend de la « caste » à laquelle on appartient. Mais en plus des trois grandes castes, Todorov distingue aussi des sous-castes qui se répartiraient au sein d’une hiérarchie minutieuse et complexe :

- De membre du Parti il est possible de progresser vers le Comité central, puis vers le Bureau politique.

- Etre policier n’assure qu’un très faible pouvoir, mais être membre de la Sécurité d’Etat, la police politique bulgare s’avère bien plus confortable. Puis fut créé l’UBO23 que Todorov

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Le système de Ponzi est un montage financier, considéré comme frauduleux, qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants.

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décrit comme l’aristocratie de la répression, ayant pour tâche, entre autres, de surveiller les membres de la Sécurité.

Todorov fait une comparaison du système communiste avec les castes traditionnelles. Cette comparaison avec les castes en Inde renvoie à la notion jati, qui se rapprocherait de la définition classique que l’on donne habituellement à la caste, à savoir des groupes dont un statut est hérité par la naissance, qui sont endogames et connaissent une spécialisation professionnelle. Mais le fondement même de la hiérarchie au sein du système des jati qui repose sur l’opposition le pur/impur, n’est pas pris en compte par Todorov. Selon les indianistes, il conviendrait de ne pas transposer le terme de « caste » hors de l’Inde, car le système des jati renvoie avant tout à une organisation sociale et à une vision du monde spécifique.24

Mais Todorov pour illustrer ces propos se sert de cette comparaison, et selon lui, l’appartenance aussi serait héréditaire : les enfants de privilégiés seraient automatiquement privilégiés. Une pratique de l’endogamie et donc une transmission de privilèges et de pouvoir se perpétueraient à l’intérieur de celles-ci. Cela se retrouverait au plus haut de l’Etat, par exemple avec l’épouse de Ceausescu, Helena Ceausescu, le fils et le petit-fils de Kim Il-Sung, ou la fille de Živkov, ou le principe monarchique lui-même, tous seraient désignés pour succéder au chef de l’Etat.

Mais ce qui différencie cependant ce système de « castes » du système traditionnel selon Todorov, réside dans la possibilité de pouvoir monter en classe ou se déclasser. Pour gravir les échelons du système, il faut comprendre les règles du jeu de ce monde concurrentiel qui attise les ambitions personnelles. La délation est pour cela un facteur structurel de la société totalitaire. Puisqu’il faut surveiller la population entière, il faut que ce soit la population qui se surveille elle- même. Pour monter sur l’échelle des pouvoirs, le fait de dire du mal de son prochain, que cela soit avéré ou calomnié, permet d’éliminer un rival potentiel. Comme la délation est accessible à tous, elle est aussi à double tranchant, et l’on peut aussi en devenir l’objet.

La hiérarchie imposée par le système crée une servilité envers tous les supérieurs, dont le « culte de la personnalité » est un élément récurrent, reproduit dans tous les pays communistes.

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Mais, selon Todorov, toutes ces sociétés reposeraient sur une opposition à l’autonomie de l’individu, et donc à l’exercice de sa dignité. Or tout dans la société totalitaire vise à empêcher cette autonomie. « La vertu la plus grande, et la mieux récompensée, est la docilité ; le principe le moins toléré, la liberté » (ibid. : 25).

Cette privation de liberté touche aussi l’autonomie économique. Dès les premières années, l’Etat s’est lancé dans un processus de collectivisation des terres et une attaque envers les propriétés privées. De plus, la vie quotidienne des habitants était rythmée par le manque, comme par exemple le manque d’argent pour empêcher les économies, les appartements en nombre insuffisants, le manque de ravitaillement symbolisé par les queues (opachkite) interminables devant les commerces.

Pour que cet échafaudage puisse fonctionner, il a fallu casser les codes de la famille nucléaire, déstructurer le pouvoir de la solidarité familiale. Par l’endoctrinement des enfants dès leur plus jeune âge à travers l’école et les organisations parascolaires, ont été reconstruits de nouveaux groupes générationnels, tel que les Pioneer ou les Komsomol25, prépondérant au pouvoir de la structure familiale passée.

Dans la société propre aux pays d’Europe de l’Est, l’adhésion à l’idéologie communiste joua de plus en plus le rôle de simple rituel : chacun s’en réclame, personne – ou presque – n’y croit ; en revanche la soumission inconditionnelle au chef reste indispensable. Le communiste moyen n’est nullement un fanatique, il est selon Todorov, un carriériste cynique qui fait ce qu’il faut pour accéder à une position privilégiée et s’assurer une vie de qualité supérieure. Le moteur de la vie sociale n’est pas la foi en un idéal mais la volonté de puissance. En revanche, la police politique, appelée Sécurité d’Etat, n’est guère une forme creuse, son action est absolument indispensable au fonctionnement du régime qui, en l’absence d’un appareil de répression, s’écroulerait du jour au lendemain. Son rôle, contrairement à ses intentions affichées, n’est pas de combattre les ennemis ou de frapper les coupables, la cible de la Sécurité sont les innocents, dont

25 Les pionniers étaient une organisation de jeunesse communiste réunissant les jeunes de 9 à 14 ans et symbolisée

par l’uniforme du foulard rouge autour du cou, préparant à l’entrée du Komsomol (Kommounistitseski soïouz

molodioji (Коммунистический союз молодёжи) : union de la jeunesse communiste) embrigadement de 15 ans à

il faut entretenir constamment la peur afin qu’ils collaborent avec elle et l’aident à atteindre cet autre idéal : une société entièrement transparente, sous surveillance permanente, où l’appareil de contrôle détiendrait un savoir total sur toute la population.

Todorov soumet l’hypothèse que si l’Etat soviétique fut efficace incontestablement durant des décennies et plusieurs générations, c’est peut-être aussi parce que les êtres humains reculent devant la terreur et se plient aux contraintes. En Bulgarie par exemple, pendant 30 ans il n’y eut aucune « dissidence », pourtant en deux années à peine, ces régimes totalitaristes ont disparu de la carte de l’Europe. L’Empire soviétique se serait gangréné de l’intérieur, jusqu’à mourir subitement en 1989. Ce « cancer » serait dû non au fait que le système n’était pas juste mais parce qu’il reposait sur des hypothèses concernant la nature de l’homme et de la société, qui se révélèrent inexactes (Todorov, 1992 : 27).

Cependant, avant son essoufflement, la société totalitaire a formé un ensemble cohérent et viable. Sa durabilité peut s’expliquer par son respect entre les principes fondateurs institués et les actions dans la société. La légitimité du système du régime soviétique reposait sur l’égalité sociale et la justice, et non la liberté. Si ce système s’est effondré, ce n’est pas vraiment pour des raisons de liberté, celles-ci étant annexes, mais bien parce que le système n’était plus cohérent, le