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Présentation des familles

2. Alex et sa famille

2.2. Histoire d’Alex et sa famille

Alex est né en France en février 1987. Il est le fils d’un père bulgare, Teko, et d’une mère française, Alexandra. A 28 ans aujourd’hui, il vient d’emménager à Los Angeles pour finir un master de réalisation et scénario dans une université américaine. Il a une sœur de 5 ans de plus que lui, Sophia, qui n’est autre que moi-même.

Alex a grandi à Paris. A 23 ans, après des études de commerce à l’université américaine de Paris, ainsi qu’un passage en sciences sociales, il décide de suivre des études de cinéma. Sa licence obtenue, il part suivre une quatrième année à New York pour une maîtrise. Puis, après une année de stage à Manhattan, il décide de refaire un Master dans une université américaine et suit aujourd’hui des cours de scénario et réalisation à Los Angeles, voulant devenir lui-même réalisateur et continuer à vivre aux Etats-Unis. Alex ne parle pas bulgare et n’est jamais allé en Bulgarie.

Portant un nom et un prénom à forte sonorité slave « ouais je suis très fier de mes origines / je les revendique / ça m’écarte / ça ne me fait pas que français »66, il est fier de ses origines

65 Interactions avec Alex, tours de parole de 1 à 6 dans les annexes. 66

bulgares, mais n’éprouve pas de curiosité acerbe envers ses racines paternelles. Il connaît de la langue bulgare quelques insultes qu’il entend de son père depuis l’enfance, mais Alex est plutôt attiré par les Etats-Unis et l’univers américain. Toutefois, il a eu comme petite amie récemment pendant plus d’un an, une Américaine d’origine bulgare, née à Plovdiv, mais il ne l’a jamais considérée comme une Bulgare mais plus comme une Américaine.

Teko, notre père, est né à Sofia en Bulgarie en 1945. A 16 ans, il part vivre à Berlin-Est avec sa mère, son frère et son père, après la mutation de celui-ci comme médecin dans un hôpital allemand. Puis au début des années 70, il part vers l’Allemagne de l’Ouest et devient réfugié politique. Au milieu des années 1970, il rencontre Alexandra pendant les vacances dans le sud de la France, alors qu’il devait partir vivre aux Etats-Unis pour le travail. Il change de projet et ils décident de s’installer ensemble à Paris. Docteur en cybernétique et ne parlant pas français, Teko regravit un à un les échelons de la société, aidé par Alexandra. Alexandra est française, originaire de Lille et mannequin. Au début de leur relation tous les deux parlent en anglais pendant une bonne année, puis après ils commencent à intégrer le français dans leurs conversations. Ils fondent tous les deux leur famille dans les années 80 à Paris.

Aujourd’hui, ils continuent à avoir une vie très active, Teko est industriel dans le milieu de l’automobile et de la navigation, et Alexandra est devenue décoratrice d’intérieur. Ils sont très proches de leurs enfants Alex et Sophia et continuent à organiser et passer de nombreux moments ensemble dès que cela leur est possible.

2.3. Morceaux choisis de nos différentes conversations

Alex : attends / c’est ma voix d’artiste / je suis moi-même fils de immigré / réfugié politique arrivé dans un pays // donc je suis maintenant conscient que que tout ce qui a été dit était pour me protéger

Sophia : ah ouais ? raconte / ça veut dire quoi ? Alex : sur le silence

Sophia : ouais

Alex : le silence des par exemple quand on était petit Sophia : ouais

Sophia : non mais franchement dis-moi ça m’intéresse / un silence de quoi tu penses

Alex : attends j’essaye d’être dans ton sujet attends attends ne me force pas trop je peux parler mais / non c’est pas vraiment c’est pas comme ça que je le ressens

Sophia : vas-y moi je veux savoir de ce que tu ressens / déjà ton côté parce que tu as un nom et un prénom assez fort

Alex : ouais je suis très fier de mes origines / je les revendique / ça m’écarte / ça ne me fait pas que Français

Sophia : et par rapport à qui ?

Alex : à tout à tout le monde à tout ceux / à l’école euh gens que je rencontre / ça permet de / c’est toujours bien / ça permet de discuter sur des sujets souvent de dire des comparaisons d’origine / c’est sympa »

Sophia : ça c’est vrai ça / donc tu le vis d’une manière positive / mais est-ce que par exemple le fait de ne pas parler la langue ça te pose pas ?

Alex : bah moi je m’en fous un peu / je suis un peu un jemenfoutiste donc euh / ça aurait été bien non j’aurais bien aimé la parler mais euh c’est beaucoup de temps d’apprendre à mon avis pour bien parler ou alors si on avait été éduqué / enfin si on nous l’avait appris dès qu’on était petit ça aurait été différent / mais est-ce que c’était bien je ne sais pas si / moi je pense que c’était bien de ne pas parler / vis à vis de papa et de respecter parce que c’était lui qui voulait pas / qui veut pas qu’on y aille et qui veut pas enfin y aller surtout lui et qu’on parle il nous a jamais appris quoi enfin il a jamais voulu nous apprendre plus que ça

Sophia : oui parce qu’on l’entendait quand même pas mal mais

Alex : oui mais c’est marrant d’entendre / c’est aussi un parti / pt’être un truc secret / ça te permet de discuter avec enfin de discuter plus librement

Sophia : mais c’est vrai que moi j’aurais bien aimé faire partie de l’autre côté quoi de la partie de ceux qui comprennent le secret / tu vois / mais je comprends aussi cette façon de vouloir respecter

Alex : mais alors quels secrets ? Sophia : ah bah ça je sais pas Alex : de quel secret parle-t-on

Sophia : non mais d’avoir une langue secrète tu vois de pouvoir par exemple tous les deux de pouvoir se dire un truc et de parler en bulgare ça aurait été marrant

Alex : oui mais en même temps ouais / ça aurait été il aurait fallu que maman parle bulgare ça aurait été plus facile c’était pas très possible quand il y avait que un surtout c’est pas l’anglais / c’est le bulgare / tu peux pas apprendre ailleurs pratiquement / sauf là où toi tu vas

Sophia : est qu’est-ce que tu connais de l’histoire de papa en fait / tu connais bien tu penses Alex : bah je connais par ce que j’entends / ce qu’on me raconte depuis que je suis petit donc comme c’est si il y a quelque fois des trucs nouveaux mais en général c’est des trucs on entend toujours un peu les mêmes histoires / mais peut-être que moi je ne les perçois pas à chaque fois de la même manière / euh bon après c’est vague les histoires je pourrais pas les /// (serveur

arrive)67

(…)

Sophia : toi ça te dirait un jour d’aller en Bulgarie

Alex : ah y aller ouais / ouais / ouais j’aimerai bien y aller comme ça tu vois en vacances mais pas pour pas pour retracer / fin si / voir les endroits d’accord mais ouais si si ouais voir les endroits où il a habité // vas-y pose-moi d’autres questions guide-moi vers ce que tu veux savoir Sophia : d’accord donc des histoires qu’il t’a raconté on va dire par rapport à comment il est parti de la Bulgarie / comment il est allé jusqu’en France / c’était quand même des choses qui / est-ce que tu racontes ça à d’autres personnes ou est-ce que tu sens qu’il faut pas raconter non plus / tu vois ce que je veux dire

Alex : non non je sens pas qu’il faut pas raconter / non non / euh / mes amis mes amis ils savent à mon avis que / fin j’ai déjà dû dire plus ou moins qu’il est parti de Bulgarie enfin je sais pas je suis jamais vraiment rentré dans les détails en même temps // non mais j’ai pas non je pense pas qu’il faut pas pas le dire / après peut-être à des gens ouais aux gens que tu connais pas quoi forcement / moi je raconte pas ma vie aux gens que je connais pas68

(…)

Sophia : mais tu as ce souvenir quand on était petit

Alex : mais au téléphone je crains toujours d’être sur écoute / au téléphone je dis moins de truc sur ma famille que / fin je dis jamais de trucs sur ma famille mais je parle pas de la maison par exemple la maison j’en parle pas au téléphone tu vois / qu’elle peut être vendue / genre à toi / j’ai pas envie de laisser des informations comme ça / je me dis plus que c’est pour papa qu’il veulent un truc donc / fin si je suis sur écoute c’est à cause de papa / donc moi je m’en fous totalement

67 Interactions avec Alex, tours de parole de 6 à 30 dans les annexes. 68

qu’on sache que je fume / surtout que fumer c’est vraiment le truc qui va devenir déjà légal et c’est un truc exagéré qui n’est pas plus pire que l’alcool69

(…)

Alex : ouais mais moi les notions je les ai toujours un peu survolées // donc c’est vrai c’est bien d’être orthodoxe / ouais après je pourrais pas te faire une grande théorie sur ce qu’est l’orthodoxie / je sais deux trois trucs mais pourquoi je suis orthodoxe / pourquoi je ne voudrais pas rester orthodoxe / pourquoi je veux rester orthodoxe

Sophia : par exemple quand toi tu auras des enfants / tu les appellerais comment ? Alex : je les appellerai

Sophia : June et Alice ?

Alex : ouais sûrement / p’être / si j’ai des jumelles sûrement / vraiment / pas sûr que j’appelle Alice et June si j’ai pas de jumelles / mais par rapport à des trucs heu qui me je sais pas ça sera Sophia : tu n’appellerai pas ton fils Svetoslav / parce que toi tu garderas le nom tu vois ce que je veux dire

Alex : bah / c’est pas grave j’ai pas un / fin si un nom à moitié / enfin un nom qui peut être pas du tout bulgare

Sophia : il peut être quoi ?

Alex : pas du tout de l’Est mais Américain quoi // tous les Alex aux Etats-Unis c’est Alexander / y en a pas un / fin c’est américain après plutôt en Bulgarie si je m’étais appelé Alexandrov tu vois non mais vraiment

Sophia : non en Bulgarie c’est Alexander aussi / non mais c’est vrai que ça fait américain aussi ; il y a l’ambigüité qui est jouée aussi / même le w le schew ça joue70

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