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Axe 4: Promouvoir la bonne gouvernance

1.4 Depuis 2011 : la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD)

Au vue de la faiblesse des résultats de la décennie précédente, le Burkina Faso s'est engagé depuis 2011 dans une nouvelle stratégie de développement qui vise à accélérer la croissance et promouvoir le développement durable afin de mettre le pays sur la voie de l'émergence. Cette stratégie, appelée la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD), tire ses fondements de la vision «Burkina 2025», qui vise à faire du Burkina Faso

"une nation solidaire, de progrès et de justice, qui consolide son respect sur la scène internationale " (Conseil National de la Prospective et de la Planification Stratégique, 2005) et

définit les objectifs de développement du pays, et est présenté en cycles de cinq ans. Elle est devenue le cadre de référence pour toutes les interventions de développement.

La première SCADD est définie pour couvrir la période 2011-2015. Sa vision pour 2015 – "le

Burkina Faso, une économie productive qui accélère la croissance, augmente le niveau de vie, améliore et préserve le cadre de vie et les conditions de vie grâce à une gouvernance judicieuse et efficace," – se concentre sur les priorités pour la croissance économique et les aspirations à

une meilleure qualité de vie pour la population.

L'approche visant à accélérer la croissance provient du constat que le taux moyen de croissance enregistré sur la décennie précédente était insuffisant pour parvenir à une réduction significative de la pauvreté. En effet, avec un taux de croissance du PIB de 5,2 % et un taux de croissance démographique de 3,1, il faudrait environ 35 ans pour doubler le revenu par habitant (IMF, 2012). Par conséquent, l'accélération du taux de croissance et l'intensification de la création d'emplois sont nécessaires pour une amélioration des niveaux de revenu et des conditions de vie de la population (Gouvernement du Burkina Faso, 2010).

Dans le même temps, la SCADD prévoit de diriger les efforts vers l'impulsion du processus de développement durable en assurant la synergie entre les trois dimensions du développement durable, à savoir (i) l’efficacité économique qui vise les objectifs de croissance et d’efficience de la gestion de l’économie, (ii) la viabilité environnementale qui vise à préserver, améliorer et valoriser l’environnement et les ressources naturelles et (iii) l’équité sociale qui vise à satisfaire les besoins humains et à répondre à des objectifs d’équité et de cohésion sociale.

1.4.1 Objectifs et axes stratégique de la SCADD

Objectif global

L'objectif global de la SCADD est de réaliser une croissance économique forte, soutenue et de qualité, génératrice d'effets multiplicateurs sur le niveau d'amélioration des revenus, la qualité de vie de la population et soucieuse du respect du principe de développement durable.

1.1.1.1 Objectifs spécifiques

Afin d’atteindre l’objectif global, 8 objectifs spécifiques sont déclinés pour la période : 1. réaliser un taux de croissance annuel moyen du PIB réel de 10% ;

2. atténuer l’extrême pauvreté et la faim dans le pays ; 3. assurer l’éducation primaire pour tous ;

4. promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; 5. réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans ;

6. améliorer la santé maternelle ;

7. combattre le VIH, le SIDA, le paludisme et les autres maladies, et de poursuivre l’inversion de la tendance ;

8. assurer un environnement durable.

Quatre axes stratégiques ont été identifiés pour faciliter la réalisation de ces objectifs. Il s’agit : i) du développement des piliers de la croissance accélérée ; ii) la consolidation du capital humain et la promotion de la protection sociale; iii) le renforcement de la bonne gouvernance ; et iv) la prise en compte des priorités transversales dans les politiques et programmes de développement (Gouvernement du Burkina Faso, 2010).

L’axe 1, consacré au développement des piliers de la croissance accélérée, définit un modèle

de croissance accélérée basé sur la promotion des pôles de croissance, le développement des filières de production, la promotion des niches et des grappes d’entreprises et la promotion d’une croissance pro-pauvres. Il prévoit respectivement le développement des secteurs prioritaires (l’agriculture, l’élevage, la pêche et la foresterie), des mines, de l’artisanat, des industries culturelles et touristiques, des Petites et moyennes entreprises / Petites et moyennes industries (PME/PMI) ; le développement des infrastructures de soutien (infrastructures hydroagricoles et pastorales, transports et logistique, Technologies de l’information et de la

communication (TIC), énergie, urbanisation et institutions de soutien), de même que la promotion de l’intégration économique et du commerce extérieur.

L’axe 2, portant sur la consolidation du capital humain et la promotion de la protection sociale,

consiste à œuvrer pour l’accroissement des revenus et de l’emploi, le développement de l’éducation, de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels, l’amélioration de la santé et de la nutrition, la promotion de la protection sociale et la promotion de l’accès aux services énergétiques modernes.

L’axe 3, relatif au renforcement de la gouvernance, met l’accent sur le renforcement des

gouvernances économique (renforcement des capacités de pilotage et de gestion de l’économie, contrôle des finances publiques, lutte contre la corruption, la fraude et le faux, renforcement de la coordination et de l’efficacité de l’aide publique au développement), politique, administrative et locale.

L’axe 4, dédié à la prise en compte des priorités transversales dans les politiques et programmes

de développement, vise le renforcement des programmes de réduction des inégalités de genre, des programmes de maîtrise de la croissance démographique, la gestion de l’environnement et l’utilisation optimale des ressources naturelles, la mise en œuvre de la politique d’aménagement du territoire, le renforcement des capacités et la promotion de l’intelligence économique.

1.4.2 Croissance et pauvreté depuis 2011

Il est évident qu’on dispose de peu de recul pour juger des performances économiques et sociales depuis la mise en place de la SCADD. Toutefois, les données sur le PIB montrent que la croissance économique des trois dernières années a été plus forte que ce qui a été observé les années précédentes. En effet, le Burkina Faso a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 7,7% entre 2011 et 2013 (World Bank, 2014). Ce chiffre est important au regard des taux

enregistrés par ses voisins (sauf la Cote d’Ivoire) au cours de la même période : 0,8% au Mali15,

3,4% au Sénégal, 5,3% au Bénin, 5,4% au Togo et 8,7% en Côte d’Ivoire (World Bank, 2014). Ce taux de croissance reste toutefois inférieur à l’objectif de 10% fixé par la SCADD.

Cette performance macroéconomique ne semble pas avoir changé significativement la situation

des pauvres au Burkina Faso. Le pays a été classé 181ème sur 187 pays en 2013 (UNDP, 2013)

Le dernier rapport 2014 de la FAO sur l’insécurité alimentaire dans le monde révèle que le nombre de personnes sous alimentées a atteint 3,5 millions sur la période 2011-2014 contre 3,3 millions entre 2000 et 2010 et 2,4 millions en 1990-1999. En termes de pourcentage, ces personnes représentent plus de 20% de la population burkinabè. Les remous sociaux contre la vie chère observés ces dernières années illustrent un malaise social qui prend de plus en plus de l’ampleur. Plusieurs dizaines d’associations syndicales se sont regroupées en une coalition appelée « Coalition Contre la Vie Chère (CCVC) », rendant les mouvements de protestation encore plus virulents. La dernière manifestation en date est celle du 20 Juillet 2013 et a connu une telle mobilisation que Radio France Internationale intitulait sur ses colonnes : « Burkina

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