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Chapitre 2. Le Burkina Faso et la sécurité alimentaire : histoire et tentative de

1. Un demi-siècle de politiques contrastées pour des résultats mitigés

1.2 Les années 90 : les Programme d’Ajustement Structurel (PAS)

1.2.1 Le retrait de l’État

Les accords d'ajustement structurel entre le FMI et les pays en développement ont généralement été la réponse à des situations d'urgence telles que les graves déséquilibres macroéconomiques et les turbulences monétaires. Le Burkina Faso se distingue à cet égard parce que la situation macroéconomique avant la signature de l'accord avec le FMI était loin d'être dramatique. D'une manière générale, le déficit budgétaire était sous contrôle et l'effet disciplinaire de l'adhésion à la zone CFA sur la politique monétaire a permis au pays de maintenir l'inflation en dessous de 2% (Bourdet et Persson, 2001). Ceci explique pourquoi le programme d'ajustement pour le Burkina Faso a mis davantage l'accent sur les mesures favorisant la croissance que sur les mesures de stabilisation. Un objectif principal du programme d'ajustement était d'améliorer la structure des incitations et l'allocation des ressources productives de façon à mettre le pays sur un sentier de croissance plus rapide.

Les mesures favorisant la croissance visaient à encourager l’investissement privé et la production. Les mesures les plus importantes étaient la libéralisation du commerce intérieur, la suppression du contrôle des prix, la privatisation d'un nombre relativement important d'entreprises publiques, la dérégulation de nombreuses activités industrielles et des services (notamment les activités de distribution) et la promotion de l'investissement privé et étranger. La plupart de ces mesures ont été introduites au cours de la première moitié des années 1990 (Chambas et al., 1999).

En raison de la place prépondérante de l'agriculture dans l'économie – 38% du PIB et occupant près de 90% de la population active –, les mesures concernées par ce secteur étaient naturellement d'une importance cruciale, en particulier pour son impact sur les revenus réels et le bien-être de la population. Les réformes rurales des pays en développement étaient principalement de deux types : la réforme du régime foncier et la réforme de la commercialisation des produits agricoles. La réforme rurale au Burkina Faso avait plutôt mis l'accent sur le commerce des produits agricoles : la libéralisation du commerce intérieur et la suppression des réseaux publics de distribution et du contrôle des prix (Bassolé, 2000). Les objectifs de ces mesures de dérégulation étaient de favoriser l'émergence d'un système de prix qui reflètent mieux les coûts d'opportunité, et favoriser le développement de réseaux de distribution privés compétitifs. La réforme était également censée favoriser une intégration rapide et harmonieuse du commerce entre les différents marchés locaux, de façon à permettre aux zones excédentaires de satisfaire les besoins des zones déficitaires et par conséquent

permettre l’égalisation des prix (à l'exception des frais de transport et de transaction) dans toutes les régions.

Une autre mesure qui a illustré le retrait de l’intervention de l'État dans l'économie est la privatisation des entreprises publiques. La privatisation au Burkina Faso a joué un rôle majeur dans le processus de libéralisation en raison de l’importance des entreprises et banques publiques et parapubliques dans le système économique mis en place après l'indépendance. Le processus de privatisation commença en 1991 avec la mise en vente (ou la liquidation) de 22 des 76 entreprises de l’État. Une deuxième vague de privatisation a eu lieu en 1994 avec 23 entreprises mises en vente ou liquidées. En Juillet 2001, le Parlement autorisait la privatisation de 13 nouvelles entreprises publiques dont les compagnies d'eau et d'électricité (IMF, 2000). Le système bancaire a également fait l'objet d’une restructuration importante avec un recul de l'intervention de l'État. La situation financière du secteur bancaire dans les années 1990 était peu satisfaisante avec un taux des créances douteuses de plus de 30% en 1990 (Zagré, 1994). La réforme du système bancaire a consisté en la création d'une agence de recouvrement des prêts, la réduction de la part de l'État dans le capital des banques (avec un plafond de 25 %), la fusion et la privatisation de trois banques et la liquidation d'une autre (IMF, 1998). La concurrence étrangère dans le secteur bancaire s’est accrue grâce à l'achat, par des investisseurs étrangers, de la part de l'État dans les banques privatisées, mais aussi grâce à l'entrée de deux nouvelles banques (Ecobank-B la Bank Of Africa) en 1997 et 1998. La restructuration du secteur bancaire a semblé avoir contribué à l'amélioration de la situation financière au Burkina Faso comme en témoignait une étude du Fonds monétaire sur le développement financier en Afrique subsaharienne (IMF, 1999). C'est dans les domaines de la concurrence entre les banques, la libéralisation financière, les instruments de la politique monétaire, l'environnement institutionnel et l'ouverture financière que le pays a réalisé le plus de progrès (Bourdet et Persson, 2001).

La dérégulation des marchés et la privatisation de la majorité des entreprises et des banques appartenant à l'État ont été accompagnées par diverses mesures qui visaient à favoriser l'investissement privé national et étranger. La législation du marché du travail a été révisée pour faciliter les procédures d'embauche et de licenciement et la réallocation du travail entre les secteurs. Les informations sur les offres et les demandeurs d'emploi ne sont plus centralisées par l'agence de placement ONPE (Office National de la Promotion de l'Emploi), dont le rôle a été réduit et adapté aux besoins d'un marché du travail dérèglementé. Toutes ces mesures ont

été accompagnées par des améliorations du cadre juridique et institutionnel qui visaient à rendre les marchés plus efficaces. La gouvernance, la qualité de la bureaucratie, la primauté du droit et la lutte contre la corruption se sont modérément améliorées (Kaufmann et al., 2005).

1.2.2 La libéralisation commerciale et l’intégration à une union économique et

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