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STATUT DE L’ENTREPRISE PUBLIQUE ALGERIENNE ET SA DIFFICILE ADAPTATION AUX MECANISMES DE MARCHE

d’investissement public : Projets planifiés et pression des besoins :

PARAGRAPHE 1 STATUT DE L’ENTREPRISE PUBLIQUE ALGERIENNE ET SA DIFFICILE ADAPTATION AUX MECANISMES DE MARCHE

L’économie était asphyxiée par la violence, minée par la corruption. Lors des émeutes de 1988 les symboles de l’Etat ont été les premières cibles de la violence des jeunes manifestants. Le pouvoir algérien s’est trouvé alors contraint d’accepter l’ouverture politique (introduction du multipartisme) et économique (panoplies de réformes à caractère structurel et organisationnel).

Avec M. Hamrouche nommé premier ministre, est arrivé au pouvoir une équipe décidée à entreprendre des réformes d’envergure, son objet était de définir les règles de fonctionnement de la société algérienne, d’atteindre avec les réformes « un point de non retour dans le changement institutionnel de la gestion économique et sociale du pays »1.

En créant un nouvel environnement juridique et institutionnel libérant l’économie et l’ensemble de la vie publique les réformateurs entendaient mettre un ensemble d’incitations et de contraintes modifiant les comportements et bannir les erreurs du passé.

PARAGRAPHE 1 : STATUT DE L’ENTREPRISE PUBLIQUE ALGERIENNE ET SA DIFFICILE ADAPTATION AUX MECANISMES DE MARCHE.

L’entreprise publique algérienne a été et reste au centre des enjeux de l’économie algérienne, elle a été l’outil privilégié de la stratégie de développement économique, autour d’elle s’est développé un tissu de PME-PMI qui évolue dans un environnement socio-économique très contraignant.

Des démarches contradictoires ont jalonné l’évolution du système productif algérien, son statut est sa fonction qu’il doit remplir.

Pour en comprendre les mutations des années 1980 et 1990 et les enjeux actuels il est utile de revenir à la genèse et les missions dévolues à l’entreprise publique depuis son indépendance.

A- Entreprise et théorie économique :

Du point de vue théorique, il est difficile de conjuguer économie de marché et entreprises publiques qui constituent deux parties antagonistes et contradictoires :

- L’économie de marché est une réalité socioéconomique ne constitue pas seulement le lien d’interférence entre l’offre et la demande avec fixation des prix mais également un mode d’organisation des échanges fondés sur la concurrence entre les opérateurs économiques dans le but rentabiliser au maximum l’unité monétaire investie.

- Par contre l’entreprise publique se caractérise par : * La propriété et sa gestion relevant de l’Etat.

* Son fonctionnement n’est pas guidé spécialement par la recherche du plus grand profit mais par la recherche de l’intérêt général. Ce qui justifie l’avalanche des déficits.

* L’entreprise publique répond plus à une vision idéologique qu’à une préoccupation économique.

Ainsi, il apparaît que la logique de l’entreprise publique est en contradiction avec la logique de l’économie de marché qui est fondée sur la transparence, la concurrence et la rentabilité du capital investit.

B- Entreprises publiques et satisfaction des besoins :

L’entreprise publique algérienne s’est vue assignée des fonctions sociales inconciliables avec les impératifs de gestion économique. Ainsi, elle a du prendre en charge des effectifs pléthoriques très lourds imposés par l’Etat. Ces entreprises ont joué un rôle social très important dans la création d’emplois mais aussi la prise en charge des besoins sociaux des travailleurs (centres médicaux gratuits, cantines,

primes diverses, colonies de vacance etc…) les dépenses salariales ont lourdement grevés les budgets de fonctionnement et ont contribué à leur déficit.

Ainsi, l’entreprise publique était appelée à tout faire : investir, produire à n’importe quel prix, distribuer, importer, exporter, éduquer, former, employer, en un mot développer. C’est ce qui a fait dire à A Bouyacoub lors de sa soutenance de thèse d’Etat à l’Institut des Sciences Economiques d’Oran que « l’entreprise publique algérienne n’est pas une véritable entreprise, elle est tout sauf une entreprise »1.

L’entreprise publique algérienne n’est donc pas soumise à des impératifs de rentabilités et n’est pas tenue à une obligation de résultats. L’entreprise même déficitaire est maintenue en activité. Si les résultats strictement financiers étaient une composante secondaire de l’efficacité les critères de succès étaient tout simplement les objectifs macroéconomique des plans de développement :

o Réaliser des programmes d’investissement planifiés

o Maximiser le taux d’utilisation des capacités de production installé (TUC).

o Promouvoir l’équilibre régional (localisation non optimale d’entreprises condamnées à subir un déficit permanent et structurel).

o Créer le plus d’emplois possible (c'est-à-dire distribution généralisée de revenues sans contrepartie productive)

o Prendre en charge la satisfaction des besoins sociaux des travailleurs. La situation de monopole et absence de concurrence aggrave le manque de motivation. En Algérie les grandes entreprises industrielles ont été complètement coupées du secteur concurrentiel.

C- Constat d’échec et perspectives de renouvellement de la doctrine en

matière d’industrialisation :

Le bilan économique et social 1979 – 1980 et le rapport général du plan quinquennal 1980 – 1984 faisaient tout deux le constat de graves distorsions touchant

tout les secteurs de l’activité économique et de la vie sociale (surcoûts importants très peu d’échanges interindustriels, accumulation de découverts bancaires, satisfaction médiocre des besoins sociaux et aggravation des disparités sociales etc…).

Ce bilan rendait impératif la critique et le développement d’un mode d’industrialisation dont la réalisation s’était heurtée à des disparités très importantes du tissu économique et sociale et avait donné naissance à des « habitudes » tout à fait contraires aux effets attendues. Ainsi la réflexion engageait s’inscrivait en claire dans cette perspective de renouvellement de la doctrine en matière d’industrialisation. Elle tiendrait compte aussi des nouvelles réalités industrielles nationales marquées par la restructuration des entreprises publiques, la volonté de promotion et de rationalisation des activités privées (Cf loi 82-11 et 82-12 du 21 et 28/08/1982), une plus grande décentralisation du pouvoir économique par l’élargissement d’attribution des collectivités locales en matière d’animation économique notamment et de planification, redéfinition des attributions des chambres de commerce, fonctionnement des commissions régionales d’investissement etc… Cette volonté de décentralisation est autant économique que politique :

· Economique parce qu’il s’agira de promouvoir ou rationaliser un tissu industriel constitué de l’ensemble des entreprises publiques et privées qui se sont développées autour des grands pôles de croissance en se fondant d’abord sur les possibilités locales de constitution et de gestion d’entreprises qui travaillent surtout pour des besoins locaux.

· Politique, parce qu’il s’agira de doter ces entreprises de tout les attributs de la souveraineté qui font d’une entreprise locale (l’entreprise locale étant le

modèle de la PME-PMI) une unité de production gérée localement et

définissant localement sa stratégie et ses perspectives de développement.

Cet aspect de la question est complémentaire d’un autre aspect tout aussi essentiel et qui pourrait être formulé de la façon suivante. Comment articuler pouvoirs économiques locaux et une rationalisation décidée au niveau central ?

multiplier. Replacer dans ce contexte le problème de la PME-PMI prend un éclairage nouveau et pose en même temps celui plus large de l’organisation future de l’économie nationale dans un contexte de crise et de fortes pressions extérieures.

PARAGRAPHE 2 : MUTATION DU SYSTEME PRODUCTIF NATIONAL ET