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Section I : reconfiguration du tissu PME – PMI

PARAGRAPHE 3 INFORMEL ET CONCURRENCE DELOYALE

Le premier adversaire de la PME-PMI est l’économie informelle appelée autrement la « PME-PMI import – export ou plutôt import – import ». Ce secteur déclaré officiellement hors la loi et informellement apprécié et même craint, domine par sa hauteur et sa dimension l’économie nationale. En effet selon les données statistiques son poids porte sur 50% du PNB et 1 millions d’emplois créés, la masse monétaire hors circuit à 800 milliards de dinars en 2000. Ce secteur ne respecte aucune loi, il n’a de compte à rendre à personne, il échappe à tout contrôle, il ne cotise pas aux assurances sociales, il vend sans facture, il ne paie pas d’impôts, il ne dépose pas son argent dans les banques étatiques (l’épargne des émigrés estimé à 3 milliards $ US en 2002 est injecté directement dans le marché parallèle. Moins de 10% de ce montant ont transité par les circuits officiels). Les portes de l’importation lui sont grandes ouvertes.

Ce secteur a eu droit à plusieurs dénominations plus absurdes les unes que les autres mais il lui importe peu de critiques soient-elles formulées à son encore du moment qu’il ne trouva pas sur le terrain une force qui le contrarie. Il bénéficie même à plusieurs niveaux de phénomènes inverses. Son objectif vise à s’accaparer de tout l’espace commercial et de liquider les racines de développement durable et créateur que représente les PME-PMI productives. C’est sans doute l’environnement juridique, fiscal, bancaire, administratif, institutionnel contraignant qui a produit cette économie informelle.

A- Economie informelle :

L’économie informelle a émergé dès le début des années 1970 en Algérie et elle s’est développée au cours des années 1980 suite aux difficultés engendrées par le

passage d’un système de gestion planifié vers une économie libérale. Son expansion s’est accélérée à partir de 1990 à cause de la récession économique, la levée du monopole de l’état sur le commerce extérieur, la restructuration du potentiel économique public, l’application du PAS et des taxations douanières prohibitives sur certains produits qui poussent à la fraude. Ces facteurs ont donné lieu à une stagnation des investissements publics et un fort ralentissement des créations d’emplois « les réformes engagées ont largement amplifié la détérioration du marché de travail par la perte d’un nombre considérable d’emplois soit plus de 600.000 emplois »1.

Face à cette situation, la population a versé dans la pratique d’activités non structurées dite informelle. Ce secteur occupait plus de 17% en 1992 de la population occupée non agricole a vu son effectif atteindre 962.000 en 1997 soit environ 22% contre près 1.500.000 d’emplois actuellement. Les petites entreprises de production et d’artisanat non déclarées, le commerce et les services fournis aux ménages sont parmi les activités les plus touchées par l’informel. Ces activités ce sont développées essentiellement dans le secteur du bâtiment et travaux publics, du commerce et des services où il existe une grande flexibilité de la relation de travail et une forte mobilité de l’emploi. L’expansion de l’économie informelle obéit aujourd’hui à d’autres objectifs plus ambitieux, la recherche d’un profit maximal non déclaré et non soumis aux obligations légales de paiement de charges fiscales et sociales. L’économie informelle contribue actuellement à la formation du PIB hors hydrocarbures selon le ministre du commerce à hauteur de 35%. De même les experts du CNES ont affirmé que l’intégration de l’emploi informel permet de réduire le taux de chômage qui serait compris entre 18 et 22%. Une enquête réalisée par le CREAD en 2001 a révélé que dans 7500 PME enquêtées, près de 41% des effectifs ne sont pas déclarés à la CNAS. Le CNES a soutenu que le nombre de commerçants recensés par le centre de registres des commerce s’élève à 626.800 personnes dont près de 278.300 s’acquittent de leurs cotisations soit à peine 44%. Néanmoins, les opérations de contrôle effectuées par le Ministère du commerce durant l’année 2000 ont permis d’identifier plus de 700 marchés de détail informel d’une superficie globale de 2,7 millions de mètres carrés où exerce plus de 100.000 personnes soit 14% des personnes inscrites au registre de

commerce. Ces opérations ont démontré que plus de 60% de ces activités commerciales informelles sont concentrées au niveau de 12 wilayas dont Alger, Bejaïa, Tizi Ouzou, Oran etc…

Certains analystes considèrent que le développement du secteur informel est lié au poids des charges fiscales et sociales alors que les services des impôts déclarent que les taux de fiscalité appliqués en Algérie sont les plus bas dans la région Maghreb.

Le CNES a remarqué que beaucoup de bénéficiaires des avantages fiscaux et douaniers accordés par (ANDI, ANSEJ et CNAC) pratiquent la fraude en l’absence d’un suivi régulier de réalisation de projets et ce par la vente en état des équipements importés ou acquis localement et via des sous déclarations de revenus.

B- Contrefaçon et contrebande :

Ces fléaux continuent à faire des victimes dans la sphère économique du pays, de nombreux investisseurs nationaux ou étrangers installés en Algérie font les frais d’actes illégaux commis par des personnes malveillantes. Des imitations illicites sont accomplies sur des produits de large consommation tous créneaux confondus, allant de l’agro-alimentaire à l’industrie et l’informatique. Tous les jours des cas de trafic de ce genre sont dénoncés, ce qui a poussé les opérateurs économiques ciblés à réagir en lançant des compagnes de publicité sur la presse nationale. Ils tiennent à défendre leurs produits contre cette dangereuse fraude. La contrefaçon est une réalité nouvelle en Algérie et le danger représente une menace sérieuse pour la sécurité du citoyen et l’économie nationale. Le commerce international constitue la cible privilégiée de cette pathologie. Ce malheur qui s’abat sur les pays aussi bien développés que ceux en voie de développement est estimé à 10% du marché mondial soit environ 300 Milliards $US. L’Algérie subit de manière flagrante ce fléau sans pouvoir toutefois glaner des informations et autres statistiques afin de l’apprécier au mieux. Il représente selon certaines sources environ 10 à 15% du marché algérien. L’un des domaines les plus touchés par le fléau demeure la maintenance automobile notamment la pièce de rechange. La contrefaçon de la pièce de rechange a vu le jour en Algérie à la suite de l’ouverture du marché extérieur aux privés. Ces nouveaux « opérateurs » optent pour des pays pour acheter la pièce de rechange la moins chère pour l’introduire et la revendre en Algérie. Ces nouveaux importateurs se rabattent forcément sur des pays

où la pièce est contrefaite tels que ceux du sud est asiatique notamment la Chine. C’est vers les années 1998 et 2000 qu’on a commencé à parler de la contrefaçon dans le domaine de la pièce de rechange en Algérie. Le fléau a été constaté par les professionnels qui importaient des produits de qualité et d’origine. Ils se sont rendus compte que les pièces qu’ils commercialisaient sur le marché national sont vendues moins chères. D’apparence, il s’agit du même produit mais les prix pratiqués sont beaucoup plus bas, après vérification ils ont pu constater que ces produits sont faux. C’est de la fausse marchandise, pour ce type d’opérateurs dépourvus de toute moralité c’est tout simplement du business, importer des produits de textile ou des pièces de rechange pour eux c’est la même activité. Or, il se trouve que certains produits peuvent porter atteinte à la sécurité voire mettre en danger le citoyen. La pièce détachée fait partie de la famille des produits pour lesquels il faut accorder un intérêt particulier lors des opérations d’importation.

Récemment encore, les douaniers du port d’Alger ont mis à jour un important réseau dans la contrefaçon. La société BCR a été ciblée par ces trafiquants dont la manœuvre consistait à importer à partir de la Chine des produits d’imitation frappés de la marque BCR avant d’être frauduleusement introduits sur le marché domestique et dilués dans les circuits commerciaux.

Devant cette situation préoccupante, l’état a procédé à une révision de la réglementation en la matière. L’ordonnance 03/06 du 29 juillet relative aux marques vient pour tenter de mettre de l’ordre dans ce domaine. Cette ordonnance a pour objet de définir des modalités de protection de marques. Le titulaire d’une marque doit procéder à un enregistrement qui lui conférera le droit de la propriété sur les produits et services qu’il a désigné.

SECTION III : assistance et appuis des pouvoirs publics