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Capital humain et efficacité technique dans le secteur agricole burkinabé

2.2 Spécification du modèle de Battese et Colli (1995)

Le modèle de Battese et Colli (1995) est utilisé. Il comporte deux équations. La première définit la frontière stochastique et la seconde, le modèle d’inefficacité technique. Il s’écrit comme suit :

) (1)

Ui = Zi∂ (2)

Zi est un vecteur de variables spécifiques aux firmes qui sont censées influencer leur efficience technique. La forme logarithmique de l’équation (1) exprimant la frontière de production s’écrit comme suit :

+ (3)

t = 1,2… Ti et i = 1,2… N

Où Yit est la production de la ième firme à la tème période ; Xit est un vecteur (LxK) des inputs de la ième firme3 à la tème période ; ß est un vecteur (KxL) des paramètres technologiques inconnus à la frontière, il représente les élasticités ; Ti représente le nombre d’observation de la ième firme ; N représente le nombre de firmes ; Vit est le terme d’erreur. Il représente l’écart dû aux aléas qui influencent la production et qui ne sont pas directement sous le contrôle du gestionnaire et Ui est un terme d’erreur non négatif représentant l’inefficacité et supposé invariant dans le temps.

Le caractère stochastique de la frontière est dû au fait qu’elle combine les deux termes Ui et Vit. Dans la frontière déterministe, le terme

it

ψ

n’apparaît pas explicitement. Ce type de frontière ne prend pas en compte le terme d’erreur classique et tout écart par rapport à la frontière de production est considéré comme dû à l’inefficacité du producteur.

La relation (3) peut s’écrire sous la forme empirique suivante :

(4)

Avec

it

ψ

= Vit -Ui

Le vecteur d’inputs peut être désagrégé en plusieurs variables explicatives. En spécifiant les distributions des termes d’erreur Ui et Vit, la frontière de production est estimée par le maximum de vraisemblance. Ainsi, en considérant le maximum de vraisemblance, V prend la forme d’une distribution normale i.e. et Ui suit également une distribution normale centrée et tronquée à gauche de

zéro i.e. .

2 . 3 T e c h n i q u e é c o n o m é t r i q u e

Deux techniques sont utilisées dans la littérature économétrique pour estimer les efficacités techniques et leurs déterminants. La première technique a dominé la littérature économétrique jusqu’aux années quatre- vingts. La seconde a vu le jour dans les années quatre-vingt-dix.

La première est une approche en deux étapes (Lee et al., 1997). Dans cette approche, la première étape consiste à spécifier et à estimer une frontière stochastique de production et par la suite à prédire les effets d’efficacité. L’hypothèse qui sous-tend cette démarche est que les effets d’efficacité technique sont indépendamment distribués, et donc exogènes. La deuxième étape consiste à spécifier un modèle de régression (généralement le Tobit) en liant les effets d’efficacité, considérés ici comme exogènes, à un ensemble de variables explicatives. La limite de cette technique est que les deux étapes sont

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Les Cahiers de l’Association Tiers-Monde n°33-2018

contradictoires. En effet, dans la première étape les effets d’inefficacité sont indépendamment distribués c’est-à-dire exogènes, alors que dans la deuxième étape, ils sont endogènes. L’approche en deux étapes est donc biaisée.

Pour contourner cette limite, des auteurs ont proposé d’utiliser l’approche en système. Cette technique permet d’estimer simultanément la frontière stochastique et les facteurs explicatifs de l’inefficacité dans les unités de production. Le modèle de frontière de production stochastique avec effets d’inefficacité technique incorporés a été utilisé pour la première fois sur des données de panel des productions de riz en Inde par Battese et Colli (1995).

La démarche économétrique adoptée dans cette thèse s’inspire de cette deuxième technique : estimation en système. La fonction de production est de type Cobb Douglass.

2.3.1 Spécification du modèle empirique

À partir de ces variables, le modèle de frontière stochastique de production s’écrit comme suit :

(5) 2.3.2 Variables retenues et source de données

Les tableaux 1 et 2 présentent les principales variables retenues dans le cadre de cet article. Tableau n° 1 : description des variables de la frontière de production

Les variables Description

L’output

Le rendement (Rend) la production à l’hectare exprimée en kilogramme Les inputs

Superficie (Sup) La superficie totale cultivée par le ménage exprimée en hectare (ha).

Niveau d’éducation (Educ) Il capte le niveau d’éducation du chef de ménage. Il prend 3 modalités : 1=non alphabétisé, 2=primaire, 3=secondaire et plus.

Capital physique

(Cap_phys) Il représente la quantité d’équipement et outillage de travail possédé par le ménage. Il est approximé par le type de labour que le ménage pratique. Deux types de labour sont généralement pratiqués par les ménages : le labour manuel et le labour attelé. Il capte la technologie.

Main-d’œuvre (MO) Elle représente le facteur travail. Il est capté par le nombre d’actif agricole du ménage.

Engrais (Engrais) Il représente la consommation intermédiaire exprimée en termes de quantité totale d’engrais chimiques consommés ; mesurée en kilogramme par hectare.

Fumier organique (Fumier) Il représente la consommation intermédiaire exprimée en termes de quantité totale de fumier organique consommée ; mesurée en kilogramme par hectare.

Source : construit par l’auteur.

Tableau n° 2 : les variables déterminant l’efficacité technique des ménages

Variable Type Description

Taille de l’exploitation

(taille_exploi) Quantitatif Il représente l’ensemble des superficies (toute spéculation confondue excepté celle analysée) en ha emblavé par le ménage. Age (age) Quantitatif Il mesure l’âge du chef de ménage.

Age au carré Quantitatif Il capte l’effet seuil. C’est-à-dire l’âge à partir duquel l’effet inverse s’observe sur l’efficacité technique.

Sécurisation foncière

(Securisation_fonciere) Qualitatif Il est représenté par le type de sécurisation foncière et prend 2 modalités : 0=droit coutumier, 1=droit moderne. Sexe (sexe) Qualitatif Il permet de capter l’effet genre sur l’efficacité des ménages. Il prend

deux modalités : 0=féminin et 1=masculin.

Acces_credit Qualitatif Elle mesure l’influence du capital financier sur l’efficacité des ménages. Il est mesuré par l’accès au crédit du ménage. Il prend deux modalités : 0=pas accès au crédit ; 1=accès au crédit.

Capital social Qualitatif Elle est captée par l’appartenance ou pas d’au moins un actif agricole du ménage à une OP. Elle prend deux modalités : 0=non ; 1=oui. Source : construit par l’auteur.

34 Tiatité NOUFE et Idrissa Mohamed OUEDRAOGO

Les Cahiers de l’Association Tiers-Monde n°33-2018

Les données utilisées dans cet article sont des données de panel de l’Enquête permanente agricole (EPA) du Ministère en charge de l’agriculture. Ces données de panel couvrent la période de 2008 à 2012. Sur un total de plus de 5 000 ménages, 2 156 ménages sont restés constants sur la période concernée dont 793 ménages ont pratiqué de manière régulière la culture de maïs au cours de ces cinq campagnes agricoles, soit 3 965 observations. Pour ce qui est des principales cultures de rente, 531 et 129 ménages ont pratiqué chaque année la culture de l’arachide et de coton respectivement, soit 2 655 et 645 observations pour l’arachide et le coton.

3.

RÉSULTATS ET DISCUSSIONS

Cette section présente et discute les principaux résultats.

3.1 Présentation des scores d’efficacité

Les différents scores d’efficacité sont présentés par le tableau n° 3.

Tableau n° 3 : présentation des scores d’efficacité

Année Score d’efficacité

maïs coton arachide

2008 0,69 0,68 0,74 2009 0,64 0,66 0,68 2010 0,64 0,58 0,75 2011 0,60 0,64 0,79 2012 0,80 0,57 0,79 Moyenne 0,69 0,63 0,75

Source : auteur à partir des estimations.

Le tableau n° 3 présente les scores moyens d’efficacité technique des ménages agricoles des trois exploitations ainsi que leur évolution dans le temps. Il ressort de l’analyse que les ménages agricoles opèrent tous en dessous de leur capacité de production. Il existe un gaspillage dans l’utilisation des facteurs de production. Les différents scores d’efficacité sont respectivement de 0,63 ; 0,69 et 0,75 pour le maïs, le coton et l’arachide. Ces résultats indiquent que sur la période d’étude, les ménages agricoles pouvaient accroitre leur production de coton, de maïs et d’arachide respectivement de 37%, 31% et 25% sans accroitre leurs facteurs de production.

Le gaspillage des ressources productives est plus prononcé dans les exploitations cotonnières (63%). Ce résultat est très proche de celui de Combary et Savadogo (2014). En effet, dans une étude sur les sources de croissance de la productivité globale des facteurs dans les exploitations cotonnières dans l’Ouest du Burkina Faso, ces auteurs ont montré que les exploitations cotonnières enregistrent de faible niveau d’efficacité technique (62,9%) ; ceci implique que les exploitations cotonnières auraient pu augmenter leur production de 37,1% sans augmenter leur capacité productive.

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