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Les ouvrages de Juan Díez de la Calle

Le cœur de notre sujet se trouve dans l’analyse des ouvrages publiés par Díez de la Calle. Nous avons consulté les éditions de 1646, 1648 et 1654 conservées à la Bibliothèque de Madrid et, pour celle de 1645, l’exemplaire de la British Library. Un exemplaire du

Memorial y Noticias Sacras y Reales (1646) se trouve également à la Bibliothèque

Nationale de France dans un excellent état de conservation.

Les publications de Díez de la Calle s’intègrent dans un réseau de références qui correspond à la bibliothèque spécialisée sur les Indes occidentales disponible au milieu du XVIIe siècle à Madrid.

112 PAZ Julián, Catálogo de manuscritos de América existentes en la Biblioteca Nacional. 2e éd., Madrid,

Ministerio de cultura, 1992.

Les Indes occidentales dans les monographies du XVIIe siècle

Parce qu’elles constituent une référence constante du commis, les Leyes de Indias publiées en 1680 mais disponibles sous forme de résumé avant cela, sont au cœur de la représentation juridique et politique de l’espace. De même, les experts de ces lois sont des passages obligés : León Pinelo et Solórzano Pereira sont des auteurs insatiables et des modèles pour le commis.

Pour compléter ce tableau des sources imprimées, il convient d’ajouter une série de chroniques religieuses, de récits de voyage et de descriptions publiées depuis la Découverte. Par ailleurs, pour comprendre et analyser le rôle des commis dans l’administration, nous avons fait appel à une littérature de secrétaires, sorte de guide pratique à l’usage de ce métier.

D

ÉMARCHES

Il s’agit pour nous de dresser la biographie de Juan Díez de la Calle, commis du Secrétariat de Nouvelle Espagne du Conseil des Indes de 1624 à 1662. Loin des grands personnages pour lesquels la profusion des sources permet de reconstituer jour après jour leur vie, la biographie du commis appelle une autre approche que nous proposons de décliner en trois grandes parties : la vie, l’œuvre, la représentation.

En premier lieu, nous disposerons les éléments du décor dans lesquels Díez de la Calle a réalisé son œuvre et a élaboré ses représentations. Pour commencer, nous nous interrogerons sur l’univers familial de Juan Díez de la Calle. Son beau-père, Juan Fernández de Madrigal, étant le moteur de son entrée au Conseil des Indes, il conviendra de replacer cette famille dans son contexte professionnel et social (chapitre 1). Il s’agira également de revenir sur la place des infra-letrados dans la société d’honneur propre à la Castille moderne ou l’ascension sociale d’une bourgeoisie de petits officiers madrilènes. L’organisation des secrétariats du Conseil des Indes et les liens que le commis tissa avec ses collègues et ses supérieurs permettront de reconstituer son univers professionnel (chapitre 2). Dans le cadre de la monarchie composite et d’un empire transatlantique, le commis s’intègre dans des réseaux socioprofessionnels qui reposent sur le clientélisme et la loyauté à la Monarchie. La correspondance de Juan Díez de la Calle permet de restituer cet ensemble et de l’y situer (chapitre 3). Enfin, les fonctions du Conseil des Indes déterminent très fortement la manière dont Díez de la Calle appréhende l’espace américain. Sa spécialisation, les tâches qui lui sont dévolues et les priorités affichées resurgissent dans son labeur quotidien (chapitre 4).

Dans un deuxième temps, nous étudierons les différentes productions imprimées et manuscrites de Díez de la Calle, leur qualité et leur portée. Nous reviendrons sur le rôle des connaissances et de l’information au sein du Conseil des Indes ainsi que sur les motivations ou les instigateurs du projet du commis. En effet, celui-ci s’inscrit dans une dynamique portée par des personnages du Conseil qui entourent et stimulent ses ambitions (chapitre 5). Juan Díez de la Calle réunit au fil des ans une collection de papiers qui lui permit de rédiger ses Noticias Sacras y Reales. Sa participation officieuse au projet de

Teatro eclesiastico permet de comprendre ses centres d’intérêts, ses préoccupations et les

informations dont il a besoin. Ces questions placent le commis dans un tourbillon de papiers qui lui sont tantôt personnellement destinés et d’autre fois qu’il intercepte et réélabore (chapitre 6). Le commis tient à sa disposition un corpus d’ouvrages imprimés et manuscrits qui convergent vers le Conseil des Indes. Cette somme de savoirs livresques témoigne des orientations politico-religieuses et de l’idéologie impérialiste et providen- tialiste latente dans toute l’œuvre de Díez de la Calle. Les sources juridiques disponibles au Conseil des Indes sont également au cœur de l’élaboration de la connaissance adminis- trative des Noticias Sacras y Reales (chapitre 7).

Dans une dernière partie, l’analyse précise des écrits de Díez de la Calle nous amènera à restituer et à étudier la représentation de l’espace produite par le commis. Celui- ci privilégie des outils d’explication et d’expression comme la liste et semble peu sensible aux cartes. L’énumération et le recensement constituent sa manière de rendre compte de l’implantation espagnole aux Indes occidentales. Certains thèmes sont privilégiés au détriment d’autres parfois complètement éludés (chapitre 8). Cette manière et ces formes de représenter l’espace conduisent à une vision politique et sacrée des Indes occidentales conforme aux grands thèmes de l’idéologie hispanique. En plaçant l’Amérique au centre de la Monarchie catholique, Díez de la Calle réussit à détourner notre regard des déboires européens du Roi d’Espagne (chapitre 9).

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