• Aucun résultat trouvé

Divers personnages diplômés, hauts dignitaires de l’Église ou membres éminents d’audiences américaines entretiennent avec le commis madrilène une série d’échanges épistolaires. Le ton adopté est souvent cordial et des demandes transparaissent également. Celles-ci semblent davantage dirigées par des soucis de bon gouvernement que des intérêts

85 A.H.N., Diversos - Documentos de Indias, 27, N.10, f. 1 « Disculpa tengan detencion (pero no

desatencion) y ya que que aquellas [historias], no han hecho en mi haveria exterior, perdoneme Vuestra Merced el descuido con la que he padecido intrinseca »

86 A.G.I., Filipinas 9, R.3, N.43, 16/7/1664 – Lettre du gouverneur des Philippines destituant Andrés de

Medina Dávila du titre de capitaine du navire San José.

87 B.N.M., Ms 3023, f. 177 ; en 1662, don Martín de San Martín obtient le poste nouvellement créé de

contador général de tributos y Azogues, cf. BERTRAND Michel, Grandeur et misère de l’office. Les officiers

de finances de Nouvelle-Espagne XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, Publication de la Sorbonne, 1999, p. 58, note

n°39

personnels (une fois de plus la distinction entre fonction et personne est floue). En effet, Díez de la Calle est un intermédiaire qui permet de faire avancer les affaires à Madrid ou d’attirer l’attention des hauts responsables sur un problème ; il apparaît également comme destinataire de rapports très officiels.

Par ailleurs, la plupart de ces amis sont passés à Madrid avant de prendre leur poste. Dans ces moments, les hommes ont pu lier amitié et promettre de s’écrire pour garder un pied de chaque côté de l’Atlantique… Il existe pourtant des individus qui n’ont jamais fait le voyage en Espagne, preuve que Díez de la Calle réussit à créer des liens sans une connaissance de visu. C’est ici que l’on mesure la capacité du commis à profiter des réseaux professionnels.

Fray Damián López de Haro, évêque de Porto Rico

La lettre que don Damián envoie à Juan Díez de la Calle le 26 septembre 1644 est sans doute la plus connue. En effet, la relation fournit un tableau vivant et inédit de Porto Rico au XVIIe siècle et elle contient une poésie connue des Portoricains. Exhumée de la Bibliothèque Nationale à Madrid, elle a été publiée et citée à maintes reprises : tout récemment le philologue portoricain Pio Medrano en propose une nouvelle édition et une intéressante introduction89.

Don Damián est né en 1581 à Tolède, il revêt l’habit des trinitaires à 17 ans et poursuit des études de théologie à Salamanque. À partir de là, son curriculum s’allonge : prédicateur général de Castille, ministre de plusieurs couvents (dont celui de Madrid), fondateur de la Congrégation du Santísimo Cristo de la Fe, prédicateur de Philippe IV, etc. Le 24 janvier 1642, alors qu’il est ministre provincial de son ordre pour la Castille, la Navarre et le León, il est présenté par le Conseil des Indes pour l’évêché de Porto Rico qu’il obtient. Après la procédure habituelle avec le Vatican, il est consacré à Madrid dans son couvent le 14 février 1644. Il embarque le 22 avril à Cadix et arrive le 13 juin à Porto Rico. Très rapidement il organise un synode dont les constitutions sont publiées90. Il entame une visite de son diocèse durant laquelle il meurt de la peste le 24 août 1648.

Le philologue portoricain décrit et découpe la lettre en trois parties : la lettre proprement dite, la relation et une liste des ecclésiastiques. La lettre est brève et

89 LÓPEZ DE HARO Damián& MEDRANO HERRERO Pio (éd.), Carta-relación a Juan Díez de la Calle, San

Juan de Puerto Rico, Universidad Interamericana, 2005.

comprend : le nom du destinataire, l’invocation religieuse, le corps d’une douzaine de lignes, le lieu et la date, la formule d’adieu et la signature.

« Ave Maria. Par la relation qui vient avec celle-là, vous serez instruit non de mon voyage mais de tout ce qui se passe sur cette Ile où, grâce à Dieu, nous sommes arrivés et nous séjournons en bonne santé, pauvres mais contents. Et s’il vous plaît de la voir, le Seigneur Secrétaire vous la lira. J’ai découvert par ici que vous aviez partout des amis comme quelqu’un qui s’est toujours employé à faire le bien. Le seigneur Esteban vous adressera mes travaux et mes demandes, je vous supplie de me faire la faveur de le guider et de les mettre à exécution comme à l’accoutumée, car le moment viendra où je pourrai vous témoigner ma reconnaissance mais ici, pour le moment, je me trouve dans un état bien misérable comme vous le verrez dans mes mémoires. Mon navire part très vite et je ne sais s’il arrivera en Espagne, j’écrirai plus longuement dans une autre [lettre]. Que Dieu vous garde avec le bonheur que je souhaite éternel. Porto Rico 27 Septembre de 1644. Frère Damian évêque de Porto Rico, votre ami et chapelain. »91

Plusieurs éléments sont frappants et indiquent tous une forme d’amitié entre les deux personnages. Premièrement, ils entretiennent une correspondance assez régulière. Frère Damián évoque une future lettre et au début de la relation qui suit il indique qu’il a écrit depuis Cadix au moment de son embarquement. Le religieux ayant vécu à Madrid où il avait un rôle important à la cour, les deux hommes se connaissaient.

Deuxièmement, l’évêque demande à Díez de la Calle de lui rendre service (favor) en assistant son représentant don Sebastián. L’identité de ce dernier est incertaine : s’agit-il de l’agente de negocios de l’évêque à la cour ou de don Esteban de Perola Espino, receveur de l’original des Constitutions synodales de fray Damián imprimées à Madrid en 164692 ? Surtout Díez de la Calle doit dépêcher « ses travaux et ses demandes comme à l’accoutumée ». Ces démarches devraient être dédommagées par de futurs « remer- ciements » dont la nature est éludée. Le commis est donc chargé de présenter et de favoriser l’avancement des affaires de l’évêque au Conseil des Indes. Voilà des liens qui dénotent une attitude d’« échange de bons services » sans forme de soumission.

91 B.N.M., Ms 3047, f. 1, « Ave Maria. Por la relacion que ira con esta sabra V[uestra] m[erced] no sobre

mi viaje sino de quanto pasa en esta Isla donde a Dios gracias llegamos y quedamos con salud y alegremente pobres y si gustare de berla el Señor Secret[ari]o se la leera a V[uestra] m[erced] lo que yo he hallado por aca es que en todas partes tiene V[uestra] m[erced] amigos como quien siempre se a ocupado en hacer bien el Señor D.Esteban comunicara con V[uestra] m[erced] mis trabajos y demandas suplicole me haga favor de guiarle y despacharlas como acostumbra que t[iem]po vendra en que yo pueda mostrar mi agradecimiento y aqui por aora este tan miserable como V[uestra] m[erced] bera por mis memoriales esta Nao parte muy deprisa y no se si llegara a España con otra escribire mas despacio. Guarde Dios a V[uestra] m[erced] con las feliçidades que deseo ett[ern]as. Puerto Rico Septiembre 27 de 1644. Amigo y capellan de V[uestra] m[erced]. Fray Damian obispo de Puerto Rico »

Enfin, intéressante remarque de l’évêque lorsqu’il s’étonne que « par ici Votre grâce a partout des amis ». Encore une formule d’usage et de politesse dont on a du mal à évaluer la portée En 1644. Juan Díez de la Calle n’a encore rien publié, il est second commis du secrétariat de Nouvelle Espagne. Il semble néanmoins bénéficier d’une certaine notoriété à Porto Rico comme en témoignent ses liens avec les évêques successifs.

Don Fernando Lobo de Castrillo : un lecteur averti du Teatro eclesiástico

Le successeur de López de Haro, don Fernando Lobo de Castrillo signe une lettre à l’attention de Juan Díez de la Calle le 16 juillet 1651 depuis l’île de la Margarita93 (Annexe 13). Né à Navarrete, diocèse de Calahorra, il revêt l’habit de carmélite à Medina del Campo puis étudie à Salamanque et apparaît comme prieur à Madrid. Son frère, don Francisco de Lobo de Castrillo, est secrétaire du roi au Conseil d’Italie et chevalier de l’ordre de Santiago94. Don Fernando en retire quelques avantages puisqu’il est proposé pour des postes d’évêques de Nouvelle Ségovie, du Honduras et obtient finalement celui de San Juan de Porto Rico le 23 avril 1649. Il embarque en avril 1650 avec un contingent de religieux capucins (dernier ordre religieux à venir en Amérique) et pour objectif la conversion de l’île de Grenade puis de la région de Cumaná ; il initie la traduction des prières chrétiennes en langue piritu. L’énergie qu’il met à rencontrer et à convertir les indigènes est indiscutable : il meurt le 18 octobre 1651 à l’âge de 63 ans.95

Dans sa lettre, il raconte son arrivée, sa consécration à Caracas et une première visite de son diocèse qui comprend une partie de l’actuel Venezuela et des confettis d’îles. Suit une description assez longue et très intéressante des « annexes de l’évêché de Porto Rico »96. Ces informations sont utilisées par Juan Díez de la Calle dans ses Noticias Sacras

y Reales et la lettre se réfère souvent au Teatro eclesiástico de Gil González Davila pour le

corriger : « Je suis passé à l’île de la Margarita, je l’ai visitée mais je n’y ai pas trouvé les merveilles que notre ami le seigneur Gil Gonzalez décrit dans son histoire qu’il intitule

teatro eclesiastico »97. L’auteur de la lettre considère comme allant de soit les relations

entre le commis et le chroniqueur des Indes, il fait même passer des messages : « Si le Seigneur Gonzalez souhaite ajouter à son histoire, je lui dirai plus tard mes Pères, terres et

93 B.N.M., Ms 3000, f. 242-250.

94 A.H.N., OM - Caballeros de Santiago, exp.4515, 1624

95 VELASCO BAYÓN Balbino, « Obispos carmelitas en América », in Boletín de la Real Academia de la

Historia, tomo CXCV– cuaderno III, Madrid, septembre-décembre 1998, p. 429-430

96 B.N.M., Ms 3000, f. 242-249, « lo que tiene los anexos a el obispado de Puertorico »

97 Ibid., f. 250r., « Pase a la Isla Marg[ari]ta, visitela pero no alle en ella las excelencias que n[uest]ro

postes dans la Religion quatre livres que j’ai composés et d’autres études. »98 La répétition du « notre ami le seigneur Gonzalez » est à noter.

Don Fernando est un personnage élevé dans la hiérarchie ecclésiastique, il emploie néanmoins avec Juan Díez de la Calle un langage direct et franc : « Mon Seigneur, ayant une telle foi dans vos faveurs, je les prends comme motif pour vous importuner avec mes lettres et vous rapporter ce que j’ai vu par ici avec des détails aussi nombreux qu’intéressants »99. En effet, don Fernando se plaint tout au long de la lettre de la misère temporelle et spirituelle de son diocèse : « ces îles ne sont pas les Indes mais des déserts avec des bêtes sauvages »100. Il a envoyé le rapport de sa visite au Conseil des Indes mais insiste pour que Díez de la Calle fasse prendre conscience à son administration de la pauvreté et du manque de moyens dont il dispose : « Jusqu’à maintenant tout n’a été que misères et dépenses du peu que l’on a amené, si Dieu nous donnait quelque chose nous serions toujours reconnaissant pour vos faveurs (…) »101. La nature de ce « quelque

chose » reste mystérieuse : une faveur royale sous forme d’argent pour lui ou pour son diocèse ; le passage aux Indes de nouveaux religieux ? Quoi qu’il en soit, il estime Díez de la Calle en capacité de faire avancer ses affaires de la même façon que Damián López de Haro.

Francisco de Cárdenas y Valencia : un curé du Yucatan expert en « papeles »

Un troisième clerc correspond avec Díez de la Calle mais appartient à un genre différent d’interlocuteur. En effet, la lettre de Francisco de Cardenas y Valencia nous conduit directement dans les processus de recueil d’informations mis en place par le Conseil des Indes. Descendant de conquistadores, Cárdenas y Valencia a fait ses études au Collège jésuite de Mérida où il se spécialise dans la théologie scolastique et morale. Il est prédicateur polyglotte pour les Espagnols et pour les Indiens dans la province du Yucatán. Il navigue entre différents bénéfices de cette région, notamment dans la paroisse de Yaxcabá, mais il ne s’est jamais rendu en Espagne102. Personnage bien moins prestigieux

que les précédents, il n’en est pas moins l’auteur d’une Relación historial eclesiástica de la

prouinzia de Yucatan de la Nueua España datée du 15 février 1639 qui est la réponse à la

98 Ibid., « Si el S[eño]r Gil Gonzalez quisiese añadir a su hist[ori]a yo le dije alla mis P[adre]s, tierra, y

puestos en la Religion 4 libros que tengo compuestos y otros estudios. »

99 Ibid., « S[eñor] mio, comofio tanto de los favores de V[uestra] m[erce]d me cobro dellos motivo para

cansarle con mis cartas y a sus muchas noticias y curiosidad manifestar lo que para aca e visto ».

100 Ibid., « estas islas no son Indias sino desiertos con fieras (...) la miseria de esta tierra es suma ».

101 Ibid., « Asta aora todo a sido miserias y gastar lo poquito que se trajo, si dios nos diere algo siempre me

mostrare agradecido a los favores de V[uestra] m[erce]d ».

102 A.G.I., México, 238, N.7, Informaciones de oficio y parte: Francisco de Cárdenas Valencia, licenciado,

cédule royale de 1635 demandant des informations pour la rédaction d’un théâtre ecclésiastique.

Juan Díez de la Calle fut le destinataire de ce manuscrit envoyé en février 1643103. Il a ajouté deux folios dans lesquelles il dresse une table des matières et indique que « ce pli [lui] a été donné par le seigneur don Juan Grao avec une lettre le 10 novembre 1643 car elle [lui] était adressée et pour en avoir fait plusieurs fois la demande. »104 Le messager est- il Juan Grau y Monfalcón, le procurador de Manille dans ces années-là ?

Cárdenas y Valencia termine sa Relation par un bref message adressé à Juan Díez de la Calle dans un style très convenu et administratif, déplorant « le manque de personnes expertes en papiers, absentes de ces villages et déserts dans lesquels [il] vit. »105 Fort des informations contenues dans la Relation du bachiller Francisco, le commis le cite dans ses

Noticias de 1659106 ; Gil González Dávila fait de même dans son Teatro eclesiástico107. En 1644, une relation de mérites de Cardenas y Valencia est rédigée, d’après l’écriture, par Juan Díez de la Calle.108

En 1643, pourquoi ce vicaire remet-il à un oficial segundo, ce rapport destiné au chroniqueur des Indes ? Il s’agit précisément de l’année de nomination de Gil Gónzalez Dávila à ce poste (alors vacant depuis plus de trois ans). Díez de la Calle a peut-être joué le rôle d’intérimaire dans le recueil des informations envoyées des Indes pour le Théâtre

ecclésiastique. C’est ce statut officieux qui lui aurait valu une certaine reconnaissance

auprès de personnages d’un rang supérieur et qui lui aurait permis de mettre en place un réseau d’informateurs.

103 British library, Ms, Eg. 1791, « RELAÇION historial eclesiastica de la prouinzia de Yucatan de la Nueua

España, que se hiço en ella en virtud de zedula Real del año de 1635, por el bachiller. Francisco de Cardenas i Valençia, clerigo della, para embiar al Consejo de su Magestad para la historia eclesiastica della. La qual me remitio el mismo y la reçiui en 10 de Nouiembre de 1643. Juan Díez de la Calle. » Publiée

dans CARDENAS Y VALENCIA Francisco, Relación historial eclesiastica de la provincia de Yucatán de la

Nueva España de 1639, Notas de Federico Gómez de Orozco, México, 1937.

104 CARDENAS Y VALENCIA, op. cit., p. VII, « Diome este Pliego El Sr. Don Juan grao Con Carta en 10 de

Noviembre de 1643 Por bénir Intitulado a mi y aversela yo enuiado a pedir Repetidamente. »

105 Ibid., p. 126, « la falta de personas entendidas en papeles, que no las hay en estos pueblos y destierros

donde vivimos. »

106 B.N.M., Ms 3023, f. 257v. « par la relation qu’écrivit et envoya, en vertu de la cédule royale du 31

décembre 1635 le licenciado Francisco de Cardenas y Valencia, curé d’une contrée l’année 1643 laquelle est très remarquable et intéressante. » ; « por la relación que escrivio y remitio en virtud de cedula Real de 31 de

Diciembre de 1635 el licenciado francisco de Cardenas y Valencia, cura de un partido de ella en el año de 1643 que es muy cumplida y curiossa. »

107 GONZÁLEZ DÁVILA Gil, Teatro eclesiástico de la primitiva Iglesia de las Indias Occidentales, vidas de sus

arzobispos y obispos, y cosas memorables de sus sedes, t.1, León, Universidad, 2004 [1649], p. 393

108 A.H.N., Diversos - Documentos de Indias, 26, N.88, Hoja de méritos y servicios del bachiller D.

Francisco de Cárdenas Valencia, beneficiado y vicario del partido de Yaxacaua, en la provincia de Yucatán.

Don Francisco de Samaniego : les déboires d’un fiscal aux confins de l’empire

Jean-Pierre Berthe a publié et introduit la lettre que le docteur don Francisco de Samaniego envoya à Juan Díez de la Calle le 27 juillet 1650 depuis Manille109. Comme

pour beaucoup des plis reçus par Juan Díez de la Calle, l’expéditeur rédige deux parties distinctes : une première partie « personnelle », où il s’adresse directement à Juan Díez de la Calle et expose ses problèmes et ses demandes ; puis, une seconde partie « impersonnelle » consistant en une description ou une liste à caractère informatif. Don Francisco de Samaniego raconte son voyage entre Mexico et Manille pour prendre ses fonctions de procureur de l’audiencia philippine et il évoque aussi le dénuement dans lequel il se trouve. A ce récit est joint un « index de toutes les îles comprises dans le nom Philippines »110.

Résumons ce que Jean-Pierre Berthe a découvert sur le personnage de don Francisco de Samaniego. Né le 21 décembre 1598, d’une famille noble de Caicedo (province d’Alava), il obtient les diplômes de licence en lois et doctorat en droit canon à l’Université de Salamanque, puis au Colegio mayor de l’Université d’Osuna. Ces études sont rendues possibles grâce à la protection de deux parents bien placés111. De 1629 à 1643, don Francisco exerce la fonction plutôt modeste de relator de la chambre criminelle de l’audiencia de Mexico. Décidé à améliorer son sort, il s’embarque pour l’Espagne et y séjourne d’août 1643 à avril 1645. A la cour, il met en avant la qualité de ses écrits : il est en effet l’auteur d’un traité d’histoire romaine intitulé El Primipilo, su origen,

significación, ocupación y privilegios (Mexico, 1640) et de chants funéraires en latin. Son

activité littéraire ne laisse pas indifférents ses contemporains : Juan de Solórzano Pereira le mentionne dans sa Política Indiana ; il établit des liens avec Juan de Palafox et don Juan de Mañosca (archevêque de Mexico à partir de 1645), et maintient une correspondance avec don Lorenzo Ramírez de Prado (1583-1658) conseiller des Indes (jusqu’en 1642) puis conseiller de Castille. Ses démarches portent leurs fruits puisqu’après avoir été proposé plusieurs fois comme fiscal de l’audiencia de Manille, il obtient finalement le poste le 22 septembre 1645112.

109 BERTHE Jean-Pierre, « Las Islas Filipinas ‘Tercer mundo’, según don Francisco de Samaniego (1650) », in

Estudios de Historia de la Nueva España : de Sevilla a Manila, Guadalajara, 1994, p. 297-318. La lettre se

trouve à l’A.H.N., Diversos - Documentos de Indias, N. 365

110 Ibid., « índice de todas las islas que se comprehenden en el nombre Philipinas »

111 Le licenciado Juan de Samaniego, conseiller de Castille et le docteur Pedro Hurtado de Gaviria, membre

du Conseil de l’Inquisition.

112 A.G.I., Filipinas, 2, N.64, Consulte de la Camára de Indias du 3/12/1644 « Personas para la plaça de

Lors de son séjour à Madrid et pour ses sollicitations, don Francisco s’est nécessairement rendu au Conseil des Indes : pour se faire voir, pour dresser et remettre sa relation de mérites, pour rencontrer ses connaissances. Le contact entre les deux hommes est avéré puisque don Francisco évoque explicitement une requête de Díez de la Calle : « Pour accomplir ce que votre grâce m’a mandé, j’ai tenté de recueillir quelques informations... »113 Une correspondance régulière témoigne des liens solides qui les unissent114.

Son voyage fut chaotique comme il le rapporte et tel que le reconstitue avec

Outline

Documents relatifs