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Le commis et le rapporteur

« Monsieur, si les fleuves vont à la mer comment pourrais-je décemment éviter cette demande ? Elle va se jeter dans l’océan de votre savoir, pour que vous daigniez la prendre brièvement en compte et que vous m’informiez de votre sentiment. »62

Message de Juan Díez de la Calle à Antonio de León Pinelo En ces termes, Juan Díez de la Calle s’adresse au licenciado Antonio de León Pinelo (1596-1660), relator du Conseil puis rapidement chroniqueur des Indes (1658-1660), dans une lettre datant des années 1640. Il lui demande tout d’abord la date de fondation et les armes des évêchés américains, ainsi que les livres dans lesquels trouver ces informations « para acabar la obra ». Il évoque ensuite une affaire que lui a confiée le secrétaire à propos de la veuve d’un commis de Santo Domingo. Enfin, le relator répond par une liste intitulée : « les métropolitaines et les cathédrales qui ont des blasons »63 ; cette dernière est annotée par Juan Díez de la Calle et par une autre main.

Quels liens existent-ils entre le commis et le rapporteur ? D’un point de vue administratif, les secrétariats du Pérou et de Nouvelle-Espagne ont compétence dans le domaine judiciaire du Conseil comme l’indique le règlement intérieur64. Il n’est donc guère étonnant que Díez de la Calle s’adresse à León Pinelo : le premier a été chargé de réunir « les papiers et les lettres » pour « réaliser une consulte » (formar una consulta) sur une affaire judiciaire – sans doute, un litige concernant la veuve d’un commis royal et l’héritage qu’elle attend – il s’adresse logiquement au rapporteur en charge.

Toutefois, le commis aborde en priorité la question des évêchés américains. León Pinelo est connu pour être un expert de tout ce qui est relatif au droit et à l’organisation administrative et religieuse des Indes occidentales. Pour avoir effectué un long séjour aux Indes occidentales, bien qu’étant né à Madrid, il a l’avantage certain d’avoir vécu les réalités américaines. Entre 1612 et 1621, il étudie et occupe diverses charges entre Lima, Charcas, Potosí et Tucuman65. À cette époque, il commence à s’intéresser à la rédaction de

62 A.H.N., Diversos – Documentos de Indias, 27, N. 3, « S[eñor] mío, si los Ríos van al mar como podré yo

decentem[en]te escusar esta delig[enci]a, va ese verten al océano de su ciencia de V[uestra] M[erced], p[ar]a q[ue] sirviéndose de beer le prisa y me avise su sentir »/

63 Ibid., « las metropolitanas y catedrales que vienen escudos de armas por el Consejo ».

64 Rec., L.II, T.VI, loi IX « que hayan de hacer las consultas de justicia, que en los casos que las haya de

haber, se les daran por los jueces los puntos que se hubieren acordado para que las hagan ».

65 LEÓN PINELO Antonio, El Gran Canciller de las Indias, estudio preliminar de Guillermo Lohmann Villena,

la Recopilación de Leyes de Indias dont il est le co-auteur. Les fonctionnaires du Conseil des Indes lui sont également redevables pour son Tratado de Confirmaciones Reales de

Encomiendas y Oficios (Madrid, 1630) qui consacre les deux ans que León Pinelo passa

dans les registres cédulaires du Conseil des Indes. Ces derniers se situent précisément dans les secrétariats : « je vis, lus et passai en revue tous les livres royaux du Conseil qui sont conservés dans ces deux Secrétariats » affirme León Pinelo66. L’expert fréquente donc assidûment, surtout entre 1624 et 1626 les secrétariats où il rencontre les commis. Juan Díez de la Calle et son beau-père sont alors présents.

Son œuvre la plus connue, intitulée Epitome de la Biblioteca Oriental y Occidental,

náutica y Geográfica (Madrid, 1629), recense tous les ouvrages sur les Nouveaux Mondes

(Amérique et Asie). Elle est à la hauteur de la bibliothèque personnelle et des connais- sances de León Pinelo : « abondante bibliothèque dans laquelle se trouve, sinon tous les auteurs qui ont écrit sur les Indes, du moins la plupart d’entre eux, que beaucoup de soins, et non moins de dépenses, ont pu réunir. »67 En cas de doute sur de telles questions, Juan

Díez de la Calle n’est pas le seul à se tourner vers cet expert. Les Archives des Indes et les manuscrits de la Bibliothèque Nationale de Madrid recèlent d’une multitude de rapports et de relations rédigés par le relator.

Dans sa lettre à León Pinelo, l’auteur affirme que l’information servira à « la obra » ; il ne s’agit pas d’une affaire courante. Quelle est cette œuvre ? Le Memorial informatorio de 1645, les Noticias de 1646, l’ouvrage inachevé de Díez de la Calle de 1659 ? León Pinelo a connaissance de ce travail puisque Díez de la Calle ne précise pas de quoi il retourne. On sait que Díez de la Calle avait le projet de publier les gravures avec les armes des villes et des évêchés dans son ultime ouvrage68. Mais un autre opus recueille ce genre d’images : le Teatro eclesiástico de la primitiva iglesia de las Indias occidentales de Gil González Dávila, publié en deux tomes (1649 et 1655).

Pour Juan Díez de la Calle, León Pinelo est une référence voire un modèle. Le début de sa lettre très élogieuse – où chacun est mis à son rang dans le domaine du savoir (ciencia) – n’est pas qu’une simple formule de politesse : le commis s’efforce d’employer une belle métaphore (les fleuves qui se jettent dans l’océan de science) à la hauteur du

66 Cité dans MANZANO MANZANO Juan, Historia de las Recopilaciones de Indias, Madrid, 1991, t.2, p. 105

« vi, leí y pasé todos los libros reales del Consejo que se guardan en sus dos Secretarias ».

67 Cité dans MILLARES CARLO Agustín, Tres estudios biobibliográficos, Maracaibo, 1961, p. 94 « copiosa

biblioteca en que se hallan, si no todos los autores que de las Indias han escrito, los más que mucha diligencia i no poco gasto pudo juntar. »

68 Voir par exemple un manuscrit de Díez de la Calle où sont collés les blasons des villes : B.N.M., MS 2734,

personnage. Faut-il voir ici une certaine sincérité et pas seulement de plates flagorneries ? En d’autres occasions, Juan Díez de la Calle rappelle la grandeur des travaux de León Pinelo. En effet, dans le Memorial informatorio, le commis affirme avoir utilisé « une relation ajustée des offices des Indes, que le Licenciado Antonio de León, Rapporteur de ce Conseil Royal fit en 1631, (...) et son livre de confirmaciones Reales, très nécessaire aux Secrétariats pour ses importantes informations, excellent style et grand nombre de cédules qu’il cite. »69 Cette relation ajustée des offices des Indes est conservée manuscrite à la Bibliothèque Nationale de Madrid dans les liasses réunies par Juan Díez de la Calle, elle est le prototype de l’œuvre du commis70. Le bref traité « Quel âge et quels grades doivent avoir ceux qui se présentent aux dignités et prébendes des Indes »71 est publié par Díez de la Calle dans son Memorial y Noticias72. Enfin, le commis était sur le point de publier dans ses Noticias Sacras y Reales un autre manuscrit important de León Pinelo datant de 1644 sur les compétences respectives du Conseil et de sa Cámara73.

Tous ces éléments montrent des liens hiérarchiques entre les deux hommes. Díez de la Calle est admiratif de cet érudit avec lequel il a pu tisser des liens lors des séjours de León dans les secrétariats. Ils ont une passion commune pour les papeles et le classement des cédulaires qu’ils fréquentent assidûment. Díez a en sa possession une série de traités et de relations, copies ou originaux, de León Pinelo. Dans son message Díez est particuliè- rement respectueux et flatteur. Nous ne disposons pas de plus d’indices (des faveurs ou des sollicitations) pour établir un lien de patronage dans ce binôme.

Le commis et le chroniqueur

Lorsqu’il entre au Conseil des Indes en 1643 comme chroniqueur, Gil González Dávila (1570-1658) est âgé. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et particulièrement de divers Théâtres ecclésiastiques, genre hagiographique énumérant les vies des évêques d’un royaume ou d’une ville. González Dávila est alors le spécialiste des Teatros et il est encore occupé par la rédaction de celui de Castille.

De 1607 à 1615, chanoine du chapitre de la cathédrale de Salamanque, Gil González Dávila en est l’archiviste et rédige diverses notices et catalogues « des hommes et

69 DÍEZ DE LA CALLE, op.cit., 1645, f. IV 70 B.N.M., Ms 3048, f. 101-162

71 Ibid., f. 180-181

72 DÍEZ DE LA CALLE, op. cit., 1646, à la fin, page non numéroté. Díez envisageait de le publier une seconde

fois dans ses Noticias, cf. B.N.M., Ms 3024, f. 341-344

prébendiers illustres de la Sainte Église »74. Dès 1604, il travaille à un Teatro de las

Iglesias de España et, en 1617, il est nommé chroniqueur des royaumes de Castille.

Pendant vingt ans, il s’attèle à cette énorme tâche. Il publie trois tomes entre 1644 et 1647, et un quatrième, posthume, en 1700. Il est surtout connu de ses contemporains pour une œuvre qui glorifie Madrid comme capitale de l’empire, en décrivant notamment la Maison royale et les « conseils que la Majesté catholique détient à la Cour de Madrid ». Lope de Vega dans El Laurel de Apolo encense l’auteur du Teatro de las Grandezas de Madrid (1623) comme l’un des « historiens uniques et rares » de la ville qui a fait la réputation de Madrid dans le monde entier75.

En 1643, le Conseil des Indes présente sept noms pour la nomination au poste vacant de chroniqueur, mais le roi s’insurge de l’absence de Gil González Dávila et le désigne finalement76. Cependant, don Gil n’a pas de connaissances spécifiques des Indes occiden-

tales et il ne réside pas toujours à la cour. Il a obtenu ce poste car depuis deux décennies Philippe IV attend la parution d’un Théâtre ecclésiastique des Indes occidentales. Com- mencée par les chroniqueurs précédents, cette œuvre fastidieuse reste inachevée malgré d’importants moyens mis à disposition (notamment des questionnaires envoyés aux autorités américaines).

Le chroniqueur ne fait pas partie des officiers qui circulent dans les bureaux ou que l’on voit passer lors des séances du Conseil. Néanmoins, il est certain que l’historiographe et le commis du secrétariat de Nouvelle-Espagne se connaissent, ont des amis communs et qu’ils travaillent ensemble. Dans le Teatro eclesiástico de 1649 traitant de l’histoire de l’Église dans la vice-royauté de Nouvelle Espagne, González Dávila fait plusieurs fois référence à Díez de la Calle :

« Cet évêché [du Venezuela] comprend, en plus des villages, douze villes, dont le nom est donné par le très intéressant personnage Iuan Díaz de la Calle, premier commis du secrétariat de la Nouvelle Espagne, du Conseil Royal des Indes, Chambre et Junte, dans le livre qu’il a imprimé sous le titre de Memorial

informatorio de las cosas en lo espiritual y temporal (...) » 77

74 MILLARES CARLO, op.cit., p. 120, « de los varones y prebendarios ilustres que había habido en la Santa

Iglesia ».

75 BARRIOS, op. cit., 1988, p. 24-25 76 Ibid., p. 130-131

77 GÓNZALEZ DÁVILA Gil, Teatro eclesiástico de la primitiva iglesia de las Indias occidentales, t.I,

Universidad de León/ Junta de Castilla y León, León, 2004, p. 549 « Este obispado [de Venezuela], demás de

las poblaciones que comprehende, tiene doze ciudades, que las da sus nombres el muy curioso varón Iuan Díaz de la Calle, oficial mayor de la secretaría de la Nueua España, del Real Consejo de las Indias, Cámara

« El muy curioso varón » est un compliment très flatteur dans les termes de l’époque, d’autant plus venant d’un historiographe reconnu. Dans le Tesoro de Covarrubias (1611), le curioso est « celui qui traite d’une chose avec une application et un soin particuliers »78. Le varón du Tesoro « vaut homme de jugement, raison et discours et de bonne conscience »79. De plus, Gil González Dávila cite l’œuvre du commis mais le titre est inexact : c’est un mélange du Memorial de 1645 et des Noticias de 1646. L’auteur du

Teatro n’est pas à une approximation près, son œuvre étant truffée d’inexactitudes80. Celles-ci ne sont pas toutes involontaires et servent le genre hagiographique du Teatro. Ainsi, Juan Díez de la Calle se voit attribuer le titre de descendant de Bernal Díaz del Castillo :

« Bernal Díez (sic) del Castillo, un des premiers conquistadores de Nouvelle Espagne, fut citoyen et échevin de cette ville. Il a écrit une Histoire véridique de ce qui s’est passé dans cette partie du monde à cette époque. Iuan Díez de la calle, grand commis du secrétariat de la Nouvelle Espagne et son parent, lui a adressé l’épitaphe suivante (...) »81

En effet, le commis du Conseil des Indes apparaît deux fois comme l’auteur d’épitaphes. L’une pour le fameux chroniqueur Bernal Díaz del Castillo et l’autre pour Pedro Alvarado, premier gouverneur du Guatemala82.

Enfin, Juan Díez de la Calle fait partie de ceux qui ont octroyé la licence de publication au Teatro83. Il est donc particulièrement au courant de l’actualité éditoriale du

chroniqueur des Indes : dans le Memorial de 1646, Díez affirme avoir consulté l’« Histoire

y Iunta dellas ; en el libro que imprimió, con título de Memorial informatorio de las cosas en lo espiritual y temporal (...) ».

78 Cov. « El que trata alguna cosa con particular cuidado y diligencia » et dans le Diccionario de

Autoridades : « el que trata las cosas con diligencia, o el que se desvela en escudriñar las que son mui ocultas y reservadas ».

79 Cov. « vale hombre de juicio, razón y discurso, y de buena conciencia, como en los casos que se remite la

declaración dellos a juicio de buen varón. »

80 « La vejez y los achaques son sin duda limitaciones a tener en cuenta, pero su escaso rigor científico ya se

había hecho patente en obras de juventud y madurez (...) » , GÓNZALEZ DÁVILA, op. cit., 2004, introducion p. 49

81 Ibid., p. 352 « Desta ciudad fue vezino y regidor Bernal Díez del Castillo, de los primeros conquistadores

de la Nueva-España. Esciuió vna Verdadera Historia de los sucedido en aquel orbe en su tiempo. Iuan Díez de la calle, oficial mayor en la secretaría de la Nueva-España y pariente suyo, le puso el epitafio siguiente (...). »

82 Ibid., p. 286, « Ivan Díaz de la Calle, oficial mayor de la secretaría de Nueua-España, lé dedicó un

epitafio (...). »

83 Ibid., p. 65 « Por mandado del señor vicario de la villa de Madrid y su partido, he visto el primer tomo del

Teatro eclesiástico de la primitiva iglesia de la Nueva España de las Indias, escrito por el maestro Gil Gonçález Dávila, coronista mayor de las Indias y de los reynos de las dos Castillas. Puedesele dar licencia que pide para que se dé a la estampa. Madrid y iunio, 4 de 1648. »

écrite dans un style agréable et religieux »84 de González Dávila. Pour les derniers éditeurs scientifiques du Teatro, le chroniqueur avait accès au secrétariat de Nouvelle Espagne et Juan Díez de la Calle fut l’un de ses interlocuteurs. De même, beaucoup d’informations du

Teatro sont tirées des Noticias sacras y reales de 164685.

Cette collaboration est visible dans les documents réunis par Díez de la Calle. En effet, on retrouve ça et là l’écriture très caractéristique de González Dávila lequel demande des informations sur un personnage :

« Sieur Juan Diaz. Le Sieur Comte Olivares est mort l’an 1645, son fils l’an 1645, Madame la Comtesse l’an 1647, le Neveu en l’An 1648 avec la fille, dont le mariage était arrangé et qui est morte hier 29 février. Je vous rends le livre qui m’a donné 4 (sic) très bonnes choses. J’attendrai celui qui suit. »86

De plus, Díez de la Calle a en sa possession divers documents destinés au chroniqueur concernant le Théâtre ecclésiastique : notamment, une relation envoyée par l’évêque du Michoacán, frère Marcos Ramírez de Prado87, et diverses réponses aux questionnaires envoyées aux autorités américaines en 1635 et en 164888. Dans ses Noticias

Sacras y Reales, le commis affirme avoir lu une relation imprimée qui se trouve « entre les

mains du Maître Gil González Dávila »89. Toujours dans ce registre, Juan Díez de la Calle avait pour intention de publier une Hierarchia eclesiastica de los dos Imperios del Peru La

Nueva españa e islas adjacentes en las indias occidentales en 1648, dont il reste un

manuscrit à la Biblioteca del Palacio Real de Madrid. Dans sa dédicace au Pape Innocent X, il évoque la ressemblance avec le travail de González Dávila :

« (...) je dépose très humblement aux pieds de votre sainteté cette brève notice pour qu’elle en soit très promptement informée de cela, en attendant que l’érudit et ingénieux sieur maître Gil Gonzalez Davila, grand chroniqueur des Indes et des

84 DÍEZ DE LA CALLE, op. cit., 1646, f. 6 et p. 7 du Memorial placé à la fin 85 Ibid., p 42 et 48-49

86 B.N.M., Ms 3046, f. 28 « S[eñor] Juan Diaz. El s[eñor] Conde Olivares murio en el Año 1645, su hijo en

el Año 1645, la s[eñora] Condesa en el Año 1647, el Nieto en el Año 1648 con la niña que estava concertado de casar murio ayer 29 de febrero. Buelue el libro que me a dado 4 cosas muy buenas. Esperare el que se sigue. »

87 B.N.M., Ms 3048, f. 75 88 Ibid., f. 88

royaumes de Castille, sorte au grand jour le volume accompli des vies de ces prélats dont il a écrit une grande partie (...) »90.

Les liens entre les deux personnages semblent dépasser l’intérêt commun pour l’histoire ecclésiastique et l’appartenance à la même institution. En effet, dans une lettre du docteur Francisco Sarmiento de Mendoza, oidor à Lima, adressée à Juan Díez de la Calle et datée du 15 septembre 1651, il est dit :

« J’ai écrit au Sieur Maître Gil Gonçalez de Avila mon ami dont vous ne me dites rien et je n’ai pas eu de réponse de lui ce qui me cause bien du souci et, comme il avance en âge, je crains sa perte. Embrassez-le de ma part et dites-lui combien je garde présent à l’esprit les faveurs qu’il m’a faites et veuillez me tenir informé en toute chose »91.

Plusieurs autres correspondants de Juan Díez de la Calle évoquent des liens entre les deux hommes. Le réseau social du commis recoupe donc en partie celui du chroniqueur.

Ainsi, le petit commis du secrétariat arrive à mobiliser autour de son œuvre un personnage aussi reconnu qu’Antonio de León Pinelo. L’influence de ce dernier dans le domaine de la connaissance du Nouveau Monde est alors énorme. Díez de la Calle n’y échappe pas et, au contraire, établit des liens, certes ponctuels, avec l’expert.

Les connaissances de Juan Díez de la Calle sont également reconnues et lui permettent de devenir l’assistant officieux du chroniqueur González Dávila, perdu dans le dédale de l’organisation ecclésiastique américaine. En effet, la première tâche d’un nouveau chroniqueur est de parcourir les archives des secrétariats. Qui mieux que Díez de la Calle pouvait l’aider ? León Pinelo qui avait été écarté du poste de chroniqueur au profit de González Dávila ? Par ailleurs, à plusieurs reprises, la correspondance de Díez de la Calle apporte la preuve d’amitiés communes avec le vieux chroniqueur. Vers la fin des années 1640, le commis est en effet un homme expérimenté, fin connaisseur de la hiérarchie ecclésiastique américaine, qui peut se vanter de connaître beaucoup de monde :

90 B.P.R., II/2061, « en esta breve noticia que humildisimamente ofrezco a los pies de vuestra santitad para

que en breve rato sea informado dello en el interin que el erudito i virtuoso varon maestro Gil Gonzalez Davila coronista mayor de las Indias y de los reynos de Castilla saca a luz el bolumen cumplido de las vidas destos prelados de que tiene escrita gran parte (...) »

91

A.H.N. Diversos-Colecciones, 27, N. 20 “Tengo escrito al Señor Maestro Gil Gonçalez de Avila mi amigo

de quien Vm no me dice nada ni yo e visto repuesta que me tiene con particular cuydado y como sus años le

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