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Les témoins s’accordent pour dire que Juan Díez de la Calle quitta très jeune Condado pour se rendre à Madrid.37 Le curé de la paroisse de San Pedro de Condado, Agustín Gomez, tient de sa mère, Urbana Lopez décédée à 93 ans, que Juan Díez de la Calle quitta Condado à l’âge de dix ou onze ans38. Juan Ruiz de Somovilla « sait qu’il partit du village à cause d’une dispute avec ses parents. »39. Quelques turpitudes auraient-

32 Ibid., « que haviendo estado en Madrid desde el año de 1640 algunas adelante andaba al estudio de la

Compañía de Jhs con Don Juan Diaz de la calle y Madrigal que pretende el Abito de Santiago y con esta ocasión conoció, trato y comunico a Juan Diaz de la Calle su padre y se trataron de Paisanos porque el d[ic]ho Juan Diaz le dijo diferentes veces que era natural de Condado deste valle. »

33 Ibid., f. 11 v.

34 DEDIEU, op. cit., p. 166

35 CASADO ALONSO Hilario, « La circulation de l’information dans les réseaux de commerce espagnols aux

XV et XVIe siècles », in Autour du 101e anniversaire de Fernand Braudel. Circulations et frontières, EHESS

36 BENNASSAR, op.cit., p. 92

37 A.H.N., O.M., Caballeros de Santiago, Exp. 2453, f. 10, « Juan Diaz de la Calle siendo muchacho paso a

la villa de Madrid donde se caso. »

38 A.H.N., O.M., Caballeros de Santiago, Exp. 2453, f. 19

elles poussé Juan à s’éloigner de son village natal pour la brillante capitale ? Étrange lorsque l’on sait que les enfants étaient sous la tutelle paternelle jusqu’à 25 ans et que celle-ci comprenait le choix de l’apprentissage et du métier. Néanmoins, la picaresque nous apprend que beaucoup d’enfants abandonnaient vite leur foyer.

A partir de là, la biographie de Juan Díez de la Calle père ne peut plus être établie depuis Valdivielso et l’enquête de 1682. Pour en savoir plus, nous devons nous tourner vers notre personnage pour l’écouter exposer son parcours officiel. Tout d’abord, le lecteur de Díez de la Calle apprend ce qui suit dans une dédicace au roi rédigée en préambule à son Memorial informatorio publié en 1645 :

« Je suis entré au service de Votre Majesté au Secrétariat de la Nouvelle Espagne du Royal et Suprême Conseil des Indes au mois de septembre 1624 avec le vif désir de finir ma vie à votre service (…) De 1624 jusqu’à août 1632, au secrétariat, j’ai assisté Juan Fernández de Madrigal, mon beau-père qui y a servi votre Majesté en tant que commis aspirant, second puis premier, avec le titre de Secrétaire pendant cinquante-sept ans. »40.

Bien que nous ne disposions pas de tous les éléments, tentons de reconstituer l’installation de Juan Díez de la Calle à Madrid, vers 1610. D’emblée, notons que son arrivée participe d’un flux migratoire constant et massif vers Madrid depuis 1560 : la « poussée la plus étonnante » se déroulant précisément, d’après Bartolomé Bennassar, de 1606 à 1620 la ville atteignant 120 000 habitants41. I.A.A. Thompson évoque Madrid comme étant « le grand pot à miel du XVIIe siècle (…) agissant comme un puissant aimant sur la société régionale » : « Peu de choses dans les localités pouvaient s’opposer à l’attraction des carrières et les grandes récompenses offertes par la capitale »42 . Néanmoins, il reste difficile de saisir comment Juan Díez de la Calle est entré en contact avec Juan Fernández de Madrigal. On sait avec certitude qu’en 1624 il obtient la place de commis entretenu (oficial entretenido) dans le secrétariat de la Nouvelle Espagne du Conseil des Indes. Entre les deux dates, une quinzaine d’années pendant laquelle Juan Díez de la Calle est rentré au service peut-être officieux de Juan Fernández de Madrigal durant

40 DÍEZ DE LA CALLE Juan, Memorial informatorio, Madrid 1645, au début, page non numérotée. « Entré a

servir a V.M. en la Secretaria de la Nueva-España del Real y Supremo Co[n]sejo de las Indias en el mes de Setie[m]bre de 1624 con muy buenos deseos de acabar en su servicio la vida (…) Assisti en la Secretaria desde el año de 1624 hasta Agosto de 1632 a Juan Fernández de Madrigal mi suegro, que sirvio a V.M. de oficial entretenido, segu[n]do, y mayor en ella, y con titulo de su Secretario cincuenta y siete años (…) »

41 BENNASSAR, op.cit., p. 87

42 THOMPSON I.A.A., « Castile, Spain and the Monarchy », in KAGAN L. Richard et PARKER Geoffrey (eds.),

une période d’augmentation constante du personnel des secrétariats du Conseil des Indes43 :

cette croissance correspond à celle de l’ensemble des conseils avoisinant les 50% pendant le règne de Philippe IV44. Ainsi, durant les années 1620 apparaissent les commis asiprant ainsi que les troisièmes commis.

Reprenons : Juan Díez de la Calle arrive à Madrid alors qu’il est adolescent ; le Conseil des Indes est en manque de personnel ; Juan Fernández de Madrigal en bonne place au secrétariat de Nouvelle Espagne du Conseil des Indes le prend sous son aile. Peut- être de manière informelle, dans un premier temps, afin d’effectuer des tâches subalternes de copie et de classement. En 1624, il lui obtient une place de commis aspirant. Díez de la Calle a-t-il bénéficié d’une recommandation d’un parent ou d’un paisano ? Nous ne le savons pas.

Le mariage avec la fille de son protecteur : un gendre client ?

Autre élément de raffermissement des liens avec le Conseil des Indes et Madrid, Juan Díez de la Calle devient le gendre de son protecteur Juan Fernández de Madrigal. Tout cela n’a rien d’exceptionnel et correspond à des pratiques socioprofessionnelles en usage dans le XVIIe siècle ibérique. Pour les officiers de finances de Nouvelle-Espagne, Michel Bertrand explique l’endogamie professionnelle en usage :

« Celle-ci était d’abord fille de l’absence de véritables lieux de formation pour ces officiers royaux, si ce n’est précisément dans les bureaux de l’administration elle-même (…) Ainsi, les apprentissages se faisaient-ils dans l’environnement familial des officiers en poste, contribuant alors à favoriser la continuité familiale de beaux-pères à gendres. »45

Les liens entre Juan Díez de la Calle et son beau-père sont rapportés dans les documents officiels, tant lorsque Díez de la Calle est l’émetteur que lorsqu’il s’agit de la Couronne. En 1645, Juan Díez de la Calle s’adressant au roi : « Au secrétariat, j’ai assisté Juan Fernández de Madrigal mon beau-père dans le classement et l’expédition de ses

43 SCHÄFER Ernest, El Consejo Real y Supremo de las Indias, t.1, Madrid, Junta de Castilla y León, Marcial

Pons, 2003, p. 240-241.

44 STRADLING R.A., Felipe IV y el gobierno de España 1621-1665, cátedra, Madrid, 1989, p. 60

45 BERTRAND Michel, Grandeur et misère de l’office. Les officiers de finances de Nouvelle-Espagne XVIIe-

papiers et affaires de l’an 1624 jusqu’à août 1632. »46 ; en 1646, dans une cédule royale : « Assistant à cet effet Juan Fernández de Madrigal mon beau-père. »47

La place de Juan Díez de la Calle au Conseil des Indes est sans doute à inclure dans la modeste dot d’une valeur de 1 000 ducats. Du point de vue du rang social, Juan Díez de la Calle n’est pas un bon parti. Néanmoins, pour Michel Bertrand, un officier royal tirait d’autres bénéfices à lier sa fille à un petit commis : « [il] s’offrait un renforcement de sa position et de son rayonnement professionnel tout en assurant la pérennisation de la présence lignagère. »48 En effet, « le beau-père étant d’un statut propre à commander son gendre, il pourra en faire un client. »49 Lorsque Díez de la Calle rentre au Conseil des Indes en 1624, l’aîné des fils de Juan Fernández de Madrigal commence une carrière de letrado dans une administration, le second fils n’a que 6 ans. Aussi, à 60 ans, Juan Fernández de Madrigal a-t-il souhaité assurer la continuité de son influence sur les secrétariats du Conseil en donnant sa fille à un gendre plus modeste mais prometteur car formé (et protégé) par lui. De plus, n’écartons pas toute explication psychologique : Juan Fernández de Madrigal s’est peut-être reconnu trente ans plus tôt dans la figure de ce jeune « provincial » à la recherche d’une place à Madrid. Quoi qu’il en soit, entre les époux, la différence sociale n’est pas considérable, conformément aux pratiques de l’époque condamnant les « mésalliances »50.

Doña Angela et Juan Díez de la Calle eurent huit enfants. Elle décéda prématurément en 1649 (la peste et le typhus sévissaient alors51) et Juan se remaria avec Lorenza de Velasco, veuve du comptable Juan de Alvarado.

Saisir le rang économique et social : traitement et testament

À sa mort, Juan Díez de la Calle a atteint le sommet de sa carrière, il est premier commis (oficial mayor) du secrétariat de Nouvelle Espagne depuis 164752 ; après plusieurs demandes, il obtient logiquement le titre honorifique de Secrétaire du roi en 165753. Les premiers commis reçoivent en théorie un appointement de 600 ducats et 10 réaux54 ; en

46 DIEZ DE LA CALLE, op. cit., 1645, page non numérotée, « Assisti en la Secretaria al manejo, y formación de

sus papeles, y despachos desde el año de 1624 hasta Agosto de 1632 a Juan Fernández de Madrigal mi suegro »

47 DIEZ DE LA CALLE, op. cit., 1646, page non numérotée « Assistiendo para este efecto Juan Fernández de

Madrigal, su suegro »

48 BERTRAND, op. cit., p. 195 49 CASSAN (dir.), op.cit., p. 89 50 FAYARD, op.cit., p. 294 51 DEDIEU, op.cit., p. 156

52 A.G.I., Indif. Gen., 436, L. 14, f. 29 v., cédule du 3 novembre 1947 53 A.G.I., Indif. Gen., 766, 25 janvier et 22 décembre 1650

réalité les versements sont aléatoires : le 18 mars 1658, la Caisse de Panama versa 450 ducats à Juan Díez de la Calle au motif de « ce qui n’a pas été payé à certains ministres et commis sur leurs gages »55. Par ailleurs, régulièrement, notre commis formule des demandes d’aide exceptionnelle : en 1653, « que votre Majesté prenne la peine de faire une grâce de 500 ducats d’aide à Juan Díez de la Calle. »56 ; en 1659, 1660 et 1662, il demande 2 000 ducats pour « donner l’état de religieuse à une fille »57. Dans son testament, Juan Díez de la Calle demande que l’aide traditionnelle soit prodiguée à la famille du défunt « en consideración de sus servicios »58.

Le testament de Juan Díez de la Calle (Annexe 5) est conforme aux pratiques religieuses du XVIIe siècle tridentin avec sa profession de foi, ses invocations à la Vierge et à la Trinité, ses messes, ses saints59. L’ars moriendi est un exercice normal pour les fidèles, particulièrement en Espagne où la Práctica de ayudar a bien morir de Juan Bautista Poza connaît, par exemple, douze rééditions entre 1619 et 165960. Le cortège funéraire, la

cérémonie, les messes fournissent l’ultime occasion d’affirmer son rang social.

Premièrement, Juan Díez de la Calle choisit pour ses funérailles un lieu particulièrement prestigieux et sacralisé : la chapelle de Nuestra Señora de los Remedios dans le Couvent de la Merced. Depuis 1573, ce dernier s’était converti en un lieu emblématique du Madrid baroque et tridentin car on y vénérait l’une des images mariales les plus adorées des Madrilènes : celle de Notre Dame des Secours61. La pratique d’enterrer dans les églises et les couvents est généralisée, voire encouragée mais aussi encadrée, à l’époque moderne : elle est un gage de reposer dans un lieu sacré où l’âme pourra profiter des prières et des messes62. Seuls les plus riches peuvent obtenir une sépulture dans les églises : les fidèles doivent, en effet, payer un droit à la fabrique en fonction de la proximité avec l’autel. Notre testateur précise qu’il veut être enterré « junto

a las barandillas de madera »63. De plus, Juan Díez de la Calle choisit de reposer à côté de

55 A.G.I., Panama, 2, N. 222, « lo que se dejo de pagar a algunos ministros y oficiales de sus gajes… » 56 A.G.I., Indif. Gen., 769, « que siendo servido Vuestra Magestad podra hacer merced a Juan Díez de la

Calle de 500 ducados de ayuda de costa »

57 A.G.I., Indif. Gen., 774, 775 et 777, « dar estado de religiosa a una hija » 58 A.G.I., Indif. Gen., 777

59 CALVO Thomas, Poder, religión y Sociedad en la Guadalajara del siglo XVII, México, CEMCA, 1992, p.

170-175 ; A.H.P., T. 8674, fol. 143-146, Testamento otorgado por Juan Díaz de la Calle, secretario del rey y

oficial mayor de la secretaría del Consejo de Indias, marido de Lorenza Velasco, en 9 de junio de 1662, ante el escribano Bernardo de Aparicio

60 CASSAN (dir.), op.cit., p. 172

61 DELEITOY PIÑUELA José, Sólo Madrid es corte (La capital de dos mundos bajo Felipe IV), Madrid, 1942,

p. 91

62 MARTÍNEZ GIL Fernando, Muerte y sociedad en la España de los Austrias, siglo XXI, Madrid, 1993, p. 436 63 A.H.P., T. 8674, f. 143v.

son beau-père qui lui aussi avait désigné le même lieu de sépulture trente ans plus tôt, encore une manière de montrer la continuité et l’unité entre les deux familles.

Deuxièmement, Juan Díez de la Calle ne prévoit ni procession, ni présence d’une confrérie lors de la cérémonie. Ces pratiques donnaient pourtant un caractère digne aux funérailles mais coûtaient chères. Peut-être souhaitait-il ainsi faire preuve d’humilité ? La demande d’être enterré vêtu de l’habit des franciscains est une pratique répandue à Madrid64. Par ailleurs, il se peut qu’une telle cérémonie ait eu lieu mais Juan Díez de la Calle « laissa le choix de la forme de son enterrement à ses exécuteurs testamentaires »65.

Troisièmement, il prévoit de faire dire des messes : une messe chantée par les diacres « con toda solemnidad », mille messes d’indulgences dans différents couvents pour son âme et cent autres pour sa famille. Il précise qu’il paiera huit réaux par messe soit 300 000 maravédis, l’équivalent de deux ans de salaire d’un officier. Ces funérailles montrent une certaine aisance mais peu de faste.

Quatrièmement, le testament, bien qu’il ne contienne pas de liste des biens, permet de cerner le patrimoine de Juan Díez de la Calle :

• 1 000 ducats d’argent à Mexico ;

• Un juro à Jaen, c'est-à-dire un titre d’obligation et de rente sur l’État ;

• Les gages et émoluments pour la période du 1er janvier 1662 à sa mort le 15 juin 1662, soit 66 496 maravédis d’argent et les retards de versement de salaire66 ;

• 2 500 pesos, 400 boutons d’argent et 50 caisses de chocolat entreposés chez son fils ;

• Les biens apportés en dot par sa seconde femme (peintures et gages de son premier mari défunt), 100 ducats et des bijoux sont légués à celle-ci, conformément au droit castillan67 ;

• À ses deux domestiques, Juan laisse 50 ducats de billon (vellon) – la monnaie dévaluée – et ses vêtements.

Évidemment, chez notre officier de seconde zone aucun majorat n’est décelable. Juridiquement, Díez de la Calle père ne peut déroger à la règle du partage égal entre tous

64 BRAVO LOZANO Jésus, « El Madrid barroco », in FERNÁNDEZ GÁRCIA Antonio (dir.), Historia de Madrid,

Madrid, Editorial Complutense, 1994, p. 244

65 A.H.P., T. 8674, f. 143v ., « dejo la forma de [su] entierro a eleccion de [sus] testamentarios » 66 A.G.I., Escribanía, 1031c, f. 1

les héritiers. Néanmoins, on note un certain patrimoine et une volonté de le gérer et de le remettre entre les mains de l’aîné sans léser les autres. En effet, en prenant le voile les deux filles ont renoncé à l’héritage ; don Juan Díez de la Calle fils est désigné comme exécuteur testamentaire et c’est lui qui dispose d’une partie du patrimoine (les pesos, boutons d’argent et caisses de chocolat). Ce traitement de faveur est légal est s’appelle la mejora, le testateur peut distribuer un tiers (après déduction des frais funéraires et des dettes) au descendant de son choix.68

Il s’avère difficile de synthétiser la position socio-économique de Juan Díez de la Calle père. Tout d’abord, c’est faute de sources complètes mais aussi à cause de l’environnement monétaire incertain (dévaluation, banqueroute) de la monarchie espagnole. Loin d’être riche mais aussi loin d’être pauvre, il appartient à une catégorie intermédiaire favorisée ; la grande masse de ses contemporains étant évidemment pauvre. Son capital n’est pas énorme ; il est difficile d’évaluer la valeur de ces 400 boutons d’argent bien qu’elle offre la sécurité du métal précieux. On peut s’interroger sur leur provenance, comme celle des caisses de chocolat : le commis recevait sans doute des « cadeaux » des ses connaissances aux Indes. Sa richesse apparaît davantage sociale qu’économique : sa situation socioprofessionnelle proche du pouvoir politique lui offre une position enviable qui devait profiter à ses enfants.

Illustration 1 : Signature de Juan Díez de la Calle69

Les filles : un destin monacal

Dans la cédule royale faisant grâce à Juan Díez de la Calle de 600 ducats, il est rapporté « qu’il a sept enfants, cinq garçons et deux filles, et la plus âgé se dirige vers l’état de religieuse »70. En 1660, il reformule une demande d’aide de 20 00 ducats afin de placer sa seconde fille au couvent de Madrigal71. En effet, pour faire entrer une de ses filles dans

68 Ibid.

69 B.N.M., Ms 3010, f. 3v.

70 DIEZ DE LA CALLE, op. cit., 1646, folio non numéroté, « que tiene siete hijos, los cinco varones y dos

hembras, q[ue] la mayor se inclina a estado de religiosa »

un ordre, il faut la doter, verser au couvent qui l’accueille un capital pour leur entretien. Par ailleurs, dans une enquête de 1682, Juan Fernández de Carranca, vecino et originaire de Condado, déclare avoir vécu 10 ans à Madrigal où il a servi dans le couvent des sœurs de san Agustín et où il aurait rencontré « Doña Maria et Doña Angela Diaz de la Calle »72.

Pourquoi avoir mis ses filles au couvent plutôt que de les marier ? 15% des filles des membres du Conseil de Castille étudiés par Janine Fayard rentraient dans les ordres.73 C’est assez peu car « les filles de conseillers étaient recherchées à la fois pour leurs dots et pour l’influence de leurs pères. »74 Évidemment, la comparaison ne tient pas. Néanmoins, on a vu Juan Fernández de Madrigal marier sa fille précisément à Juan Díez de la Calle. Pourquoi ce dernier n’a-t-il pas suivi la même stratégie ? Sans doute par manque d’argent pour régler la dot. Les filles de Juan Díez de la Calle étaient-elles de bons partis ? Avec cinq ou six frères, elles sont de mauvaises héritières, donc peu attractives. Surtout, comme le rappelle Jean-Pierre Dedieu : « L’Église apparaît ainsi comme un grand conservatoire dans l’intérêt des lignages. C’est vers les ordres religieux que l’on dirigera cadets et cadettes qui, avant d’entrer en religion, renonceront à leur légitime, à la part des biens paternels et maternels qui leur revenait. »75

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